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L'Empire romain I - Histoire du Haut-Empire |
Octave,
décoré du nom d'Auguste en 27
av. J.-C, consacra sa vie à l'organisation
du nouvel empire. Sous la forme qu'il lui donna, celui-ci dura environ
trois siècles, jusqu'à la grande réforme politique
et administrative de Dioclétien. Ces
trois premiers siècles embrassent la durée du Haut-Empire
ainsi nommé pour le distinguer du Bas-Empire.
On y peut marquer plusieurs divisions : la période des douze Césars
ou du premier siècle; la période des Antonins
ou du second siècle; la période des princes syriens, et enfin
la période de l'anarchie et des empereurs
illyriens. La période des douze Césars comprend deux groupes
de souverains, d'abord ceux de la famille Julienne et Claudienne (Jules
César, Auguste, Tibère,
Caligula,
Claude, Néron);
à la fin, ceux de la famille Flavienne (Vespasien,
Titus,
Domitien). Entre ces deux dynasties s'intercalent
les règnes de trois empereurs éphémères (Galba,
Othon, Vitellius).
Auguste, lorsqu'il eut pris possession officielle du pouvoir impérial (27 av. J.-C.) et ordonné l'administration provinciale, d'accord avec le Sénat, fut un des princes les plus actifs qu'ait possédés l'Empire. En dehors de son travail d'organisation politique et administrative, de la réforme complète de l'armée romaine), des réformes financières, de la réforme religieuse, de la protection éclairée donnée aux lettres et aux arts, de ses grands travaux publics, il eut une politique extérieure méthodique, poussant l'Empire jusqu'à des frontières qui, à quelques exceptions près, resteront ensuite les siennes. La conquête de l'Espagne fut achevée par la défaite des Cantabres, et les Alpes gauloises pacifiées par celle des Salasses; l'Afrique par celle des Gétules et l'institution du royaume de Maurétanie. Après une première série de voyages qui achèvent l'oeuvre de la fondation du gouvernement impérial, Auguste, pour faire jouir ses sujets de la paix romaine, travaille à la frontière. Du côté de l'Euphrate, il établit en Arménie un roi vassal, intimide les Parthes; il noue des relations avec l'lnde. Les Ethiopiens (Nubiens) sont vaincus sur le haut Nil; les nomades africains soumis ou terrorisés. Les grandes difficultés se trouvaient en Europe, sur la frontière septentrionale du monde romain. On se trouva aux prises avec une population dont l'entrée dans l'histoire était récente, les Germains, et les mesures prises à ce moment furent décisives pour l'histoire de l'empire romain. On débuta par la conquête du massif alpestre et des vallées qui en descendent jusqu'au Danube. La soumission des Rhètes, des Vindéliciens, des Pannoniens, des Dalmates, la formation d'une série de nouvelles provinces et la création de puissantes colonies militaires ont été indiquées. La Germanie fut alors attaquée à la fois du côté du Danube et du côté du Rhin. Du côté du Danube, on se heurta au royaume des Marcomans; du côté du Rhin aux Sicambres, aux Bructères, aux Cattes, aux Chérusques. La Germanie fut conquise jusqu'à l'Elbe. L'expédition décisive contre les Marcomans fut arrêtée par le soulèvement de la Pannonie et de la Dalmatie. A peine celui-ci fut-il comprimé que la Germanie du Nord s'insurgea; le massacre des légions de Varus rejeta les Romains sur le Rhin. La conquête de la Germanie était manquée. Les dernières années du règne d'Auguste furent occupées par la question de sa succession; ses grands collaborateurs militaires, Agrippa, Drusus et Tibère, avaient été tour à tour ses successeurs désignés; la mort prématurée de ses petits-fils laissait la place libre au dernier. Auguste, qui avait régné de l'an 30 av. J.-C. à l'an 14 ap. J.-C., eut donc pour successeur son beau-fils Tibère Celui ci continue la politique d'Auguste, sans remédier aux défauts de la première organisation de l'Empire. L'aristocratie romaine n'avait pas de motif de considérer comme une institution définitive le principat, dont le mode de succession n'était pas réglé; l'équivoque, résultant du maintien des formes républicaines, pèsera sur tout le premier siècle de l'Empire et sur les douze Césars dont la moitié auront une fin violente et qui tous seront en butte à des conspirations à Rome et à des soulèvements de l'un ou l'autre des groupes de leur armée permanente. Tibère fut d'abord menacé par la rivalité de Germanicus. Après sa mort (19), celle du fils de l'empereur, Drusus (23) isole l'empereur qui devient de plus en plus ombrageux et cruel. C'est l'époque des délateurs; la loi de majesté devient une arme terrible. D'autre part, la concentration de la garde prétorienne met Rome et l'Empire à la merci dune troupe de mercenaires. En revanche, l'administration de Tibère fut remarquable, surtout au point de vue de la gestion financière. Sa politique extérieure fut habile; il contint les Germains en les divisant et n'eut pas de grande guerre. Caligula
(37-41),
fils de Germanicus, était un aliéné; après
d'heureux commencements, il tourne mal; ses atroces cruautés, ses
folies mettent en relief la bassesse des Romains de son temps; cette capricieuse
tyrannie
finit par l'assassinat du maître. Après une vaine tentative
pour restaurer la liberté républicaine, on lui donne pour
successeur le timide Claude (41-54),
son oncle. Celui-ci remet le gouvernement à ses affranchis, réalise
de grandes améliorations dans la législation civile. Il signale
son règne par la conquête de l'île de Bretagne (Grande-Bretagne),
les progrès de la colonisation
romaine vers le Rhin et le Danube. Ridiculisé par Messaline,
sa première femme, dans ses dernières années, il est
dominé par la seconde, Agrippine, qui
élève au trône son fils Néron
(54-68).
