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Les Théiers |
Le
Thé (botanique), Thea, Lin., du nom populaire thèh
dans le Fou-kian (Chine) est la boisson obtenue
à partir de des feuilles du Théier, un genre de plante
de la famille des Théacées (dans la classe des Dicotylédones),
composé d'arbrisseaux de 2,3
m de hauteur, pourvus de feuilles coriaces persistantes. Les fleurs,
solitaires ou groupées par 2-3, sont situées à l'aisselle
des feuilles. Le calice
est formé de sépales imbriqués au nombre de 5-6 ou
davantage. La corolle comprend 5-6 pétales
concrescents entre eux par leur base et parfois unis aussi aux étamines
externes. Les étamines, en nombre indéfini, possèdent
des anthères extrorses; les étamines
situées au centre de la fleur sont libres, tandis que celles qui
occupent la périphérie sont concrescentes par leur filet
en un tube. L'ovaire renferme 3-5 loges, 4-6 ovulées
on plus rarement 2 ovulées. Le fruit est une capsule ligneuse. Les
graines, ovales ou sphériques, ne contiennent
pas d'albumen; l'embryon
possède d'épais cotylédons.
Le genre Thé comprend une dizaine d'espèces dont la plus importante est le Thé de Chine (Camellia sinensis, Thea sinensis L., Camellia Thea Link.) qui vit à l'état sauvage dans l'Assam et la province de Cachar. Le Thé de Chine offre deux variétés : le Thé vert (Theaviridis L.) et le Thé de Bohée (T. Bohea L.), qui sont cultivées avec lui en Inde, en Chine, au Japon, en Amérique du Sud, etc. Sous le climat de Paris, les Thés exigent la serre pendant l'hiver. Les graines contiennent une huile d'une saveur amère qui excite la salivation et provoque des nausées. On assure que les Chinois s'en servaient pour la cuisine et l'éclairage. Le bois de l'arbuste est dur, fibreux, d'un vert pâle; il est sans usage. Suivant de nombreux auteurs, cet arbre est originaire de l'Assam, dans le Nord de l'Inde; il a été trouvé à l'état sauvage, au début du XIXe s., dans la vallée de Cachar, à l'Est de Silhet. Suivant d'autres auteurs, il est originaire de Chine où sa culture est pratiquée depuis la plus haute antiquité ; de là il aurait été introduit de bonne heure au Japon, puis en Assam, à Java, au Brésil (1812), en Inde et au Népal, au Sri Lanka (1840), à l'île de la Réunion et à l'île Maurice (1858), aux Açores, à Madère avant le commencement du XIXe siècle, etc. Quoi qu'il en soit, ses produits n'ont été connus en Europe que vers 1602 ; la Compagnie des Indes hollandaises les importa pour la première fois à Londres en 1652. L'usage du thé s'est ensuite rapidement répandu dans le monde entier. Culture du thé.
L'arbuste à thé croît spontanément dans plusieurs contrées de la Chine et du Japon. Dans ce dernier pays on ne le plante que sur les lisières des champs de riz ou de blé. L'ensemencement se fait très simplement : de distance en distance on creuse des trous; dans chacun d'eux on dépose 6 à 12 graines (le contenu d'un fruit); il en lève 2 ou 3 environ. Le jeune plant est en général abandonné à lui-même jusqu'à la troisième année, où l'on peut commencer à récolter les feuilles. Quelques cultivateurs seulement prennent soin de sarcler, débiner et de fumer la terre chaque année. A 7 ans l'arbuste a environ 1,60 m; on le recèpe alors pour maintenir l'abondance et la qualité du produit en feuilles. On en fait aussi
de véritables plantations avec choix raisonné du sol et de
l'exposition. Le Thé paraît s'accommoder de sols assez variés
et d'expositions diverses; mais la qualité de la feuille se ressent
de ces conditions. En général les plantations de thé
réussissent dans des terres un peu légères, sablonneuses,
mais non pierreuses, humectées sans être humides; la grande
sécheresse leur est aussi funeste que la grande humidité;
un soleil ardent leur nuit aussi bien que le séjour habituel à
l'ombre.
