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Louis LĂ©on CĂ©sar
Faidherbe
est un général français, né à Lille
le 3 juin 1818, mort Ă Paris le 29 septembre
1889. Fils d'un petit commerçant, il fit ses études au collège de Lille,
y remporta de grands succès dans les mathématiques et obtint ainsi une
bourse au collège royal de Douai. En 1838, il entrait à l'École polytechnique.
Après avoir passé par l'école d'application de Metz
(1840), il fut nommé lieutenant au 1er
régiment du génie (1842). Il servit, de 1842 à 1847, en Algérie
où il prit part notamment à l'expédition du Chélif. En 1848, il obtint
un emploi militaire à la Guadeloupe et commença à se passionner pour
les études coloniales. Revenu en Algérie (1849-1852), il fut chargé
de la direction des travaux de fortification de Bou-Saada et participa,
sous Saint-Arnaud, à l'expédition de la Petite Kabylie
(1851). Sous-directeur du génie au Sénégal (1852), il fut promu chef
de bataillon le 16 décembre 1854 et chargé du gouvernement du Sénégal.
Il occupa ce poste jusqu'au 4 décembre 1861 et de nouveau du 14 juillet
1863 au 11 juillet 1865.
Durant ces dix années de séjour, Faidherbe
organisa complètement la colonie dont il étendit considérablement le
territoire par des expéditions habilement conçues et audacieusement menées.
En 1855, il faisait campagne dans le Oualo, combattait les Maures Trarzas
et réussissait, après de nouvelles campagnes en 1857, à leur imposer
un traité de paix (20 mai 1858). En 1855 encore, il entamait une lutte
avec le fameux prophète El Hadj Omar. Après avoir ravitaillé Bakel (1856),
délivré Médine (18 juillet 1857), pris Somson Tata, pris et détruit
Khana et Makounou (1857) et mené à bonne fin une dernière campagne (1858-1859),
il conclut avec Omar une paix avantageuse (traité de 1863). Enfin, il
dirigeait les expéditions heureuses de Nguik (1856), contre les Djobas
(1857), de la Casamance (1859) et une partie de la guerre du Cayor qui
ne nécessita pas moins de quatre campagnes (1861-1865). En somme, en dix
ans, il battit les Ouolof de la Côte, les Maures du Sénégal, les Toucouleurs
du Fouta, les Malinkés et les Serères, arrêta l'invasion musulmane
et conquit un territoire presque aussi vaste que la France (La
conquête française du Soudan).
En même temps, Faidherbe avait organisé
des voyages d'exploration vers le bas Niger, dans l'Adrar et le Fouta Djallon
et trouvé encore le temps de créer toute une administration, d'embellir
Saint-Louis, de creuser le port de Dakar
et de doter la colonie d'écoles, de casernes, de postes, de télégraphes,
d'hôpitaux et même d'un musée. D'une santé fort précaire, il dut demander
son rappel et demeura en disponibilité à Alger
jusqu'en 1867. Il avait déjà commandé, de 1861 à 1863, la subdivision
de Sidi-bel-Abbès, avant son retour au Sénégal avec le grade de général
de brigade (20 mai 1863). En 1867, il reçut le commandement de Bône (Annaba)
qu'il occupa jusqu'Ă la guerre franco-allemande de 1870. Il sollicita
alors un emploi à l'armée du Rhin. Mais l'Empire lui enjoignit de regagner
son poste d'Algérie.
Après Sedan,
il fut promu divisionnaire (23 novembre 1870), et presque aussitôt nommé
commandant en chef de l'armée du Nord (3 décembre). Dès le 8, il entamait
les opérations. Il enlève Ham
et, après avoir renoncé à attaquer La Fère, essaye de reprendre Amiens.
Cette démonstration oblige Manteuffel à rappeler ses troupes de Normandie
et à les concentrer à Amiens. Faidherbe, le 23 décembre, lui livre la
sanglante bataille de Pont-Noyelles, qui reste indécise, mais force l'armée
allemande Ă demeurer sur la Somme et sauve Le Havre. Il bat en retraite
le 24 décembre, établit ses troupes derrière la Scarpe, la droite appuyée
à Arras, la gauche à Douai (27 décembre),
puis il tente de délivrer Péronne,
bat les Prussiens Ă Bapaume (3 janvier 1871)
et, faute de cavalerie, ne peut poursuivre son avantage. PĂ©ronne capitule
le 10 janvier et Faidherbe marche alors sur Saint-Quentin
où le colonel Isnard entre le 16 janvier. Le 19, le général von Goeben
lui livre une grande bataille. Après une lutte désespérée, Faidherbe
bat en retraite devant une artillerie supérieure. Il fait alors camper
son armée à l'abri des places de Nord : Cambrai,
Douai,
Valenciennes,
Arras
et Lille. Voici comment un contemporain a apprécié cette campagne :
« L'honneur
de cette lutte revient tout entier à Faidherbe, car, coupé dans ses communications
avec le reste de la France, il dut se suffire Ă lui-mĂŞme. A la fois administrateur
et capitaine, il organisa et entretint l'armée du Nord. Il fit d'ailleurs
de ses forces restreintes un emploi tel que ses coups eurent le mĂŞme retentissement
que s'ils avaient été portés par des armées plus nombreuses » (Freycinet).
