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Népal
Republic of Nepal

28 00 N, 84 00 E
Le Népal est un Etat situé sur les pentes méridionales de l'Himalaya central. II forme une sorte de rectangle allongé, mesurant environ 700 km de l'Est à l'Ouest et d'une largeur moyenne de 125 km. Il est limité au Nord par la Chine (Tibet) et des trois autres côtés par l'Inde (à l'Est le Sikkim, au Sud le Bengale, le Tirhout et l'Aoudh, à l'Ouest le Kumaon). La superficie du Népal est évaluée à 147,181 km² et sa population à environ 30 millions d'habitants (2025).
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Carte du Népal.
Carte du Népal. Source : The World Factbook.
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Le NĂ©pal est une rĂ©publique fĂ©dĂ©rale. Il est divisĂ©e administrativement en 14 zones (anchal) : Bagmati, Bheri, Dhawalagiri, Gandaki, Janakpur, Karnali, Kosi, Lumbini, Mahakali, Mechi, Narayani, Rapti, Sagarmatha et Seti. La capitale est Katmandou (Kathmandu). 

Géographie physique du Népal

Relief.
Le Népal allongé d'ouest en est sur environ 885 kilomètres affiche des contrastes altitudinaux extrêmes, qui vont de 60 mètres au-dessus du niveau de la mer dans les plaines du Teraï à 8848 mètres au sommet de l'Everest, le point culminant de la planète. Cette variation topographique spectaculaire sur une courte distance nord-sud (moins de 200 kilomètres) est à la base de la structure physique du pays, qui peut être divisée en cinq grandes régions géomorphologiques s'étendant en bandes parallèles.

Le TeraĂŻ.
La région la plus méridionale, le Teraï, est une plaine alluviale basse, fertile et humide, qui constitue la frange nord du bassin gangétique. Elle est formée par les dépôts fluviaux récents apportés par les rivières issues de l'Himalaya. Son altitude varie de 60 à 300 mètres. Le Teraï est le grenier agricole du pays, avec un climat subtropical chaud et une végétation originelle de forêts denses de sal (Shorea robusta) et de marécages, aujourd'hui largement convertie en terres cultivées.

Les Siwaliks.
Juste au nord du Teraï s'élèvent les Siwaliks, ou collines sub-himalayennes, formées de grès, conglomérats et schistes tendres, très sujettes à l'érosion. Ces collines, d'altitude moyenne de 600 à 1200 mètres, agissent comme une zone de transition entre les plaines et les hautes montagnes. Le relief y est fortement disséqué, avec des vallées étroites et des pentes instables, fréquemment le siège de glissements de terrain saisonniers. Les rivières qui traversent cette zone y forment des gorges profondes et transportent des sédiments vers les plaines.

Le Mahabharat.
Plus au nord se trouvent les collines du Mahabharat, une chaîne montagneuse plus ancienne et plus résistante, dont les altitudes varient entre 1500 et 2700 mètres. Cette région est composée de roches métamorphiques du Précambrien, comme les gneiss et schistes cristallins. Les versants y sont plus abrupts et le climat devient plus tempéré, avec des précipitations abondantes pendant la mousson. La végétation varie des forêts subtropicales aux forêts tempérées mixtes selon l'altitude et l'exposition.

Le Moyen Pays.
Au-delà du Mahabharat, le Moyen Pays (Middle Hills) représente une zone de collines et de vallées étagées, souvent très densément peuplée. Il comprend la vallée de Katmandou, un ancien bassin lacustre situé à environ 1400 mètres d'altitude, qui est aujourd'hui le principal centre urbain du pays. Cette région intermédiaire est géologiquement instable, traversée par de nombreuses failles actives. Elle est soumise à un risque sismique élevé, comme en témoigne le séisme destructeur de 2015.

