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La Russie depuis 1991 La Fédération de Russie |
En décembre 1991
Gorbatchev démissionna. La Fédération de Russie,
dirigée par Eltsine, devint la continuatrice d'une URSS
qui avait cessé d'exister.
Boris
Eltsine et le chaos.
En 1994, la douma vota l'amnistie des putschistes de 1991 et des auteurs de la récente rébellion parlementaire. Quant à Eltsine, il dut faire face à un autre problème. Djokhar. Doudaev, le président de la Tchétchénie, une république autonome considérée par Moscou comme constituante de la fédération de Russie, cherchait à consolider une indépendance proclamée dès 1991, mais sans susciter jusque là de grande réaction. En décembre 1994, Eltsine envoya la troupe et déclencha la Première guerre de Tchétchénie. L'Armée russe se trouva confrontée à une solide résistance et était menacée d'enlisement quand l'approche de nouvelles élections présidentielle, prévues pour juin 1996, motiva la recherche d'un cessez-le-feu peu avant le scrutin. Eltsine fut réélu et, en août 1997, un accord fut signé à Khassaviourt, entre Russes et Tchéchènes, mettant fin à la guerre. A défaut d'indépendance, une large autonomie fut accordée à la petite république, à la tête de laquelle on fit élire un président pro-Russe, Aslan Maskhadov. La Russie, cette même année, intégra le G7 (groupe des 7 pays les plus industrialisés). Malade, Eltsine s'était retiré pendant huit mois. Il ne revint sur le devant de la scène qu'en mars 1997. Il remania son Cabinet et amplifia le train de réformes, tout en essayant d'imposer un contrôle sur les dérives de plus en plus patentes que connaissait alors la toute jeune économie de marché. En mars 1998, le gouvernement, jugé inefficace, fut renvoyé. Le premier ministre, Victor Tchernomyrdine fut remplacé par Sergueï Kiriyenko. Mais rien n'y fit. Le rouble s'effondra, la crise financière fut à son comble. Eltsine limogea donc Kiriyenko et rappela Tchernomyrdine. Mais, le 11 septembre, la Douma récusa celui-ci, et lui préféra l'ancien ministre des affaires étrangères Evguéni Primakov, qui accueillit deux ministres communistes dans son gouvernement. Le désordre dans lequel était alors tombé le pays incita aussi la Douma (mai 1999), à essayer de renverser Eltsine en se fondant sur une série de reproches : avoir provoqué la fin de l'URSS en 1991, avoir utilisé la force contre le parlement en 1993, avoir mené entre 1994 et 1996 une guerre désastreuse en Tchétchénie, avoir appauvri le pays. La tentative échoua. Eltsine restait arrimé au pouvoir. Mais une autre menace commençait à peser sur lui : celle de la Justice. La politique économique qu'il avait mené depuis son arrivée au pouvoir avait été accompagnée d'un immense chaos. Une grande partie de la population avait sombré dans la misère, tandis qu'une poignée d'individus, que l'on allait appeler les oligarques, s'étaient enrichis au-delà de toute mesure, souvent par les procédés les plus malhonnêtes. La crise financière de 1998 avait mis au jour les agissements de ces oligarques et le haut de degré de corruption qui s'était installé dans le pays. Le terme de « mafia russe » commença a être utilisé pour désigner les organisations criminelles qui avaient entrepris d'étendre leur emprise sur le pays. Or, l'entourage proche d'Eltsine, connu sous le nom (assez révélateur) de « famille », avait lui aussi bénéficié d'un enrichissement d'origine douteuse. On avait bien essayé de déstabiliser le procureur général de Moscou, en montant contre lui une affaire de moeurs, l'étau ne s'en resserrait pas moins sur la « famille ». Il devenait urgent de se mettre à l'abri, en cherchant à Eltsine, trop malade désormais pour faire remparts, un successeur compréhensif. Le premier ministre Evguéni Primakov fut écarté pour le remplacer par Sergueï Stépachine, qui fut confirmé par la Douma le 19 mai. Mais visiblement, il ne convenait pas non plus à la « famille ». On le remplaça, le 8 août, par un fonctionnaire qui ne payait pas de mine, mais qui avait su faire preuve de toute la docilité requise lorsqu'il avait été à la tête du KGB : Vladimir Poutine. Le 31 décembre1999, Boris Eltsine démissionna. Son nouveau premier ministre devint président de la Russie par intérim. Vladimir
Poutine ou le chaos.
