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L'histoire de la Russie
La Russie au XXe siècle
(1900 - 1991)
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Le temps des révolutions.
C'est en 1900 que s'ouvrit cette longue période de troubles qui qui aboutira à la Révolution d'octobre 1917. Des milliers d'étudiants et d'ouvriers furent tués, emprisonnés, déportés. 

Malgré les exécutions, les déportations en Sibérie, les bannissements forcés et volontaires, les idées marxistes avec Lénine et le parti des Sociaux-démocrates, les doctrines anarchistes des disciples de Bakounine et du parti Socialiste Révolutionnaire, héritier des nihilistes du siècle précédent, gagnèrent du terrain et se manifester par des attentats retentissants. Au commencement de 1902, on a attenté à la vie du général Trépov, chef de la police à Moscou. Sipiaguine, ministre de l'intérieur, est assassiné par un étudiant de Kiev; le prince Sviatopolk Mirsky le remplace, puis Bouliguine, à qui succède Plehve, tué par la bombe de l'étudiant Sazonof, de l'université de Moscou (29 juillet 1904). Puis encore le grand-duc Serge, gouverneur général de Moscou, tué de même par une bombe (17 février 1905), au moment où il sortait du Kremlin en voiture. Il était l'oncle paternel du tsar. L'assassin, Kalaïev, fut exécuté le 17 mai. Le 23 du même mois, c'était le gouverneur de Bakou, prince Nakachidzé, qui succombait dans des conditions toutes pareilles.

Dans le même temps, les milieux intellectuels, influencés par les idées occidentales, réclamaient des institutions représentatives; les groupements ouvriers devenus plus importants depuis le développement de la grande industrie en Pologne, Saint-Pétersbourg, à Moscou, revendiquaient sans cesse une amélioration de leur condition; les paysans, de plus en plus misérables du fait de l'accroissement de la population, commençaient de s'agiter. 

Le 22 janvier 1901, une foule composée d'ouvriers, à la tête de laquelle se tenait le pope Gapone, se présenta devant le Palais d'hiver, disant qu'elle désirait remettre directement une pétition au tsar. Elle fut dispersée par les charges des cosaques et les coups de fusil de l'infanterie. On compta plus de 500 tués ou blessas. Gapone échappa. On découvrit, une année après, qu'il était de connivence avec les chefs de la police, dont il avait reçu des sommes importantes, et on le trouva pendu (mai 1906), dans une maison des environs de Saint-Pétersbourg.

En Pologne, à Varsovie, à Lodz, les émeutiers mettent le feu aux entrepôts d'alcool du gouvernement; tous les travaux sont suspendus. Dans le Caucase, à Bakou, Ies puits de pétrole sont incendiés, la ville saccagée, les pertes évaluées à 12 millions de roubles.

En 1902, un mouvement ayant pour but le partage des terres entre paysans et l'attribution des usines aux ouvriers s'étendit à douze provinces.

Les premières réformes constitutionnelles. 
Le début de l'année 1903 marque las premières concessions réformatrices du pouvoir autocratique. Par le manifeste du 12 mars, le tsar annonçait sa résolution de renforcer les « lois de tolérance qui accordent la liberté religieuse » à ses sujets non orthodoxes et d'améliorer pour tous les conditions de la vie. Parmi les mesures à prendre, il signalait : la réforme des lois rurales, selon les avis de personnes possédant la confiance du peuple : celle de l'administration des gouvernements et districts par des représentants des régions intéressées; la nécessité de délivrer les paysans des charges que leur impose le travail forcé, 

« mais le principe fondamental de la propriété en commun (Ie mir) doit demeurer inviolable, tout en facilitant au paysan le moyen de se séparer de la communauté à laquelle il appartient ». 
Le 25 mars, un ukase abolissait, comme première mesure dans ce dernier sens, le système qui rendait les communautés paysannes collectivement responsables des contributions imposées à leurs membres.

Le Messager officiel du 3 mars publie un manifeste réactionnaire qui exhorte le peuple à se serrer autour du trône pour le défendre contre les ennemis de l'intérieur et qui est aussitôt corrige par un rescrit impérial décidant que « les personnes les plus dignes, élues par le peuple et investies de sa confiance, seront appelées à participer à l'élaboration préparatoire des projets législatifs ». C'est un premier pas dans la voie qui doit conduire à la Douma nationale.

