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Les
prêles actuelles
Le genre Equisetum
est répandu dans le monde entier, sauf en Australie. Les espèces les
plus connues d'Equisetum sont :
L'Equisetum
des champs ou arvense, à gaines à 6 à 12 dents lancéolées; elle
a toutes les tiges fertiles. On l'appelle vulgairement queue de cheval.
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Prêle
des champs.
L'Equisetum fluviatile
ou Prêle d'ivoire, se distingue de la précédente par ses tiges dont
les unes sont fertiles, les autres stériles, blanches, et ses gaines Ã
20-30 dents.
Les autres espèces
ont les tiges toutes fertiles et de la même sorte; telles, sont
:
L'Equisetum
d'hiver (Prêle des tourneurs) à tiges très rudes, cannelées; la
partie supérieure des dents des gaines est blanche, caduque; les branches
demeurent vertes pendant l'hiver.Jadis utilisée pour polir les bois et
les métaux. Pour cela, on la faisait sécher, et l'on passait dans la
longueur de la tige creuse un fil de fer qui la soutenait pendant l'opération
du polissage. Dans certains endroits où cette plante était abondante,
on l'employait pour écurer dans les cuisines les vases de cuivre. C'est
au bord du Lot qu'on récolte la plus belle prêle d'hiver.
L'Equisetum limosum
ou Prêle des bourbiers, à dents peu ou pas membraneuses, à tiges Ã
côtes lisses, à épis arrondis au sommet. Elle est commune, et se distingue
par des tiges lisses ou à pennes rudes, toutes fertiles, à gaines étroitement
appliquées et présentant 15-20 dents souvent noirâtres. Elle se mangeait
autrefois à Rome en guise d'asperges. Jusqu'à une époque récente, dans
quelques localités de la Toscane, ses jeunes pousses servaient d'aliment.
L'Equisetum maximum
à grandes gaines, à vingt eu trente dents aiguës, à tiges fertiles
d'un blanc rougeâtre, croissant dans les bois, les ruisseaux, les fossés;
L'Equisetum sylvaticum
(Prêle des bois), à gaines moins grandes, à trois ou quatre dents, Ã
tiges stériles recourbées vers le bas;
L'Equisetum palustre
(Prêle des marais), à dents blanches et membraneuses aux bords, tiges
profondément creusées de sillons peu nombreux.
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Prêle
des marais.
En général ces plantes
donnent, par l'incinération, une assez grande quantité de silice; cette
substance est même apparente sous forme de points cristallisés aux articulations
des plantes à l'état frais. Souvent la grande abondance des prêles,
la prêle des champs surtout, nuit à l'agriculture; elle est très difficile
à extirper.
Caractères généraux.
Ce sont des
plantes à tige vivace, composées d'un rhizome
rameux qui rampe très profondément et très loin dans le sol vaseux,
et d'où s'élèvent chaque année des tiges verticales fertiles ou stériles.
Ces dernières se montrent après les tiges fertiles; elles sont pourvues
de noeuds au niveau desquels se trouve une collerette qu'on regarde comme
formée de bractées unies entre elles à la base au nombre de vingt Ã
trente. De la base de la collerette émergent des rameaux verticillés,
grêles et allongés à angles rudes. Les branches fertiles, qui apparaissent
les premières au début du printemps, parmi les débris des branches stériles
de l'année précédente, sont hautes de 4 à 3 décimètres, d'un blanc
rougeâtre et pourvues de chlorophylle,
à gaines lâches et profondément divisées en dents brunes. Elles présentent
des cotés et des sillons au fond desquels se trouvent des stomates. Au
sommet des branches fertiles se trouve l'inflorescence en épi cylindrique,
à la base duquel on trouve une collerette modifiée, l'anneau. L'inflorescence
comporte un axe creux et autour de cet axe un grand nombre d'organes en
forme de clous comprenant les sporanges.
Ceux-ci à maturité s'ouvrent le long de leur bord interne, laissant échapper
les spores sous forme
d'une abondante poussière verdâtre. Les spores se meuvent grâce à des
appendices
spéciaux nommés élatères au nombre de quatre et insérées en un même
pôle de la spore. Primitivement enroulées autour d'elles, elles se déroulent
sous l'influence de la dessiccation. Placées au contact de l'eau ou du
sol humide, ces élatères meurent et la spore germe pour donner naissance
à un prothalle unisexué qui se fixe au sol par des rhizomes. Le prothalle
mâle est formé de lobes irréguliers à l'extrémité desquels se développent
les anthéridies,
dont les anthérozoïdes, les plus gros
que l'on connaisse chez les cryptogames, ressemblent à un large ruban
spiralé, concave-convexe dans sa portion dilatée, formant environ deux
tours de spire dans sa partie retrécie munie, en outre, dé nombreux cils
vibratiles. Le prothalle femelle plus petit porte, des oosporanges en forme
de puits contenant au fond ne oosphère qui vient féconder directement
l'anthérozoïde. Dès lors, cette oosphère devient une oospore qui en
germant directement donnera une plante adulte à génération asexuée
qui portera à son tour les épis à sporanges.