Celui-ci eut d'abord cinq bonnes années (quinquennium Neronis);
à l'extérieur, la guerre parthique assure la prépondérance
romaine en Arménie.
Mais, arrivé à I'âge d'homme, Néron s'abandonne
à tous les excès. II désorganise les finances; les
folies criminelles de cet histrion couronné provoquent une série
de soulèvements, au nom du Sénat.
Néron est tué et remplacé par Galba
qui a été proclamé en Espagne.
Vespasien (69-79), le premier empereur plébéien, est le fondateur d'une nouvelle dynastie, celle des Flaviens, qui durera peu, mais réorganise l'Empire. il achève la soumission de la Gaule insurgée à la mort de Néron, par la défaite des Bataves, et il extermine dans Jérusalem les Juifs qui avaient tenté une lutte suprême pour l'existence nationale. Il renouvelle la noblesse romaine en ajoutant aux deux cents gentes romaines, mille familles italiennes ou provinciales. Le Sénat, avili par les tyrans de la génération précédente, reprend sa place dans le système impérial. Son économie sévère répare les désastres des années antérieures. Il multiplie les colonies et les fondations de villes. Titus (79-81) règne juste assez pour laisser un souvenir de bonté qui contraste avec la cruauté soupçonneuse de son frère et successeur, Domitien (81-96). Ses guerres défensives contre les Germains furent sans gloire. Il fit construire le retranchement qui couvrait les Camps décumates entre le Rhin et le Danube; mais il paya tribut aux Daces. Les dépenses énormes de ses constructions et de ses spectacles épuisent le trésor laissé par Vespasien " le besoin le rendit avide et la peur le rendit cruel ". Il fut assassiné. Comme tant d'autres, tyran abominable dans Rome, il fut pour les provinces un administrateur vigilant et bienfaisant. Après la disparition des Flaviens, s'ouvre pour l'empire romain une ère nouvelle, celle des empereurs provinciaux se recrutant par le système de l'adoption. Ce fut la période la plus prospère de l'empire romain. Le court règne de Nerva (96-98) l'inaugure. Victor Duruy en a très bien marqué le caractère et celui de la première époque « Dix empereurs se sont partagés les quatre-vingt-deux années écoulées entre l'avènement de Tibère et celui de Nerva. Cinq provenaient de l'hérédité; cinq de l'élection des soldats; l'une donnait par exemple Caligula et Néron; l'autre Claude et Vitellius. D'après leurs résultats, les deux systèmes se valaient. C'est qu'ils différaient seulement par les apparences. Qu'Othon achetât l'Empire aux prétoriens ou que Domitien héritât de son père, il importait peu. Le prince, de quelque façon qu'il le fût devenu, était maître sans partage dans un pays qui n'avait cependant pas supprimé toute trace de ses institutions libres, et dans un temps où l'on se souvenait encore du peuple, du Sénat, des comices avec leurs magistrats annuels et responsables. Ainsi la la forme du pouvoir était en contradiction avec les moeurs et les traditions, deux grandes forces qui veulent être ménagées; mais elle paraissait d'accord avec une autre puissance dont il faut tenir compte; les intérêts, car partout régnait un immense besoin de paix et d'ordre public. Il y avait donc, pour cette société, deux questions très différentes; l'une, politique qui se débattait à Rome, et malheureusement aussi dans les camps, le plus souvent au milieu de péripéties sanglantes : celle de l'avènement, du maintien ou de la chute du maître; l'autre économique, qui était le seul souci des provinciaux : la paix sans concussions ni violences, la sûreté des routes et l'activité du commerce, sans impôts trop lourds. Auguste et Vespasien avaient satisfait à ce double besoin; sous eux, Rome avait été tranquille, la loi de majesté oubliée, le licteur sans emploi, et il y avait eu : à l'armée, de la discipline, dans les provinces, du bien-être; dans l'Etat, les formes extérieures de la liberté; mais ces biens provenaient de la sagesse de deux hommes, non des institutions, et ils passèrent avec eux. »Au IIe siècle, il n'y a pas de transformation