Le Grand Himalaya.
Au nord de cette région centrale s'étend la Grande Chaîne Himalayenne, constituée de massifs montagneux dépassant largement les 6000 mètres. Cette zone abrite les plus hauts sommets du monde, dont le mont Everest, le Lhotse, l'Annapurna et le Dhaulagiri. Elle correspond à la zone de collision active entre la plaque indienne et la plaque eurasienne, processus qui a débuté il y a environ 50 millions d'années et se poursuit encore aujourd'hui, provoquant un soulèvement actif des montagnes. Cette région alpine est formée de roches métamorphiques profondes, de granit intrusif, et de nappes de charriage, montrant une tectonique intense. L'érosion y est également marquée, façonnant des vallées glaciaires, des arêtes et des moraines.

Le Transhimalaya.
Enfin, la région transhimalayenne située au nord du Grand Himalaya, dans des districts comme le Mustang et le Dolpo, présente une physionomie sèche et désertique, sous l'influence du plateau tibétain. Cette région haute (3000 à 4500 mètres) est marquée par des paysages d'érosion, de badlands, et des bassins fermés. Elle reçoit peu de précipitations (moins de 250 mm/an), protégée par l'effet de foehn des grands sommets. Le climat y est froid et sec, de type continental.

Hydrographie.
Sur le plan hydrographique, le Népal est traversé par de nombreux cours d'eau qui prennent leur source dans les glaciers himalayens. Les principaux systèmes fluviaux sont le Koshi, le Gandaki et le Karnali, qui se dirigent tous vers le sud pour se jeter dans le Gange en Inde. Ces rivières creusent de profondes gorges, sont très énergétiques et jouent un rôle essentiel pour l'irrigation, la production hydroélectrique et les transports. Le Népal ne possède pas de grands lacs naturels, mais on y trouve quelques lacs d'altitude (comme le lac Rara, le lac Tilicho) et des zones humides temporaires.
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Katmandou : la Vishnumati.

La Vishnumati, Ă  Katmandou.

Climat.
Le climat du Népal est fortement influencé par la mousson d'été, qui est responsable d'environ 80 % des précipitations annuelles entre juin et septembre. Les précipitations diminuent d'est en ouest et d'un maximum dans les collines vers un minimum dans les régions transhimalayennes. Le pays présente ainsi une grande diversité climatique, qui va du climat tropical dans le Teraï à un climat nival dans les hautes montagnes. Cette diversité climatique, couplée à la variété topographique, fait du Népal un territoire écologiquement et géographiquement très hétérogène, mais aussi vulnérable aux aléas naturels tels que les inondations, les glissements de terrain, les séismes et les sécheresses.

Biogéographie du Népal

Le Népal se situe au carrefour de deux grandes régions biogéographiques : la région paléarctique au nord et la région indomalaise au sud. Cette position de transition favorise une richesse exceptionnelle, avec plus de 6500 espèces de plantes vasculaires, plus de 870 espèces d'oiseaux, près de 200 espèces de mammifères et de nombreuses espèces endémiques et relictuelles. Cette biodiversité est concentrée dans onze écorégions différentes, dont certaines sont considérées comme des points chauds mondiaux (hotspots) de biodiversité, notamment les forêts de l'Himalaya oriental.

La diversité altitudinale du Népal, combinée aux gradients climatiques et à l'isolement géographique, a façonné une riche mosaïque écologique, divisée en plusieurs zones biogéographiques distinctes.

Dans les basses terres du sud, la rĂ©gion du TeraĂŻ abrite des forĂŞts tropicales et subtropicales humides de feuillus, avec des espèces emblĂ©matiques comme le tigre du Bengale, le rhinocĂ©ros unicorne et l'Ă©lĂ©phant d'Asie. Ces forĂŞts appartiennent Ă  l'Ă©corĂ©gion indo-gangĂ©tique et sont caractĂ©risĂ©es par des forĂŞts de sal ou sâla (Shorea robusta), de sissou (Dalbergia sissoo), de palàça (Butea frondosa), et des herbacĂ©es Ă  croissance rapide, nourries par les sĂ©diments fertiles des rivières du bassin gangĂ©tique. Les clairières produisent en abondance du riz, du coton, de la canne Ă  sucre, de l'indigo, etc. 

