.
-

Le Mouvement des droits civiques
Le mouvement des droits civiques aux États-Unis a Ă©tĂ© un mouvement politique et social majeur apparu au milieu du XXe siècle pour lutter contre la sĂ©grĂ©gation raciste et l'injustice sociale subie par les Afro-AmĂ©ricains. Ce mouvement visait Ă  obtenir l'Ă©galitĂ© des droits civiques et Ă  abolir les lois et pratiques discriminatoires, particulièrement dans le sud des États-Unis, oĂą la sĂ©grĂ©gation Ă©tait lĂ©galement appliquĂ©e depuis la fin de l'esclavage. Le mouvement des droits civiques marque un tournant dans l'histoire amĂ©ricaine. Il a impactĂ© la lĂ©gislation, la culture et les idĂ©aux de justice et d'Ă©galitĂ©. 

Après la guerre de Sécession (1861-1865), l'abolition de l'esclavage fut officiellement déclarée par le 13e amendement en 1865, mais les Afro-Américains restaient largement privés de droits dans le sud. Des lois ségrégationnistes, dites lois Jim Crow, institutionnalisèrent la ségrégation raciale dans les écoles, les transports, les restaurants et d'autres espaces publics dès la fin du XIXe siècle. Ces lois furent soutenues par la décision de la Cour suprême Plessy v. Ferguson (1896), qui officialisait le principe "séparé mais égal". En réalité, les infrastructures et services réservés aux Afro-Américains étaient de qualité inférieure, et la discrimination restait omniprésente.

Premières expression du Mouvement du droit civique.
CrĂ©Ă©e en 1909, la NAACP (National Association for the Advancement of Colored People) a Ă©tĂ© l'une des plus anciennes organisations de droits civiques aux États-Unis.Emlle visait dĂ©jĂ  Ă  lutter contre la discrimination raciale et promouvoir les droits civiques des Afro-AmĂ©ricains par des moyens juridiques et politiques. Mais il a fallu attendre les annĂ©es 1950, pour qu'elle connaisse les premiers succès tangibles. , noramment en s'impliquant dans des  affaires judiciaires marquantes, comme Brown v. Board of Education (1954) ou, en 1963,  dans la Marche sur Washington (V. plus bas).

La National Urban League, date pour sa part de 1910. Cette organisation visait à promouvoir le développement économique des Afro-Américains. Elle s'est concentrée sur des questions d'emploi, d'éducation et de logement, cherchant à améliorer les conditions de vie des Afro-Américains urbains. Bien que moins orientée vers les actions directes, elle a joué un rôle important dans l'amélioration des conditions socio-économiques des Afro-Américains.

CORE (Congress of Racial Equality), Fondé en 1942, CORE s'est signalé par son engagement envers la désobéissance civile non-violente. L'organisation a travaillé pour la fin de la ségrégation raciale et la promotion des droits civiques. CORE organisera des campagnes comme les freedom rides en 1961, visant à tester et à contester les lois de ségrégation dans les transports.

Les premières actions collectives.
Dans les annĂ©es 1950, le Mouvement des droits civiques prit de l'ampleur avec des actions collectives organisĂ©es par des Afro-AmĂ©ricains pour contester ces lois et pratiques discriminatoires. Il s'appuya sur des stratĂ©gies non violentes, inspirĂ©es par le Mahatma Gandhi et mises en avant par des leaders comme Martin Luther King Jr. et Rosa Parks. 

