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Ces divers termes
Foliation (ou Feuillaison), Défoliation et
Préfoliation [dérivés du mot latin folium
= feuille, et des prépositions de-,
qui marque la chute, et pré-, qui veut dire avant ] se rapportent
au développement et à la chute des feuilles chez les végétaux.
Foliation.
C'est le développement des bourgeons
en feuilles an retour du printemps.
L'époque de la foliation varie sous bien des influences; elle dépend
des espèces, des climats, de la température
de l'année,
des circonstances particulières où les individus sont placés,
enfin de certains facteurs héréditaires qui caractérisent
les variétés d'une même espèce. Il est donc
impossible, sur ce sujet, de rien dire de général qui soit
en même temps bien précis. Adanson,
au XVIIIe siècle, a dressé,
pour la foliation de quelques espèces d'arbres
sous le climat de Paris, la table suivante, qui résume dix années
d'observations :
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Espèces
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Début de la
foliation
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Sureau, Chèvrefeuille. |
16 février |
Groseillier épineux,
Lilas, Aubépine. |
1er mars |
Groseillier commun, Fusain,
Troène, Rosier. |
5 mars |
Saule, Aulne, Obier, Boule-de-neige,
Coudrier, Pommier. |
7 mars |
Tilleul,
Narrounier, Charme. |
10 mars |
Poirier,
Prunier, Pêcher. |
20 mars |
Nerprun, Bourdaine, Prunellier. |
1er avril |
Charme, Orme, Vigne,
Figuier, Noyer, Frêne. |
20 avril |
Chêne. |
1er mai |
On a remarqué, quant à l'influence
de la température, que, suivant les espèces elle varie beaucoup
et que cette influence parait considérable pour déterminer
l'époque de la foliation. H. Lecoq cite les faits suivants
: Le chèvrefeuille des haies et des bois de l'Europe tempérée
montre ses feuilles à partir de +3 °C; le groseillier, le lilas,
à partir de +5 °C ; le noisetier, +9 °C; le noyer, +10 °C;
le robinier faux-acacia, +14 °C. La même
température de 14 °C, ajoute cet observateur, suffit à
l'acacia pour fleurir, tandis que le lilas, qui feuille à 5 °C,
ne fleurit qu'à 10 °C. Au contraire, le noisetier, qui s'épanouit
dès 3 °C, ne peut feuiller avant 9 °C.
Préfoliation.
Ce terme désigne la disposition
des feuilles dans le bourgeon qui leur donne naissance; on employait autrefois
dans le même sens le mot vernation (du latin ver = printemps).
Cet arrangement, qui résulte de l'entassement des jeunes feuilles
dans le petit espace que leur laisse le bourgeon dans ses écailles
ou feuilles extérieures, est toujours le même pour les espèces
d'un même genre; parfois même il s'étend à une
famille entière. Aussi les botanistes ont-ils dû s'en préoccuper
pour mieux caractériser les groupes naturels. Pour décrire
la préfoliation, il y a lieu de considérer successivement
la disposition de chaque feuille, puis celle des diverses feuilles du bourgeon,
les unes par rapport aux autres.
Dans leur disposition individuelle, chacune
des feuilles peut être plane ou légèrement convexe,
pliée ou roulée sur elle-même. Mais le mode de plicature
peut être fort varié aussi bien que le mode d'enroulement;
de là beaucoup de termes distincts dont les principaux vont être
définis plus bas. Quant à leur disposition relative, les
feuilles d'un même bourgeon peuvent être appliquées
les unes contre les autres, et alors ordinairement chacune de ces feuilles
n'est ni pliée ni enroulée sur elle-même; elles peuvent
être, au contraire, diversement enchevêtrées ensemble
lorsqu'elles sont pliées ou enroulées. D'après ce
diverses données générales, on pourra comprendre la
série des termes suivants qui caractérisent les feuilles
dans leur état de préfoliation : appliquées ou applicatives,
lorsque les feuilles, sans être pliées ou roulées,
sont juxtaposées face à face, comme on le voit chez beaucoup
de monocotylédones; dans ce cas,
si elles se touchent par leur bord sans se recouvrir, elles sont valvées;
si elles ne se recouvrent que partiellement comme des tuiles, elles sont
imbriquées; elles sont réclinées ou réplicalives,
lorsque les feuilles pliées transversalement ont leur moitié
supérieure appliquée sur leur moitié inférieure,
en rapprochant la base du sommet (ex.: aconit,
tulipier); condupliquées ou conduplicalives, lorsque la plicature
a lieu longitudinalement, de manière à appliquer la moitié
droite de la feuille sur sa moitié gauche (ex.: hêtre, chêne).