radicale, mais une amélioration sensible. Cinq princes vont régner durant quatre-vingt-cinq années et aucun ne mourra de mort violente. Ils continuent pourtant la même politique générale que leurs devanciers, mais en la perfectionnant. C'est vis-à-vis de l'aristocratie romaine que leur plan de conduite est différent. Ils ne la jalousent plus, mais au contraire l'entourent d'égards. Décimée par les tyrans, reconstituée par Vespasien, elle se groupe autour du souverain. « Ses membres remplissent à ce moment toutes les hautes charges de l'Etat. Sans rendre aux grands le pouvoir, les Antonins paraîtront gouverner avec eux et pour eux. Ils feront des patriciens afin de tenir cette noblesse au complet. Cela suffira pour des ambitions devenues modestes : l'aristocratie qui était contre les Césars, même encore contre les Flaviens, en état de conspiration permanente, ne formera plus que de rares complots dont pas un ne réussira; et le Sénat qui croit avoir recouvré à jamais le droit de nommer le magistrat suprême de la République fera frapper des médailles avec cette légende Libertas restituta. »Ce sont en effet les sénateurs qui désignèrent Nerva. Trop faible pour gouverner, son grand mérite est d'avoir adopté Trajan. Trajan (98-117), natif d'Espagne, général émérite, fut le dernier des empereurs conquérants, à vrai dire le seul depuis Auguste; il conquit la Dacie et porta la frontière romaine aux Carpates et au Dniestr; il la colonisa et prépara le peuple roumain; il annexa l'Arabie septentrionale à la fin de son règne et il faillit détruire la monarchie des Parthes, subjuguant momentanément la Mésopotamie jusqu'au golfe Persique. Ce ne sont pas là ses seuls titres son oeuvre législative et administrative est considérable, sans parler de l'institution alimentaire au profit des enfants. Ses tendances humanitaires ne sont pas moins remarquables que son esprit de justice. Son règne est marqué par-de nouveaux progrès de la centralisation administrative. Hadrien (117-138), fils adoptif de Trajan, fut aussi pacifique que son prédécesseur avait été belliqueux; ce fin lettré fut un excellent prince, qui consacra presque tout son temps aux provinces. Sauf dans les dernières années, il passa son règne à voyager à travers l'Empire, étudiant sur place les besoins de chaque région et de chaque cité. Sa politique extérieure reposa sur le régime subsidiaire et la fortification des frontières; il replia les légions à l'abri de frontières nettement délimitées, et au delà il pensionna les rois barbares afin de s'assurer de leur fidélité. Les places fortes qu'il éleva, surtout le long du Danube, seront pendant deux siècles les boulevards de l'empire romain. A aucune époque l'ensemble des pays méditerranéens n'a été aussi tranquille et aussi prospère qu'en cette apogée de l'Empire. La réorganisation du consilium principis, le recrutement de l'administration centrale parmi les chevaliers romains et non plus parmi les affranchis, donnent au régime impérial le caractère d'une grande monarchie centralisée et lui assurent les avantages du gouvernement impersonnel. A cet égard Hadrien prépare le Bas-Empire, la centralisation administrative et la hiérarchie bureaucratique qu'il a légués à l'Europe moderne. Antonin (138-161) laisse se détendre les ressorts tendus par Hadrien; son excessive bonté et la sécurité complète dont jouit alors l'Empire lui valurent une immense popularité; son oeuvre législative est considérable. - il eut pour successeur son gendre, Marc Aurèle (161-180). Ce stoïcien vit reparaître le danger à la frontière. Les Parthes furent défaits, l'empereur lui-même dirigea sur le Danube une interminable guerre contre les barbares et réussit à arrêter une invasion dangereuse et dévastatrice. Son associé au trône, Lucius Verus, ne régna que de nom. Commode (180-193), fils et successeur de Marc Aurèle, se comporta en gladiateur couronné. Avec lui finit la période des Antonins. Il fut assassiné. Il y eut alors une période de troubles et de guerres civiles