Très populaire, Faidherbe fut élu spontanément
représentant de la Somme aux élections du 8 février 1871 (108 388 voix).
Fort souffrant, il demanda à être relevé de son commandement et, aux
élections complémentaires du 2 juillet 1871, accepta une candidature.
Élu par la Somme (96 196 voix), par le Nord (151 470 voix) et par
le Pas-de-Calais (103 348 voix), opta pour le Nord et siégea à gauche
de l'Assemblée nationale. Le 20 août, il démissionnait après son vote
sur le pouvoir constituant, «-l'Assemblée
s'attribuant d'autres pouvoirs que ceux qu'elle avait reçus des électeurs-».
-
Louis
Faidherbe.
Faidherbe s'occupa alors d'Ă©tudes philosophiques
et archéologiques pour lesquelles il avait toujours eu un goût prononcé
et accomplit une mission dans la Haute-Egypte
oĂą il releva les inscriptions libyques.
Conseiller général du Nord depuis 1870, il posa, en 1876, sa candidature
au Sénat. Il échoua, mais le 5 janvier 1879, il était élu sénateur
du Nord après une lutte très vive. Il fut prié peu après d'accepter
le portefeuille de la guerre qu'il refusa pour raison de santé. Atteint
de paralysie, il participa rarement aux séances de la Chambre haute et
l'on remarqua fort son vote dans la question de l'expulsion des princes
(22 juin 1886), vote que la droite l'obligea de porter à la tribune courbé
dans son fauteuil mécanique. Il ne se représenta pas aux élections de
1888. Son dernier acte politique fut une lettre, rendue publique, dans
laquelle il se prononçait violemment contre le boulangisme.
Ses fonctions de grand chancelier de la
Légion d'honneur, que le gouvernement lui avait confiées le 29 février
1880, l'occupaient davantage. Faidherbe réforma sérieusement l'administration
de la chancellerie, réduisit les dépenses et étudia avec Gréard les
modifications Ă apporter aux Ă©tablissements d'Ă©ducation de Saint-Denis,
des Loges et d'Ecouen. Élu membre libre de l'Académie
des inscriptions et belles-lettres le 4 avril 1884, il passa ses dernières
années en studieuses occupations, luttant avec courage contre des souffrances
incessantes et de plus en plus vives. Le gouvernement lui décerna des
funérailles nationales. Après une imposante cérémonie
aux Invalides, son corps fut transporté
à Lille où un monument lui a été élevé. Un autre monument en bronze
lui a été élevé à Saint-Quentin et un autre à Bapaume
(1891), et, de son vivant (1877), sa statue a été érigée sur une des
places de Saint-Louis du Sénégal. (R.
S.).
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En
Librairie - Alain Coursier, Faidherbe,
du Sénégal à l'Armée du Nord, Tallandier, 1989.
En
bibliothèque - Le général Faidherbe
a écrit : Notice sur la colonie du Sénégal et sur les pays qui sont
en relation avec elle (Paris, 1859, in-8); l'Avenir du Sahara et
du Soudan (1863, in-8); Chapitres de géographie sur le nord-ouest
de l'Afrique (1865, gr. in-8); Collection complète des inscriptions
numidiques (libyques) avec des aperçus ethnographiques
(1870, in-8) ; Nouvelles Inscriptions numidiques de Sidi-Arrath
(1872, in-8); Bases d'un projet de réorganisation d'une armée nationale
(Toulon, 1871, in-8); Campagne de l'armée du Nord en 1870-1871
(Paris, 1811, in-8); Réponse à la relation du général von Goeben
(1873, in-8); les Dolmens d'Afrique (1873, in-8); Épigraphie
phénicienne (1873, in-8); Essai sur la langue poul, grammaire et
vocabulaire (1875, in-8); le Zenaga des tribus sénégalaises. Contribution
à l'étude de la langue berbère (1877, in-8); Langues sénégalaises
: wolof, arabe-hanania, soninké, serère (1887, in-16); le Sénégal;
la France dans l'Afrique occidentale (1889, in-8), de nombreuses et
intéressantes études d'archéologie, d'ethnographie, de linguistique,
de géographie, comme : Voyage des cinq Nasamons, d'après Hérodote
(1867); Mémoire sur les éléphants des armées carthaginoises (1867);
Recherches
anthropologiques sur les dolmens de Rokmia (1869); Instructions
sur l'anthropologie de l'Algérie (1874); Tombouctou
et les grandes voies commerciales de l'Afrique (1884); la Langue
française dans nos colonies (1884); Sur les Tombeaux mégalithiques
et sur les blonds de la Libye (1870); le Soudan français (1884),
etc.; enfin, des Ă©tudes militaires : la Bataille de Saint-Quentin,
la Bataille de Pont-Noyelles, etc., tous articles publiés soit
dans le Bulletin de la Société de géographie de Paris, dans l'Annuaire
du Sénégal, dans le Moniteur du Sénégal, les Annales
sénégalaises, le Bulletin de la Société de géographie de
Lille, la Revue scientifique, le Temps, etc.
Brosselard, Biographie du général Faidherbe, dans Bulletin
de la Société de géographie de Lille, 1890, n'° 1. - Brunel, le
Général Faidherbe; Paris, 1890, in-4. - H. Wallon, le Général
Faidherbe, lecture à l'Académie des inscriptions, nov. 1892. |
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