Lors de ce premier mandat, la politique de Poutine s'est caractérisée, à l'intérieur du pays par la poursuite de la guerre en Tchétchénie (avec une brutalité régulièrement dénoncée par les organisations de défense des droits des Humains), et par de mesures prises pour combattre la puissance de certains oligarques (les ennuis faits à Mikhaïl Khodorkovski, patron de la société Youkos, étant l'emblème de cette politique qui ressemble davantage à la bataille d'un clan pour conserver le pouvoir qu'à une véritable lutte contre les enrichissements abusifs), des mesures qui sont aussi passée par une reprise en main des grands médias d'opposition, réduisant par là la liberté d'expression dans le pays, tout en renforçant le pouvoir personnel de Poutine. A l'extérieur, la Russie à cherché à maintenir une forme de droit de regard sur les anciennes républiques de l'URSS devenues indépendantes, en particulier sur l'Ukraine, qui est le berceau historique de la Russie, mais qui regarde aussi de plus en plus vers l'Ouest. La Russie de Poutine a aussi cherché, après les années d'effacement qui avaient suivi l'effondrement de l'URSS, a retrouver une place parmi les grandes puissances internationales. Non plus désormais en jouant de son importance militaire, mais grâce à ses ressources énergétiques (gaz, pétrole), dont les revenus servent aussi à financer le réarmement du pays. Poutine a été réélu
pour un deuxième mandat en 2004 avec une majorité écrasante. Il a poursuivi
ses politiques de centralisation et de contrôle, tandis que la Russie
a continué de bénéficier de la hausse des prix des matières premières,
ce qui a permis une amélioration du niveau de vie et une réduction de
la pauvreté.
Dmitri
Medvedev en passant.
Retour
de Poutine.
En mars 2014, la Russie affiche ouvertement ses ambitions en direction de l'Ukraine : elle annexe la Crimée et attise dans l'Est du pays (Donbass) les combats les forces ukrainiennes et les séparatistes qu'elle soutien. Ces actions sont largement condamnées par la communauté internationale, et entraîne des sanctions économiques de la part de l'Union européenne et des États-Unis. Le soutien russe aux séparatistes va conduire à un conflit prolongé. Les Accords de Minsk, signés en 2014 et 2015, visent à mettre fin aux hostilités, mais les combats sporadiques se sont poursuivis dans les années suivantes. En septembre 2015, la Russie lance une intervention militaire en Syrie pour soutenir le régime de Bachar al-Assad. Cette intervention change la dynamique du conflit syrien et permet au régime syrien de reprendre le contrôle de vastes territoires. Pendant cette période, l'économie russe continue d'abord à croître, mais la dépendance aux exportations de ressources naturelles et les défis structurels ont persistent. Les sanctions économiques imposées par l'Occident, combinées à la chute des prix du pétrole en 2014, conduisent à une récession économique en Russie. Le gouvernement russe met en place des mesures d'austérité et de diversification économique pour atténuer les effets des sanctions. Quatrième
mandat de Poutine.
La période a été marquée par des manifestations contre le gouvernement, notamment en réponse à l'arrestation de l'opposant Alexeï Navalny en 2021, qui mourra en détentions en 2024, dans le centre pénitentiaire où il vient d'être transféré. Le gouvernement répond, comme chaque fois, par une répression accrue, avec des arrestations massives et des lois restrictives qui visent à limiter l'opposition et la liberté d'expression. En février 2022, la Russie lance une invasion à grande échelle de l'Ukraine, déclenchant par là une guerre majeure en Europe. Des sanctions internationales supplémentaires contre la Russie sont décidées, ainsi qu'un soutien militaire et humanitaire massif à l'Ukraine de la part des pays occidentaux. La guerre en Ukraine a des répercussions économiques importantes pour la Russie (perturbations dans le commerce, inflation accrue et une fuite de capitaux). La société russe est également impactée par les pertes humaines et les restrictions croissantes sur les libertés civiles. Cinquième
mandat.
