|
. |
|
Le
terme de phénoménologie (de Phainomenon = ce qui apparaît
et logos = discours)a d'abord servi à désigner la science des
phénomènes. Pour
Hegel, c'est l'histoire des
Ă©tapes successives de l'esprit pour s'Ă©lever de la sensation individuelle
Ă la raison universelle. Hamilton appelle ainsi
la psychologie en tant qu'elle s'oppose à la logique. La phénoménologie
en tant que doctrine philosophique a, quant Ă elle,
été fondée au début du XXe siècle
par Husserl (1859-1938).
La phénoménologie husserlienneL'idée clé de la phénoménologique est que la conscience est toujours dirigée vers quelque-chose, c'est-à -dire qu'elle a une intentionnalité. Toute expérience est une expérience de quelque chose.La méthode principale de la phénoménologie consiste à décrire avec précision les phénomènes tels qu'ils apparaissent à la conscience, sans préjugés ou hypothèses préalables. La réduction
phénoménologique.
L'Épochè.
La
réduction eidétique.
La réduction eidétique implique généralement les étapes suivantes : • Étape de la variation imaginative. - Le phénoménologue imagine différentes variations possibles d'un phénomène tout en maintenant constantes certaines caractéristiques essentielles. Par exemple, pour comprendre l'essence d'une chaise, on peut imaginer diverses formes, tailles et matériaux de chaises tout en maintenant constantes les caractéristiques nécessaires qui font de chaque objet une chaise (comme la possibilité de s'asseoir).En suivant ces étapes, Husserl cherchait à atteindre ce qu'il appelait l'essence pure des phénomènes, c'est-à -dire la structure fondamentale et invariable de ce qui apparaît à la conscience. Il considérait que cette démarche permettait d'accéder à une connaissance plus fondamentale et plus objective que celle basée sur les jugements empiriques et les interprétations personnelles. Les structures de la conscienceLes phénoménologues ont cherché à élucider les différentes facettes de l'expérience consciente sans préjugés ni présuppositions, en se fondant sur l'idée que les phénomènes tels qu'ils se présentent à la conscience sont le point de départ de toute investigation philosophique. Cela les a conduits à s'interroger sur la manière dont la conscience est structurée, organisée et fonctionne lorsqu'elle appréhende le monde. Parmi les principales structures de la conscience identifiées par la phénoménologie, on mentionnera l'intentionnalité, dont on a déjà dit le rôle central qu'elle joue dans la construction de la théorie, la subjectivité et l'intersubjectivité, la perception, la temporalité, la spatialité et le langage. L'analyse de ces structures vise ainsi à définir les modèles et les relations sous-jacents qui rendent possible notre expérience consciente.L'intentionnalité.
L'intentionnalité est neutre par rapport à l'existence réelle de l'objet : la conscience peut tout aussi bien être dirigée vers un objet qui n'existe pas effectivement dans le monde extérieur (on peut penser à une licorne , et cette pensée est tout aussi intentionnelle que la pensée d'un cheval...). Noème
et noèse.
Les
deux faces de l'intentionnalité.
• L'intentionnalité transcendantale est la caractéristique fondamentale de la conscience d'être toujours une conscience de quelque chose. L'intentionnalité transcendantale est transcendantale dans le sens où elle va au-delà de la simple référence à des objets empiriques particuliers. Elle concerne les structures a priori et universelles de la conscience qui permettent l'expérience intentionnelle en général, indépendamment des contingences empiriques. Dans l'intentionnalité transcendantale, la conscience pure est envisagée comme étant capable de diriger son attention vers des objets idéaux, abstraits ou imaginaires, sans nécessairement faire référence à des objets concrets du monde extérieur. • L'intentionnalité naturelle est la manière dont la conscience est orientée naturellement vers le monde empirique qui l'entoure. Contrairement à l'intentionnalité transcendantale, qui concerne la capacité de la conscience à se diriger vers des objets idéaux ou imaginaires, l'intentionnalité naturelle se concentre sur la relation de la conscience avec le monde réel et concret. Dans l'intentionnalité naturelle, la conscience est toujours tournée vers des objets dans le monde extérieur (objets physiques, personnes, événements, etc.). C'est cette orientation vers le monde empirique qui permet à la conscience de s'engager activement avec son environnement, de percevoir des objets, d'avoir des expériences sensorielles et de participer à la réalité quotidienne.La subjectivité et l'intersubjectivité. La subjectivité se rapporte à la perspective unique de chaque individu sur le monde. Chaque personne perçoit le monde en fonction de son histoire, de ses émotions, de ses croyances et de ses préjugés personnels. L'expérience subjective est le point de départ de toute investigation philosophique, car la conscience est le lieu où l'expérience subjective se produit, elle en est le pivot. La phénoménologie reconnaît aussi que les individus partagent un monde commun et communiquent entre eux. L'intersubjectivité se réfère à la manière dont les expériences subjectives peuvent être partagées et comprises par d'autres, créant ainsi un monde commun de significations. La question est alors de savoir quelles sont les structures communes de l'expérience qui sont partagées entre les individus, mais aussi comment l'intersubjectivité se déploie dans le temps, de quelle la manière les relations évoluent, se transforment et influencent l'expérience temporelle de chacun. Moi
transcendantal et moi empirique.