Si une feuille condupliquée en embrasse complètement une
autre en chevauchant sur elle, la préfoliation est équitante
ou amplective (ex.: troêne, iris); si elle reçoit dans son
pli la moitié d'une autre pliée comme elle, ces feuilles
sont demi-équitantes ou semi-amplectives (ex.: saponaire); plissées
ou plicatives, lorsque les feuilles sont pliées le long de leurs
principales nervures (ex. : érable, charme); chiffonnées
ou corrugatives, lorsque les feuilles sont irrégulièrement
plissées et ramassées sur elles-mêmes; circinées
ou circinales, lorsque les feuilles sont roulées sur elles-mêmes
transversalement du sommet vers la base, de manière à rappeler
l'aspect d'une crosse abbatiale (ex.: fougère, roselle, parnassière);
convolutées ou convolutives, lorsqu'au contraire, l'axe de chaque
feuille restant droit, celle-ci s'enroule en cornet sur elle-même
(ex. : froment, seigle, maïs, bananier); si l'enroulement courbe en
dedans les deux moitiés de la feuille en deux petits rouleaux parallèles,
celle-ci est involutée (ex.: pommier); si cet enroulement a lieu
en dehors, c'est-à-dire vers la face inférieure de la feuille,
celle-ci est révolutée (ex : romarin); curvativées
ou courbées, lorsque, trop étroites pour s'enrouler, les
feuilles sont courbées seulement; supervolutives, lorsqu'elles sont
courbées de façon à s'envelopper les unes les autres
(ex.: abricotier).
Les dispositions que présente la
préfoliation se retrouvent sons le nom de préfloraison dans
les boutons à fleur,
et les termes cités plus haut sont aussi employés pour l'arrangement
des diverses parties de la fleur dans le bouton.
Défoliation.
Ce terme s'applique an phénomène
que l'on nomme habituellement chute des feuilles. Comme la foliation, la
défoliation est soumise aux influences des climats et des saisons,
de l'organisation particulière à chaque espèce de
plante, etc.; mais la principale cause de la
chute des feuilles est leur mortification par suite de l'arrêt du
mouvement nutritif de la plante et de l'absence de la sève
dans la feuille. Une fois frappée de mort, la feuille se sépare
de la plante vivante comme une partie gangrenée tombe du corps d'un
animal. Certains végétaux
cependant conservent leurs feuilles flétries, comme on le voit sur
les chênes; on dit alors que ces feuilles sont marcescentes. L'aspect
des végétaux vivaces pendant l'hiver diffère beaucoup
suivant la durée des feuilles sur les rameaux Si les feuilles se
flétrissent et se détachent avant que les nouvelles soient
sorties de leurs bourgeons, l'arbre reste dépouillé pendant
l'hiver et on le dit à feuilles caduques,
Si, au contraire, les feuilles ne meurent qu'après une nouvelle
foliation, la plante conserve toute l'année sa verdure et est dite
à feuilles persistantes; on désigne ces végétaux
sous le nom vulgaire de toujours verts. On a tort de dire que ces végétaux
ne perdent pas leurs feuilles; seulement ils en portent toujours parce
qu'elles se succèdent sans interruption sur leurs rameaux. Dans
les pays intertropicaux, la plupart des arbres ne se voient jamais dépouillés,
parce que le mouvement de la sève n'est pas suspendu par une saison
rigoureuse. La durée des feuilles sur la plante varie, suivant les
espèces de quelques mois
à plusieurs années
: le frêne commun ne garde les siennes que trois ou quatre mois;
le pin, deux ou trois ans; les sapins, jusqu'à dix et onze ans;
les araucaria plus longtemps encore Quant à l'époque de la
chute des feuilles, elle varie suivant les espèces, les climats
et l'état des saisons. (Ad. F.). |
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