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Les PĂȘchers
Prunus persica
Le PĂȘcher est une RosacĂ©e, considĂ©rĂ©e aujourd'hui comme formant une simple espĂšce du genre Prunus (Prunus persica) et qui est essentiellement caractĂ©risĂ© par le rĂ©ceptacle floral plus ou moins allongĂ©, quelquefois tubuleux, le fruit veloutĂ©, par la vernation des feuilles condupliquĂ©es, les feuilles, enfin, pourvues abondamment de glandes occupant soit le sommet du limbe, soit les cĂŽtĂ©s de la portion supĂ©rieure du pĂ©tiole. Comme chez les Abricotiers, les fleurs se montrent Ă  la fin de l'hiver, avant les feuilles. L'espĂšce la plus importante (on en connaĂźt deux d'aprĂšs Baillon), le Persica vulgaris Mill. (Amygdalus persica L., Prunus persica H. Bn) ou PĂȘcher commun, a passĂ© longtemps pour ĂȘtre originaire de l'Iran, d'oĂč son nom; or on ne l'a jamais trouvĂ© spontanĂ© dans cette contrĂ©e, pas plus que dans l'ArmĂ©nie; les livres hĂ©breux ne le mentionnent pas, et c'est probablement l'expĂ©dition d'Alexandre qui le fit connaĂźtre. En rĂ©alitĂ©, le PĂȘcher semble bien ĂȘtre originaire de la Chine, oĂč il est cultivĂ© depuis la plus haute antiquitĂ©; il est citĂ© dans les livres de Confucius sous le nom de Tao, nom que les Japonais ont Ă©galement adoptĂ©. Actuellement le PĂȘcher, ou plutĂŽt ses variĂ©tĂ©s sont cultivĂ©es dans l'Asie occidentale, l'Europe et l'AmĂ©rique du Nord, en particulier dans la Virginie, oĂč la rĂ©colte des fruits est si abondante qu'on en fait une eau-de-vie sous le nom de Peach brandy. 

La pĂȘche, ou fruit du PĂȘcher, est une drupe globuleuse d'un vert jaunĂątre ou rougeĂątre et mĂȘme d'un rouge vif sur la face exposĂ©e au soleil, avec un sillon latĂ©ral plus ou moins profond, Ă  Ă©picarpe (peau) pubescent-veloutĂ© (pĂȘche proprement dite), le duvet se dĂ©tachant ordinairement par le frottement, Ă  mĂ©socarpe (chair) formĂ© d'une pulpe blanche, rouge ou jaune, Ă  peine adhĂ©rente ou trĂšs adhĂ©rente Ă  l'Ă©picarpe ou au noyau, selon les variĂ©tĂ©s; dans une variĂ©tĂ© (brugnons), issue du PĂȘcher ordinaire, l'Ă©picarpe est au contraire lisse et privĂ© de duvet. Le noyau est ovoĂŻde, trĂšs rugueux, Ă  surface anfractueuse et sillonnĂ©e, dont le dessin s'imprime dans le mĂ©socarpe; la graine ou amande est amĂšre et contient de l'acide cyanhydrique. On peut l'employer, dans certains cas, comme un succĂ©danĂ© des amandes amĂšres. 

On connaĂźt cinq variĂ©tĂ©s principales de PĂȘcher : le P. ordinaire Ă  fruits veloutĂ©s (pĂȘches), dont il a dĂ©jĂ  Ă©tĂ© question plus haut, le P. Ă  fruits lisses (brugnons, Persica laevis Mill), le P. a fruits dĂ©primĂ©s (P. platycarpa Decsn.), surtout cultivĂ© en Chine, enfin les P. Davidii Carr. et P. Simonii Decsn., spontanĂ©s en Chine, toutes variĂ©tĂ©s dont Decaisne a voulu faire autant d'espĂšces. 

Dans la mĂ©decine chinoise, les fleurs de PĂȘcher sont rĂ©putĂ©es vermifuges, laxatives et diurĂ©tiques, les amandes emmĂ©nagogues, vermifuges et antirhumatismales, l'Ă©corce prĂ©conisĂ©e contre l'ictĂšre, l'hydropisie, l'asthme, la rage, la gomme de l'arbre comme Ă©molliente. En France, on emploie les fleurs et les feuilles comme purgatives et anthelmintiques, en particulier le sirop de fleur de pĂȘcher qui constitue un laxatif doux pour les enfants, associĂ© Ă  l'huile de ricin ou d'amandes douces. (Dr L. Hn).

