|
Les
langues
nilo-sahariennes forment une grande famille de langues parlées principalement
en Afrique centrale et orientale. La famille
nilo-saharienne comprend plus de 200 langues, divisées en plusieurs groupes
distincts, tels que les langues soudaniques centrales, les langues nilotiques,
les langues sahariennes, et bien d'autres. Les langues nilo-sahariennes
sont parlées dans des pays comme le Soudan,
le Tchad, le Niger, l'Ouganda, le Kenya,
l'Éthiopie, le Mali et la Tanzanie. Parmi
les langues les plus parlées figurent le dinka, le nuer et le luo.
Les langues nilo-sahariennes
présentent une grande hétérogénéité, ce qui rend leur classification
complexe. Il existe encore des débats parmi les linguistes quant à la
validité même de cette famille et à la manière de la structurer. Certains
groupes de langues traditionnellement inclus dans cette famille pourraient
appartenir Ă d'autres familles linguistiques ou constituer des isolats.
On distinguera ici plusieurs groupes principaux :
• Les
langues nilotiques. - Ce sous-groupe est parmi les plus connus. On
y retrouve les langues parlées par les populations
nilotiques, comme les Dinkas, les Nuers et les Luo. Ces langues sont
principalement parlées au Soudan du Sud,
au Kenya, en Ouganda et en Tanzanie.
• Les langues
sahariennes. - Parlées principalement dans le désert du Sahara,
ce sous-groupe comrend des langues comme le kanouri (parlé autour du lac
Tchad) et le téda.
• Les langues
soudaniques centrales. - Elles sont parlées au Tchad,
en République centrafricaine, et dans certaines régions du Soudan. Le
baguirmi et le sara en sont des exemples.
• Les langues
komanes et kunamas. - Ces langues sont principalement parlées dans
la région frontalière entre l'Éthiopie
et le Soudan.
• Les langues
songhaï. - Surtout utilisées au Niger, au Mali, au Burkina
Faso et en partie au Nigeria. On range
notamment dans ce groupe le songhaĂŻ, le zarma et le koyraboro senni.
Beaucoup de langues
nilo-sahariennes sont en danger d'extinction en raison de la dominance
de langues plus majoritaires comme l'arabe ou l'anglais
dans certaines régions. Cependant, certaines populations continuent de
préserver et de transmettre leur langue maternelle.
Les langues nilotiques
Les langues nilotiques
sont principalement parlées en Afrique de l'Est par des populations vivant
au Soudan, en Ouganda, au Kenya, en Tanzanie,
en Éthiopie et au Soudan du Sud. Elles se divisent en trois groupes principaux
: les langues nilotiques orientales, occidentales et méridionales.
• Langues
nilotiques orientales. - Principalement parlées dans le nord-ouest
du Kenya, le sud de l'Éthiopie et en Ouganda. Exemples : le turkana, le
teso, le karimojong.
• Langues nilotiques
occidentales. - Parlées au Soudan du Sud, en Ouganda et dans certaines
régions du Kenya. Exemples : le luo (parlé au Kenya et en Tanzanie),
le dinka, le nuer.
• Langues nilotiques
méridionales. - Parlées principalement dans le centre et le
sud du Kenya ainsi qu'en Tanzanie. Exemples : le maasaĂŻ, le kalenjin,
le samburu.
Les langues nilotiques
partagent certaines caractéristiques linguistiques communes, comme une
structure verbale complexe avec de nombreux aspects et temps, l'utilisation
de la tonalité pour distinguer le sens des mots, une structure de phrase
généralement de type sujet-verbe-objet (SVO).
Les locuteurs des
langues nilotiques sont généralement des populations pastorales, comme
les MaasaĂŻ et les Dinka, qui jouent un rĂ´le important dans la vie sociale
et culturelle de l'Afrique de l'Est. Ces langues portent Ă©galement une
grande richesse de traditions orales.