Une plantation de Thé au Kenya. Source : The World Factbook. Le
climat.
Le
sol.
Au Japon on fait habituellement rois récoltes de feuilles. La première a lieu à la fin de février ou au commencement de mars; elle donne le ficki-tsja (thé pilé ou en poudre) que l'on pulvérise et que l'on fait tremper dans l'eau chaude. La seconde récolte a lieu un mois plus tard; on en fait le too-tsja (thé chinois) que l'on prépare en infusion, comme cela se pratique en Chine. La troisième récolte se fait en juin; elle fournit le ban-tsja (thé commun) destiné à la consommation populaire. Quelques cultivateurs, préfèrent ne pratiquer que la seconde et la troisième, récolte et s'abstenir, de celle de février; il en est même qui récoltent une fois seulement en juin. En Chine on fait généralement trois récoltes : la première au commencement d'avril, la seconde en mai et la troisième vers la fin de juin. Les feuilles tendres et délicates de la première récolte donnent les thés les plus estimés. Dans le Fou-kien et le Kiang-si la récolte commence le 5 avril au jour nommé chin-ming, et le thé recueilli dans cette journée est en très grande réputation. La cueillette doit en tout cas se faire, par un beau jour de soleil et dans la matinée, lorsque la rosée perle sur les feuilles. On distingue deux variétés : le thé vert à feuilles lancéolées, planes, trois fois aussi longues que larges; le thé bou à feuilles, elliptiques et oblongues, un peu rugueuses, deux fois aussi longues que larges. On a cru longtemps que la première variété donnait les thés verts du commerce et la seconde les thés noirs; en fait la différence entre ces deux sortes de thés est uniquement due à des procédés spéciaux de préparation. Quoi qu'il en soit, la récolte ne se fait pas de même pour préparer l'une ou l'autre sorte. Pour les thés verts, le cueilleur plus soigneux tient d'une main l'arbuste et détache les feuilles, une à une en laissant tout le pétiole sur la plante. Il jette sa cueillette, dans une corbeille suspendue à sa ceinture. Pour les thés noirs, on cueille avec les deux mains en employant le pouce et l'index et en enlevant une portion du pétiole avec la feuille; les feuilles, réunies d'abord dans la paume de la main, sont ensuite jetées dans un panier placé auprès de l'arbuste. Les jeunes feuilles sont toujours les plus estimées et que les vieilles de l'année donnent un thé inférieur; quant à celles des années précédentes, on ne les cueille même pas. La cueillette marche avec une grande rapidité; on ne voit que des mains voltigeant de droite à gauche, se vidant et s'emplissant tour à tour; on n'entend qu'un frôlement continu qui rappelle le battement monotone d'une pendule. Un arbuste de bonne venue donne en moyenne 1,5 kilogramme à 2 kilogrammes de feuilles par an. Chaque cueilleur peut récolter 7 à 8 kilogrammes par jour. Préparation
des thés du commerce.
La
préparation des thés verts.