Arboriculture.
Le PĂȘcher Ă  fleurs doubles est un arbre d'ornement, mais c'est surtout comme arbre fruitier que le PĂȘcher est intĂ©ressant. Moins sensible Ă  la nature du sol qu'au climat qui doit ĂȘtre chaud ou tempĂ©rĂ©, mais surtout trĂšs rĂ©gulier, il se plaĂźt sur les coteaux bien exposĂ©s ou dans les vallons oĂč les variations atmosphĂ©riques sont peu sensibles, tandis qu'au contraire les courants d'air froid, l'instabilitĂ© de la tempĂ©rature au printemps, les brouillards, sont autant d'obstacles Ă  sa floraison et Ă  son dĂ©veloppement normal. Du reste, dans le Midi de l'Europe et jusque dans le centre de la France, au nord de l'Afrique, au centre de l'Asie et de l'AmĂ©rique septentrionale, il n'est souvent qu'un arbre de plein vent au milieu d'autres cultures, les vignes par exemple. Il y profite des soins donnĂ©s aux plantes voisines. Pourtant, si on veut en obtenir de beaux et bons fruits, il faut, dans le Midi comme sous les climats plus frais, le conduire en espalier et l'entourer de soins attentifs amĂ©liorer notamment le sol, s'il est dĂ©fectueux, au moyen d'amendements salpĂȘtreux, calcaires ou siliceux, prĂ©server l'arbre, par un mur, des rafales du nord, enfin recourir, au besoin, pour sauver la floraison, Ă  des toiles, des paillassons, etc. Le PĂȘcher se multiplie :

1° par le semis en place ou en pĂ©piniĂšre, en vue d'obtenir des jeunes plants qui deviennent des producteurs directs ou des porte-greffes pour les variĂ©tĂ©s culturales du PĂȘcher lui-mĂȘme; 

2° par la greffe en Ă©cusson ou en fente sur divers arbres dont le choix dĂ©pend du milieu, sur prunier si le sol est humide, sur abricotier et amandier en sol sec; on greffe aussi le PĂȘcher sur lui-mĂȘme. 

La conduite en espalier se pratique selon des formes diverses : palmette simple et à double tige, formes en candélabre et en U simple ou double, oblique, forme carrée à la Montreuil, éventail.

Variétés.
Il y a a de nombreuses variĂ©tĂ©s de pĂȘchers cultivĂ©s pour leurs fruits. On distingue, Ă  cet Ă©gard, les pĂȘches de plein vent et les pĂȘches d'espalier. 

PĂȘches de plein vent.
Les meilleures variĂ©ts sont, d'aprĂšs  Baltet, la PĂȘche de vigne, rouge, blanche ou jaune, Ă  peau duveteuse et Ă  noyau libre; le Brugnon, Ă  peau non duveteuse et Ă  noyau adhĂ©rent (Brugnon proprement dit) ou libre (Nectarine); la Pavie, Ă  chair rouge ou blanche, adhĂ©rente au noyau; la PersĂšque, Ă  chair jaune, Ă©galement adhĂ©rente. Ces diverses variĂ©tĂ©s se rencontrent Ă  peu prĂšs sous tous les climats favorables. Comme types locaux de bonnes pĂȘches de plein vent, on peut citer : dans le BĂ©arn, le Languedoc et le Bordelais, les Pavies; en Provence, la Pavie-alberge; dans le pays niçois, la Niçarde; dans le DauphinĂ©, la Tullins ou PĂȘche de Syrie; dans le Roussillon, les Picgnerol et les Saint-Jacques; dans le PĂ©rigord, la Mirlicoton; dans le Lyonnais, la Turenne; dans le Beaujolais, la Mogneneins; en Bourgogne, l'Alberge; en Franche-ComtĂ©, la PĂȘche de Beure; dans l'ouest de la France, la Romorantin; en Belgique, le Brugnon de FĂ©ligny; aux Etats-Unis, la Crawford (Ă  chair abricotĂ©e).

PĂȘches d'espalier. 
On les distingue, Ă  leur tour, en PĂȘches proprement dites (Ă  peau duveteuse) et Brugnons (Ă  peau lisse). Toutes sont Ă  chair libre. 