Les langues sahariennes.
Les langues sahariennes
sont principalement dans la région du Sahara central, notamment au Tchad,
au Niger, en Libye et dans le sud de l'Algérie.
Ce groupe linguistique est relativement restreint, mais comprend quelques
langues importantes, dont certaines sont menacées. Les langues sahariennes
se divisent en deux branches principales :
• Langues
de l'Est.
+ Le
kanouri. - C'est la plus importante des langues sahariennes en termes
de nombre de locuteurs. Le kanouri est principalement parlé autour du
lac Tchad, au Nigeria, au Niger, au Tchad et au Cameroun.
Il existe plusieurs dialectes, dont le kanouri central et le manga kanouri.
+ Le kanembou.
- Parlé principalement au Tchad, le kanembou est proche du kanouri et
historiquement associé à l'empire du Kanem-Bornou.
• Langues de l'Ouest.
+ Le tedaga
et le dazaga ( = toubou) . - Ces langues sont parlées par
les Toubous, principalement au nord du Tchad, au sud de la Libye, au Niger
et dans des zones frontalières de l'Algérie. Les Toubous sont un groupe
nomade, ce qui explique la répartition géographique de ces langues.
Les langues sahariennes
sont tonales, ce qui signifie que la hauteur des sons (ton) influence le
sens des mots. La morphologie verbale est relativement simple comparée
Ă d'autres groupes nilo-sahariens, avec une conjugaison ordinairement
basée sur des préfixes et des suffixes. La structure de phrase dominante
est généralement sujet-verbe-objet (SVO).
Les peuples sahariens,
tels que les Kanouri et les Toubous, ont une riche histoire, marquée par
des civilisations anciennes comme l'empire du Kanem-Bornou. Les langues
sahariennes sont liées à cette histoire et reflètent l'interaction entre
les cultures subsahariennes et nord-africaines. Le kanouri, par exemple,
a joué un rôle majeur comme langue de commerce et d'administration dans
la région. Aujourd'hui, ces langues font face à l'influence croissante
des langues majeures comme l'arabe et le français,
ainsi que la marginalisation socio-Ă©conomique des popuations sahariennes.
Cela a entraîné une diminution du nombre de locuteurs dans certaines
régions, rendant certaines de ces langues vulnérables à l'extinction.
Les langues soudaniques
centrales.
Les langues soudaniques
centrales sont principalement parlées en Afrique centrale, notamment en
RĂ©publique centrafricaine, au Soudan du Sud, au Tchad, et dans certaines
régions de la République démocratique
du Congo. Ce groupe linguistique est très diversifié et comprend
un grand nombre de langues, généralement parlées par des populations
relativement petites. On distingue deux branches principales :
• Groupe
sara-bongo-baguirmi. - C'est l'un des sous-groupes les plus importants.
Il comprend plusieurs langues parlées dans le sud du Tchad, le nord de
la RĂ©publique
centrafricaine et les régions avoisinantes.
Ex. : Le sara (avec plusieurs dialectes comme le ngambay, le madjingay,
etc.), le bongo, le baguirmi, le mbay.
• Groupe kresh-ndu.
- Ce groupe est principalement parlé au Soudan du Sud et dans les régions
limitrophes. Ex. : Le kresh, le ndogo, le golo, le bai.
La plupart des langues
soudaniques centrales sont tonales. La structure des phrases peut varier,
mais la forme Sujet-Verbe-Objet (SVO) est courante. Ces langues présentent
une complexité morphologique modérée, avec des systèmes de classes
nominales dans certaines langues et une conjugaison verbale qui peut impliquer
des préfixes et des suffixes.
Les locuteurs des
langues soudaniques centrales sont majoritairement des populations agricoles
vivant dans des zones rurales. Ces langues véhiculent une riche tradition
orale, incluant des récits, des chants, et des systèmes de croyances
ancestrales. Certaines de ces langues, comme le sara ngambay au Tchad,
sont relativement bien établies et parlées par de larges populations.
