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La Russie au XVIIIe siècle |
![]() | Le règne de Catherine II (1762-1796) a commencé dans des circonstances plutôt suspectes par le détrônement et l'assassinat de son mari, - au détriment de son fils mineur, grâce à quelques aventuriers hardis - tels que les Orlov - et à la complicité tacite des hauts fonctionnaires. Elle a régné trente-trois ans sans qu'aucune tentative sérieuse ait été faite pour la renverser. Ce n'est pourtant pas que son gouvernement fut parfait : le favoritisme est devenu, sous elle, une sorte d'institution d'Etat, et les ressources de la Russie ont été livrées à l'avidité de la série d'amants qui se sont succédé dans les bonnes grâces de l'impératrice. Mais il s'est trouvé que ce favoritisme même - une carrière ouverte à l'ambition de tous les jeunes Russes - a contribué à affermir le pouvoir de l'impératrice; que quelques uns des favoris, les Orlov et Potemkine surtout, ont été des gens de tête et d'action. Mais les causes principales qui ont permis à Catherine II de régner paisiblement ont été d'abord la sécurité qu'elle a donnée à tout le monde - sous elle, pas de brusques disgrâces, pas de sévérités inutiles - et ensuite, et surtout, les succès de sa politique extérieure. On peut caractériser, d'une façon générale, cette politique en disant que Catherine II s'est efforcée de se tenir à l'écart des querelles de l'Occident - ce que ses prédécesseurs n'avaient pas su faire - et de se confiner dans les visées traditionnelles de la Russie | |
![]() | Apparemment, Catherine n'avait pas pris part directement au meurtre de son époux et l'on fit mine en tout cas de croire à son innocence, mais on ne peut dire qu'elle en fut affligée. Elle conserva Grégori Orlov comme favori et comme confident; en 1773, il fut remplacé par Gregori Potemkine qui lui-même eut pour successeur Zoubov. Pendant vingt années, Nikita Panine, sans être l'amant de l'impératrice, exerça l'influence la plus sérieuse sur sa politique; le métropolitain Platon fut également un conseiller fort écouté. D'ailleurs, les moeurs dissolues de Catherine ne firent aucun tort chez elle aux qualités politiques de l'impératrice. Après celui de Pierre le Grand, son règne est un des plus remarquables de l'histoire de Russie![]() L'impératrice s'occupa en particulier des finances; elle mit un impôt sur les biens ecclésiastiques, améliora le régime des boissons, créa la banque des assignats, la société économique, introduisit la culture de la pomme Catherine rêva, d'accord avec Betzky, tout un plan d'éducation nationale qui commençait dans les asiles où les enfants étaient instruits et nourris, se continuait dans les petites écoles des villes de district et s'achevait dans les grandes écoles des chefs-lieux de gouvernement. Elle voulait ouvrir aussi quatre universités. Mais faute de personnel, elle ne réussit à créer que quelques établissements secondaires. Elle créa les corps des cadets pour l'artillerie et le génie et le monastère Malheureusement ces réformes, le luxe de la cour, l'avidité des favoris imposèrent de lourdes charges au peuple et provoquèrent de graves mécontentements. On fit courir le bruit que Pierre III n'était pas mort et à diverses reprises des prétendants apparurent sous son nom tantôt à Pétersbourg, tantôt à Astrakhan A l'extérieur, Catherine se montra la continuatrice de Pierre le Grand, le digne émule de Frédéric Il et de Marie-Thérèse. Elle s'allia avec la Prusse Catherine, d'autre part, s'efforça de mettre la Russie Pendant les dernières années du règne de Catherine, le favori tout-puissant fut Potemkine. Passionné pour le luxe, il entraîna l'impératrice à des dépenses qui achevèrent d'épuiser le trésor public et provoquèrent de graves mécontentements. Catherine fut effrayée par les conspirations de l'intérieur et par les progrès de la Révolution française; elle renia les principes libéraux qu'elle avait affecté de professer; elle fit exiler ou interner les hommes de lettres qui les avaient embrassés (Kniajnine, Radistchev, Novikov). Elle venait d'envoyer une escadre et de mettre en campagne Souvorov contre la République française, quand elle fut surprise par la mort à l'âge de soixante-sept ans. Catherine Il sut, en général, s'entourer de collaborateurs distingués; outre ceux qui ont été nommés plus haut, on peut encore citer des diplomates comme Bezborodko, Osterman, Vorontsov, Repnine, Sievers, Budberg, Dmitri Galitzyne, des administrateurs comme Betzky, des confidents comme la princesse Dachkov. Elle comprit toute l'importance de l'opinion publique - sinon en Russie La tsarine a aussi voulu tenir une place dans la littérature russe du XVIIIe siècle. Sauf la poésie, elle a, en littérature, abordé tous les genres : la littérature politique et sociale avec l'Instruction dont il a été question plus haut, les éléments d'instruction civique, le drame historique, la comédie, le conte populaire, le pamphlet, la pédagogie (conte moral du prince Chlore, instruction du prince Soltikov), le journalisme (collaboration à la revue Un peu de tout, au recueil Byly et Nebyly), etc. Elle écrivait pour l'éducation de ses petits-fils Alexandre et Constantin «l'ABC de la grand'mère », des récits de l'histoire russe, toute une « bibliothèque alexandro-constantine » qui eut les honneurs de l'impression en Allemagne. Les préambules de ses lois, sa correspondance en russe, en français, en allemand avec ses ministres, ses gouverneurs, ses correspondants de France Elle avait organisé au palais d'hiver, plus tard à celui de l'Ermitage un théâtre où elle fit représenter quelques-unes de ses pièces; dans son drame lyrique intitulé Oleg, elle célébra la première expédition des Russes contre Constantinople : dans sa comédie de Goré-bogatyr (le Chevalier de malheur, pièce perdue, elle tourna en ridicule l'aventureux Gustave III; dans celles du Charlalan et du Mystifié, elle flagella Cagliostro, qui était venu faire des dupes jusqu'en Russie Catherine II a écrit en tout quatorze comédies, neuf opéras, sept proverbes. On n'a conservé que vingt-sept pièces. Aucune ne saurait être considérée comme une oeuvre de premier ordre, mais toutes renferment des scènes intéressantes; les types les plus réussis sont des caricatures assez plaisantes de vieilles femmes bigotes, ignorantes et superstitieuses « Je ne suis point étonné que ce poème ait eu du succès, il est national, il est gai, les caractères en sont bien dessinés, bien suivis et fortement peints; les scènes simplement amenées, les incidents domestiques, toute la conduite naturelle et le dialogue vrai. »La critique moderne est naturellement moins indulgente. « Les comédies de Catherine, dit Polevoï dans son Histoire de la littérature russe, ne méritent pas une attention particulière au point de vue artistique; néanmoins, elles sont fort importantes et constituent une tentative remarquable dans la peinture des types et des traits empruntés à la vie contemporaine. »Catherine écrivait dans une langue parfois incorrecte, mais qui ne manque ni de vigueur, ni d'originalité. Au fond, bien qu'elle fût née en Allemagne ![]() |
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