a. PĂȘches. Dans l'ordre de leur mĂ©rite (BaItet) il faut signaler, comme pĂȘches hĂątives (fin juin Ă  mi-aoĂ»t) : l'Amsden (sous-var., Alexander, Cumberland, Downing, Saunders, etc.) Ă  fruit moyen, plutĂŽt gros et colorĂ©, Ă  chair assez fine et sucrĂ©e, juteuse, relevĂ©e; la Rouge de ruai, Ă  fruit moyen et trĂšs colorĂ©, Ă  chair fine, juteuse, fondante et trĂšs sucrĂ©e; la PrĂ©coce Rivers, Ă  fruit gros et assez colorĂ©, Ă  chair fine, bien juteuse, sucrĂ©e, savoureuse (arbre convenant aux grandes formes); la PrĂ©coce de Crawford, Ă  fruit souvent trĂšs gros et de coloris orange teintĂ© carmin, Ă  chair jaune abricotĂ©e, mi-fine, juteuse, fondante, sucrĂ©e (rĂ©ussit trĂšs bien en plein vent); la PrĂ©coce de Hale ou Hale's Early, Ă  fruit moyen et trĂšs colorĂ©, Ă  chair teintĂ©e, bien fondante, juteuse, sucrĂ©e, vineuse (peut rĂ©ussir en plein vent); la Favorite de Bollwiller, Ă  fruit assez gros et assez colorĂ©, Ă  chair blanche, assez fine, fondante, sucrĂ©e (arbre assez dĂ©licat); - comme pĂšches de moyenne saison (mi-aoĂ»t Ă  mi-septembre) : la Grosse Mignonne (sous-var., Grosse Mignonne hĂątive, Georges IV, Barrington), Ă  fruit gros et assez colorĂ©, Ă  chair fine, bien fondante, assez juteuse, parfumĂ©e (excellent type de plein air et d'espalier); la Madeleine rouge (sous-var., Marguerite, Royal-George), Ă  fruit gros et bien colorĂ©, Ă  chair blanche teintĂ©e, fine, fondante, vineuse, sucrĂ©e et parfumĂ©e; la Galande, Ă  fruit gros et superbement colorĂ©, Ă  chair veinĂ©e, fine, fondante, juteuse, vineuse, bien sucrĂ©e, parfumĂ©e (arbre robuste et trĂšs productif, l'une des meilleures qualitĂ©s) la Madeleine Hariot, Ă  fruit gros et bien colorĂ©, Ă  chair fine, fondante, sucrĂ©e, vineuse; la de Malte, Ă  fruit moyen et lĂ©gĂšrement colorĂ©, Ă  chair fine, blanc crĂ©meux, tassĂ©e, fondante, juteuse, trĂšs sucrĂ©e, trĂšs parfumĂ©e (peut-ĂȘtre la plus succulente des pĂȘches d'espalier, mais, comme forme, manque d'ampleur); l'Admirable, Ă  fruit souvent trĂšs gros et assez colorĂ©, Ă  chair blanche, teintĂ©e au centre, fine, fondante, sucrĂ©e et bien parfumĂ©e; la Belle Beausse, Ă  fruit gros et assez colorĂ©, Ă  chair trĂšs fine, fondante, sucrĂ©e, bien parfumĂ©e (originaire de Montreuil); le Baron Dufour, Ă  fruit parfois trĂšs gros et fortement colorĂ©, Ă  chair nuancĂ©e rose, fine, fondante, juteuse, parfumĂ©e; - comme pĂȘches tardives (mi-septembre Ă  mi-octobre) la Baltet, Ă  fruit parfois trĂšs gros, ovoĂŻde renflĂ©, mamelonnĂ©, d'un beau coloris rubis sur fond nacrĂ©, Ă  chair blanche, lĂ©gĂšrement teintĂ©e au coeur, fine, fondante, juteuse, sucrĂ©e, vineuse et richement parfumĂ©e; la Bonouvrier, Ă  fruit parfois gros et colorĂ©, Ă  chair blanche, colorĂ©e au centre, fine, fondante, sucrĂ©e, vineuse; la Reine des Vergers, Ă  fruit parfois trĂšs gros et fortement colorĂ©, Ă  chair blanche, teintĂ©e au centre, assez fine, fondante, assez sucrĂ©e, vineuse, relevĂ©e (vient bien aussi en plein vent); la Princesse de Galles, Ă  fruit parfois trĂšs gros et assez relevĂ©, Ă  chair fine, fondante, juteuse, sucrĂ©e, parfumĂ©e; la Bourdine, Ă  fruit parfois trĂšs gros et assez colorĂ©, Ă  chair blanche, colorĂ©e au centre, bien fine, fondante, juteuse, sucrĂ©e, parfumĂ©e (gagne Ă  ĂȘtre conservĂ©e quelques jours); la Nivette, Ă  fruit trĂšs gros et colorĂ©, Ă  chair blanche, teintĂ©e au coeur, fine, fondante, sucrĂ©e (arbre se prĂȘtant aux grandes formes); la Lady Palmerston, Ă  fruit gros et de couleur jaune mat frappĂ© de rouge, Ă  chair jaune pĂąle, assez fine, fondante, juteuse, relevĂ©e (rĂ©ussit aussi en plein vent, aime les saisons chaudes); la Salway, Ă  fruit parfois trĂšs gros et de couleur carmin sur fond orangĂ©, Ă  chair jaune clair, assez fine, ferme, fondante, juteuse, abricotĂ©e.