Bouliguine avait été chargé d'élaborer un projet de constitution de cette assemblée : le tsar fixe la durée des sessions, la proroge ou la dissout; séances non publiques, où les journalistes pourront cependant être admis; les projets approuvés par la Douma et le Conseil d'empire sont soumis au tsar; une proposition d'initiative parlementaire doit porter 30 signatures et n'est prise en considération que sur l'avis favorable du ministre compétent; si cependant les deux tiers de l'assemblée l'appuient, la décision définitive appartiendra au tsar; toute demande d'interpellation doit porter 30 signatures, le ministre y répondra dans le délai d'un mois; les deputés reçoivent 10 roubles par jour, outre leurs frais de voyages, etc.

La guerre russo-japonaise.
En 1904, la politique ambitieuse des Russes en Mandchourie et surtout leurs intrigues en Corée déterminèrent la guerre russo-japonaise. Cette guerre, qui dura du 8 février 1904 au 5 septembre 1905, fut déclarée par le Japon à la Russie le 10 février 1904, c'est-à-dire deux jours après l'ouverture des hostilités, et eut pour prétexte la non-évacuation de la Mandchourie au mois d'octobre précédent par les troupes russes, mais pour cause réelle le désir de l'empire du Soleil Levant de s'emparer de Port-Arthur (Daïren) et de prendre pied sur le continent asiatique, rêve qui n'avait pu être réalisé après la guerre sino-japonaise par suite de l'intervention franco-russo-allemande. De son côté le tsar voyait dans ce conflit, grâce à l'exacerbation nationaliste qu'il devait susciter, un bon moyen d'éteindre les conflits intérieurs et prévenir une révolution qu'il sentait se préparer

Après la rupture des négociations diplomatiques (5 février), l'escadre japonaise, commandée par l'amiral Togo, attaqua traîtreusement, dans la nuit du 8 au 9 février, l'escadre russe mouillée dans la rade extérieure de Port-Arthur, et lui torpilla deux cuirassés et un croiseur. Ensuite, tant sur mer que sur terre, les Japonais remportèrent des victoires brillantes, mais coûteuses. En août 1904, les flottes russes du Pacifique étaient anéanties; en mai 1905, l'amiral Togo détruisait à Tsushima l'escadre russe venue de la Baltique. Port-Arthur capitula après un long siège au début de 1905. L'armée russe fut battue à Leao-yang (septembre 1904), puis à Moukden (mars 1905). Par le traité de Portsmouth (États-Unis), le Japon obtint la rétrocession de la péninsule de Leao-tong, l'abandon par les Russes de la Mandchourie, la cession de la partie sud de Sakhaline et enfin une pleine liberté d'action en Corée.

La guerre, qui avait duré dix-neuf mois, avait coûté aux  Russes 240.000 tués, morts de maladies, et prisonniers, et aux Japonais 190.000 hommes.

La révolution de 1905.
Contrairement à ses attentes, Nicolas II, après les désastres de Mandchourie, ne put qu'accélérer le processus qui allait octroyer une ébauche de régime parlementaire. Réclamée dès le mois de novembre 1904, c'est-à-dire au lendemain des journée Liao-Hang et du Cha-Hok, par le congrès des zemstvos, tenu dans la capitale avec l'autorisation du tsar, cette réforme fut admise par l'ukase du 25 décembre 1904. De nouveaux revers en Extrême Orient, la capitulation de Port-Arthur, des collisions entre ouvriers et soldats à Saint-Pétersbourg (janvier 1905), le soulèvement de la flotte de la mer Noire (mutinerie du cuirassé Potemkine), déterminèrent Nicolas, malgré l'assassinat du grand-duc Serge à Moscou, à faire un nouveau pas en avant. Par un rescrit en date du 3 mars, il chargea le ministre de l'Intérieur, Bouliguine, d'élaborer un projet tendant à  « appeler au travail législatif préparatoire des hommes choisis par la population parmi les plus dignes ».

La feuille officielle publie (18 août 1905)  :

1° la loi instituant une Assemblée représentative qui participerait à l'exercice du pouvoir législatif avec le Conseil de l'Empire, la sanction appartenant à l'empereur; cette Assemblée reçut le nom de Douma, qui désignait au Moyen âge le conseil du souverain. la Douma d'empire;

2° le règlement concernant les élections;

3° un manifeste annonçant l'institution de l'Assemblée nationale. 