Au nord du Teraï s'élèvent les collines du Mahabharat et les contreforts des Siwaliks, formant une zone de transition avec des forêts subtropicales mixtes. Cette région offre des habitats pour des espèces telles que la panthère nébuleuse (panthère longibande), l'ours lippu (Ursus labiatus), et une grande diversité d'oiseaux. La variabilité des microclimats y favorise une diversité végétale remarquable, avec la coexistence de forêts sèches et humides selon les versants et l'exposition au soleil.

Plus au nord encore, les collines de moyenne altitude (1500 à 2500 m) sont dominées par les forêts tempérées de chênes, rhododendrons et magnolias, qui fournissent un refuge à des espèces endémiques et reliques de l'ère glaciaire. Ces zones appartiennent au domaine biogéographique himalayen oriental et occidental selon les régions, et montrent une transition floristique d'est en ouest.

Les forĂŞts subalpines (jusqu'Ă  4 000 m) composĂ©es principalement de conifères comme le pin de l'Himalaya (Pinus wallichiana), le sapin (Abies spectabilis) et le genĂ©vrier (Juniperus spp.) abritent des mammifères emblĂ©matiques tels que le panda roux, le goral, et la panthère des neiges. Les Ă©cosystèmes deviennent plus fragmentĂ©s et spĂ©cialisĂ©s avec l'altitude, effet d'une adaptation extrĂŞme des espèces aux conditions climatiques rigoureuses. 

Les hautes vallĂ©es sont très bien cultivĂ©es : sur les pentes, comme dans toute la rĂ©gion moyenne de l'Himalaya, sont Ă©tagĂ©es des terrasses artificielles qui suivent toutes les sinuositĂ©s du terrain et qui, vues d'en haut, donnent assez au pays l'apparence d'une carte Ă  grande Ă©chelle oĂą seraient marquĂ©es les courbes de niveau. L'eau nĂ©cessaire Ă  la culture du riz descend peu Ă  peu d'une terrasse Ă  l'autre. Plus haut encore, on cultive l'orge, le blĂ© noir et l'amaranthe. Le marchĂ© de Katmandou est cĂ©lèbre pour ses fruits europĂ©ens, ses lĂ©gumes et ses fleurs. Le thĂ© pousse entre 2000 et 4000 pieds. Signalons encore la DaphnĂ© cannabina dont on fait d'excellent papier. Les principaux arbres sont le chĂŞne et le châtaignier; les fougères et les orchidĂ©es sont abondantes. 

Au-delà de la limite forestière se trouve la zone alpine, dominée par des prairies alpines et des landes, qui s'étendent jusqu'aux zones nivales. Ces biotopes, bien que peu productifs, sont essentiels pour plusieurs espèces menacées et sont utilisés de manière saisonnière par les éleveurs de yacks et les espèces migratrices. Les zones situées dans la partie transhimalayenne du nord-ouest (comme le Mustang et le Dolpo) présentent une biogéographie distincte, influencée par le climat aride tibétain, avec des écosystèmes xériques et des steppes d'altitude.

La pression humaine, l'urbanisation, la déforestation, et le changement climatique posent néanmoins des menaces majeures à cette diversité biogéographique. Cependant, le Népal a développé un réseau d'aires protégées (plus de 20 % du territoire) incluant parcs nationaux, réserves naturelles, et zones de conservation communautaire.
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Singes au Nepal.
Singes dans la forĂŞt de Mrigasthali.  Photos : ©Serge Jodra, 2011.

Géographie humaine du Népal

Population.
Le NĂ©pal compte une population estimĂ©e Ă  environ 30 millions d'habitants, avec une densitĂ© moyenne de 204 habitants par kilomètre carrĂ©, mais une rĂ©partition extrĂŞmement inĂ©gale en raison du relief. Les plaines du TeraĂŻ, au sud, concentrent plus de la moitiĂ© de la population, tandis que les rĂ©gions montagneuses et transhimalayennes restent peu peuplĂ©es. 

La population népalaise est très jeune : environ 30 % des habitants ont moins de 15 ans, et plus de 60 % ont moins de 30 ans, ce qui traduit un taux de fécondité encore relativement élevé (environ 2,1 enfants par femme en 2024) malgré une baisse significative ces dernières décennies. L'espérance de vie s'est améliorée. Elle, atteint environ 71 ans, reflet de progrès notables en matière de santé publique et de lutte contre la pauvreté. Le taux de croissance démographique annuel est autour de 1 %.

