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La
Kabylie
est une région montagneuse du nord de l'Algérie
, dans le prolongement de la chaîne de l'Atlas tellien,
entre la mer Méditerranée
au nord et les Hautes Plaines au sud. Elle s'étend sur environ 200 km
d'ouest en est et 100 km du nord au sud. Les principales villes de la région
sont Tizi Ouzou, Béjaïa, Bouira, Boumerdès, et Bouira. On distingue
parfois la Grande et la Petite Kabylie :
• La
Grande Kabylie comprend la contrée enfermée dans le vaste quadrilatère
qui s'étend entre Dellys, Aumale, Sétif et Bejaia. Le Djurdjura est son
principal massif montagneux; l'lsser et l'Oued-Akbou en descendent. Environ
600 000 hectares.
• La
Petite Kabylie s'étend de l'extrémité orientale du golfe de Bejaia
au port de Collo; elle est bornée au Sud par la petite ville de Millah
et parcourue par une chaîne de hautes montagnes où naissent divers cours
d'eau, entre autres l'Oued-et-Kébir ou Rhumel inférieur.
La Kabylie est traversée
par deux grandes chaînes principales. Le Djurdjura
est la plus haute chaîne de montagnes de la Kabylie. Elle fait partie
de l'Atlas tellien. Le point culminant est le Lalla Khedidja à 2308 mètres
d'altitude. Les Montagnes des Babors, situées plus à l'est, sont également
très escarpées. Elles comprennent le Pic des Babors qui culmine à environ
2004 mètres.
Le climat en Kabylie
est typiquement méditerranéen, avec des étés chauds et secs et des
hivers doux et humides. Cependant, Ã cause de l'altitude, les montagnes
connaissent des hivers plus rigoureux avec de la neige, notamment dans
le Djurdjura.
La région est irriguée
par plusieurs rivières et oueds, les plus importants étant l'oued
Soummam, qui traverse la région et se jette dans la Méditerranée
près de Béjaïa, et l'oued Sébaou, qui est un cours d'eau important.
Ils traverse la wilaya de Tizi Ouzou et se jette dans la Méditerranée
près de Dellys.
La Kabylie est riche
en forêts, surtout dans les zones montagneuses. On y trouve des chênes-lièges,
des cèdres, des pins et des oliviers. Les vallées et les plaines sont
généralement utilisées pour l'agriculture, notamment pour la culture
de l'olivier, qui est un symbole fort de la région.
Les habitants de
la Kabylie sont majoritairement d'origine amazighe (berbère).
La région est connue pour sa forte identité culturelle, avec une langue
(le kabyle), une musique, et des traditions artisanales distinctes. L'économie
de la Kabylie repose principalement sur l'agriculture, avec une forte production
d'olives, de figues et de vin. Le secteur de l'artisanat est également
important, avec la production de tapis, de poteries et de bijoux traditionnels.
De plus, la région se signale par ses nombreuses petites et moyennes entreprises,
notamment dans le secteur agroalimentaire et des services.
Histoire de la
Kabylie.
Les premiers habitants
de la Kabylie sont des populations proto-berbères. Des traces de leur
présence remontent à la période néolithique.
Les Berbères s'installent dans la région bien avant l'arrivée
des Phéniciens et des Romains.
À partir du Ier millénaire av. JC, la
Kabylie, comme le reste du Maghreb, est influencée par les Phéniciens,
puis par Carthage. Cependant, la région
reste largement autonome. Après la chute de Carthage, la Kabylie tombe
sous le contrôle de l'Empire romain.
Les Romains installent des colonies
et construisent des infrastructures, mais la Kabylie reste une région
difficile à contrôler en raison de son relief montagneux. La résistance
des tribus kabyles à l'autorité romaine est notable, notamment lors
des révoltes de Tacfarinas au début du Ier
siècle de notre ère. Au Ve siècle, les
Vandales
envahissent l'Afrique du Nord, suivis par les Byzantins
au VIe siècle. La Kabylie reste difficilement
accessible aux envahisseurs, ce qui lui permet encore de conserver une
certaine autonomie.
À partir du VIIe
siècle, les Arabes conquièrent l'Afrique
du Nord. La Kabylie est islamisée progressivement, mais les tribus kabyles
conservent leur langue et certaines de
leurs coutumes. La région devient un bastion du kharidjisme,
une branche dissidente de l'islam, avec
des révoltes notables contre le pouvoir omeyyade
et abbasside. La Kabylie joue en revanche
un rôle central dans l'essor des dynasties berbères telles que les
Zirides, les Hammadides et les Almohades,
qui contrôlent de vastes territoires en Afrique du Nord (Les
dynasties musulmanes). Durant cette période, la Kabylie connaît une
période de prospérité culturelle et économique.
Au XVIe
siècle,
l'Empire ottoman étend son influence
sur l'Algérie, mais la Kabylie reste largement autonome. Les tribus
kabyles, organisées en confédérations, résistent à l'autorité ottomane.
La région est connue pour ses corsaires, notamment dans les villes côtières
comme Béjaïa. En 1830, la France
commence la conquête de l'Algérie. Une fois encore, la Kabylie résiste
farouchement à la colonisation, avec des chefs emblématiques comme Lalla
Fatma N'Soumer. La conquête de la Kabylie par les Français n'est
achevée qu'en 1857, après de violents affrontements. Durant la colonisation,
la Kabylie est soumise à une forte répression, mais elle devient aussi
un foyer de résistance et de préservation de l'identité berbère.
La Kabylie joue ensuite un rôle crucial dans la guerre d'indépendance
algérienne (1954-1962). Les montagnes de la région servent de bases pour
les combattants du Front de Libération Nationale (FLN). De nombreuses
batailles ont lieu dans la région, et la population locale subit de lourdes
représailles de la part de l'armée française.
Après l'indépendance
de l'Algérie en 1962, la Kabylie devient un centre de revendications pour
la reconnaissance de l'identité amazighe dans le pays. Le Mouvement
culturel berbère (MCB) et d'autres groupes militants émergent pour
défendre la langue et la culture kabyle. Les tensions avec le gouvernement
algérien culminent lors du « Printemps berbère » en 1980, une série
de manifestations violemment réprimées. En 2001, une autre vague de protestations
éclate, connue sous le nom de « Printemps noir », entraînant de nombreux
morts. La Kabylie reste aujourd'hui une région politiquement active en
Algérie, avec une forte revendication pour l'autonomie culturelle et
linguistique. Le mouvement pour l'autonomie de la Kabylie (MAK) et d'autres
organisations continuent de plaider pour une plus grande reconnaissance
de la spécificité kabyle au sein de l'État algérien. |
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