L'affaire Brown v. Board of Education (1954). 
Brown v. Board of Education est une dĂ©cision emblĂ©matique de la Cour suprĂŞme des États-Unis rendue le 17 mai 1954. Cette affaire a Ă©tĂ© un tournant dĂ©cisif dans la lutte contre la sĂ©grĂ©gation raciale dans le système Ă©ducatif amĂ©ricain. Avant la dĂ©cision, la doctrine de "sĂ©parĂ©s mais Ă©gaux" (separate but equal) issue de l'affaire Plessy v. Ferguson (1896) permettait la sĂ©grĂ©gation raciale dans les Ă©coles publiques tant que les installations pour les Noirs et les Blancs Ă©taient considĂ©rĂ©es comme Ă©gales. En pratique, cela a conduit Ă  des Ă©coles pour Noirs souvent dĂ©favorisĂ©es en termes de financement et de ressources. L'affaire Brown v. Board of Education a Ă©tĂ© le rĂ©sultat de plusieurs recours juridiques groupĂ©s visant Ă  contester la sĂ©grĂ©gation dans les Ă©coles publiques. L'affaire principale a Ă©tĂ© portĂ©e par Oliver Brown, un parent d'Ă©lève, dont la fille, Linda Brown, a Ă©tĂ© contrainte de frĂ©quenter une Ă©cole pour Noirs Ă©loignĂ©e plutĂ´t que l'Ă©cole publique blanche plus proche. Les avocats des plaignants, dont Thurgood Marshall (qui deviendra plus tard le premier juge afro-amĂ©ricain Ă  la Cour suprĂŞme), ont soutenu que la sĂ©grĂ©gation dans les Ă©coles publiques Ă©tait intrinsèquement inĂ©gale et nuisait aux enfants afro-amĂ©ricains, violant ainsi la clause d'Ă©galitĂ© de la Quatorzième Amendement de la Constitution des États-Unis. Des recherches psychologiques, notamment des expĂ©riences sur des enfants menĂ©es par les psychologues Kenneth et Mamie Clark, ont montrĂ© que la sĂ©grĂ©gation raciale avait un impact nĂ©gatif sur l'estime de soi des enfants afro-amĂ©ricains. Dans une dĂ©cision unanime (9-0), la Cour suprĂŞme a dĂ©clarĂ© que la sĂ©grĂ©gation dans les Ă©coles publiques Ă©tait inconstitutionnelle. Le juge en chef Earl Warren a affirmĂ© que "les installations sĂ©parĂ©es sont intrinsèquement inĂ©gales" et que la sĂ©grĂ©gation scolaire engendrait un sentiment d'infĂ©rioritĂ© parmi les enfants afro-amĂ©ricains. La Cour a ordonnĂ© la dĂ©sĂ©grĂ©gation des Ă©coles publiques, mais a laissĂ© aux autoritĂ©s locales le soin de dĂ©terminer les modalitĂ©s et le calendrier de cette dĂ©sĂ©grĂ©gation.  Bien que cette dĂ©cision ait Ă©tĂ© un moment de victoire pour le mouvement des droits civiques, il a Ă©galement provoquĂ© des rĂ©actions hostiles, notamment des campagnes de rĂ©sistance dans le Sud, comme la fermeture de certaines Ă©coles publiques pour Ă©viter la dĂ©sĂ©grĂ©gation. La dĂ©cision a Ă©tĂ© suivie de plusieurs autres affaires et lois sur les droits civiques, et a jouĂ© un rĂ´le clĂ© dans le mouvement pour les droits civiques des annĂ©es 1950 et 1960. Brown v. Board of Education est considĂ©rĂ© comme l'une des dĂ©cisions les plus importantes de l'histoire judiciaire amĂ©ricaine. Elle a non seulement contribuĂ© Ă  dĂ©manteler la sĂ©grĂ©gation raciale dans les Ă©coles, mais a Ă©galement inspirĂ© d'autres mouvements pour l'Ă©galitĂ© et la justice sociale, servant de rĂ©fĂ©rence dans la lutte contre toutes les formes de discrimination raciale.