La société népalaise est traditionnellement structurée par le système des castes, issu de l'hindouisme, bien qu'il ait été officiellement aboli. Cette stratification sociale reste profondément enracinée, et influence l'accès à l'éducation, à l'emploi et à la reconnaissance sociale. Les Dalits (anciens "intouchables") continuent de subir diverses formes de discrimination malgré les efforts de législation et d'éducation civique.

L'urbanisation reste relativement faible : environ 21 % de la population vit en zone urbaine, mais les taux sont en forte croissance depuis les années 2000, en particulier autour de Katmandou, Pokhara et les villes du Teraï. L'urbanisation est généralement informelle et non planifiée, ce qui entraîne des problèmes d'infrastructures, de logement, et de pollution. La diaspora népalaise est importante, avec plusieurs millions de Népalais qui vivent en Inde, dans le Golfe Persique, en Malaisie, en Corée du Sud et en Europe., Cela génère des remises financières vitales pour l'économie nationale.

L'alphabétisation est en hausse constante. Elle atteint environ 75 % au niveau national, mais avec des écarts notables selon le genre, les régions, et les groupes sociaux. Les femmes, les castes inférieures et les groupes ethniques marginalisés accusent encore un retard éducatif, malgré des programmes ciblés. Le système éducatif est largement tributaire du secteur public, bien que les écoles privées se développent, surtout en ville. La pauvreté multidimensionnelle a reculé, mais les inégalités régionales et sociales demeurent prononcées.

La société népalaise est aujourd'hui en transition, traversée par des dynamiques de modernisation, de migrations massives, et de pressions environnementales. Le processus de fédéralisation depuis la nouvelle Constitution de 2015 vise à mieux représenter les groupes ethniques et régionaux historiquement marginalisés, mais les tensions politiques et identitaires persistent, notamment dans les régions frontalières.

Quelques-unes des principales villes du Népal

• Kathmandou est la capitale et la plus grande ville du pays. Centre politique, culturel et économique, elle est célèbre pour sa vallée classée au patrimoine mondial de l'Unesco, et qui regroupe des sites comme Durbar Square, le stupa de Swayambhunath (le temple des singes) et celui de Boudhanath. La ville est un carrefour historique du commerce entre l'Inde et le Tibet, et un haut lieu de l'hindouisme et du bouddhisme. Malgré une urbanisation rapide et des défis liés à la pollution, Kathmandu reste le coeur battant du pays.

• Patan, également appelée Lalitpur, est une ville ancienne contiguë à Kathmandu. Réputée pour son artisanat en métal, en bois et en pierre, elle est un centre important d'art newar, l'ethnie indigène de la vallée. Patan Durbar Square regorge de temples et de palais au style architectural raffiné. Bien que moderne à certains égards, Patan conserve une atmosphère plus calme et traditionnelle que sa voisine.

• Bhaktapur, souvent surnommée la « cité médiévale », est une autre ville de la vallée de Kathmandu, connue pour son intégrité architecturale et son rythme de vie plus rural. Le Bhaktapur Durbar Square, les poteries locales, le festival Bisket Jatra et les rues pavées font de la ville un joyau historique. Elle a souffert lors du séisme de 2015, mais d'importants efforts de restauration ont été entrepris.

• Pokhara, située à l'ouest, est la deuxième plus grande ville du Népal. Elle est entourée de montagnes spectaculaires, notamment les Annapurna et le Machapuchare. Son lac Phewa, ses grottes, ses chutes d'eau et ses vues sur les sommets enneigés en font une destination touristique majeure, notamment pour les amateurs de trekking et de parapente. Pokhara est également un centre de croissance rapide et un pôle d'éducation en expansion.

• Biratnagar, située dans le Teraï oriental, est un centre industriel majeur du pays. Elle abrite de nombreuses usines textiles, agroalimentaires et chimiques, et joue un rôle crucial dans le commerce transfrontalier avec l'Inde. Moins touristique, Biratnagar est cependant une ville dynamique qui reflète le développement économique du Népal.