acharnées, pire que selles qui avaient suivi la mort de Néron. Le grave Pertinax (193) fut bientôt égorgé par les prétoriens : ceux-ci vendirent l'Empire à Didius Julianus. Mais les légions de Syrie proclamèrent empereur Niger, celles de Bretagne Albinus, celles de Pannonie Septime Sévère. Ce dernier l'emporta; reconnu à Rome, il défit Niger en Asie, puis Albinus, avec qui il avait d'abord partagé l'empire à Trévoux (196). Septime Sevère (193-211), bien que d'origine africaine, est le premier des empereurs dits orientaux : sa femme était Syrienne et exerça une grande influence. Ce fut un prince sévère et énergique qui fit de grandes réformes; il dépouilla l'Italie de la plupart de ses privilèges, donna une grande importance au préfet du prétoire; le travail législatif fut considérable. Néanmoins ce fut avant tout un prince militaire, et le militarisme acquit alors une prépondérance qui ne fut pas une des moindres causes de la ruine de l'Empire au IIIe siècle. Les fils de Septime Sévère, Caracalla et Géta, règnent ensemble sous la tutelle de leur mère syrienne, Julia Domna. Caracalla égorgea son frère et régna seul (212-217). Son grand acte fut l'extension du droit de cité romaine à tous les habitants libres de l'Empire. il marque le terme du travail d'assimilation progressive des vaincus aux vainqueurs. Il combattit avec succès les Alamans et les Parthes. Il fut assassiné et remplacé par Macrin (247-248). Les princesses syriennes, Julia Domna, Julia Moesa, Soaenias et Mammée renversent celui-ci au profit d'un jeune prêtre d'Emèse, Héliogabale (218-222). Cet enfant, n'ayant d'autre souci que la propagande de son dieu, tente de donner à Rome une nouvelle religion officielle; ses débauches le déconsidèrent; Moesia et Mammée le remplacent par son cousin, le doux Alexandre Sévère (222-235), sous le nom duquel gouverne le grand jurisconsulte Ulpien. On réalise une réforme grave en séparant dans l'administration provinciale l'autorité militaire de l'autorité civile. Alexandre Sévère rêve des réformes religieuses et cherche à faire prévaloir le syncrétisme qui amalgamerait toutes les croyances et tous les cultes. Après une guerre contre les Perses, il est assassiné par le soudard Maximin, un géant d'origine gothique. Celui-ci n'est même plus un provincial, c'est un barbare romanisé. Maximin (235-238) ne fut pas accepté par les Romains; ni l'aristocratie ni le peuple ne le supportèrent longtemps, malgré ses victoires sur les Germains. Gordien fut proclamé en Afrique avec son fils; le Sénat les reconnut tous deux; ils périrent près de Carthage; le Sénat élut alors empereurs Caelius Decius Balbinus et Pupienus Maximin, auxquels on associa le petit-fils du vieux Gordien, Gordien III. Maximin fut tué par ses soldats, les deux empereurs sénatoriaux par les prétoriens; Gordien resta seul (238-244). Au cours d'une expédition contre les Perses, il fut tué à l'instigation de l'Arabe Philippe qui prit sa place. Philippe (244-249) abandonna l'Arménie aux Perses, célébra à Rome le jubilé millénaire de la fondation de la cité; sa grande affaire fut la lutte contre l'invasion des Goths. Les légions de Mésie et de Pannonie proclamèrent empereur Decius (Dèce), vaincu à Vérone. Philippe périt. Decius (249-251) est le premier empereur qui ait systématiquement poursuivi les chrétiens. Il périt en combattant les Goths dans la Dobroudja. La péninsule balkanique était ouverte aux envahisseurs. L'Empire faillit s'effondrer. Gallus (251-254), associé à son fils Volusianus (Volusien) et à celui de Decius, Hostilius (Hostilien), achète la retraite des Goths et rentre en Italie. Les légions de Mésie se prononcent pour leur légat Aemilianus (253-254) qui bat les Goths et renverse Gallus. Mais Valérien amène les légions rhénanes et succède à Aemilianus, tué par ses propres soldats. Valérien (254-260) s'associe son fils Gallienus (Gallien). Il commence par déblayer des envahisseurs gothiques la péninsule balkanique; il se porta ensuite contre les Perses, mais fut fait