Le boycott des bus de Montgomery (1955-1956). 
Après l'arrestation de Rosa Parks, qui avait refusĂ© de cĂ©der son siège Ă  un passager blanc, un boycott massif des bus de Montgomery (Alabama) fut organisĂ© par les Afro-AmĂ©ricains de la ville. Ce boycott, qui a eu lieu de dĂ©cembre 1955 Ă  dĂ©cembre 1956, a Ă©tĂ© un acte de rĂ©sistance pacifique contre la sĂ©grĂ©gation raciale dans les transports publics et a contribuĂ© Ă  mobiliser la lutte pour les droits civiques. Ă€ Montgomery, les bus Ă©taient clairement sĂ©grĂ©guĂ©s : les passagers noirs devaient s'asseoir Ă  l'arrière, tandis que ceux qui Ă©taient blancs avaient des sièges rĂ©servĂ©s Ă  l'avant. Les Afro-AmĂ©ricains faisaient face Ă  des humiliations quotidiennes et Ă  des discriminations systĂ©matiques. Le 1er dĂ©cembre 1955, Rosa Parks, une militante des droits civiques, a Ă©tĂ© arrĂŞtĂ©e pour avoir refusĂ© de cĂ©der son siège Ă  un passager blanc. Son arrestation a provoquĂ© l'indignation au sein de la communautĂ© afro-amĂ©ricaine de Montgomery. En rĂ©ponse Ă  l'arrestation de Parks, des leaders afro-amĂ©ricains, dont Martin Luther King Jr., ont formĂ© le Montgomery Improvement Association (MIA) pour organiser le boycott. Martin Luther King Jr. a Ă©tĂ© Ă©lu prĂ©sident du MIA. Le boycott a officiellement commencĂ© le 5 dĂ©cembre 1955, le jour du procès de Rosa Parks. Les Afro-AmĂ©ricains de Montgomery ont dĂ©cidĂ© de ne pas utiliser les bus de la ville, choisissant plutĂ´t de marcher, de faire du covoiturage ou d'utiliser d'autres moyens de transport. Ils ont fait preuve d'une solidaritĂ© impressionnante. Des voitures ont Ă©tĂ© mises Ă  disposition pour transporter ceux qui avaient besoin d'aide, et des groupes communautaires ont organisĂ© des moyens alternatifs de transport. Le boycott a Ă©tĂ© marquĂ© par une discipline remarquable, avec des participants s'engageant Ă  respecter la non-violence et Ă  Ă©viter les provocations. Le boycott a durĂ© plus de 380 jours et a mis une pression Ă©conomique considĂ©rable sur la compagnie de bus, qui dĂ©pendait fortement des passagers afro-amĂ©ricains. Les pertes de revenus ont contraint les responsables Ă  rĂ©Ă©valuer leur politique de sĂ©grĂ©gation. En novembre 1956, la Cour suprĂŞme des États-Unis a dĂ©clarĂ© que la sĂ©grĂ©gation dans les transports publics Ă©tait inconstitutionnelle, renforçant ainsi les droits civiques des Afro-AmĂ©ricains. Le boycott des bus de Montgomery a non seulement mis en lumière les injustices de la sĂ©grĂ©gation, mais a Ă©galement galvanisĂ© le mouvement des droits civiques. Il a inspirĂ© d'autres actions de dĂ©sobĂ©issance civile et a donnĂ© naissance Ă  des organisations de droits civiques Ă  travers le pays. Le succès du boycott a propulsĂ© Martin Luther King Jr. sur le devant de la scène nationale en tant que leader du mouvement des droits civiques. 

