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Laos
Sathalanalat Paxathipatai Paxaxon Lao
Histoire du Laos.

18 00 N, 105 00 E
Le Laos est une Etat communiste du Sud-Est de l'Asie, enclavé dans la péninsule indochinoise entre la Birmanie et la Thaïlande à l'Ouest, la Chine au Nord, le Vietnam à l'Est et le Cambodge au Sud. Le Mékong marque la frontière avec la Birmanie et, en partie, avec la Thaïlande. Avec une superficie de 236,800 km²  et une population estimée à 7,5 millions d'habitants (2025), le Laos est le pays le moins densément peuplé de la région (<30 hab./km²).
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Carte du Laos.
Carte du Laos. Source : The World Factbook.
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Le pays est divisé administrativement en 16 provinces (khoueng), auxquelles s'ajoute le territoire (nakhon luang) de la capitale, Vientiane. A l'exception Vientiane (Viangchan), il n'y a pas véritablement d'autre grande ville. Citons toutefois :  Luang Prabang, au Nord, et, au Sud, Savannakhet et Pakse.

Les 16 provinces du Laos

Attapu
Bokeo
Bolikhamxai
Champasak
Houaphan
Khammouan
Louangnamtha
Louangphrabang
Oudomxai
Phongsali
Salavan
Savannakhet
Viangchan
Xaignabouli
Xekong
Xiangkhoang

Géographie physique du Laos

Relief.
Le relief du Laos est majoritairement accidenté, avec environ 80% du territoire constitué de montagnes, de collines et de plateaux. Le nord du pays est particulièrement montagneux et escarpé, faisant partie des extensions sud des chaînes de montagnes du sud de la Chine. On y trouve le point culminant du Laos, le Phou Bia, dont l'altitude est généralement estimée entre 2817 et 2820 mètres. Ces régions septentrionales sont caractérisées par des vallées profondes et étroites creusées par les rivières et leurs affluents. Le centre et l'est du pays sont dominés par la chaîne Annamitique, qui forme une longue frontière naturelle avec le Vietnam et sert de ligne de partage des eaux majeure. La plupart des rivières laotiennes drainent vers le Mékong à l'ouest, tandis que les rivières vietnamiennes s'écoulent vers l'est jusqu'à la mer de Chine méridionale. Des plateaux importants parsèment également le paysage. Au nord-est se trouve le plateau de Xiangkhoang, célèbre pour la Plaine des Jarres. Au sud, le vaste plateau des Bolovens est une région élevée au climat plus frais et aux sols volcaniques très fertiles, propice à la culture du café et d'autres produits agricoles, et réputé pour ses nombreuses et impressionnantes cascades. Les zones de plaine sont relativement limitées et se concentrent principalement le long du corridor du fleuve Mékong et dans les vallées de ses principaux affluents, et forment les principales zones agricoles et de peuplement du pays.

Hydrographie.
L'élément hydrologique central du Laos est le fleuve Mékong, qui parcourt plus de  800 kilomètres à travers ou le long des frontières laotiennes. Il constitue une voie navigable vitale, bien que son parcours soit parsemé de rapides, notamment dans le sud (les chutes de Khone, parmi les plus larges du monde). Le Mékong sert de frontière naturelle avec la Thaïlande sur une grande partie de son cours moyen et inférieur. De nombreux affluents importants drainent les régions montagneuses et les plateaux du Laos pour se jeter dans le Mékong, ce qui contribue significativement à son débit. Parmi les plus notables figurent la Nam Ou, la Nam Ngum, la Nam Theun, la Sé Don et la Sé Kong. Ce réseau hydrographique dense confère au Laos un potentiel hydroélectrique considérable, qui est activement développé et représente une part importante de l'économie nationale. Les rivières et leurs vallées sont également les principaux axes de communication et d'établissement humain.

Climat.
Le Laos jouit d'un climat tropical de mousson, caractérisé par deux saisons principales distinctes : une saison des pluies (ou humide) et une saison sèche. La saison des pluies, influencée par la mousson du sud-ouest, s'étend généralement de mai à octobre, apportant l'essentiel des précipitations annuelles, généralement sous forme d'averses intenses et orageuses. Les températures sont élevées et l'humidité est très élevée durant cette période. La saison sèche, de novembre à avril, est dominée par la mousson du nord-est, qui apporte un air plus frais et plus sec, particulièrement agréable entre novembre et février. Les températures sont élevées toute l'année dans les basses terres, mais peuvent être nettement plus fraîches en altitude, surtout pendant la saison sèche. Les variations de précipitations existent à travers le pays. Le plateau des Bolovens au sud reçoit parmi les quantités les plus importantes.