prisonnier. Gallienus (254-268) resté seul ne put suffire à la tâche. De toutes parts l'Empire se disloquait. Le système des pronunciamentos se généralise; chaque armée, chaque province veut avoir ses empereurs; tous les chefs militaires prennent la pourpre. C'est l'époque qu'on désigne par l'appellation caractéristique des Trente Tyrans. Le mouvement commence en 258, par les légions de Pannonie qui font empereur Ingenuus. Il est vaincu et tué. En Gaule, Gallienus avait désigné comme césar son jeune fils Saloninus. Le général qui avait vaincu les Francs et les Alamans, Postumus, mit à mort cet enfant et prit la pourpre (260); il fut reconnu en Gaule. A l'autre extrémité de l'Empire, à Palmyre, Odenath, qui tenait les Perses en échec, se rend indépendant. L'armée d'Asie Mineure élève Macrianus; celle d'Achaïe Valens, puis Pison; les deux derniers sont bientôt assassinés; Macrianus fut vaincu et tué par Aureolus, général de Gallienus et chef des légions illyriennes (262). En Egypte, le gouverneur Aemilienus est proclamé empereur (262). Gallienus se tourne contre la Gaule, s'entendant seulement avec Odenath qu'il accepte comme auguste et son collègue pour l'Orient (264). En Gaule, Postumus est forcé de partager l'Empire avec Victorinus. Les Pannoniens se rangent autour d'un nouvel usurpateur, Regalianus, qui fut tué presque aussitôt. En 265, Gallienus reconquiert l'Égypte; les Isauriens font un empereur, Trebellianus, qui succombe peu après. Les provinces centrales de l'Empire étaient dans une situation pitoyable. Dans celles de l'Ouest, Postumus eut à lutter contre un concurrent, Aelianus, candidat des troupes rhénanes (266), le vainquit, mais fut tué par ses soldats; Aelianus de même (267). Alors parut Marius, qui eut le même sort, et enfin Victorinus. Sa mère, Victorina, prend sa place et fait élire empereur Tétricus (268) auquel la Gaule, la Bretagne, la moitié de l'Espagne restent fidèles. En Orient, Odenath est assassiné avec son fils Hérode, et les meurtriers acclament son beau-fils, Moeonius, bientôt abattu. La veuve d'Odenath, Zénobie, se fait obéir par l'armée et le peuple de Palmyre sous le titre de reine de l'Orient; elle s'allie aux Perses; les Romains sont rejetés au delà de l'Haly par les soldats de Zénobie. Enfin Aureolus revêt à son tour la pourpre, et est vaincu par Gallienus, mais les généraux de celui-ci le font tuer et donnent l'Empire à Claude (II). Claude II (268-270) est le premier de ces énergiques empereurs illyriens qui vont restaurer l'empire romain et refouler la première invasion. Vite débarrassé d'Aureolus, il fait une boucherie des Germains qui avaient passé le Danube et menaçaient la péninsule balkanique par terre et par mer. La terrible bataille de Naissus (Nisch, sur la Nissawa) sauve la domination romaine. Emporté par la peste, Claude a pour successeur son frère Quintillus, mais les légions désignent Aurélien, et Quintillus disparaît au bout de trois semaines. Aurélien (270-275) évacue la Dacie qu'il abandonne aux Goths, mais réorganise et défend bien la frontière du Danube. Il reconquiert l'Orient sur Zénobie, la Gaule sur Tetricus, rétablit ainsi l'unité de l'Empire (274). La réforme monétaire remet un peu d'ordre dans la vie économique. Victime d'une sédition, ce grand empereur a pour successeur le vieux Tacite (275-276) qui a le même sort; son frère Florianus est reconnu en Asie, mais l'armée se prononce pour Probus (276-282), le dernier des grands empereurs illyriens; il repousse les Germains du Rhin et du Danube, écrase les Isauriens, colonise les provinces dépeuplées en y transplantant des Barbares. Il est assassiné dans une révolte militaire. Carus (282-283) perd les Champs décumates, mais bat les Perses; il est assassiné; ses fils, Carinus (Carin) et Numérien, lui succèdent. L'assassinat de Numérien par Aper amène l'élection de Dioclétien, le fondateur de ce qui va être la monarchie administrative et hiérarchisée du Bas-Empire (284). (A.-M. B.). |
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