Les sit-in des années 1960.
Les sit-in des annĂ©es 1960 ont Ă©tĂ© des actions de dĂ©sobĂ©issance civile menĂ©es dans le cadre du mouvement des droits civiques aux États-Unis. Ces manifestations pacifiques avaient pour but de protester contre la sĂ©grĂ©gation raciale dans les lieux publics, notamment dans les restaurants, les cafĂ©s et les magasins. Dans le sud des États-Unis, les lois de Jim Crow imposaient une stricte sĂ©grĂ©gation raciale dans les espaces publics (restaurants et magasins, notamment). Les Afro-AmĂ©ricains Ă©taient  interdits d'accès ou soumis Ă  des politiques de "service Ă  emporter" dans les Ă©tablissements rĂ©servĂ©s aux Blancs. Ă€ la suite du boycott des bus de Montgomery et d'autres formes de rĂ©sistance, les jeunes militants ont commencĂ© Ă  envisager des mĂ©thodes plus actives pour contester ces injustices. Un sit-in consiste Ă  s'asseoir pacifiquement dans un espace public pour contester des lois ou des politiques injustes. Les participants restent souvent assis, mĂŞme face Ă  l'opposition, dans un acte de non-violence. Le sit-in le plus cĂ©lèbre a eu lieu le 1er fĂ©vrier 1960, lorsque quatre Ă©tudiants afro-amĂ©ricains de la North Carolina Agricultural and Technical State University (Ezell Blair Jr., David Richmond, Franklin McCain et Joseph McNeil) se sont assis Ă  un comptoir de lunch Ă  Greensboro, en Caroline du Nord, oĂą la politique interdisait aux clients noirs de s'asseoir Ă  cĂ´tĂ© des clients blancs. Ils ont commandĂ© des cafĂ©s et ont refusĂ© de quitter les lieux malgrĂ© les demandes de dĂ©part. L'action des Ă©tudiants de Greensboro a inspirĂ© des sit-in dans d'autres villes du sud, avec des participants de diverses origines et couleur de peau. En quelques mois, des milliers de jeunes ont pris part Ă  ces sit-in Ă  travers le pays, Ă  Atlanta, Nashville, et dans d'autres villes. En avril 1960, des leaders Ă©tudiants se sont rĂ©unis Ă  Raleigh, en Caroline du Nord, pour former le Student Nonviolent Coordinating Committee (SNCC), qui a jouĂ© un rĂ´le central dans l'organisation de sit-in et d'autres actions de dĂ©sobĂ©issance civile. Les sit-in ont souvent Ă©tĂ© accueillis par la violence et la rĂ©pression. De nombreux participants ont Ă©tĂ© harcelĂ©s, frappĂ©s, ou arrĂŞtĂ©s. MalgrĂ© cela, les militants ont maintenu leur engagement envers la non-violence. Le mouvement a suscitĂ© un soutien croissant parmi la communautĂ© afro-amĂ©ricaine et des alliĂ©s blancs, qui ont organisĂ© des collectes de fonds et des soutiens juridiques pour les manifestants arrĂŞtĂ©s. Les sit-in ont attirĂ© l'attention des mĂ©dias nationaux et ont contribuĂ© Ă  crĂ©er une pression sur les entreprises pour qu'elles mettent fin Ă  la sĂ©grĂ©gation. Beaucoup d'Ă©tablissements ont Ă©tĂ© contraints de changer leurs politiques, permettant aux Afro-AmĂ©ricains de s'asseoir oĂą ils le souhaitaient. Ces modes d'action ont servi de modèle pour d'autres formes de protestation, notamment les marches et les boycotts, et ont jouĂ© un rĂ´le clĂ© dans la montĂ©e du mouvement des droits civiques dans les annĂ©es 1960. Ils ont Ă©galement contribuĂ© Ă  sensibiliser le public amĂ©ricain aux injustices de la sĂ©grĂ©gation raciale, galvanisant le soutien pour le mouvement des droits civiques Ă  travers le pays.