Le manifeste du tsar est lu dans toutes les églises de l'empire. Mais en même temps, de nouvelles arrestations sont opérées de divers côtés.

Au commencement d'octobre 1905, une grève générale se déclarait à la fois à Saint-Pétersbourg et à Moscou, où les désordres prirent le caractère de la plus haute gravité. Le gouverneur général, amiral Doubassof, fut blessé plus tard par une bombe. Dans les provinces baltiques, l'insurrection est permanente pendant la seconde moitié de 1905 et le sera encore pendant la première de 1906 ; les propriétés, presque toutes aux mains de la noblesse d'origine allemande, sont saccagées et incendiées.

La loi électorale élaborée par Bouliguine fut modifiée à la suite du célèbre manifeste impérial du 30 octobre 1905, de manière à élargir le corps électoral, divisé en curies, le vote ayant lieu à deux et à trois degrés. 

Le 8 novembre 1905, le comte Witte constituait le premier ministère russe, homogène en ce sens qu'il ne contenait qu'un seul personnage de premier plan, le comte Witte lui-mème. Le comte Lamsdorf restait aux affaires étrangères. Mais ce cabinet ne dura que six mois. Il était remplacé le 1er mai par un autre que présida Goremykine, avec Stolypine à l'intérieur à la place de Dournovo. Kokovtsov aux finances, Stchevglovitov à la justice, Kauffmann à l'instruction publique, Golitsyne aux voies et communications, Shirinsky, procureur général du saintsynode. Isvolsky succédait au ceinte Lamsdorf.

Le 5 mars 1906 un manifeste précisa les pouvoirs de Douma en conformité avec celui du 30 octobre; mais, le 6 mai le tsar promulgua les « lois fondamentales », qui restreignaient sensiblement les droits de l'Assemblée. D'après elles, l' empereur continue de posséder l'autorité suprême et autocratique; il a l'initiative légale et l'approbation des lois, bien qu'il légifère "en union avec le Conseil de l'empire et la Douma". Il décide de la paix ou de la guerre, dispose seul de la force armée. Il choisit les ministres et les hauts dignitaires, ce qui implique le droit de les congédier sans intervention de la Douma.

La Douma,  élue en mars-avril 1906, et le Conseil d'empire sont finalement ouverts le 10 mai suivant par le tsar, en grande cérémonie.

La valse des Douma.
La première Douma, formée dans une période d'effervescence, ne comprenait guère que des partis extrêmes : les uns jugeant les concessions du gouvernement insuffisantes au point de vue constitutionnel, les autres les considérant comme dangereuses au point de vue social. Dans le premier groupe se classaient les cadets ou constitutionnels démocrates (K. D.), qui formaient une imposante fraction (185 membres sur 442 députés élus); les radicaux de gauche, les socialistes, etc. Dans le second figuraient les monarchistes purs, partisans du maintien de l'autocratie, les modérés - à peine une vingtaine - et une petite minorité d'octobristes. Ces partisans de la déclaration du 30 octobre se contentaient de l'extension du droit de suffrages, de la transformation du Conseil de l'Empire en Chambre haute (recrutée moitié par élection, formant avec la Douma un véritable Parlement), de réformes administratives réalisées de concert par les députés et le gouvernement. En somme, l'Assemblée, dont les ministres n'avaient pas la confiance, n'avait pas davantage la confiance des ministres.

A la suite de l'adoption par l'Assemblée d'une motion d'appel au pays (21 juillet 1906), le ministère Stolypine, qui avait succédé au cabinet Goremykine, dissolvait la Douma, tandis que les cadets, par le manifeste de Viborg, exhortaient le pays à refuser l'impôt et le service militaire, et que les révoltes, les séditions, les attentats, se multipliaient. Des élections de mars 1907 sortit une Assemblée où figuraient seulement 85 cadets, un nombre à peine supérieur de monarchistes, 46 modérés et octobristes, mais en même temps une forte extrême-gauche socialiste (77) et travailliste (98).

A défaut d'une majorité gouvernementale, la seconde Douma, où les cadets l'emportaient sur les octobristes, fut également dissoute après quelques mois de débats impuissants. Mais la troisième, élue après modification de la loi électorale et réduction du nombre des députés urbains, fut de composition à peu près inverse de celle des deux premières : les partis de droite l'emportèrent démesurément sur
les éléments d'opposition : 289 voix sur un total de 442; les progressistes ne comptèrent plus que pour 53 voix, les cadets pour 40. Le Parti Polonais se trouva réduit à 18 députés.

