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Wokisme
est un terme utilisé pour désigner une approche des questions sociales
et politiques associée à des idéologies progressistes
ou de gauche, dans la mesure
où elle met l'accent sur les questions liées à la justice sociale, Ã
l'égalité et à l'inclusion. Cependant, le terme wokisme est souvent
employé de manière caricaturale ou négative pour critiquer ce mouvement,
le percevant comme excessivement idéologique, autoritaire dans son expression.
Bien qu'il soit devenu
un terme courant au XXIe siècle, le wokisme
trouve ses origines dans des luttes sociales et politiques plus anciennes,
principalement aux États-Unis.Le mot woke, signifiant littéralement
"éveillé" en anglais, apparaît dans la population afro-américaine dès
le début du XXe siècle. Il est utilisé
dans un contexte de prise de conscience face aux inégalités et aux discriminations
systémiques, en particulier celles liées au racisme.
Dans les années
1930, le mot est utilisé dans des cercles militants afro-américains pour
décrire une vigilance face aux injustices raciales. Par exemple, dans
une chanson de blues de 1938 intitulée Scottsboro Boys de Huddie Ledbetter
(Lead Belly), l'expression stay woke est employée pour encourager
à rester attentif aux luttes pour la justice. La notion de conscience
sociale et politique est au coeur des revendications du Mouvement
des droits civiques (années 1960). Le mot woke reste informel,
mais il reflète l'idée de vigilance dans un monde marqué par l'oppression.
Le terme est réintroduit
dans le langage courant avec un regain de militantisme, en particulier
sur les réseaux sociaux.
Avec la naissance en 2013 du mouvement Black Lives Matter (BLM) en réponse
aux violences policières contre les Afro-Américains, stay woke
devient un cri de ralliement. Il incarne une prise de conscience élargie
face à des injustices systémiques, non seulement liées à la couleur
de peau, mais aussi de genre, de classe
et d'orientation sexuelle. Le wokisme commence à intégrer des concepts
issus de l'intersectionnalité,
une théorie développée par Kimberlé Crenshaw,
qui étudie les croisements entre différentes formes d'oppression.
Au fil des années
2010, le wokisme dépasse le cadre des luttes liées au racisme
pour englober des problématiques liées au féminisme,
à l'écologie, aux droits LGBTQ+, et à la
justice
sociale en général. Ce militantisme est amplifié par les réseaux sociaux,
où des campagnes virales, telles que #MeToo ou #FridaysForFuture, témoignent
de l'importance des nouvelles générations dans ces luttes. Le wokisme
devient également un sujet de débat et de controverse. Certains progressistes
dénoncent une approche trop radicale ou simpliste, où le militantisme
peut basculer dans l'intolérance envers les opinions
divergentes (phénomène souvent associé à la cancel
culture, où les individus sont critiqués ou ostracisés pour leurs
points de vue, et une focalisation excessive sur les identités individuelles
et les différences sociales, parfois au détriment du débat ouvert et
de la liberté d'expression). Le wokisme est
par ailleurs instrumentalisé par des courants conservateurs, notamment
aux États-Unis et en Europe, comme un repoussoir pour critiquer les changements
sociaux perçus comme excessifs ou menaçants pour les traditions. Des
termes comme "idéologie woke" ou "dérive woke" émergent dans les discours
politiques.
Aujourd'hui, le
wokisme continue de diviser les opinions. Pour ses défenseurs, il incarne
une prise de conscience essentielle dans un monde encore marqué par des
inégalités et des discriminations profondes. Pour ses détracteurs, il
est perçu comme une idéologie rigide et dogmatique, parfois incompatible
avec les notions de liberté d'expression ou de débat démocratique. |
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