• Birgunj, autre ville importante du Teraï, est le principal port terrestre entre le Népal et l'Inde. Elle sert de porte d'entrée économique au pays, notamment pour les importations. Avec une population cosmopolite, la ville joue un rôle stratégique dans la logistique.

• Janakpur, dans le sud-est du Népal, est un centre religieux hindou de grande importance. C'est le lieu de naissance légendaire de Sita, l'épouse de Rama dans le Ramayana. Son temple Janaki Mandir attire des milliers de pèlerins chaque année, et la ville est un pôle culturel majeur pour les Maithilis, une communauté linguistique et ethnique du sud du Népal.

• Hetauda, capitale de la province de Bagmati, est une ville en plein développement. Elle se situe à une intersection routière stratégique, reliant les montagnes et les plaines du Teraï. Moins connue des touristes, elle est importante pour les infrastructures routières et le commerce intérieur.

• Dhangadhi, dans l'ouest du TeraĂŻ, est un centre administratif en pleine expansion, proche de la frontière indienne. Elle joue un rĂ´le important dans la connectivitĂ© de l'ouest nĂ©palais et voit croĂ®tre les investissements (infrastructures de santĂ©, Ă©ducation,  transport).

• Butwal, située au pied des collines dans la province de Lumbini, est un pôle commercial clé qui relie le Teraï et les collines de Palpa et Gulmi. Elle est en plein essor avec des projets d'urbanisme et des infrastructures de transport modernes, et elle joue un rôle vital dans le commerce régional.

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groupes ethnolinguistiques.
Le Népal est un véritable carrefour ethnolinguistique de l'Asie du Sud, caractérisé par une diversité remarquable de peuples, de langues et de traditions. Sur un territoire relativement restreint, on recense plus de 125 groupes ethniques officiellement reconnus et plus de 120 langues maternelles appartenant principalement aux familles indo-européenne, sino-tibétaine, dravidienne et austroasiatique. Cette complexité reflète des siècles de migrations, de syncrétisme culturel et d'adaptations à une géographie montagneuse très fragmentée.

Les langues népalaises sont réparties en deux grandes familles : la famille indo-européenne, avec le népalais, maithili, bhojpuri, awadhi et urdu; et la famille sino-tibétaine, qui regroupe la majorité des langues des peuples montagnards. À cela s'ajoutent quelques langues dravidiennes (parlées par des groupes indiens immigrés) et une langue austroasiatique, le kusunda, aujourd'hui presque éteinte. Le népalais, bien qu'imposé comme langue nationale depuis le XIXe siècle, coexiste aujourd'hui avec un effort de reconnaissance linguistique régionale dans le cadre du fédéralisme instauré par la Constitution de 2015.

La diversité ethnolinguistique du Népal constitue une richesse mais aussi un terrain de tension politique, notamment autour de la représentation dans l'administration, la justice, et l'éducation. Des revendications ethno-régionalistes, particulièrement de la part des Madhesis, des Janajatis et des groupes autochtones himalayens, ont marqué la politique népalaise depuis la fin de la monarchie. Aujourd'hui, des politiques de discrimination positive et de reconnaissance culturelle sont en place, mais leur mise en œuvre reste inégale.

Chhetri.
Le groupe le plus numériquement important est celui des Chhetri, qui représentent environ 16 à 17 % de la population. Ils appartiennent au système des castes hindoues de type indo-népalais et sont traditionnellement associés aux fonctions militaires et administratives. Avec les Brahmanes collinéens (Bahun), qui représentent environ 12 %, ils ont historiquement occupé les positions dominantes dans l'appareil d'État et la hiérarchie sociale, conformément à la structure varnaïque hindoue. Leur langue maternelle est généralement le népalais, une langue indo-aryenne qui sert aussi de langue officielle nationale.

Magar.
Les Magar, reprĂ©sentant environ 7 %, sont l'un des plus anciens groupes indigènes des collines du NĂ©pal. De tradition animiste puis partiellement bouddhiste ou hindouisĂ©e, ils parlent des langues de la branche sino-tibĂ©taine et sont rĂ©putĂ©s pour leur contribution militaire, notamment comme soldats Gurkhas. 