L'Assemblée témoigna de son respect pour la personne du tsar et de son désir de collaborer avec le gouvernement. Si, lors de la discussion de l'adresse, elle écarta l'amendement des monarchistes qui voulaient y introduire le mot « autocratie », la formule suivante fut votée Par une majorité où entraient les octobristes, les cadets, la droite modérée : 

« Nous emploierons toutes nos forces, toute notre expérience, toutes nos connaissances, pour fortifier le nouvel ordre de choses régénéré par la Volonté de Sa Majesté dans le manifeste du 30 octobre; pour pacifier la patrie, consolider l'ordre légal, développer l'éducation du peuple, augmenter le bien-être général et fortifier la puissance de la Russie indivisible. »
Cette troisième Douma, qui siégea de 1907 à 1912 s'efforça de remédier à la crise agraire; elle travailla à la réorganisation de l'armée et à la reconstitution de la marine que la guerre japonaise avait réduite à néant; elle délibéra sur nombre de questions administratives et aussi, mais moins utilement, sur le statut des peuples allogènes. La situation politique se trouvant rétablie au profit du tsar, la condition des paysans ayant été améliorée, les manifestations révolutionnaires ou simplement libérales étant réprimées impitoyablement, la Russie paraissait tranquille. Mais l'assassinat de Stolypine à Kiev, en mars 1911, rendit le régime à sa fragilité. La quatrième Douma formée en 1912, fut, comme la précédente, animée de sentiments loyalistes, et n'apporta , comme elle que des améliorations de façade. A la cour, un charlatan, Raspoutine, avait pris de l'ascendant sur la famille royale, qui se trouvait ainsi chaque jour  un peu plus déconsidérée. A la veille des événements de 1914, sous le relatif calme d'une population terrorisée, on sentait déjà gronder l'orage qui allait jeter bas le tsarisme.

La Première Guerre mondiale et la Révolution d'octobre.
L'entrée dans la Grande Guerre de la Russie, à partir du 1er août 1914, a attisé le mécontentements, que les défaites militaires n'ont fait qu'accroître, la Lituanie et la Pologne sont perdues en 1915. Le 8  mars 1917 (23 février, selon le calendrier julien en usage en Russie), une grève générale est déclenchée à Pétrograd (= nouveau nom donné à Saint-Pétersbourg depuis le début de la guerre, pour retirer la consonance germanique de l'ancien nom). Le 13 mars (27 février), une insurrection générale fait tomber le gouvernement. Un comité provisoire issu de la Douma se forme dans la capitale, ainsi qu'une instance suprême, d'obédience marxiste, réunissant les conseils (soviets) de soldats, d'ouvriers et de paysans. Trois jours plus tard, le tsar Nicolas II abdique, et un gouvernement provisoire est formé. Dirigé par le prince Lvov, il comprend essentiellement des Libéraux. 

Le 11 avril 1917 (29 mars), les soviets se réunissent pour constater leurs divergences quant à la marche à suivre : les mencheviks (= minoritaires) et les bolcheviks (= majoritaires). Les premiers sont dirigés par Alexandre Kerenski (le seul socialiste, membre du gouvernement Lvov) et parmi lesquels figure Léon Trotski (Lev Davidovitch Bronstein), revenu d'exil après une récente amnistie. Ils sont partisans d'une collaboration, au moins provisoire, avec le régime qui commence à se mettre en place; les seconds, à la tête desquels se trouve Lénine (Vladimir IIitch Oulianov, de son vrai nom), lui aussi de retour d'exil, en appellent à une prise du pouvoir immédiate. Dans un premier temps les modérés obtiennent gain de cause. Kerenski prendra même la tête d'un deuxième gouvernement de coalition, le 18 mai (5 mai), puis d'un troisième gouvernement, le 6 août (24 juillet), après que la répression d'un soulèvement bolchevik opposé à la poursuite de la guerre ait conduit Lénine à se réfugier en Finlande. 
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Le croiseur Aurore dans le port de Saint-Pétersbourg (Russie).
Le croiseur Aurore dans le port de Saint-Pétersbourg. Un coup de canon tiré à blanc depuis
ce navire a donné le signal du déclenchement de la révolution de 1917. Source : The World Factbook.