Les Black Panthers.
Les Black Panthers, officiellement connus sous le nom de Black Panther Party (BPP) Ă©tait une organisation fondĂ©e en 1966 Ă  Oakland, en Californie, par Huey Newton et Bobby , et qui  a Ă©mergĂ© en rĂ©ponse Ă  la brutalitĂ© policière et Ă  l'oppression systĂ©mique des Afro-AmĂ©ricains. Ils ont dĂ©noncĂ© les violences policières et les inĂ©galitĂ©s raciales, ce qui Ă©tait au coeur des prĂ©occupations du mouvement des droits civiques. Contrairement Ă  d'autres groupes du mouvement des droits civiques qui prĂ´naient des mĂ©thodes non violentes, les Black Panthers ont dĂ©fendu le droit Ă  l'auto-dĂ©fense. Ils se sont organisĂ©s pour surveiller les activitĂ©s policières et ont souvent fait usage de la violence en rĂ©ponse Ă  la violence policière, ce qui a provoquĂ© des tensions avec les autoritĂ©s et a attirĂ© l'attention nationale. Les Black Panthers ont mis en place ar ailleurs de nombreux programmes sociaux pour rĂ©pondre aux besoins de leurs communautĂ©s. Parmi ceux-ci figuraient des programmes de petits dĂ©jeuners pour les enfants, des cliniques de santĂ©, des programmes d'Ă©ducation, et des initiatives d'assistance juridique. Ces programmes ont renforcĂ© le sentiment d'autonomie et de solidaritĂ© au sein des communautĂ©s afro-amĂ©ricaines, s'inscrivant ainsi dans la lutte pour l'Ă©galitĂ© et la justice sociale. Les Black Panthers se sont inspirĂ©s du marxisme et ont plaidĂ© pour un changement radical des structures Ă©conomiques et politiques. Leur vision d'une sociĂ©tĂ© socialiste oĂą les ressources seraient Ă©quitablement rĂ©parties a Ă©largi le discours sur les droits civiques pour inclure des questions Ă©conomiques et politiques plus larges. Les Black Panthers ont cherchĂ© Ă  Ă©tablir des alliances avec d'autres mouvements de libĂ©ration et groupes marginalisĂ©s, tels que les mouvements fĂ©ministes, les mouvements de lutte pour les droits des Chicanos et des AmĂ©rindiens, ainsi que les mouvements anti-guerre. Cela a Ă©largi leur portĂ©e et a mis en lumière ce qu'aujourd'hui on appelle les intersections entre diffĂ©rentes luttes pour les droits civiques. Leur style distinctif, symbolisĂ© par le port de la tenue noire et des bĂ©rets, ainsi que leur utilisation de l'art et des mĂ©dias, ont aidĂ© Ă  crĂ©er une identitĂ© visuelle forte qui a captĂ© l'attention des mĂ©dias et du public. Ils ont Ă©galement utilisĂ© des publications et des programmes de sensibilisation pour Ă©duquer la population sur les droits civiques et les injustices sociales.

Les marches et manifestations pacifiques.
Les marches et manifestations pacifiques furent des éléments clés de ce mouvement.

La Marche sur Washington (1963).
La Marche sur Washington pour l'emploi et la libertĂ©, qui a eu lieu le 28 aoĂ»t 1963, est un moment clĂ© dans l'histoire du mouvement des droits civiques aux États-Unis. OrganisĂ©e  par plusieurs organisations de dĂ©fense des droits civiques pour rĂ©clamer la fin de la sĂ©grĂ©gation raciale et l'Ă©galitĂ© des droits Ă©conomiques et sociaux pour les Afro-AmĂ©ricains, cette marche a rĂ©uni environ 250 000 personnes de tous horizons devant le Lincoln Memorial Ă  Washington (D.C.). La marche a Ă©tĂ© organisĂ©e dans un climat de tensions raciales exacerbĂ©es et de discriminations persistantes. Elle a Ă©tĂ© le fruit d'une coalition de plusieurs groupes de dĂ©fense des droits civiques, comme la NAACP (National Association for the Advancement of Colored People) que l'on a Ă©voquĂ©e plus haut, le SCLC (Southern Christian Leadership Conference) dirigĂ© par Martin Luther King Jr., et le SNCC (Student Nonviolent Coordinating Committee).

