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Guillaume Durand
est un évêque de Mende, célèbre
surtout par ses écrits sur le droit canonique et la liturgie, né
à Puimisson, près de Béziers,
en 1237, d'une famille noble du Languedoc,
mort à Rome le 1er
novembre 1296. Quelques-uns de ses biographes l'ont appelé à
tort Duranti ou Durantis : lui-même se nomme, dans
ses ouvrages, Guillelmus Durandus ou Guillelmus Durandi (filius),
et Duranti n'est que la forme italianisée de son nom.
- Guillaume Durand (1237-1296). Il alla étudier le droit civil et le droit ecclésiastique à l'université de Bologne, où il eut pour principal maîitre Bernard de Parme, et où il s'exerçait encore à la pratique judiciaire en 1261; il professa quelque temps le droit canonique à Modène vers 1264, et servit d'assesseur à Henri de Suze, cardinal d'Ostie, légat du pape en Lombardie. Il était déjà estimé pour son mérite et ses travaux juridiques, lorsque, en 1265, son compatriote, Gui Foucauld, archevêque de Narbonne et cardinal-évêque de Sabine, étant devenu pape sous le nom de Clément IV, l'appela à la cour Pontificale en la double qualité de chapelain et d'auditeur général des causes du palais, puis lui conféra à titre de bénéfices deux canonicats, l'un à Beauvais, l'autre à Narbonne. Ces fonctions et ces dignités lui furent confirmées par Grégoire X, qui l'emmena au concile de Lyon (1274) et le chargea, avec quelques autres prélats, de rédiger les constitutions promulguées dans cette assemblée. Peu après, G. Durand, qui jusque-là s'était occupé surtout de travaux sur le droit canonique et de pratique judiciaire, fut investi par la confiance des papes de hautes fonctions politiques. Choisi, en 1278, par Nicolas III, comme administrateur temporel et spirituel du domaine de Saint-Pierre, il fut chargé, en cette qualité, de recevoir l'hommage de la ville de Bologne et des autres cités de la Romagne à la suzeraineté desquelles avait renoncé l'empereur Rodolphe, et reçut à titre de récompense le doyenné de l'église de Chartres, indépendamment de ses autres bénéfices. Nommé par Martin IV vicaire spirituel (1281-1282), puis comte et gouverneur de la Romagne et de la Marche d'Ancône (1283), il sut, au milieu de la lutte des Guelfes et des Gibelins, déployer autant d'énergie que d'habileté pour défendre par la diplomatie, quelquefois même par les armes, l'intégrité des domaines pontificaux. En 1286, il fut élu évêque par le chapitre, de Mende; mais ses occupations le retinrent en Italie jusque vers 1291, époque où il prit effectivement possession de son siège épiscopal. Il refusa, en 1295, l'archevêché de Ravenne que lui offrait Boniface VIII; mais, sur les instances de ce pape, consentit à retourner en Italie comme gouverneur de la Romagne, pour pacifier cette province que le parti gibelin cherchait à enlever au Saint-siège; cette mission remplie, il se rendit à Rome (juin 1296) et mourut dans cette ville quelques mois après. Un tombeau monumental lui fut érigé dans l'église des Dominicains, Santa Maria sopra Minerva : toutefois, ni cette circonstance, ni les autres raisons alléguées par Echard (dans sa bibliographie des Frères prêcheurs) ne suffisent pour établir que l'évêque de Mende appartenait à cet ordre. Les oeuvres de
Guillaume Durand.
Le
Speculum judiciale.
e civile et criminelle, de la procédure canonique et accessoirement des contrats. Dans cette vaste synthèse des lois romaines et des lois ecclésiastiques, qu'aucun juriste n'avait encore tentée avant lui, il ne s'est pas borné à assembler tous les éléments que les textes législatifs, la jurisprudence et les commentaires de ses devanciers pouvaient lui fournir : sa personnalité y est marquée par l'ordre, la mesure, la clarté, le sens pratique qui règnent dans l'oeuvre entière et révèlent non seulement le docte théoricien, mais aussi le magistrat expérimenté, l'administrateur rompu à la pratique des affaires. Sous ce rapport, on a pu comparer à juste titre le traité de Guillaume Durand avec celui que composa vers la même époque Philippe de Beaumanoir sous le nom de Coutumes de Beauvoisis (Coutume) : ce sont certainement les deux oeuvres juridiques les plus remarquables qu'ait laissées le Moyen âge. Le Speculum jouit, dès son apparition, d'une grande et durable renommée : dans les écoles comme devant les tribunaux, Durand ne fut longtemps cité que sous le nom d' «-auteur du Speculum » (Speculator); son texte fut enrichi de commentaires et de notices historiques par Jean André, Balde, Alexandre de Nevo, et complété par un répertoire alphabétique (inventarium) que rédigea, en 1306, le cardinal Bérenger, ancien évêque de Béziers. Le Speculum nous est parvenu par
un grand nombre de manuscrits et surtout
d'éditions imprimées, dont quatorze datent du XVe
siècle (Strasbourg, 1473 ; Rome, 1474, etc.).
