| Izmir (anc. Smyrne). - Grande ville maritime de 2.700.000 habitants (2008), située dans la région occidentale de la Turquie (Anatolie), à 327 kilomètres à l'Ouest-Sud-Ouest d'Istanbul, sur la rive Sud et non loin du cul-de-sac du golfe d'Izmir, grand rentrant de la Mer Egée, ayant 22 kilomètres d'ouverture et 65 de pénétration dans les terres, à la bouche du Mélès, en bas du mont Pagus (env. 200 m). Le port, bien abrité, était fort menacé par les atterrissements du Gediz, l'antique Hermus, fleuve riche en alluvions, et, dit Cuinet, d'après les calculs des ingénieurs, la passe aurait été impraticable aux navires d'un moyen tonnage au bout de quarante ou cinquante ans et entièrement comblée au bout d'un siècle si dans les années 1880 ce fleuve n'avait été détourné de son embouchure dans le golfe d'Izmir, un nouveau lit l'amenant désormais en Méditerranée au golfe d'Ayria, près de Fokia, qui fut Phocée, mère de Marseille. Dans son cadre de montagnes nues, mais à nobles contours - Mimas, Sipyle, Tmolus des Anciens -, Izmir se divise en plusieurs quartiers : le quartier turc, en amphithéâtre, est un labyrinthe de ruelles tortueuses, avec minarets élancés, coupoles de mosquées, et, tout au, haut les cyprès du cimetière musulman; le quartier franc, longeant la rive du golfe, a pris un aspect moderne, avec immeubles, hôtels, cafés et foule cosmopolite. Aucun de ces quartiers ne montre de vrais, de beaux monuments, et aucune des 20 mosquées n'est bien curieuse; mais le bazar vaut une visite : « il est d'une animation, d'un mouvement extraordinaire, écrivait un voyageur du XIXe siècle, en son dédale de rues, de ruelles, de carrefours qui forme une ville dans la ville avec une population grouillante aux costumes pittoresques ». Au sommet du Pagus, débris de l'Acropole, dont les soubassements sont grecs, le reste byzantin. Smyrne ne fut pas d'abord à Smyrne même, mais au Sud-Ouest de Bournaba, lieu de plaisance et de villégiature le plus aimé des Smyrniotes; des ruines nombreuses, dites Palaea Smyrna ou Vieille Smyrne, s'y montrent encore, elles longent une baie qu'empâtèrent depuis les alluvions du Mélès; on suppose qu'elle fut fondée vers 1430 avant notre ère, « à l'époque des premières migrations ioniennes ». Détruite par les Lydiens au VIIe siècle av. J.-C.; reconstruite sur l'ordre d'Alexandre; ensuite ville romaine, puis byzantine; enfin définitivement turque à partir de 1419. Eller devint la seconde ville de l'empire ottoman, après Istanbul. Aujourd'hui, son port reste le deuxième de Turquie, mais, par sa population, Izmir n'occupe plus que le troisième rang des villes turques, après Istanbul et Ankara. (O. Reclus). | |