• Le moi empirique se réfère à l'individu concret, à la personne en tant qu'entité psychologique et physique distincte. C'est le moi que nous expérimentons dans notre vie quotidienne, avec toutes nos expériences, émotions, pensées et sensations. Le moi empirique est façonné par des facteurs tels que l'éducation, la culture, les expériences personnelles et les influences sociales.L'alter ego. L'altérité, c'est-à -dire la manière dont nous comprenons et réagissons à l'autre en tant qu'altérité radicale, différente de nous-mêmes, est un défi que la phénoménologie a relevé en étudiant les possibilités de la rencontre avec autrui, notamment au travers de la notion d'alter ego. L'alter ego, l'autre moi, c'est à l'autre en tant que sujet conscient. Lorsque nous interagissons avec d'autres personnes, nous ne les percevons pas seulement comme des objets, mais nous les expérimentons comme des sujets conscients, ayant eux aussi leur propre perspective et intentionnalité. La conscience de l'autre contribue à la constitution de notre propre conscience. Cela posé, Husserl analyse la manière dont nous attribuons des significations partagées et se façonne ainsi notre compréhension du monde. Il y a une co-constitution de la réalité. La perception.
La phénoménologie s'intéresse à l'expérience perceptuelle, à la relation entre le sujet et l'objet, à la structure temporelle de la perception, etc. Elle insiste en particulier sur la manière dont le corps, médiateur entre le sujet percevant et le monde extérieur, joue un rôle central dans la perception. Elle souligne que nous percevons les objets depuis une perspective naturelle, c'est-à -dire depuis notre position corporelle et notre point de vue personnel. Les phénoménologues
ont également analysé la manière dont les sensations et les émotions
sont intégrées dans l'expérience perceptuelle, ainsi que la manière
dont nous partageons par la perception un monde commun de significations
et d'expériences avec autrui.
Temporalité.
Avec Husserl qui parle de temporalité intentionnelle, la phénoménologie distingue traditionnellement trois moments temporels fondamentaux, vécus dans l'expérience quotidienne : le passé, le présent et le futur. Notre expérience du temps est orientée vers le futur, et notre conscience est toujours en attente de ce qui va se produire. Elle reconnaît en outre deux autres aspects de la temporalité : la rétention qui se réfère à la manière dont le passé est maintenu dans le présent, et la protention qui fait référence à la manière dont le futur est anticipé dans le présent. Ces deux phénomènes permettent à la conscience de former une continuité temporelle et d'être ainsi conscience de la durée, de la succession, de la simultanéité et d'autres aspects temporels de l'expérience. Maurice Merleau-Ponty, en particulier, a étudié la manière dont nous retenons le passé et comment cela affecte notre perception du présent. La phénoménologie s'est penchée sur la manière dont nous percevons notre propre temporalité, sur la manière dont nous nous percevons comme des êtres en devenir, toujours en transition, entre le passé et le futur. Elle s'est également intéressée à la manière dont le temps est partagé entre les individus dans un contexte social. Alfred Schütz, par exemple, a étudié la manière dont nous partageons nos expériences temporelles avec les autres et à la manière dont nous pouvons comprendre la temporalité sociale. La spatialité.