Biogéographie du Laos

Le relief joue un rôle prépondérant dans la distribution des espèces et la création d'habitats variés. Lees montagnes créent des gradients altitudinaux marqués, entraînant une zonation de la végétation et des communautés animales. Les formations karstiques calcaires sont également une caractéristique notable du paysage dans plusieurs régions, et abritent des écosystèmes spécialisés et souvent endémiques.

Les forêts sont le biome dominant, bien que leur étendue ait diminué. On trouve des forêts sempervirentes tropicales dans les zones les plus humides et les moins perturbées, des forêts semi-sempervirentes dans des conditions intermédiaires, et des forêts décidues sèches (souvent dominées par des diptérocarpacées) dans les plaines et les basses montagnes soumises à une longue saison sèche. Les forêts de montagne abritent une flore et une faune différentes, adaptées à des températures plus basses et souvent à une humidité orographique plus élevée. Les forêts de bambous, les prairies et les zones arbustives se développent souvent dans les zones dégradées ou naturellement ouvertes. 

Les habitats aquatiques sont dominés par l'immense réseau du Mékong et de ses affluents, qui abritent une biodiversité piscicole extraordinairement riche, ainsi que par des zones humides (lacs, marais, plaines inondables) cruciales pour de nombreuses espèces, notamment les oiseaux migrateurs. Les systèmes karstiques, avec leurs grottes et leurs affleurements rocheux, constituent des refuges pour des espèces adaptées à ces environnements spécifiques.

La biodiversité du Laos est considérable, bien qu'encore partiellement documentée. Le pays se situe dans un carrefour biogéographique, ce qui explique la présence d'espèces d'affinités variées. La chaîne annamitique, partagée avec le Vietnam, est particulièrement remarquable comme centre d'endémisme. Elle a révélé plusieurs grandes espèces de mammifères récemment découvertes ou redécouvertes, adaptées à ses forêts denses et humides. Le Laos abrite une faune de grands mammifères autrefois abondante, incluant l'éléphant d'Asie, le tigre, le léopard, le dhole, plusieurs espèces de primates (gibbons, langurs, macaques) et de bovidés sauvages. L'avifaune est également très riche, avec plus de 700 espèces recensées, profitant de la diversité des habitats forestiers et humides. Le Mékong est l'un des fleuves les plus riches du monde en espèces de poissons. Il soutient d'importantes pêcheries et une faune aquatique particulière. Les reptiles, amphibiens et invertébrés présentent également une grande diversité, souvent avec des espèces endémiques, notamment dans les massifs karstiques et les forêts montagnardes isolées.

Cependant, la biodiversité laotienne fait face à d'énormes pressions. La déforestation, causée par l'exploitation forestière illégale et légale, l'expansion agricole (cultures sur brûlis, plantations commerciales comme l'hévéa et le teck), et les projets d'infrastructure (routes, barrages hydroélectriques), est la menace la plus importante. La perte et la fragmentation des habitats réduisent les populations animales et isolent les populations restantes. Le braconnage et le commerce illégal d'espèces sauvages, généralement pour des marchés internationaux, déciment de nombreuses espèces, notamment celles emblématiques ou rares. Le développement rapide, notamment les barrages sur le Mékong et ses affluents, perturbe les écosystèmes aquatiques, affecte les migrations de poissons et modifie les régimes hydrologiques essentiels aux plaines inondables. Les impacts du changement climatique commencent également à se faire sentir, modifiant potentiellement la distribution des espèces et la fréquence des événements extrêmes.

En réponse à ces menaces, le Laos a établi un réseau d'Aires Protégées Nationales qui couvrent une part significative du territoire. Cependant, l'efficacité de ces aires est  limitée par le manque de ressources, la faible application des lois et les pressions économiques. La conservation de la biodiversité au Laos nécessite une approche intégrée impliquant les communautés locales, la gestion durable des ressources naturelles et la coopération transfrontalière, particulièrement importante pour les espèces qui dépendent de larges territoires ou de systèmes fluviaux partagés comme le Mékong et la chaîne annamitique. 

