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La langue songhaï
Le songhaï est une langue africaine qui appartient à la famille des langues nilo-sahariennes. Il possède plusieurs variétés dialectales, mais les variations  paraissent mineures, si l'on en excepte la différence de prononciation du d mouillé ou yodisé qui distingue le parler de Tombouctou et de Djenné de celui du Djerma; dans ce dernier pays on le prononce z, on dirait par exemple Zenné au lieu de Djenné. C'est  une langue facile, avec une syntaxe simple et un vocabulaire relativement réduit : en tout cas, le nombre des dérivés que l'on peut former d'un radical donné n'est pas considérable. Cela explique que le songhaï ait fait de copieux emprunts aux langues étrangères, à l'arabe, au tamacheq (les langues berbères), et surtout au peul et au mandingue. Ces emprunts d'ailleurs ne comportent que des mots, que le songhaï a adoptés tels quels, sans se préoccuper de leur formation. Tout naturellement, les mots étrangers ne sont souvent que d'un emploi local : beaucoup d'expressions arabes, couramment usitées à Tombouctou, sont à peu près inconnues à Say; de nombreux mots mandingues ont cours à Djenné qui ne sont pas compris à Gao; mais beaucoup aussi ont acquis définitivement et partout droit de cité et font partie aujourd'hui du vocabulaire songhaï, dont ils constituent presque le quart.

La formation des mots se fait sans flexion; il y a agglutinisme par suffixes (avec un exemple unique de préfixe : i devant l'adjectif attribut); juxtaposition de racines ou de radicaux. Il n'y a ni genres ni classes. Deux nombres distingués dans les pronoms et les noms seulement (dans les noms par l'addition d'un suffixe à la forme du singulier). Les  personnes indiquées par les pronoms sujets ; temps ou modes indiqués par particules ou auxiliaires préfixés; une seule voix  deux formes dérivées (l'intensive marquée par simple redoublement, la factitive ou causative indiquée par un suffixe). La négation est indiquée par une particule préfixée au verbe (na pour le passé, si pour le futur). L'interrogation recourt à particule interrogative signifiant « ou bien » (ouala) placée à la fin de la proposition.

Il existe des adjectifs propres et des adjectifs-participes formés d'un verbe par l'addition d'un suffixe. Le régime du nom se place avant ce nom sans particule d'union (en général le régime seul peut prendre la particule de détermination). Tous les régimes sont après le verbe, le régime indirect précédant en général le régime direct. L'équivalent de nos adjectifs possessifs est rendu au moyen du pronom préfixé au nom dont il est le régime; ce nom conserve en général la particule de détermination après lui. Il existe un relatif (ka, pluriel ka-yo ou ki), qui suit son antécédent soit immédiatement soit avec intercalement de la particule de détermination; lorsque le relatif est régime l'emploi du pronom de rappel est nécessaire.

L'infinitif suit le verbe, avec intercalement entre les deux d'une particule de liaison (ka) ; mais si le sujet logique de l'infinitif n'est pas le même que celui du verbe précédent, on remplace l'infinitif par un mode personnel. Le régime est avant la particule; le sujet avant le verbe; l'attribut se place après le verbe copulatif  tyi. Une particule de détermination (di) suffixée au nom joue exactement le rôle de notre article défini; le numéral peut jouer le rôle d'article indéfini. La numération est décimale. Le nom de nombre suit le nom, qui reste au singulier. 

Il y a des  voyelles pures et des voyelles nasalisées ; quelques voyelles nasales, mais pas très nettes. Le songhaï possède en outre les semi-voyelles w  et y et le ñ. Il y a des: terminaisons vocaliques et consonantiques; ces dernières, moins fréquentes que les premières, ne se présentent que par l, m, ñ, r, s ou une semi-voyelle. (Delafosse).

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