Cette oeuvre, bien supérieure par l'exactitude, la méthode et les proportions générales aux compilations analogues léguées par le Moyen âge, eut peut-être encore plus de vogue que le Speculum judiciale : ce fut l'un des premiers livres imprimés (Mayence, 1459), et, après la Bible, il n'y en a pas qui aient eu plus d'éditions au XVe et au XVIe siècle; les plus usitées sont celles de Lyon (1605 et 1672), d'Anvers (1614). Une traduction française en a été publiée au XVIe siècle par J. Goulain (1503) et au XIXe siècle par Ch. Barthélemy (1854, 5 vol. in-8). Le Rationale, que l'on peut considérer comme « le dernier mot du Moyen âge sur la mystique du culte divin », est resté, avec le grand ouvrage de Martène (De Antiquis Ecclesiae ritibus, 1700), le principal livre à consulter pour l'histoire de la liturgie occidentale. Quelques-unes de ses parties, notamment le premier livre où sont exposées les idées symboliques du XIIIe siècle sur le construction des églises, sur la destination de leurs différentes parties, sur leur décoration par la peinture et l'imagerie, contiennent de précieux détails pour l'histoire de l'art chrétien : toutefois, il faut remarquer que l'évêque de Mende, qui avait passé presque toute sa vie en Italie et dans les provinces méridionales de la France, ne connaissait guère que l'art italien et l'art roman du Midi; il semble ignorer les grandes écoles d'architecture et de sculpture qui florissaient de son temps dans l'lle-de-France, la Picardie, la Champagne et la Bourgogne, et partage, au point de vue des représentations iconographiques, les idées étroites que l'influence byzantine inspirait alors aux évêques italiens. Autres
oeuvres.
On ne doit pas confondre G. Durand avec son neveu, Guillaume Durand le Jeune qui fut son successeur sur le siège épiscopal de Mende, de 1296 à 1328. Ce dernier avait été d'abord archidiacre dans le même diocèse, et probablement recteur de l'université de Toulouse; car c'est à lui plutôt qu'à son oncle qu'on peut rapporter la mention des statuts de 1324 qui citent un Guillelmus Durandi comme ayant été précédemment revêtu de cette dignité. Il écrivit aussi surle droit canonique, et publia en 1311, à l'occasion du concile de Vienne, un traité De Modo celabrandi concilii et corruptelis in Ecclesia reformandis (Lyon, 1531; Paris, 1545 et 1571), qui jouit, au Moyen âge, d'une assez grande autorité pour avoir été pendant longtemps attribué au célèbre auteur de Speculum. |
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Guillaume Durand
est un évêque de Meaux, docteur
scolastique surnommé Doctor resolutissimus
et canoniste, né à Saint-Pourçain, mort vers 1333.
Il était entré dans l'ordre des dominicains,
dès sa première jeunesse, à Clermont
en Auvergne; en 1313, il fut reçu
docteur à Paris, où il enseigna pendant quelque temps; de
là, il se rendit à Avignon
et y continua son enseignement près de la cour du pape. En 1348,
Jean XXII le nomma évêque d'Annecy
; en 1326, évêque de Meaux, où il mourut.
Guillaume Durand a fortement contribué à accélérer la décadence de la scolastique. Abandonnant le réalisme, qui fournissait de si précieuses ressources pour la démonstration des dogmes, il suscita le réveil du nominalisme, dont il devint l'un des docteurs les plus résolus au XIVe siècle. La scolastique du XIIIe siècle, sauf de rares exceptions, promettait de répondre aux besoins des penseurs qui voulaient s'assimiler par la raison les données de la tradition dogmatique; elle prétendait mettre le dogme à la portée de la raison, en prouver la rationalité, la nécessité rationnelle, et établir ainsi l'accord entre la foi et l'intelligence. Quoique dominicain, Durand finit par repousser la maxime de Thomas d'Aquin, que les dogmes ne peuvent rien contenir de contraire à la raison, et par conséquent qu'il est possible de les démontrer indubitablement; il contesta même à la théologie le titre de science, et demanda la certitude, non plus à la conviction, mais à l'obéissance, à la soumission à l'autorité de l'Église représentée par le siège apostolique, seul juge infaillible et régulateur de la foi. Dans le détail de sa doctrine, on a relevé plusieurs points qui s'éloignent de l'orthodoxie; il semble pencher vers l'adoptianisme, il n'admet la transsubstantiation qu'avec de fortes réserves, et il n'attribue au mariage le caractère de sacrement, que d'une manière très relative. Oeuvres
principales.
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