Géographie humaine du Laos

Population.
Estimée à environ 7,5 millions d'habitants, la population du Laos est relativement modeste par rapport à ses voisins. La densité de population est faible dans l'ensemble, ce qui reflète en partie son territoire vaste et montagneux, mais elle varie considérablement  entre les plaines fertiles le long du Mékong, où se concentre une grande partie de la population, et les régions montagneuses, moins peuplées. La structure par âge est caractéristique d'un pays en développement, avec une proportion importante de jeunes de moins de 15 ans. L'indice synthétique de fécondité, en nette baisse par rapport aux décennies précédentes, est encore relativement élevé, notamment dans les zones rurales et parmi certaines minorités ethniques. L'espérance de vie à la naissance a progressé significativement au cours des dernières décennies grâce aux améliorations en matière de santé, mais demeure inférieure à celle des pays plus développés, reflète des défis persistants en matière d'accès aux soins de santé de qualité, de nutrition et d'infrastructures sanitaires, particulièrement en milieu rural et dans les régions isolées. Les taux de mortalité infantile et maternelle restent préoccupants.

Traditionnellement majoritairement rurale, la population laotienne connaît une urbanisation progressive, principalement concentrée autour de Vientiane et de quelques centres provinciaux en croissance. Parallèlement, une part significative de la population, souvent issue des zones frontalières et touchée par la pauvreté rurale, migre (légalement ou illégalement) vers les pays voisins, notamment la Thaïlande, pour trouver du travail. Les envois de fonds de ces migrants constituent une source de revenus importante pour de nombreuses familles.

L'analyse sociologique du Laos est indissociable de ces dynamiques démographiques, en particulier de sa mosaïque ethnique et de la répartition géographique de sa population, qui reflètent souvent les affiliations culturelles et économiques. La société laotienne est l'une des plus complexes et fragmentées d'Asie du Sud-Est sur le plan ethnique. Cette diversité se traduit par une richesse culturelle immense, mais aussi par des défis en termes d'intégration nationale, de développement socio-économique équilibré et d'accès aux services de base. Les minorités ethniques, particulièrement celles vivant dans les régions montagneuses et isolées, sont les plus vulnérables, confrontées à des taux de pauvreté plus élevés, un accès limité à l'éducation, à la santé et aux infrastructures, et parfois des difficultés liées à l'identité et à la reconnaissance culturelle.

La structure sociale reste fortement influencée par les liens de parenté et les hiérarchies traditionnelles, bien que l'urbanisation croissante, l'éducation moderne et l'économie de marché introduisent de nouvelles dynamiques, formes de stratification sociale et opportunités, notamment pour ceux qui ont accès à l'éducation supérieure et aux réseaux urbains. La famille élargie joue un rôle central, en particulier dans les zones rurales, offrant un réseau de soutien social et économique. Les rôles de genre sont traditionnellement marqués. Les femmes ont des responsabilités importantes au sein de la famille et dans les activités agricoles, mais elles sont généralement moins représentées dans les sphères de pouvoir politique et économique formelles, malgré les progrès observés.

L'accès à l'éducation et aux soins de santé s'améliore globalement au Laos, mais d'importantes disparités persistent. Les zones urbaines et les populations majoritaires bénéficient d'un meilleur accès et de services de qualité supérieure par rapport aux zones rurales et aux groupes minoritaires. L'illettrisme, bien qu'en baisse, reste un défi, particulièrement chez les femmes et dans les communautés isolées. La lutte contre la malnutrition, les maladies infectieuses et l'amélioration de l'hygiène restent des questions de santé publique centrales. 

Quelques-unes des principales villes du Laos

• Vientiane, la capitale du Laos, est située sur la rive du Mékong, à la frontière avec la Thaïlande. C'est le centre administratif, politique et économique du pays. Malgré son statut de capitale, Vientiane conserve une atmosphère détendue, presque provinciale, avec une influence française notable dans l'architecture coloniale, les boulevards bordés d'arbres et les boulangeries. La ville abrite des monuments importants tels que le Pha That Luang, symbole national bouddhique, le Patuxai (arc de triomphe laotien) et le parc de Bouddha avec ses sculptures religieuses insolites.

