| Hannibal, surnommé Barca (= l'Eclair). - Général carthaginois, l'un des grands capitaines de l'Antiquité. Il était le fils d'Hamilcar, né l'an 247 av. J.-C. Son père lui avait fait jurer dès son enfance une haine implacable aux Romains. Il servit 3 ans en Espagne sous les ordres de son beau-frère Hasdrubal, et à la mort de ce général il fut unanimement proclamé général en chef par l'armée carthaginoise, quoiqu'il eût à peine 25 ans. Il ralluma la guerre avec les Romains (Les Guerres Puniques) en prenant et saccageant, au milieu de la paix et contre la foi des traités, la ville de Sagonte, alliée de Rome (219 av. J.-C.). Pensant qu'on ne pouvait vaincre les Romains que dans Rome, il quitta l'Espagne à la tête de 100 000 soldats, traversa les Gaules, franchit le Rhône et les Alpes (218), et envahit l'Italie. Son armée est réduite alors à 26 000 hommes; mais il supplée au nombre par l'habileté et l'audace. Il entraîne avec lui contre Rome les Gaulois cisalpins. Il bat le consul Scipion sur le Tessin, le consul Sempronius sur la Trébie (218). Il franchit l'Apennin en plein hiver, puis les marais d'Etrurie, où il perd un oeil. Il attire le consul Flaminius dans les défilés du lac Trasimène, et l'y bat complètement (217). Il gagne ensuite le Picenum et l'Apulie, où il est quelque temps arrêté dans ses succès par la prudente tactique de Fabius Maximus. Retardé quelque temps par cette temporisation, il n'en pénétra pas moins jusqu'au fond de la Péninsule, et battit complètement l'armée des consuls Terentius Varron et Paul Emile à la bataille de Cannes (216 ), où il leur tua près de 50 000 hommes. S'il avait marché droit à Rome après cette victoire, peut-être, a-t-on dit, s'en fût-il rendu maître; mais ses délais laissèrent aux Romains le temps de reprendre courage, et ses troupes cantonnées en Campanie s'amollirent dans les délices de Capoue dont elles s'étaient emparé et où elles passèrent l'hiver. Pendant les années suivantes, la guerre se réduit à des sièges et à des escarmouches, Hannibal ne recevant de Carthage que des renforts insignifiants, et les généraux romains n'osant plus tenir devant lui en rase campagne. Cependant, Hannibal reculait : il perdit Capoue, toute la Campanie et Tarente. Marcellus le vainquit deux fois devant Nole. En 207, il cherchait à opérer sa jonction avec son frère Hasdrubal, qui lui amenait d'Espagne un secours considérable, lorsque le consul Néron fit jeter dans ses retranchements la tête d'Hasdrubal, vaincu à la bataille du Métaure. « Je reconnais là, dit Hannibal, la fortune de Carthage. » Hannibal se retira alors dans le Brutium, à l'extrémité de l'Italie. Il continuait de n'obtenir de Carthage qu'avec peine, et en petite quantité, l'argent et les renforts dont il avait besoin. Cependant il se maintint encore plusieurs années par ses propres forces en Italie, et ne quitta cette contrée que lorsque Scipion eut transporté la guerre en Afrique.- - Hannibal. A peine arrivé, Hannibal livra bataille aux Romains dans la plaine de Zama (202) : mais il fut vaincu. Nommé suffète, il réforma l'administration, punit les concussions, occupa ses vieux compagnons de guerre à planter des oliviers sur la terre d'Afrique; entama de tous côtés des négociations secrètes pour nouer une ligue formidable de l'Orient et de l'Occident contre Rome, qui commençait la conquête du monde. Poursuivi à Carthage même par une faction puissante vendue aux Romains, il s'exila volontairement, et se retira d'abord auprès d'Antiochus, roi de Syrie, puis auprès de Prusias, roi de Bithynie qu'il excita à la guerre. Rome, qui ne se croyait pas assurée de vivre tant que respirerait ce redoutable exilé, envoya demander sa tête à Prusias, qui se montra disposé à obéir. Hannibal lui épargna cette lâcheté en s'empoisonnant. « Pour délivrer, dit-il, les Romains de la terreur que leur inspire un vieillard dont ils n'osent pas même attendre la mort ». Il avait alors soixante-quatre ans (183 av. J.-C.). Sa Vie a été écrite par Cornelius Nepos et par Plutarque. | |