Bien que désormais poussés à la clandestinité, les bolcheviks se renforcèrent. Lénine revint à Pétrograd, le 20 octobre (7 octobre). Il organisa, la nuit du 5 au 6 novembre 1917 (23-24 octobre, selon le calendrier julien, d'où le nom de «-Révolution d'octobre-» donné à ces événements), un coup d'Etat inauguré par les coups de canon du croiseur Aurore devant Pétrograd. Kerenski prit la fuite. Alors que la révolution de Février avait correspondu à un grand soulèment populaire, ce coup de force fut l'oeuvre des seuls bolcheviks. Le 7 novembre, ils mirent officiellement fin au gouvernement provisoire. Lénine, auquel s'étaient ralliés Trotski et Staline (Joseph Vissarionovitch Djougachvili), présida un Conseil des commissaires du peuple, désormais seul détenteur du pouvoir. Le lendemain, le Palais d'hiver fut pris d'assaut, le 10 novembre (28 octobre) les soviets, dans lesquels les idées de démocratie et de liberté avaient germé, furent placés sous le contrôle des bolcheviks. 

La guerre civile.
Enfin aux mains du parti bolchevik (qui prendra le nom de parti communiste de Russie, le 7 mars 1918), le nouveau pouvoir dut alors se battre sur deux fronts : à l'extérieur, la guerre contre les empires centraux et, à l'intérieur, la guerre contre les « Blancs », c'est-à-dire les partisans de l'ancien régime. La paix avec l'Allemagne fut conclue au plus vite et déboucha, le 3 mars 1918, sur le Traité de Brest-Litovsk, au terme duquel la Russie renonçait aux Pays Baltes et à la Pologne et reconnaissait l'indépendance de la Finlande et de l'Ukraine (La Première Guerre mondiale). (Malgré cette paix, le gouvernement préfèra par sécurité quitter Pétrograd et installa la nouvelle capitale à Moscou, au Kremlin, l'ancienne citadelle des tsars). L'écrasement des « Blancs » et la prise de contrôle de tout le territoire russe prendront, eux, plusieurs années. Bien que le tsar et sa famille aient été exécutés le 16-17 juillet 1918, à Ekaterinburg où on les avait assignés à résidence, les contre-révolutionnaires, aidés par plusieurs puissances étrangères (États-Unis, Royaume-Uni, Japon, France), qui avaient envoyé des troupes sur place, résistèrent  jusqu'en 1921 à « l'Armée rouge » dirigée par Trotski, commissaire à la guerre. Les Japonais occuperont même Vladivostok jusqu'en octobre 1922

Cette guerre aura été à la fois une guerre civile et une occasion de réduire les oppositions au sein même des « Rouges ». Une police politique, la Tchéka, avait déjà été créée à cet effet dès le 7 décembre 1917. Puis, quand les marins de Cronstadt (Kronstadt), une base navale près de Pétrograd, qui avaient été parmi les premiers à former des soviets, et qui avaient été utilisés comme troupes de choc contre les «-Blancs », se comprirent trahis par les bolcheviks qui imposaient leur dictature, ils se révoltèrent, le 17 mars 1921. Trotski et le général Toukhatchevski noieront dans le sang ce dernier sursaut des aspirations démocratiques, qui pourtant avaient été à l'origine de la Révolution. Cette guerre aura aussi été une guerre de conquête : une guerre fut déclenchée contre la Pologne en 1920 et 1921 pour une question de tracé de frontière; dans le même temps l'Ukraine, la Biélorussie et la Transcaucasie (Azerbaïdjan, Géorgie et Arménie), furent reconquises. On en fit des républiques soviétiques au même titre que la Russie, qui avait été rebaptisée en juillet 1918 (à l'occasion de la proclamation de la nouvelle constitution) : République socialiste fédérative des soviets de Russie (RSFSR). En décembre 1922, le 10e Congrès soviétique panrusse réunit toutes ces républiques (plus tard transformées en républiques fédérées) au sein d'une nouvelle structure : l'Union des républiques socialistes soviétiques (URSS ou Union soviétique). 

L'URSS.
La Russie, devenue la principale des républiques qui composaient l'URSS, inscrivit à partir de 1922 son histoire dans celle de cette dernière. A la mort de Lénine, en 1924, le pouvoir passa entre les mains de Joseph Staline, qui imposa dans les années qui suivirent un pouvoir personnel, caractérisé par une répression brutale. 