• Luang Prabang, classée au patrimoine mondial de l'Unesco, est l'ancienne capitale royale du Laos, nichée entre le Mékong et la rivière Nam Khan. Elle est réputée pour son mélange harmonieux d'architecture traditionnelle laotienne et coloniale française. La ville est un centre spirituel important, avec plus de 30 temples actifs, dont le Wat Xieng Thong. Les cérémonies quotidiennes d'aumône des moines, les marchés nocturnes artisanaux et la cascade de Kuang Si à proximité en font une destination prisée des voyageurs en quête d'authenticité culturelle et de sérénité.

• Pakse est la capitale de la province de Champasak, dans le sud du Laos. Située à la confluence du Mékong et de la rivière Sedone, elle est un point de départ essentiel pour explorer le plateau des Bolovens, célèbre pour ses plantations de café, et le site archéologique préangkorien de Vat Phou. Ville en pleine croissance, Pakse combine vie urbaine moderne et traditions rurales. Son marché central est l'un des plus dynamiques du pays, et elle dispose d'une infrastructure touristique en développement, notamment des hôtels, des restaurants et un aéroport international.

• Savannakhet, la deuxième plus grande ville du pays, se trouve également au bord du Mékong, en face de la Thaïlande. C'est un centre économique majeur, en particulier pour le commerce transfrontalier. Elle possède un charme discret avec ses vieux bâtiments coloniaux et son ambiance paisible. Le sanctuaire That Ing Hang, l'un des lieux bouddhistes les plus sacrés du Laos, s'y trouve. La ville accueille également une zone économique spéciale qui attire les investissements, notamment dans le secteur manufacturier.

• Thakhek, plus petite, mais stratégique, est la capitale de la province de Khammouane, dans le centre du pays. Elle se distingue par son front de rivière pittoresque et ses maisons coloniales françaises. Elle est le point de départ du célèbre circuit touristique appelé "boucle de Thakhek", qui traverse des grottes impressionnantes (comme la grotte de Kong Lor), des paysages karstiques spectaculaires et des villages isolés. Bien que tranquille, la ville joue un rôle important dans le tourisme d'aventure.

• Phonsavan, située sur le plateau de Xieng Khouang, est surtout connue pour être le site de la mystérieuse Plaine des Jarres, un complexe archéologique comprenant des centaines de jarres mégalithiques disséminées dans la campagne. Ville reconstruite après les bombardements massifs durant la guerre du Vietnam, elle présente une architecture moderne peu distinctive, mais son importance historique et archéologique attire les voyageurs et les chercheurs. Elle est également marquée par la mémoire du conflit et les efforts de déminage encore en cours.

• Muang Xay (Oudomxay), est la principale ville du nord-ouest du Laos. C'est un carrefour important reliant le Laos à la Chine et au nord de la Thaïlande. Elle est en plein essor grâce au développement des infrastructures de transport, notamment la ligne ferroviaire à grande vitesse Chine-Laos. Elle attire les visiteurs intéressés par l'écotourisme, avec un accès facile aux minorités ethniques, aux montagnes verdoyantes et aux réserves naturelles comme celle de Nam Kat.

• Sam Neua, capitale de la province de Houaphan, est l'une des villes les plus isolées du pays, située dans les montagnes du nord-est. Elle a joué un rôle clé dans l'histoire contemporaine du Laos en tant que bastion du Pathet Lao pendant la guerre d'Indochine. La région abrite les grottes de Vieng Xai, ancien quartier général du mouvement révolutionnaire. Peu développée sur le plan touristique, la ville reste un lieu de mémoire historique et de contact avec les cultures montagnardes.

• Attapeu, au sud-est, est une ville frontalière peu peuplée, mais d'une importance géostratégique croissante. Elle est le centre administratif de la province éponyme, connue pour sa biodiversité, ses forêts tropicales et ses minorités ethniques. C'est une porte d'entrée vers des zones reculées et des réserves naturelles protégées, bien que les infrastructures y soient encore limitées.

Groupes ethnolinguistiques.
La diversité ethnolinguistique est l'une de caractéristiques les plus marquantes de la population laotienne. On distingue généralement quatre familles linguistiques principales (les Lao-Tai, les Mon-Khmer, les Hmong-Mien et les Sino-Tibétains) entre lesquelles se distribuent plus de 160 langues et autant de groupes de populations. Ces groupes, dont rous ne sont aps reconnus officiellement, sont grossièrement classés, notamment par le gouvernement laotien, en trois grandes catégories basées sur l'altitude et l'histoire des migrations : les Lao Loum ("Lao des plaines") vivant principalement dans les vallées fluviales, les Lao Theung ("Lao des pentes") sur les contreforts, et les Lao Soung ("Lao des montagnes") dans les hautes altitudes. Les Lao Loum, qui représentent environ la moitié de la population, dominent historiquement et politiquement le pays.