Tamang.
Les Tamang, légèrement plus nombreux, sont également d'origine tibéto-birmane et vivent dans les collines autour de la vallée de Katmandou. Ils sont largement bouddhistes, pratiquent des rites chamaniques, et parlent le tamang, une langue distincte de la même famille sino-tibétaine.

Newar.
Les Newar forment un groupe urbain culturellement sophistiqué, concentré dans la vallée de Katmandou. Bien que représentant environ 5 % de la population, leur influence historique et culturelle est majeure. Ils parlent le newar (ou nepal bhasa), une langue sino-tibétaine, mais sont souvent bilingues en népalais. Les Newar sont à la fois hindous et bouddhistes, avec un système complexe de castes internes et une tradition artisanale, commerciale et artistique riche.

Rai. Limbu.
Les Rai et Limbu sont des groupes indigènes de l'est du Népal, ordinairement classés comme janajati ( = peuples indigènes). Leur langue appartient également à la famille sino-tibétaine, et leur culture combine des éléments animistes et bouddhistes. Les Rai parlent plusieurs dialectes distincts, et leur société est segmentée en clans exogames. Ils ont aussi fourni de nombreux soldats aux forces Gurkhas britanniques et indiennes.

Sherpa.
Les Sherpa, installés principalement dans les hautes vallées de l'Himalaya oriental (comme le Khumbu), sont connus internationalement pour leur rôle dans l'alpinisme. Ils parlent une langue tibéto-birmane proche du tibétain central, sont majoritairement bouddhistes et vivent selon des traditions économiques basées sur le commerce transhimalayen, l'agriculture d'altitude et plus récemment le tourisme.

Tharu.
Les Tharu, majoritaires dans certaines régions du Teraï, forment le principal groupe indigène des plaines. Ils représentent environ 7 % de la population et parlent des langues indo-aryennes proches du maithili et du bhojpuri, tout en ayant une culture distincte liée à l'environnement forestier. Les Tharu ont longtemps été marginalisés, mais jouent aujourd'hui un rôle croissant dans la vie politique régionale.

Madhesis.
Les Madhesis regroupent un ensemble de populations vivant dans le Teraï et qui parlent majoritairement le maithili, le bhojpuri, l'awadhi et d'autres langues du groupe bihari. Bien qu'ils soient culturellement proches des populations du nord de l'Inde, ils revendiquent une pleine reconnaissance en tant que citoyens népalais à part entière, après une longue histoire de marginalisation. Leur religion dominante est l'hindouisme, mais on y trouve aussi des communautés musulmanes importantes.

Autres groupes.
Les musulmans népalais, estimés à environ 4%, vivent principalement dans les plaines du sud, et parlent généralement le urdu ou des langues locales indo-aryennes. Leur position sociale reste globalement défavorisée, avec un accès limité aux ressources politiques et économiques.

On trouve également de petites populations de Gurung (dans l'ouest), de Chepang (dans les collines centrales, souvent marginalisés), de Bhote et de Lhopa (dans le nord himalayen), dont les langues sont tibéto-birmanes et les modes de vie adaptés aux régions d'altitude.

Culture.
Le NĂ©pal est un pays multiculturel et multilingue. Chaque groupe de population a ses propres coutumes, vĂŞtements, cuisines, danses et rituels religieux. 

La religion joue un rôle central dans la vie quotidienne. L'hindouisme est la foi dominante, suivie par environ 80 % de la population, ce qui en a fait le seul État officiellement hindou jusqu'en 2006. Il se manifeste par d'innombrables temples, sanctuaires et festivals. Le bouddhisme est pratiqué par environ 9 % de la population. Bien que minoritaire, il est profondément enraciné et influence fortement les pratiques religieuses, en particulier dans les communautés tibétaines et newar. Le Népal est le lieu de naissance historique du Bouddha, à Lumbini, ce qui en fait un centre de pèlerinage majeur. Les deux religions s'entrelacent dans la pratique quotidienne : on trouve souvent des temples hindous et bouddhistes côte à côte, et des rituels partagés. L'islam représente environ 4,5 % de la population, concentrée dans les zones du Teraï, tandis que les chrétiens représentent une minorité croissante mais encore faible (moins de 2 %). Le syncrétisme religieux est courant, notamment entre hindouisme et bouddhisme, avec des lieux de culte partagés (ex. : Swayambhunath) et des pratiques rituelles proches.

