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Béziers,
Biterra et Biterrae, est une ville de France
dans le département de l'Hérault.
Population : 66100 habitants. Cette ville, très pittoresque dans
son ensemble, est située à 69 m d'altitude, sur une colline
formée d'alluvions modernes, au Nord du point de rencontre du canal
du Midi avec le fleuve côtier de l'Orb. Elle est à peu près
à égale distance (20 km) de Pézenas, au Nord-Est et
de Narbonne au Sud-Ouest, et à 74
km de Montpellier, à 756 kilomètres
au Sud de Paris.
Béziers a vu naître Pellisson,
Viennet, l'abbé
Esprit, Riquet, Gavaux, Forcadel,
Domairon, , Vanière, Mairan,
J. Bouillet, etc..
Les armoiries de Béziers sont :
Fascé d'argent et de gueules nu chef d'azur semé de fleurs
de lis d'or.
Histoire
Fondée par les Ibères, comme
l'indique son vieux nom de Beterris, occupée par les Volces
Tectosages, elle fut colonisée par les Romains
en 120 et reçut de Jules César et
d'une colonie de soldats de la septième légion
le nom de Julia Biterra Septimanorum (variantes : Bittera, Betera,
Biterae, Bitterrae, etc.). Le nom latin a donné lieu à
un dicton ironique : Si Deus vellet habitare in terris, Biterriis. —
ut iterum crucificaretur.
L'église de Béziers remonte
aux premiers temps du christianisme il
en est fait mention en 353 ; saint Aphrodise, son premier évêque,
fut martyrisé sous Decius. Béziers
et son pagus appartenaient alors à la province de Narbonaise
première.
Saccagée par les Vandales
au Ve siècle, occupée par
les Wisigoths aux Ve,
VIe et VIIe
siècles, elle fut prise par les Sarrasins
en 720, mais reprise par Charles Martel
vers 733. Pépin y établit un
comte; le comitatus Biderrensis est mentionné sous Charlemagne
en 808.
Lorsque l'Empire
carolingien tomba en dissolution, les vicomtes de Carcassonne
dominèrent les seigneurs de Béziers, ou en prirent le titre
vers la fin du XIe siècle.
Au milieu du XIIe
siècle, le vicomte de Béziers, Raymond Trencavel, fut poignardé
par des bourgeois offensés (1167) au pied de l'autel de la Madeleine;
Roger, son fils, fut chassé, ne put reprendre la ville malgré
le secours des Aragonais, fut toutefois rétabli
après avoir prêté serment de ne pas venger son père,
et s'empressa, une fois le maître, d'ordonner un massacre général.
Ce fut Raymond-Roger, son fils et successeur (1194) qui, après avoir
refusé à Innocent III l'extermination
des Albigeois, défendit vainement sa
seigneurie contre Simon de Montfort et le légat
Arnaud-Amaury.
L'atroce journée du 22 juillet
1209, qui fit au moins vingt mille victimes, donna le vicomté à
Simon de Montfort, puis à son fils Amaury;
celui-ci craignant les justes revendications de Raymond-Trencavel II, fils
de Raymond-Roger, abandonna tous ses droits à Louis
VIII (1229); toutefois le scrupuleux et politique Louis
IX eut soin d'indemniser le légitime héritier (1247).
Fortifiée en 1289. Béziers vit ses murs démolis en
1632, bien qu'elle n'eût pris aucune part à la révolte
de Gaston et de Montmorency contre Richelieu.
L'évêché de Béziers,
de 1547 à 1669, appartint sans discontinuer à des Italiens
(un Strozzi, un Médicis et cinq Bonzi
se succédant d'oncle à neveu). Il dépendait de la
province de Narbonne; en 1790, il devint suffragant d'Aix-en-Provence;
il fut supprimé par le Concordat (1802). Le palais épiscopal
est devenu sous-préfecture et palais de justice.
Monuments.
Les vieilles églises sont : Saint-Nazaire,
l'ancienne cathédrale (XIIe, XIIIe
et XIVe siècles) avec un beau cloître
(XIVe siècle); la Madeleine (fenêtres
et corniches romanes) remaniée au XVIIIe
siècle; Saint-Aphrodise (crypte du Xe
siècle); Saint-Jacques (XIIe siècle).
Quant aux églises modernes (les Récollets, la chapelle du
collège, celle du Bon-Pasteur), elles n'ont rien de remarquable.
L'hôtel de ville est du XVIIIe siècle
(musée); le théâtre avec ses bas-reliefs
de David d'Angers, la statue de P.-P. Riquet,
par le même, la colonne de l'Immaculée-Conception, sont du
XIXe (1844, 1838 et 1856).
L'Orb est traversé par le Vieux-Pont
(XIIIe siècle) et par le pont-aqueduc
du canal du Midi (cuvette de 8 m de large.
«
Le port de Béziers, écrivait A. Young, est assez large pour
porter quatre grandes barques de front, jaugeant de 90 à 100 tonnes
[...]. C'est la plus belle chose que j'aie vu en France. lci Louis XIV
est vraiment grand. »
Le voyageur anglais oublie trop Riquet, créateur
de ces grandes choses, et Vauban, qui les conduisit
à leur perfection. L'écluse de Fonserannes, à un km
au Sud-Ouest de Béziers, amène le lit du canal au niveau
de la rivière (8 sas accolés rachètent une hauteur
de 25 m). (H. Monin).
Les conciles de
Béziers.
Le conciliabule arien
assemblé en 356 est l'un des rares faits qui composent l'histoire
de l'Eglise en cette ville avant 418. Plusieurs conciles
y furent tenus plus tard; les plus importants sont ceux de 1233, de 1246
et de 1351. Celui de 1233 présente un véritable intérêt
pour l'histoire, parce qu'il suit de quelques années seulement la
fin de la guerre contre les Albigeois,
et qu'il correspond précisément à l'époque
où les frères prêcheurs furent chargés de l'Inquisition
(1232). Vingt-six canons furent décrétés par ce concile.
Les premiers édictent des mesures contre les hérétiques.
— I. Tous les dimanches on excommuniera tous les hérétiques
et leurs fauteurs. — Il. Tout homme pourra arrêter un hérétique,
pour le remettre à l'évêque.— III. Les hérétiques
convertis qui ne porteront pas de croix seront traités comme hérétiques;
leurs biens seront confisqués : disposition arrêtée
en exécution d'une décision du concile de Toulouse
(1229), ordonnant que, pour marquer qu'ils abhorraient leurs erreurs, les
hérétiques convertis porteraient deux croix sur leurs habits.
— IV. Les prêtres veilleront à l'exécution des canons
du concile de Toulouse; ils s'assureront que les hérétiques
convertis assistent à l'office divin les dimanches et les fêtes.
— La plupart des autres canons concernent le relèvement de la discipline
à l'égard des moines et des clercs. L'énonciation
des abus qu'ils tendent à réprimer ou à prévenir
fournit des indices significatifs sur l'état de l'Eglise à
cette époque. (E.-H. Vollet). |
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