Les
ordres disparus
On rencontre des
Prêles dès le Paléozoïque (ère primaire),
avec principalement le groupe de Calamitales et celui des Equisetales.
Les Calamitales.
On a d'abord désigné
sous le nom de Calamites, certaines tiges fossiles cannelées sur leur
longueur, et qui présentent de distance en distance des articulations
plus ou moins marquées, d'où naissent quelquefois des rameaux. Il est
apparu ensuite que l'on pouvait y distinguer plusieurs genres, qui, outre
le genre Calamites proprement dit forment l'ordre des Calamitales (voir
tableau en début de page). Ces tiges se trouvent souvent converties en
matières argileuses qui ont pris de la solidité, ou en carbonate de fer,
rarement en matière siliceuse. Le tissu végétal extérieur, qui a laissé
son empreinte sur la masse minérale, est fréquemment passé à l'état
de matière charbonneuse.
Les Equisetales
fossiles.
Seules les Equisetales,
avec les genres Equisetum, Schizonema et Phyllotheca, on persisté
au-delà du Trias (début du Mésozoïque). On trouve encore les genres
Schizonema et Phyllotheca au Jurassique, puis seuls les Equisetum continuent
leur évolution jusqu'aux temps actuels, mais considérablement réduits
quant au nombre des espèces d'une part, à leur importance et à leur
taille de l'autre.
Les Schizonema
se distinguaient des Equisetum par la présence d'une gaine très longue,
d'abord entière, puis fendue en segments régulièrment disposés (espèce
type : Shizonema Haerense du Lias inférieur (début du Jurassique).
Les Phyllotheca
se distinguaient des Equisetum par les segments de la gaine soudés vers
la base, libres, dans le reste de leur étendue (plusieurs espèces connues
au jurassique : en Inde et en Australie, ainsi que dans Alpes vénitiennes.
Les Equisetum
des
âges anciens présentaient la même structure que les espèces actuelles,
mais ils étaient de taille beaucoup plus élevée; ils offraient probablement
au Mézozoïque (ère secondaire), comme aujourd'hui, des figes nues ou
munies de rainures peu nombreuses; on a rencontré peu d'épis fructificateurs.
Certains auteurs ont dit que si tous les organes étaient connus, les Equisetum
fossiles viendraient se ranger probablement dans une section distincte,
mais voisine des sections admises aujourd'hui, ou bien combleraient des
lacunes entre elles; pour les caractères différentiels qui les séparent
des Calamites. On a peine à se faire une idée de ce qu'étaient les Equisetum
pendant le Keuper (Trias supérieur) et le Lias
(Jurassique inférieur); les espèces principales, d'après Schimper,atteignaient
une hauteur de 8 Ã 10 m ; elles venaient dans les parties basses, sablonneuses
ou limoneuses, humides ou inondées, à l'exclusion des Fougères
et des Cycadales.
Les espèces avaient
une aire très diffuse, mais étaient peu nombreuses. Les principales étaient
Equisetum arenaceum (ou Equisetites arenaceus Schenk), la plus grande espèce
du Keuper et peut-être de tout le genre, répandues dans les marnes irisées
de Couches-les-Mines, près d'Autun ;
à Balbronn (Bas-Rhin), à Stuttgart, à Bâle; cette espèce est remplacée
vers le début du rhétien par l'E. Münsteri Brgt (Equisetites Münsteri
Sternb.), qui paraît spéciale à ce terrain; elle a été trouvée Ã
Antulles et à La Malardières, près de Couches-les-Mines; en Franconie ,
en Bade
(Allemagne), Ã Waidhofen (Autriche), dans le Hanovre; l'E. Pellati Sap.
se trouve à la base de l'étage rhétien (Keuper final), à Antulles,
en compagnie de l'espèce précédente; l'E. Duvalii se rencontre particulièrement
dans les calcaires marneux jaunâtres qui supportent le groupe des lignites,
sur le plateau de Larzac et dans le Gard; il se rapproche de diverses formes
du Jurassique, surtout des E. columnare Brgt, de Brora (Ecosse), E. Veronense
Zigno. ( H. F. / Dr L. Hn).
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