| Pierre Lombard, né à Lumelogno, près de Novare, en Lombardie. Il professa la théologie à Paris avec un grand succès et mourut évêque de cette ville vers 1160 (1164?). Il a été surnommé le « Maître des Sentences »; ses quatre livres résument les opinions des Pères sur les dogmes et les problèmes religieux qu'on examinait au XIIe siècle. Le premier porte sur Dieu, « le bien absolu dont nous jouissons », spécialement sur la Trinité; le second, sur « les créatures dont nous usons »; le troisième, sur l'Incarnation, les vertus et les vices; le quatrième, sur les sacrements. Le succès de cette Somme de théologie fut considérable pendant le Moyen âge. Ce fut le manuel de l'enseignement théologique, que tout bachelier devait exposer avant d'être reçu docteur. Si l'on en croyait Roger Bacon, les écoles lui auraient même parfois attribué plus d'importance qu'à la Bible. Plus de 150 commentaires furent écrits en Angleterre sur le Livre des Sentences; ils sont plus nombreux encore en France; il y en eut en Allemagne, en Italie, en Espagne. Les discussions les plus passionnées prirent leur point de départ dans ce livre orthodoxe dont l'auteur fut rangé, par le mystique Walther de Saint Victor, avec Abélard, Gilbert et Pierre de Poitiers, parmi « ces labyrinthes de la France qui, enflés de l'esprit d'Aristote, ont traité avec une légèreté toute scolastique de la Trinité et de l'lncarnation ». Rien d'ailleurs ne semble moins exact. L'oeuvre de Pierre Lombard doit être étudiée par tous ceux qui veulent se rendre un compte exact de l'état des esprits et des discussions qui eurent lieu pendant plusieurs siècles du Moyen âge. Mais il n'y faut pas plus chercher l'originalité de la méthode que l'originalité des doctrines. C'est Abélard qui a créé, dans le Sie et Non, la méthode scolastique; c'est Alexandre de Hales qui lui a donné la forme sous laquelle elle a été employée par Albert le Grand et saint Thomas. (F. Picavet). | |