Les feuilles se ramassent ainsi en paquets coniques qui sont placés sur des châssis et exposés 8 à 10 minutes au soleil. Puis on déroule les feuilles et on recommence trois fois l'opération de l'enroulement en paquets coniques. Ensuite on torréfie de nouveau les feuilles déroulées jusqu'au moment où elles vont brûler. Alors on les jette (à raison de 8 ou 10 kg par sac) dans des sacs de toile épaisse (longueur, 1,30 m; circonférence, 0,65 m). On foule ces sacs fortement en tous sens avec les pieds et les bras. Le thé se réduit peu à peu et on resserre le sac sur la masse. Quand la réduction est arrivée au tiers, le sac est lié fortement à ce niveau, le reste de la toile est retourné dessus et lié lui-même solidement. Le thé est ainsi comme en un double sac. Alors un homme, suspendu par les deux mains à une traverse de bambou, saute à pieds joints sur ce sac bien fermé et étendu à terre. Il ne l'abandonne que lorsque, réduit et resserré peu à peu, il est devenu dur comme un caillou. Le lendemain les feuilles sont encore retirées de ce sac, passées au feu jusqu'à être entièrement recoquillées; puis on les emballe dans des caisses ou des paniers de bambou et on les garde 5 à 6 mois. Après ce délai; n'extrait le thé des caisses ou paniers, on l'étend dans de grandes corbeilles à l'air pour ramollir la feuille. On torréfie encore une fois à la bassine pendant une heure avec une agitation continuelle. On passe ensuite au crible sur un triple tamis qui sépare trois qualités : le gros, le moyen et le fin. On introduit ensuite chaque qualité de thé dans une machine à vanner toute spéciale, qui sépare les pellicules et poussières des feuilles les plus jeunes et des feuilles phis lourdes et moins délicates. Il en sort cinq qualités distinctes inégalement estimées. Après ce vannage, un laborieux triage à la main enlève encore les débris de toutes sortes que chaque qualité peut renfermer. Enfin toute cette série de triage se répète trois fois, et dans la dernière torréfaction, on ajoute aux thés une poudre colorante composé d'acco ou sulfate de chaux 75% et 25% de younglin ou indigo pulvérisé et finement tamisé. C'est ce qui donne aux thés verts leur coloration. On termine en emballant le thé tout chaud dans des caisses où on le tasse énergiquement et où où l'enferme avec soin. La
préparation des thés noirs.
Les thés verts, moins torréfiés que les thés noirs, s'altèrent plus facilement avec le temps; une faut pourtant les employer qu'au bout d'un an, afin de leur laisser perdre leur odeur herbacée et leur goût styptique. Les thés noirs se perfectionnent en vieillissant, mais ne peuvent être mis en usage qu'après 15 ou 16 mois. Les thés
du commerce.
Thés
verts.
Le thé poudre-à-canon ou chou-tcha (thé perlé) est du hyson soigneusement trié; il est plus parfumé et a plus de force; il est un peu plus vert que le hyson; il est formé des jeunes feuilles les mieux enroulées en grains. L'impérial est un hyson trié en grains plus gros; il est d'un vert argenté. Comme les précédents il doit infuser longtemps; mais il a toujours moins de force, parce qu'il est composé de feuilles plus grandes. Le tonkay ou tun-ke (croissant au bord du ruisseau) provient de la dernière récolte d'été; il est formé de larges feuilles jaunâtres, mal roulées. C'est un thé commun et à bas prix. On le mélange souvent avec des thés verts plus précieux. Thés
noirs.
Le pekoe d'Assam (Inde) est très semblable au pekoe de Chine pour l'aspect; mais il donne une infusion beaucoup moins parfumée. L'orange pekoe est très menu, noir foncé mêlé de jaune orangé. Il a une odeur agréable, due à des plantes aromatiques qu'on y ajoute. On le mêle ordinairement avec le souchong, et il donne alors une boisson agréable, mais excitante; à Londres on le vend, mêlé avec du congo, sous le nom de howka mixture. Le congo, congou ou koong-roo (travail assidu) est très estimé en Chine et très recherché en Angleterre; c'est le thé de famille des Russes. Il se cueille sur des arbustes de 6 ans immédiatement après la récolte déminée au pekoé; il est noir grisâtre; ses feuilles sont minces, courtes et petites. Son infusion est très parfumée, avec une légère amertume