• Le SCLC (Southern Christian Leadership Conference). - Formée en 1957, cette organisation a été cofondée par Martin Luther King Jr. et d'autres leaders afro-américains. Le SCLC a été créé pour coordonner les actions non-violentes et les campagnes pour les droits civiques dans le Sud des États-Unis. L'organisation a mis l'accent sur la non-violence et la désobéissance civile, en s'appuyant sur des principes chrétiens.

• Le SNCC (Student Nonviolent Coordinating Committee). - Créé en 1960, le SNCC a été constitué par des étudiants engagés dans le mouvement des droits civiques. L'organisation visait à encourager la participation des jeunes dans la lutte pour l'égalité et à organiser des actions directes comme les sit-in. Le SNCC a été crucial dans l'organisation de nombreuses manifestations, marches et campagnes d'inscription des électeurs.

Les objectifs principaux étaient l'égalité des droits dans le domaine de l'emploi, la fin de la ségrégation dans les écoles et les espaces publics, un salaire minimum équitable, l'abolition des discriminations raciales dans le logement, un appel à une législation pour les droits civiques. L'un des moments les plus emblématiques de la marche est le discours I Have a Dream prononcé par Martin Luther King Jr. Devant la foule réunie, il a exprimé sa vision d'une Amérique unie et égale, où les enfants des différentes "races" (c'est-à-dire de différentes couleurs de peau) pourraient vivre côte à côte sans discrimination. Ce discours, empreint de poésie et de conviction, est devenu l'un des symboles universels de la lutte pour l'égalité. La Marche sur Washington a joué un rôle décisif dans la sensibilisation nationale et internationale à la question des droits civiques aux États-Unis. Elle a contribué à mobiliser l'opinion publique et a largement influencé l'adoption du Civil Rights Act de 1964, qui a légalisé la fin de la ségrégation raciale dans les lieux publics, et du Voting Rights Act de 1965, qui a renforcé les droits de vote des Afro-Américains. Cet événement est cité comme l'un des plus grands rassemblements pour les droits civiques dans l'histoire américaine. Il reste un symbole puissant du pouvoir de la non-violence et de la mobilisation collective pour la justice et l'égalité.

Les marches de Selma Ă  Montgomery (1965).
Dans les années 1960, malgré l'adoption du Civil Rights Act de 1964, les Afro-Américains du Sud étaient encore confrontés à des discriminations systémiques lorsqu'ils tentaient d'exercer leur droit de vote. À Selma, en Alabama, la majorité noire de la population subissait des intimidations et des manipulations qui rendaient quasi impossible l'inscription électorale. Les Afro-Américains représentaient environ 50 % de la population, mais seulement 2 % étaient inscrits sur les listes électorales. La Southern Christian Leadership Conference (SCLC), dirigée par Martin Luther King Jr., et le Student Nonviolent Coordinating Committee (SNCC) ont décidé d'organiser une série de marches pour attirer l'attention nationale sur ces pratiques discriminatoires.

• La première marche : Bloody Sunday (Dimanche sanglant), 7 mars 1965. - Cette marche a été organisée par des leaders des droits civiques, dont John Lewis et Martin Luther King Jr., pour protester contre les brutalités policières et les restrictions raciales à l'inscription des électeurs. Environ 600 manifestants ont traversé le pont Edmund Pettus en direction de Montgomery. À l'autre extrémité, ils ont été confrontés à la police de l'État, qui avait reçu l'ordre de disperser la foule. Les forces de l'ordre ont attaqué les manifestants avec des matraques et des gaz lacrymogènes, provoquant des blessures graves. Les images de cette violence ont fait le tour des États-Unis et choqué l'opinion publique. L'événement a galvanisé le soutien national pour le mouvement des droits civiques et a attiré l'attention sur la nécessité de protections pour le droit de vote.