L'espace, pour la phénoménologie, de la même façon que le temps, ne constitue pas simplement un contexte passif dans lequel les phénomènes se déroulent, mais il est une dimension active de la manière dont la conscience appréhende et structure le monde. Elle s'intéresse donc à l'espace tel qu'il est vécu par la conscience, plutôt qu'à l'espace abstrait et objectif tel que la géométrie le décrit. Elle a élaboré la notion d'espace vécu (ou espace habité) pour comprendre comment les individus vivent et habitent des espaces spécifiques et comment ces espaces sont investis de sens. Husserl a abordé la question de la constitution ou la construction de l'espace. Il a cherché à comprendre comment l'espace est construit dans la conscience à travers des actes perceptifs, comment il est organisé en tant que champ de présence, et comment il est rendu cohérent. Merleau-Ponty a, pour sa part, développé une phénoménologie de l'espace corporel, qui interroge la manière dont notre corps est enraciné dans l'espace et comment il structure notre perception spatiale. L'espace est intimement lié au corps : il est vécu à travers le corps, en termes de perspectives, de déplacements et d'interactions corporelles avec le monde. La spatialité est donc intimement liée à la subjectivité de l'observateur. Elle relève également de l'intersubjectivité, puisque la question se pose aussi de savoir comment l'espace peut être partagé avec d'autres, comment nous partageons un monde commun de significations et d'expériences avec autrui. Langage.
En formulant des idées et en les exprimant verbalement, nous sommes en mesure de structurer et de clarifier nos propres pensées et de les développer. Le langage facilite la réflexion et la conceptualisation de l'expérience. Le langage permet ainsi aux individus de donner une forme explicite à leur expérience subjective, de partager cette expérience avec d'autres, et d'analyser la signification et la structure des phénomènes. Les phénoménologues s'intéressent aussi aux actes de langage, c'est-à -dire aux différentes façons dont le langage est utilisé pour accomplir des tâches communicatives (décrire, interroger, promettre, etc.). Ils étudient comment ces actes de langage sont liés aux intentions et à la conscience. Ils étudient également la manière dont le langage peut à la fois révéler et limiter notre perception et notre compréhension des phénomènes. Ils ont ainsi contribué au développement de la linguistique phénoménologique, tournée vers l'expérience subjective du locuteur et de l'auditeur et qui est une approche qui s'oppose à la linguistique descriptive, concentrée sur la structure formelle du langage. La néo-phénoménologieLa néo-phénoménologie est une approche philosophique contemporaine qui s'inscrit dans la lignée de la phénoménologie de Husserl, mais qui vise à renouveler et à réinterpréter cette doctrine en se confrontant aux enjeux philosophiques, scientifiques et culturels du XXIe siècle. Comme la phénoménologie classique, la néo-phénoménologie met l'accent sur l'intentionnalité, c'est-à -dire la manière dont la conscience est toujours orientée vers quelque chose. Elle est engagée dans le dialogue interdisciplinaire et interphilosophique, intégrant des idées provenant d'autres traditions philosophiques comme l'existentialisme, la philosophie analytique ou le pragmatisme, pour enrichir sa propre perspective. Elle se montre également attentive aux découvertes et aux concepts issus des sciences cognitives, afin d'intégrer des idées des neurosciences, de la psychologie et de la philosophie de l'esprit dans sa réflexion sur la nature de la conscience et de l'expérience.Parmi les thèmes de la néo-phénoménologie, on trouve une réflexion sur la manière dont l'omniprésente technologie affecte notre expérience du monde et comment elle transforme notre conscience et nos interactions. Elle s'intéresse également à la manière dont notre expérience du monde est influencée par notre corps et notre incorporation dans le monde au travers des questions relatives à la corporéité. Enfin, comme la phénoménologie, la néo-phénoménologie considère la temporalité - le temps et l'histoire - comme un élément central de l'expérience humaine, sa compréhension et son vécu du monde. Voici quelques philosophes contemporains souvent cités comme étant associés à la néo-phénoménologie (dont ils ne se réclament pas nécessairement) ou qui ont contribué à son développement Quelques noms de la phénoménologieLes philosophes suivants ont contribué de façon significative à l'élaboration et à l'expansion de la phénoménologie :-
|
. |
|
|
|||||||||||||||||||||||||||||||
|