très agréable. C'est la variété la plus abondante, subdivisée elle-même en Blackleaf (feuilles noires), dont la variété Ningtchou a alimenté traditionnellement la Russie, et Redleaf (feuilles rouges), dont la meilleure variété est le Kaisow-Congou; Le souchong ou seaou-chung (sorte petite et rare) est un thé préparé avec les petites feuilles de la deuxième récolte et qui fournit la variété aromatique du Padre Souchong ou thé de caravane; Pouchong toujours parfumé. C'est le plus fort des thés noirs; sa feuille est un peu plus large que celle du congo. On estime encore plus en Chine le pouchong dont l'arôme est très fin, la force très faible; il faut en mettre plus que de toute autre sorte pour faire une bonne infusion. Le bohea, bouhia ou woo-e est le plus commun des thés noirs; les feuilles de thé y sont mêlées avec toutes sortes de feuilles. Il est faible et peu savoureux; il laisse un sédiment noir dans l'infusion. On applique parfois ce nom à la généralité des thés noirs. Les résidus
(dust ou fannings) sont consommés dans le pays on mélangés
dans une certaine proportion avec le congou;
Les thés de l'Inde sont d'un arôme moins fin que ceux de Chine, mais plus forts; les meilleurs viennent de l'Assam, de la région de Darjeeling; les variétés les plus appréciées sont Flowery et Orange; le broken Pekoe est fait avec les feuilles cassées et de qualité inférieure. Les thés de Ceylan (Sri Lanka) et de Java valent ceux de l'Assam. Il existe aussi,
en dehors des thés noirs et verts, des sortes intermédiaires
jaune foncé ou mélangées de feuilles noires et jaunes,
produits de fermentation incomplète ; les plus connues sont l'Oolong
(dragon vert), venu par Foutchéou et Taïwan, et le thé
jaune de caravane.
Constitution chimique
du thé, Théine.
Le thé est une des substances végétales les plus riches en matière azotée; cela tendrait à faire penser que c'est une substance nourrissante. Péligot a constaté que l'infusion de thé contient encore environ 1 de matière azotée pour 100 parties en poids, Ce qui est bien reconnu en outre, c'est que le thé est une boisson stimulante analogue au café, mais moins active; cette action est due à la caféine ou théine qu'elle contient. Usage et influence
du thé.
L'usage du thé
exerce sur la santé une influence qu'il importe de signaler, et
qui diffère selon qu'il s'agit du thé noir ou du thé
vert. Le thé noir est un excitant salutaire, dont les effets se
manifestent pendant plusieurs heures. Le thé vert a une influence
moins
Le thé, en général, favorise notablement la digestion. Les thés verts sont légèrement diurétiques. L'origine de la
consommation du thé en Europe.
Au milieu du XVIIe siècle c'était déjà une marchandise importante dans le commerce de long cours; les Hollandais l'exploitaient seuls. Une certaine polémique s'établit pendant ce siècle pour et contre ce nouvel usage; le public trancha la question en faveur de la boisson chinoise. C'est vers le milieu du XVIIe siècle que commença l'introduction du thé en Angleterre, et en 1660 le parlement frappa la vente dans les tavernes d'un droit de 8 pence par gallon; ce droit fut aboli en 1689 par Guillaume Ill et Marie, et remplacé par une taxe, sur le commerce du thé, de 5 shillings par gallon. C'est en 1669 que la célèbre Compagnie des Indes avait importé à Londres sa première cargaison de thé. On assure, du reste, que de 1652 à 1700 il ne fut pas importé à Londres plus de 90,500 kilogrammes de thé. C'est par les Hollandais et les Anglais que son usage se répandit peu à peu dans l'Europe occidentale. On ne sait au juste à quelle époque ce même usage prit naissance chez les Russes, dont les rapports intimes avec la Chine remontent au XVIe siècle et se développèrent surtout au temps de Pierre le Grand. Le thé a été l'occasion d'une mesure féconde en conséquences dans l'histoire du monde moderne. On se rappelle que la révolte des colonies anglaises de l'Amérique, devenues depuis les Etats-Unis, eut pour cause immé diate l'établissement, sans le consentement des colons, de taxes sur le timbre, sur le thé, le verre et le papier. (A.-F / W. Russell / J.-P. Langlois). |
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