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Histoire de l'art > La peinture |
La peinture flamande |
L'école flamande de peinture date de la fin du XIVe siècle. Antérieurement à cette époque, c'était l'école allemande, dite de Cologne, qui florissait dans les Pays-Bas. La peinture flamande reconnaît pour ses premiers chefs deux frères, Hubert et Jean Van Eyck, qui, attirés à la cour des ducs de Bourgogne, s'établirent à Bruges, d'où le plus jeune des deux frères reçut le nom de Jean de Bruges (L'école de Bruges). Cet artiste, à qui l'on a attribué l'invention de la peinture à l'huile, abandonna les formes typiques et traditionnelles de l'école de Cologne, pour puiser ses inspirations principalement dans la nature; aux figures isolées, disposées symétriquement, il substitua les mouvements de la vie réelle, et, au lieu de peindre sur fonds d'or, il ouvrit à l'oeil du spectateur les profondes perspectives du monde visible. - Hugo van der Goes : l'Adoration des bergers (ca. 1480). Ainsi, dès le début, la peinture est, pour les Flamands, l'art de représenter; ils se livrent au naturalisme, qui sera jusqu'à à la fin le caractère essentiel de leur école. Les scènes religieuses elles-mêmes sont placées dans des paysages ou dans des intérieurs; ce sont déjà des tableaux de genre. La richesse et la force politique de la bourgeoisie en Flandre étaient de nature à fortifier cette tendance vulgaire de l'art flamand. Les frères Van Eyck eurent beaucoup d'élèves ou d'imitateurs, qui cultivèrent aussi la peinture religieuse; mais il n'est pas certain que tous ceux qui sont cités comme tels aient été réellement à leur école. Nous citerons Gérard Van der Meire, Hugo Van der Goës, Rogier Van der Weyden ou Roger de Bruges, Josse ou Juste de Gand, dont les ouvrages présentent un même caractère de roideur et d'austérité. Au XVe siècle, la peinture flamande prit plus de grâce et de charme sous l'impulsion de Hans Memling, Memmelinck ou Hemling, de Thierry Stuerbout, fondateur d'une école à Louvain, et de Quentin Metsys, qui donna dans ses tableaux une place plus grande à la figure humaine que ne l'avaient fait ses prédécesseurs. Puis, l'école primitive jetait son dernier éclat avec Claeyssens, Pierre Pourbus, Franz Pourbus dit le Vieux, et Franz Pourbus le Jeune. Tandis que l'art flamand s'enfonçait dans son réalisme, l'Italie accomplissait de merveilleux progrès, auxquels nul pays ne pouvait rester entièrement étranger. Les artistes listes de la Flandre au XVIe siècle allèrent étudier ces chefs-d'oeuvre nouveaux, et devinrent imitateurs. Gosaert ou Jean de Maubeuge, généralement connu sous le nom de Mabuse, est un des premiers chez qui se fasse sentir l'influence italienne. Raphaël et les autres peintres de l'école romaine ont été les modèles de Bernard Van Orley, Michel Van Coxcie, Susterman dit Lambert Lombard; Frans Floris s'attacha aux oeuvres de Michel-Ange, Martin de Vos aux peintres vénitiens, Othon Van Veen au genre du Corrège. La famille des Francken, Kart Van Mander, Bartholomé Spranger, sont aussi des imitateurs de l'art italien. En revanche, Denis Calvaert s'établit en Italie, et ouvre à Bologne une école, d'où doivent sortir le Guide, l'Albane et le Dominiquin. L'art flamand perdait son originalité et ses qualités natives, lorsqu'une révolution, préparée par Adam Van Noort, fut opérée avec éclat par Rubens au XVIIe siècle. Rubens, héritier des forces créées avant lui, se les approprie et en tend le ressort jusqu'à la violence, pour produire des effets d'une puissance inconnue. II a accommodé en quelque sorte à la tradition flamande les qualités des diverses écoles. Il conçoit un certain idéal de la beauté; mais cet idéal n'a pas la pureté qu'on lui trouve dans l'école romaine. Rubens vise comme Michel-Ange aux formes grandioses et mouvementées, mais il a moins de grandeur et moins de science. II dessine, non avec vigueur, mais avec verve, et son coloris éclatant affecte les luisants et les reflets. On reconnaît l'art flamand dans la nature un peu vulgaire qu'il représente : il fait de la peinture héroïque et chevaleresque, mais ses hommes d'une stature athlétique ont une expression commune; ses femmes ont une carnation brillante, mais un éclat tout matériel, et leur fraîcheur n'est point accompagnée de distinction et de gràce. Rubens à produit plus de 1600 ouvrages, tableaux, dessins, gravures, etc.; son influence a été souveraine sur son siècle, et il compta un grand nombre de disciples et d'imitateurs. Dans la peinture historique, on peut citer Van Dyck, Jordaëns, Gaspard de Crayer, Gérard Seghers, les Van Oost, Abraham Janssens, Théodore Rombouts, Corneille Schut, Van Thulden, Diepenbeck, Corneille de Vos, Erasme Quellyn. Dans le portrait, Rubens eut encore pour élève Van Dyck; mais François Hals n'est pas de son école. Autoportrait, par Paul Bril. Le paysage et la peinture de genre ont eu d'illustres représentants en Flandre. Parmi les paysagistes, on distingue, au XVIe siècle, Henri de Bles, Joachim de Patinir (Patenier), Pierre Breughel dit le Vieux ou le Drôle, Hans Bol, Gilles de Coninxloo, les frères Mathieu et Paul Bril; au XVIIe, Pierre Breughel le Jeune ou Breughel d'Enfer, Jean Breughel de Velours, Jacques Fouquières, Lucas Van Uden, Jacques Van Artois, Cornélis Huysmans, Van Bloemen. Paysans devant une auberge de village, par Josse van Craesbeeck (1640). Vers la fin du XVIIe siècle commença le déclin de l'école flamande. Le pays fut depuis lors le théâtre des grandes guerres européennes, et l'esprit national s'éteignit bientôt sous la domination étrangère. Ce qui restait d'artistes en Belgique émigra : Van der Meulen alla peindre les batailles de Louis XIV, Philippe de Champagne se rendit également à Paris, Nicolas Vlenghels accepta la direction de l'Académie de France à Rome, et Gérard de Lairesse émigra à Amsterdam. L'école française de Watteau et de Boucher, puis celle de David, déteignirent sur l'art flamand sans le vivifier, et un seul peintre, Herreyns, presque oublié aujourd'hui, parce qu'il a laissé peu d'ouvrages, essaya de continuer les anciennes traditions. Au milieu du vide général, Lens, Van Brée, les paysagistes Antonissen, Ommeganck, Denis, n'ont guère obtenu qu'une réputation locale. L'art n'a repris quelque éclat qu'à partir du milieu du XIXe siècle. (B.).
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