• La deuxième marche, Turnaround Tuesday , 9 mars 1965. - Après le Bloody Sunday, Martin Luther King Jr. a dĂ©cidĂ© de mener une marche symbolique pour montrer la dĂ©termination des manifestants tout en respectant une injonction judiciaire qui interdisait la marche vers Montgomery.  Les participants se sont rassemblĂ©s et ont marchĂ© jusqu'au pont Edmund Pettus, oĂą King a prĂŞchĂ© sur l'importance de la non-violence et de la paix. Après avoir priĂ©, il a ordonnĂ© aux manifestants de faire demi-tour. Cette marche avait pour but de montrer que le mouvement Ă©tait pacifique et dĂ©terminĂ©, tout en attirant davantage l'attention des mĂ©dias et du public sur la lutte pour les droits civiques.

• La troisième marche, 21-25 mars 1965. - La troisième marche a Ă©tĂ© organisĂ©e avec la protection de l'armĂ©e amĂ©ricaine, Ă  la suite de l'appel de Martin Luther King Jr. et des leaders des droits civiques pour marcher sur Montgomery. Cette fois-ci, des milliers de participants, parmi lesquels des sympathisants de tous horizons, ont pris part Ă  la marche. Ils ont parcouru les 87 kilomètres de Selma Ă  Montgomery sur plusieurs jours. La marche a culminĂ© le 25 mars, lorsque les participants ont atteint le Capitole de l'Alabama. King a prononcĂ© un discours puissant devant la foule, appelant Ă  l'Ă©galitĂ© des droits et Ă  la justice. La rĂ©ussite de cette marche a conduit Ă  une attention accrue sur la nĂ©cessitĂ© de protĂ©ger le droit de vote, culminant avec l'adoption du Voting Rights Act le 6 aoĂ»t 1965. 

L'Ă©volution des droits.
Ces mouvements de protestation contribuèrent à l'adoption de lois majeures :
• Le Civil Rights Act de 1964. - Cette loi interdisait la ségrégation dans les lieux publics et les discriminations raciales, ethniques, religieuses ou sexuelles dans le domaine de l'emploi. C'était une victoire majeure qui mit fin à de nombreuses pratiques ségrégationnistes.

• Le Voting Rights Act de 1965. - Cette loi visait spécifiquement à garantir le droit de vote des Afro-Américains, en interdisant les pratiques d'obstruction, comme les tests de lecture ou les taxes de vote, largement appliquées pour priver les Noirs de leurs droits électoraux.

• Le Civil Rights Act de 1968. - Également connu sous le nom de Fair Housing Act, cette loi interdisait la discrimination dans l'achat, la location et le financement de logements.

Black Lives Matter et l'héritage du mouvement des droits civiques.
Le mouvement des droits civiques visait à mettre fin à la ségrégation raciale et à garantir les droits fondamentaux des Afro-Américains, notamment le droit de vote, l'égalité d'accès aux lieux publics et la protection contre la discrimination. Le mouvement Black Lives Matter (BLM), lancé en 2013, s'inscrit dans cette lignée en dénonçant la violence systémique et les injustices raciales, notamment les brutalités policières. Une des principales préoccupations de BLM est la violence policière envers les Afro-Américains, qui reste une question centrale depuis les mouvements des droits civiques. Des événements tragiques comme l'assassinat de George Floyd ont ravivé les débats sur la brutalité policière, similaire aux manifestations contre des violences policières dans les années 1960.