Cette classification en trois catégories est une simplification administrative et écologique qui ne rend pas compte de toute la complexité et la granularité des 49 groupes officiellement reconnus, ni même d'autres sous-groupes ou variations dialectales qui existent. Par exemple, d'autres groupes de langue Tai existent au Laos qui ne sont pas toujours pleinement intégrés à la catégorie Lao Loum (comme les Tai Dam ou Tai Daeng, dont la langue et les coutumes diffèrent du lao standard), ou encore des groupes dont la classification est débattue. La diversité linguistique est phénoménale, avec des dizaines de langues mutuellement inintelligibles parlées à travers le pays, ce qui fait du lao la seule langue de communication nationale effective dans de nombreuses situations, même si de nombreux membres des minorités parlent également leur langue vernaculaire et parfois le lao comme seconde langue. 
Lao Loum.
Les Lao Loum représentent environ 50 à 60% de la population totale. Ils habitent principalement les plaines fertiles le long du fleuve Mékong et de ses affluents. Les Lao Loum sont le groupe dominant sur le plan politique, économique et culturel. Leur langue est le lao, qui appartient à la famille des langues Tai-Kadai (groupe Lao-Tai) et est la langue officielle du pays. Culturellement, ils adhèrent majoritairement au Bouddhisme Theravada, qui imprègne profondément la vie sociale et les pratiques quotidiennes, notamment à travers les fêtes, les rituels et la structure des villages autour du temple (wat). Leur économie repose traditionnellement sur la riziculture inondée, qui est la base de leur alimentation et de leur mode de vie. Ils constituent le noyau de l'identité nationale laotienne moderne. 

Lao Theung.
En s'éloignant des plaines pour les zones de moyenne altitude (entre 300 et 1000 mètres), on trouve les Lao Theung. Ce terme regroupe une mosaïque de groupes ethniques qui sont généralement considérés comme les habitants les plus anciens du Laos, arrivés avant les groupes Tai. Ils représentent environ 20 à 30% de la population. La majorité des langues parlées par les Lao Theung appartiennent à la famille des langues Austroasiatiques, notamment le rameau Mon-Khmer, bien qu'il existe une grande diversité linguistique au sein de ce groupe. 

Parmi les groupes les plus nombreux, on trouve les Khmu, qui sont largement présents dans le nord du Laos et parlent une langue Mon-Khmer. D'autres groupes importants sont les Lamet, les Pray, les Katang, les Alak, les Loven, les Ta-oy, et bien d'autres, chacun avec ses propres dialectes et traditions culturelles distinctes. 

Traditionnellement pratiquant l'agriculture sur brûlis (riziculture sèche, parfois associée à d'autres cultures comme le maïs ou le manioc), les Lao Theung ont des systèmes sociaux variés, habituellement centrés autour du village et de l'autorité des anciens ou des chefs de village. Leurs croyances sont généralement animistes, avec un culte important des esprits de la nature, des ancêtres et du village. Des influences bouddhistes ou chrétiennes sont aussi présentes chez certains groupes. Historiquement, ils ont fréquemment été marginalisés et leur développement socio-économique a souvent été en retrait par rapport aux Lao Loum. Ils occupent des terres moins fertiles et ont un accès plus limité aux infrastructures et services gouvernementaux.

Lao Soung.
Plus haut encore, dans les régions montagneuses les plus élevées (au-delà de 1000 mètres), vivent les Lao Soung. Ces groupes représentent environ 10 à 20% de la population et sont généralement arrivés au Laos plus récemment, principalement aux XVIIIe, XIXe et XXe siècles, après avoir migré du sud de la Chine et du nord du Vietnam en quête de nouvelles terres pour leur agriculture sur brûlis et pour échapper aux conflits ou aux pressions dans leurs régions d'origine.

Les deux groupes les plus importants de cette catégorie sont les Hmong et les Mien (également appelés Yao). Les langues Hmong appartiennent à la famille Hmong-Mien, avec plusieurs dialectes distincts (comme le Hmong Vert et le Hmong Blanc au Laos). Les langues Mien font également partie de cette famille, mais constituent un rameau distinct (par exemple, le Iu Mien). On trouve aussi dans les Lao Soung des groupes qui parlent des langues Sino-Tibétaines, comme les Akha, principalement établis dans l'extrême nord du pays, et les Lahu. 