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Laurent
Vinatier, Russie,
l'impasse tchétchène, Armand Colin, 2007. -Les
opérations engagées contre la Tchétchénie en 1994 à la suite de la
déclaration d'indépendance de la petite république, loin d'obtenir le
résultat escompté au vu du déséquilibre des forces, ont ouvert un conflit
d'une complexité et d'une cruauté rares : dévastation de Grozny, terreur
(exactions de l'armée russe et des milices tchétchènes pro-russes) et
contre-terreur (prises d'otages, radicalisation islamiste tchétchène,
etc.) Les solutions négociées à cette guerre instrumentalisée dans
le cadre politique intérieur russe ont été au fur et à mesure balayées.
C'est qu'il s'agit coûte que coûte de rétablir une "normalité" dont
l'épuisement actuel des indépendantistes n'est qu'un gage très incertain.
Est-il concevable que la Russie parvienne
enfin à surmonter les blocages politiques et idéologiques qui entravent
toute solution durable et humaine de la question? La recomposition définitive
de l'Etat russe et le solde du passé soviétique ne se feront, en tout
cas, qu'Ã ce prix. (couv.).
Yulia Yuzik, Requiem pour Beslan, Actes Sud, 2006. - En septembre 2004, les 1er, 2 et 3, à Beslan, en Ossétie, une république caucasienne voisine de la Tchétchénie, une école était prise en otage par un commando "tchétchène". Plus de 1 000 personnes - enfants et adultes - venues pour la rentrée des classes restèrent enfermées trois jours sans eau ni nourriture, réduites au silence et tétanisées par des bombes prêtes à exploser sur un simple geste des "terroristes". Dès le deuxième jour, les personnes les plus affaiblies, en particulier des enfants, commencèrent à mourir des privations endurées. Les témoins remarquèrent aussitôt des anomalies dans le comportement des autorités locales et ne pouvaient s'empêcher de craindre un dénouement tragique. Ainsi par exemple, on ne vit jamais arriver les troupes d'élites, du type du GIGN (dénommées Alpha), si bien que l'issue annoncée dépassa toutes les prévisions - l'école fut prise d'assaut au milieu de terribles explosions et près de 400 personnes, pour la moitié des enfants, périrent carbonisées, y compris le commando terroriste. Le traumatisme en Russie fut énorme, égal à celui du 11 septembre aux Etats-Unis. Une jeune journaliste de vingt-quatre ans, Yulia Yuzik, décida un peu plus tard d'aller enquêter sur place et d'interroger les parents des enfants, des otages survivants (enfants et adultes), des spécialistes du terrorisme... De ces témoignages regroupés par thème (l'eau, l'air, Tchétchènes...), il ressort l'impression très nette que la version officielle n'était pas la bonne (le nombre des terroristes, la fuite organisée d'une partie d'entre eux...), que derrière les apparences se cachait une énorme manipulation comme sait si bien le faire la police de ce pays depuis l'époque tsariste. Le pouvoir russe aurait ainsi décidé de mettre de cette façon la Russie au nombre des pays victimes du terrorisme islamique pour faire taire les critiques occidentales contre ses méthodes en Tchétchénie. En plus de nous plonger au coeur de la tragédie - les larmes vous viennent aux yeux devant tant de malheurs -, l'auteur, par petites touches, nous laisse entrevoir le fonctionnement de tout un système, celui du président Poutine qui se sert du drame tchétchène pour renforcer chaque fois davantage son pouvoir. Une leçon de journalisme subjectif dans la veine du travail de Svetlana Alexiévitch, l'auteur de La Supplication, qui signe la préface. (couv.). |
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