BLM utilise des stratĂ©gies d'engagement communautaire et des mĂ©thodes de mobilisation qui rappellent celles du mouvement des droits civiques. Les manifestations, les campagnes sur les rĂ©seaux sociaux et les initiatives de sensibilisation font Ă©cho aux actions de protestation et aux marches organisĂ©es par des figures emblĂ©matiques comme Martin Luther King Jr. et Rosa Parks. BLM ajoute Ă  cela une approche intersectionnelle, prenant en compte non seulement la couleur de peau (celle-ci Ă©tant Ă©rigĂ©e, dans la sociĂ©tĂ© amĂ©ricaine, structurĂ©e par le racisme, en un critère pertinent pour dĂ©finir un groupe social), mais aussi le genre, l'orientation sexuelle et d'autres identitĂ©s. Cela Ă©largit le cadre de la lutte, en incluant des problĂ©matiques contemporaines telles que les droits des femmes, des LGBTQ+, et d'autres minoritĂ©s,  et partant enrichit le discours sur les droits civiques. BLM Ă©largit aussi cette lutte pour inclure des enjeux tels que la justice Ă©conomique, la santĂ©, l'Ă©ducation, et l'accès au logement, soulignant que les inĂ©galitĂ©s raciales sont interconnectĂ©es avec d'autres formes d'oppression.

Figures marquantes du Mouvement des droits civiques

• Martin Luther King Jr. - Pasteur et activiste, King est sans doute la figure la plus célèbre du Mouvement des droits civiques. Connu pour son discours I Have a Dream (1963), il a mené la marche sur Washington pour l'emploi et la liberté, plaidant pour la non-violence inspirée de Gandhi. Son travail a mené au Civil Rights Act de 1964 et au Voting Rights Act de 1965, des lois majeures en matière de droits civiques.

• Rosa Parks. - Militante pour les droits civiques, souvent surnommée "la mère du mouvement des droits civiques". En 1955, elle a refusé de céder son siège à un passager blanc dans un bus à Montgomery, Alabama, déclenchant le boycott des bus de Montgomery, un événement décisif dans la lutte contre la ségrégation. Son acte de résistance pacifique a galvanisé le mouvement et a contribué à la déségrégation des transports publics.

• Malcolm X. - Leader et porte-parole de la Nation of Islam avant de s'en séparer, il défendait l'autodéfense et le nationalisme noir. En tant qu'orateur charismatique, Malcolm X a mis en avant une approche plus radicale que celle de King, appelant les Afro-Américains à se défendre face à l'oppression raciale. Son message a inspiré une nouvelle génération de militants et a contribué à la formation de mouvements comme le Black Power.

• John Lewis. - Activiste et membre du Congrès amĂ©ricain, il Ă©tait l'un des leaders des "Big Six" du mouvement. En tant que prĂ©sident du Student Nonviolent Coordinating Committee (SNCC), il a 

participé à des actions telles que la marche de Selma à Montgomery, où il a été violemment réprimé lors du "Bloody Sunday". Son engagement pour les droits de vote a contribué à l'adoption du Voting Rights Act de 1965.

• Medgar Evers. - Secrétaire de la NAACP dans le Mississippi, il a été un pionnier dans la lutte contre la ségrégation dans le Sud. Evers a mené des campagnes contre la ségrégation dans les universités et les lieux publics, et a été assassiné en 1963 pour ses activités. Sa mort a mobilisé davantage le Mouvement des droits civiques et a attiré l'attention sur les violences subies par les militants.

• Ella Baker. - Organisatrice de base, elle a joué un rôle fondamental dans le développement de la NAACP, du SCLC et du SNCC. Partisane de la démocratie participative, elle a soutenu l'engagement des jeunes et a aidé à organiser des sit-ins et des freedom rides. Son travail en coulisses a permis la formation de nombreux militants, en particulier des jeunes, qu'elle a inspirés par son idéologie de leadership de base.

• Thurgood Marshall. - Avocat et juge, il fut le premier Afro-Américain à siéger à la Cour suprême des États-Unis. En tant qu'avocat pour la NAACP, il a plaidé dans l'affaire historique Brown v. Board of Education (1954), qui a mis fin à la ségrégation dans les écoles publiques. Sa victoire a été une percée juridique majeure contre la ségrégation raciale.

.

 
.


[Histoire politique][Biographies][Cartothčque]
[Aide][Recherche sur Internet]

© Serge Jodra, 2024. - Reproduction interdite.