 b. Brugnons. Il y a, comme pour les variĂ©tĂ©s de plein vent, le Brugnon proprement dit, Ă  chair adhĂ©rente, c.-Ă  d. de qualitĂ© plutĂŽt infĂ©rieure, et la Nectarine, Ă  chair non adhĂ©rente. Cette derniĂšre comprend d'excellentes sortes, voyageant plus facilement que les pĂȘches proprement dites, et gagnant par la maturation, en saveur vineuse, au lien de se dĂ©tĂ©riorer, mais moins recherchĂ©e, Ă  cause de sa peau lisse, qui ne flatte pas l'oeil. Les meilleures sont, toujours d'aprĂšs Baltet : le Lord Napier, Ă  fruit parfois gros, mamelonnĂ© et de couleur violet marbrĂ© sur fond rouge clair, Ă  chair fine, fondante, juteuse, sucrĂ©e (aoĂ»t); l'Orange (sous-variĂ©tĂ©s : Orange de Pitmaston et Jaune de Padoue), Ă  fruit moyen et de couleur jaune orangĂ© frappĂ© de pourpre, Ă  chair fine, fondante, juteuse, parfumĂ©e, abricotĂ©e (fin aoĂ»t); la Petite Violette, Ă  fruit petit et de couleur violette sur fond grenat, Ă  chair fine, fondante, juteuse, sucrĂ©e (aoĂ»t et septembre); la Grosse Violette, Ă  fruit assez gros et de couleur violette sur fond vert pourprĂ©, Ă  chair teintĂ©e, fine, fondante, juteuse, sucrĂ©e, assez parfumĂ©e (septembre); la Victoria, Ă  fruit assez gros et de couleur pourpre grenat, sur fond ambrĂ©, Ă  chair teintĂ©e au coeur, fine, fondante, sucrĂ©e, parfumĂ©e (fin septembre). A citer encore, parmi les Nectarines, l'Ananas, l'Elruge, le Galopin, la Newington.

Culture commerciale.
En France, on cultive la pĂȘche en plein vent, pour la vente, dans le centre, l'Ouest, le sud : partout, en gĂ©nĂ©ral, oĂč croĂźt la vigne. On cultive encore en grand la pĂȘche de plein vent en Savoie, dans quelques vallĂ©es abritĂ©es, Ă  la CĂŽte-Rotie (plaine I'Ampuis), dans le DauphinĂ©, dans les Alpes-de-Haute-Provence, aux environs de Nice, dans la Crau, dans le Languedoc. Aux Etats-Unis, la mĂȘme culture a un dĂ©veloppement considĂ©rable. C'est la pĂȘche jaune qui domine. 

II faut cueillir la pĂȘche, de prĂ©fĂ©rence, quand le fond vert de la peau s'Ă©claircit, surtout si elle doit voyager. On peut, du reste, pour favoriser son coloris, procĂ©der, quelque temps avant la maturation, Ă  la suppression de quelques-unes des feuilles qui privent le fruit de la lumiĂšre solaire. Les plus grandes prĂ©cautions doivent ĂȘtre prises dans le maniement. On cueille les « doigts ouverts». Quand les pĂȘches d'espalier doivent ĂȘtre emballĂ©es ou expĂ©diĂ©es, il faut faire leur cueillette de grand matin ou, du moins, les laisser refroidir.

Usages.
La pĂȘche est un fruit fin et dĂ©licat qui constitue un dessert superbe et appĂ©tissant. Elle se consomme Ă  son Ă©tat naturel ou avec addition de vin et de sucre. On en fait aussi des marmelades, des confitures, des beignets. On peut en faire des conserves. La pĂȘche de vigne Ă©crasĂ©e et distillĂ©e Ă  l'alambic fournit une eau-de-vie d'un goĂ»t particulier, que l'on prĂ©pare en Bourgogne, et en AmĂ©rique, oĂč cette eau-de-vie porte le nom de peach brandy.

.Le bois du pĂȘcher est parmi les plus beaux que puisse employer l'Ă©bĂ©nisterie. Il est d'un joli rouge brun, veinĂ© de brun clair, a un grain trĂšs fin et est susceptible d'un beau poli. Mais il faut le dĂ©biter pendant qu'il est vert et ne le soumettre au tour que lorsqu'il est bien sec, car il est sujet Ă  se gercer. Des jeunes branches on retire en outre une nuance cannelle claire, dont on fait avantageusement usage pour la teinture de la laine. (GE).

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Dictionnaire Les mots du vivant
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