Traditionnellement, les Lao Soung pratiquaient une agriculture sur brûlis extensive, souvent associée à la culture de l'opium par le passé (et largement réduite aujourd'hui par les efforts gouvernementaux de substitution). Ils ont des structures sociales fortes, basées sur des clans patrilinéaires, qui jouent un rôle central dans l'organisation sociale, la résolution des conflits et les cérémonies. Leur histoire récente est marquée par leur implication complexe et divisée dans les conflits de la guerre du Vietnam et les décennies qui ont suivi, notamment pour les Hmong qui ont pu soutenir les forces américaines, ce qui a conduit à des migrations importantes (vers la Thaïlande, les États-Unis, la France, etc.) et à des relations parfois tendues avec le gouvernement post-révolutionnaire. Leurs croyances sont majoritairement animistes, avec un culte important des ancêtres et des esprits (phi), et une forte composante chamanique, bien que des conversions au christianisme aient également eu lieu parmi certains groupes, en particulier les Hmong.
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Laos : Patouxai, la porte de la Victoire à Vientiane.
Patouxai, la "porte de la victoire", à Vientiane, la capitale du Laos. Source : The World Factbook.

Culture.
Le Bouddhisme Theravada imprègne presque tous les aspects de la société, de l'architecture des temples (wats) aux valeurs morales, en passant par le calendrier des festivals et les rituels quotidiens. Les moines occupent une place respectée, et les temples servent non seulement de lieux de culte mais aussi de centres communautaires et, historiquement, d'écoles. Si le bouddhisme est la religion dominante, en particulier chez les Lao Loum, il coexiste parfois, common on l'a dit, avec des croyances animistes (le culte des phi ou esprits) et l'adoration des ancêtres, surtout parmi les nombreux groupes ethniques minoritaires du pays. Cette coexistence crée une forme de religiosité particulière, où les esprits de la nature, du foyer ou des ancêtres sont respectés et apaisés à travers divers rituels.

Le salut traditionnel, le nop (similaire au wai thaïlandais), est un geste de mains jointes à hauteur variable selon le degré de respect montré à la personne saluée. L'étiquette lao valorise la modestie, l'évitement de la confrontation directe et la communication indirecte. Pointer du doigt avec le pied est considéré comme très impoli, tout comme toucher la tête de quelqu'un. Le rythme de vie est généralement perçu comme lent et paisible, parfois résumé par le terme sabaidee, qui signifie à la fois "bonjour", "comment allez-vous ?" et un état d'être détendu et confortable. Cette attitude reflète une philosophie qui privilégie la tranquillité et l'harmonie sociale sur la hâte et l'agitation.

La vie de village reste un pilier social important dans les zones rurales, où l'entraide mutuelle (boun sanan) est une valeur centrale. L'hospitalité est une vertu profondément ancrée; les visiteurs sont généralement accueillis chaleureusement et se voient offrir de la nourriture et des boissons.

L'artisanat joue un rôle vital dans l'économie et l'expression culturelle. Les textiles, notamment la soie et le coton tissés à la main avec des motifs complexes, généralement spécifiques à certaines régions ou ethnies, sont particulièrement célèbres. Parmi les autres formes d'artisanat, on trouve la sculpture sur bois (souvent liée à l'architecture des temples), l'orfèvrerie et la vannerie. La musique traditionnelle est dominée par le khene, un orgue à bouche en bambou, couramment utilisé pour accompagner les chants lam (musique folklorique) et les danses.

La cuisine lao est distinctive, avec le riz gluant (khao niao) comme aliment de base, traditionnellement mangé à la main. Les plats sont généralement épicés et incorporent des herbes fraîches, des légumes locaux et du padaek (une pâte de poisson fermenté puissante). Le laap, une salade de viande hachée assaisonnée, est considéré comme le plat national. Les repas sont généralement partagés, les plats étant placés au centre de la table pour que chacun se serve.