L'ère Stalinienne.
Sur le plan économique, Staline introduisit à partir de 1928  des plans quinquennaux, qui permirent au pays de devenir en quelques décennies la seconde puissance industrielle du monde, mais en provoquant une grande misère dans les campagnes. Dans les années 1930, Staline initia une grande campagne de terreur, au cours de laquelle des purges eurent lieu au sein du Parti communiste. Il y eut des emprisonnements sommaires et des procès truqués, « les Procès de Moscou », qui débouchèrent sur de nombreuses condamnations à mort. 

Malgré une tentative de conciliation, ou du moins de temporisation avec l'Allemagne nazie (Pacte germano-soviétique, en 1939), la Russie fut attaquée en 1941 par les troupes allemandes. D'abord pris de court, les Soviétiques parvinrent à bloquer l'armée d'Hitler à Stalingrad, en 1942-1943,  puis commencèrent à reconquérir de terrain perdu, puis à participer, avec les troupes américaines, à la libération de l'Allemagne du joug nazi, en 1945. Très vite, cependant, l'opposition des deux superpuissances qui avaient émergé du conflit mondial, les États-Unis et l'URSS s'opposèrent dans un conflit que l'on appela la Guerre froide, qui, par le jeu des alliances qui furent imposées au reste du monde, divisa la planète en deux camps. Basée sur une politique de dissuasion mutuelle, la Guerre froide induit une course aux armements, qui à l'heure où chacun des deux adversaires maîtrisaient l'arme nucléaire, commença à faire peser une menace sans précédant sur le monde.

Kroutchchev, Brejnev, Gorbatchev.
Staline mourut en 1953. Une direction collective lui succéda, mais bientôt l'homme fort du pays fut Nikita Krouchtchev. Il dénonça les crimes de l'époque stalinienne et amorça un processus de déstalinisation. L'installation par l'URSS de rampes de lancement de missiles nucléaires à Cuba en 1962 fut à l'origine d'une des principales crises de la Guerre froide. Celle-ci rapidement réglée, eut cependant le mérite de déboucher sur une période dite de Détente entre les deux superpuissances, qui commencèrent à envisager des discussions sur la réduction de leurs armements. Krouchtchev, qui avait entrepris une réforme de l'agriculture et de l'administration échoua dans cette tâche et fut écarté en 1964. Leonid Brejnev lui succéda. 

Sous la conduite de Brejnev, l'URSS resta un pays totalitaire soumis à un étroit contrôle policier, mais ne connut plus les excès de l'ère Stalinienne. Pendant quelques années, la politique de Détente initiée par Krouchtchev fut poursuivies; ce qui n'empêcha pas des crises comme celle suscité par l'écrasement du «-Printemps de Prague-», en 1968 . La Guerre froide ne reprit réellement qu'avec l'installation de nouveaux missiles en Europe de l'Est dans la deuxième moitié des années 1970 et de l'intervention soviétique en Afghanistan en décembre 1979. Quand Brejnev mourut, en 1982, les tensions avec le camp occidental étaient très vives, et, à l'intérieur, le système était grippé, miné par la corruption des administrations et la démoralisation de la population. Les successeurs immédiats de Brejnev, Youri Andropov (1982-1984), puis Constantin Tchernenko (1984-1985) firent bien le constat d'une nécessité de changement, mais, très âgés et malades, n'eurent pas le temps de mettre en oeuvre de véritables réformes. Mikhaïl Gorbatchev, qui accéda au pouvoir en 1985, allait, lui, pouvoir s'atteler à la tâche.

A la tête du Parti communiste, Gorbatchev tenta de sauver le système soviétique par de profondes réformes économiques (perestroïka) et une ouverture démocratique (glasnost). Mais cette politique échoua. Elle aboutit à la dislocation de l'Empire soviétique, la plupart des républiques qui le composaient prirent ou revendiquèrent leur indépendance. La Russie, qui était la principale de ces républiques, dirigée par Boris Eltsine, ne fit pas exception. Elle se déclara indépendante de l'URSS. Après un putsch manqué contre Gorbatchev, mené par des éléments conservateurs du régime en août 1991, Eltsine s'imposa comme l'homme fort du pays. 

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