L'art et l'architecture traditionnels sont omniprésents, en particulier dans la vallée de Kathmandou, où les stupas, pagodes, monastères et palais royaux témoignent d'un passé artistique florissant. Les artisans newars sont réputés pour leurs sculptures sur bois, leurs icônes en métal et leurs peintures thangka. L'architecture pagode, que l'on retrouve en Chine et au Japon, a d'ailleurs trouvé son origine dans la région népalaise.

La musique et la danse tiennent une place importante dans les rituels, les mariages et les fêtes. Chaque groupe ethnique a ses propres formes musicales traditionnelles. Par exemple, les Tamangs ont des tambours appelés damphu, et les Newars célèbrent les jatras (processions religieuses) avec musique, masques et danses. Des instruments traditionnels comme le sarangi (violon à archet) et le madal (tambour) sont largement utilisés. La musique contemporaine, influencée par le rock, le hip-hop et la musique indienne, gagne également du terrain chez les jeunes.

Les vêtements traditionnels varient selon les régions et les groupes ethniques. Les femmes hindoues portent souvent le sari ou le kurta suruwal, tandis que les hommes arborent le daura suruwal, considéré comme costume national. Dans les régions de montagne, les Sherpas et les Tibétains portent des vêtements chauds comme le chuba. Lors des festivals, les costumes traditionnels sont portés avec fierté.

La cuisine népalaise est simple, nutritive et fortement influencée par les traditions indienne, tibétaine et locale. Le dal bhat (riz avec lentilles et légumes) constitue le plat de base quotidien. Les momos, raviolis d'origine tibétaine, sont extrêmement populaires. On retrouve aussi des plats comme le thukpa (soupe de nouilles), le sel roti (pain frit sucré), et diverses préparations épicées à base de pommes de terre ou de légumes de saison.

Les festivals sont nombreux et souvent spectaculaires. Dashain et Tihar (équivalents des fêtes de Dourga et Diwali en Inde) sont les plus importants et rassemblent toutes les communautés hindoues du pays. Le Nouvel An tibétain (Losar), Buddha Jayanti, Holi, Indra Jatra, Maghe Sankranti, Shivaratri et bien d'autres ponctuent le calendrier népalais avec des célébrations mêlant musique, danse, prières et repas communautaires. Ces fêtes sont souvent l'occasion de renforcer les liens sociaux et familiaux.

Enfin, l'hospitalité népalaise est l'un de ses traits culturels les plus admirables. Le concept de atithi devo bhava (l'invité est comme un dieu) est profondément enraciné. Que ce soit dans une maison de village ou un lodge de montagne, les visiteurs sont accueillis avec chaleur, simplicité et respect.

Economie.
L'économie du Népal est une économie mixte en développement, fortement dépendante de l'agriculture, des envois de fonds de sa diaspora, du tourisme, et de l'aide internationale. Elle est caractérisée par des contrastes géographiques importants et des inégalités d'accès aux ressources selon les régions. Malgré les efforts de diversification, le pays reste vulnérable aux catastrophes naturelles, aux chocs externes et à l'instabilité politique.

L'agriculture demeure le principal secteur économique, employant environ 60 % de la population active, bien que sa contribution au PIB ait diminué pour se situer autour de 25 %. Elle est essentiellement de subsistance, avec une productivité faible due à une mécanisation limitée, une dépendance aux précipitations, et une fragmentation des terres. Les cultures principales incluent le riz, le maïs, le blé, le millet, les légumes, ainsi que des produits commerciaux comme le thé, le café, les épices, et les plantes médicinales. L'élevage est également courant dans les zones rurales, notamment pour la production de lait, de viande et de laine.

Les envois de fonds représentent l'un des piliers les plus importants de l'économie népalaise. Plus d'un quart du PIB du pays provient des transferts d'argent effectués par les travailleurs migrants, principalement installés dans les pays du Golfe, en Malaisie, en Corée du Sud et en Inde. Ce phénomène, bien que vital pour les ménages, expose l'économie à des risques liés aux fluctuations des marchés du travail étrangers et soulève des questions sur la fuite des talents et la dépendance externe.