Toutefois, beaucoup d'autres sont menacées en raison de la migration,
de l'urbanisation et de l'influence croissante des langues dominantes telles
que le français, l'arabe ou d'autres langues
nationales. La marginalisation socio-Ă©conomique des locuteurs, l'absence
de reconnaissance officielle et le manque de ressources pour l'Ă©ducation
dans ces langues compromettent leur survie.
Les langues songhaĂŻ.
Les langues songhaĂŻ
sont parlées principalement en Afrique de l'Ouest, autour du fleuve Niger.
Elles sont surtout utilisées au Niger, au Mali, au Burkina Faso et en
partie au Nigeria. Parmi les langues songhaĂŻ les plus connues, on trouve
:
• Le
songhaĂŻ - C'est la langue principale
du groupe. Elle est parlée principalement dans la région de Gao
au Mali et dans le nord du Niger. Elle a plusieurs dialectes, dont le dialecte
de Gao et le dialecte de Niamey.
• Le koyraboro
senni - Parlée au Mali, au sud de la région de Gao, cette langue
est aussi connue sous le nom de songhaĂŻ du Sud.
• Le zarma (ou
djerma) - Parlé principalement au Niger, notamment autour de Niamey,
le zarma est l'une des principales langues utilisées dans la région.
Les langues songhaĂŻ
sont généralement caractérisées par un système tonal. Elles sont importantes
pour l'identité culturelle et l'histoire des populations qui les parlent
et elles continuent Ă jouer un rĂ´le important dans la vie quotidienne
de ces régions.
Les langues komanes
et kunamas.
Les langues komanes
et kunamas sont principalement parlées dans des régions situées dans
l'est de l'Afrique et ont des caractéristiques spécifiques qui les distinguent
sensiblement des autres langues nilo-sahariennes. Elle sont généralement
décrites comme étant assez isolées, avec peu de relations claires avec
d'autres langues nilo-sahariennes.
• Les
langues komanes ( = koman). - Ces langues sont principalement parlées
dans la région qui borde le sud du Soudan et le nord du Soudan du Sud,
ainsi que dans certaines parties de l'Éthiopie. Elles utilisent la tonalité
pour différencier le sens des mots, ce qui est une caractéristique commune
dans les langues nilo-sahariennes. Elles présentent des systèmes de classes
nominales et des structures verbales complexes. Ex. : le Komo, parlé principalement
dans la région de la vallée du Nil au Soudan; le Koma, une autre langue
importante dans cette branche, parlée au Soudan du Sud et en Éthiopie.
• Les langues
kunamas. - Ces langues sont principalement parlées dans la région
du Soudan du Sud et le nord-est du Tchad. Comme beaucoup de langues nilo-sahariennes,
les langues kunamas utilisent des tons pour distinguer les significations.
Elles présentent des structures grammaticales assez complexes avec des
systèmes de classes nominales et des formes verbales riches. Exemples
: le kunama, parlé principalement dans le sud de l'Érythrée et au nord-ouest
du Tchad et qui est la langue la plus connue de ce groupe; le Kreda, arlé
principalement dans certaines régions du Soudan du Sud et au nord du Soudan.
Comme beaucoup de langues
minoritaires, les langues komanes et kunamas font face à des défis significatifs,
notamment la pression des langues dominantes telles que l'arabe ou l'anglais,
la modernisation, et les conflits régionaux. Ces défis peuvent mener
à un déclin des locuteurs et à une perte de patrimoine linguistique.
Initiatives de préservation.
Des efforts sont en cours pour documenter et revitaliser ces langues. Ces
efforts incluent des projets de recherche linguistique, des programmes
d'Ă©ducation en langues locales et des initiatives communautaires visant
Ă promouvoir l'utilisation des langues dans la vie quotidienne. |
|