Les festivals (boun) sont des moments forts de la vie culturelle et sont ordinairement liés au calendrier bouddhiste, aux cycles agricoles ou à des événements historiques. Le Pii Mai Lao (Nouvel An Lao) en avril est l'une des célébrations les plus importantes. Elle est marquée par des jets d'eau qui symbolisent la purification, des visites aux temples et des réunions de famille. Le Boun That Luang, en novembre à Vientiane, est une grande fête autour du stūpa doré de That Luang. Elle comprend des processions, des offrandes aux moines et des foires. Le Boun Ok Phansa marque la fin du carême bouddhiste et est généralement célébré par des courses de bateaux sur le Mékong.

Le costume traditionnel est toujours visible lors des cérémonies et occasions spéciales. Pour les femmes, il s'agit généralement du sinh, une jupe longue en soie ou coton aux motifs variés. Pour les occasions formelles, ls hommes portent des pantalons ou des sarongs, parfois accompagnés d'une écharpe traversant la poitrine (pha biang).

Economie.
L'économie du Laos est celle d'un pays en développement engagé dans une transition depuis un système planifié vers une économie de marché. Le pays a connu une croissance économique rapide et soutenue au cours des dernières décennies, bien que cette croissance ait été volatile et confrontée à des défis structurels et externes. Historiquement dominée par l'agriculture de subsistance, l'économie laotienne a opéré une transformation significative, avec une part croissante des secteurs industriel et des services dans le PIB. L'agriculture reste néanmoins cruciale pour l'emploi et la subsistance d'une large partie de la population, particulièrement en milieu rural, et produit principalement du riz, du café, du caoutchouc et diverses cultures vivrières.

Le moteur principal de la croissance récente a été l'investissement étranger direct, particulièrement dans les secteurs de l'énergie hydroélectrique, de l'exploitation minière et de la construction d'infrastructures. Le Laos dispose d'un potentiel hydroélectrique considérable, qui a été activement développé pour l'exportation (principalement vers la Thaïlande et le Vietnam), et a fait du pays l'une des "batteries de l'Asie du Sud-Est". Le secteur minier, axé sur le cuivre, l'or, le charbon et d'autres minéraux, contribue également de manière significative aux exportations et aux recettes publiques, bien que sa contribution soit sujette aux fluctuations des prix mondiaux des matières premières et soulève des préoccupations environnementales et sociales. Le secteur industriel comprend également une petite base manufacturière, axée sur la transformation de produits agricoles et la confection, qui tente de se développer.

Tiré par le tourisme et le commerce, le secteur des services est en expansion. Le Laos, riche en patrimoine culturel et naturel, attire un nombre croissant de visiteurs internationaux, bien que le développement des infrastructures touristiques et la connectivité restent des défis. Le commerce, facilité par l'amélioration des liaisons de transport, joue un rôle croissant dans l'économie. Le pays est membre de l'ASEAN et cherche à s'intégrer davantage dans les chaînes de valeur régionales.

Les infrastructures de transport, longtemps un frein au développement, connaissent une transformation majeure, notamment avec la construction de la ligne ferroviaire à grande vitesse reliant Vientiane à la Chine. Ce projet, financé en grande partie par la Chine, vise à désenclaver le Laos, à réduire les coûts de transport pour les exportations et les importations, et à stimuler le tourisme et le commerce. Cependant, il contribue également à l'augmentation de la dette publique.

Malgré les progrès significatifs en matière de croissance et de réduction de la pauvreté, le Laos fait face à des défis économiques structurels importants. L'un des plus pressants est l'endettement public élevé, en particulier vis-à-vis de la Chine, qui pose un risque pour la stabilité macroéconomique. Les recettes fiscales restent limitées, ce qui restreint la capacité du gouvernement à investir dans les services publics essentiels et le développement humain. La pauvreté, bien qu'en recul, persiste, particulièrement dans les zones rurales et parmi les groupes ethniques minoritaires, et les inégalités se creusent entre les régions urbaines en développement rapide et les zones rurales plus isolées.

Parmi les défis auxquels est confrontée l'économie du Laos, on trouve le besoin d'améliorer l'environnement des affaires pour attirer et retenir les investissements de qualité, la faiblesse du capital humain due à des lacunes dans l'éducation et la formation professionnelle, des problèmes de gouvernance et de transparence, ainsi que la vulnérabilité aux chocs externes, qu'il s'agisse des fluctuations économiques mondiales, des prix des matières premières, ou des impacts du changement climatique sur l'agriculture et les ressources en eau. La dépendance excessive aux ressources naturelles (eau et minéraux) soulève des questions de durabilité environnementale à long terme.

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