Le secteur industriel est relativement peu développé et contribue à environ 15 % du PIB. Il comprend principalement les industries agroalimentaires, textiles, de ciment, de briques, et quelques unités de transformation du cuir et du papier. Le Népal cherche à développer ses zones économiques spéciales pour attirer l'investissement étranger et encourager l'industrialisation, mais des obstacles persistants comme les coupures d'électricité (en amélioration, semble-t-il), les problèmes d'infrastructure, et la bureaucratie freinent la croissance.

Le secteur des services est en forte croissance et représente désormais plus de 50 % du PIB. Il est dominé par les télécommunications, la finance, les services éducatifs, la santé, et surtout le tourisme. Le tourisme est un secteur clé grâce à la richesse naturelle et culturelle du pays : les montagnes de l'Himalaya attirent les alpinistes et trekkeurs du monde entier, tandis que les sites religieux et historiques, comme Lumbini, Patan ou Bhaktapur, attirent les visiteurs. Toutefois, ce secteur est vulnérable aux instabilités politiques, aux catastrophes naturelles (comme le séisme de 2015) et aux pandémies, comme l'a montré la crise du covid-19.

Le commerce extérieur du Népal est structurellement déficitaire. Le pays importe largement plus qu'il n'exporte, notamment des produits manufacturés, du carburant, des véhicules, des machines et des produits chimiques. Ses exportations se concentrent sur des produits à faible valeur ajoutée comme les tapis, le thé, les vêtements, les bijoux en métal, et certains produits agricoles. L'Inde est de loin son principal partenaire commercial, en raison de la proximité géographique, des liens historiques et de l'accord de transit. Le Népal entretient également des relations commerciales avec la Chine, mais l'accès aux routes et les échanges restent limités par la topographie.

Sur le plan énergétique, le Népal possède un fort potentiel hydroélectrique estimé à plus de 80 000 MW, mais moins de 5 % est actuellement exploité. Des investissements croissants, notamment chinois et indiens, cherchent à améliorer la production d'électricité, tant pour les besoins domestiques que pour l'exportation. Le développement de projets comme Upper Tamakoshi (région du Gorkha, au centre du Népal) et Arun III (région orientale du Népal, près de la frontière avec l'Inde) représente une étape vers l'indépendance énergétique.

L'économie informelle joue un rôle majeur dans le quotidien des Népalais. Une grande partie de la population travaille dans des secteurs non enregistrés, sans protection sociale ni régulation, ce qui complique les politiques fiscales et sociales. Le gouvernement cherche à formaliser certaines activités à travers des programmes d'enregistrement d'entreprises, mais le processus est lent.

L'aide internationale reste cruciale pour le développement népalais, avec des financements venant de bailleurs comme la Banque mondiale, l'Asian Development Bank, l'Union européenne et des pays comme le Japon, les États-Unis et la Chine. Ces aides sont orientées vers les infrastructures, l'éducation, la santé, la gouvernance et la réduction de la pauvreté. Cependant, la dépendance à l'aide pose des défis en matière de souveraineté économique et de gouvernance.

Enfin, les défis structurels sont nombreux : le chômage élevé, surtout chez les jeunes diplômés, l'exode rural, la pauvreté persistante (environ 20 % de la population vit sous le seuil national de pauvreté), les inégalités régionales et sociales, ainsi que les risques climatiques. Néanmoins, le pays possède des atouts notables, notamment une jeunesse dynamique, des ressources naturelles abondantes, un emplacement stratégique et une identité culturelle forte, qui pourraient, avec des réformes appropriées, stimuler une croissance plus inclusive et résiliente.



Monique Balmand (photos), Florent Founes, (texte), Népal, Fragments International, 2009.

Jean Annequin et Paul Grobel, Sommets du Népal, les plus belles ascensions, Glénat 2007.

Carisse et Gérad Busquet (photos : Bruno Morandi), Népal, Arthaud - Flammarion, 2001.

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