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Le Soudan occidental et central |
Le nom de Soudan
dérive de celui de Biled es-Soudan ( = Pays des Noirs) qui
a été donné par les Arabophones à une vaste région de l'Afrique moyenne
qui s'étend au Sud du Sahara sur à peu près 5 millions de km² . Dans
son ensemble, le Soudan forme une vaste plaine accidentée de collines
d'une altitude moyenne de 400 Ã 600 m, avec pourtant quelques massifs
isolés, sur le. pourtour du bassin du Tchad, dans l'Adamaoua (3000 m)
et le Dar-Four (4830 m). Le sol laisse émerger en bien des endroits des
roches cristallines, mais celles-ci sont généralement couvertes de sédiments
calcaires ou sablonneux, d'alluvions anciennes et modernes souvent ferrugineuses.
Les limites du Soudan sont un peu flottantes; du côté du Nord, c'est le désert, avec un certain doute sur l'attribution de la zone des terres légères, le Sahel, au Sahara ou au Soudan; à l'Ouest, les massifs montagneux du Fouta-Djalon et de la Sénégambie, mais on peut aussi rattacher au Soudan le bassin du Sénégal; au Sud. On regarde comme bornant le Soudan les hauteurs qui divisent le bassin, du Niger des bassins côtiers rattachés à la Guinée, puis la ligne de faite entre le bassin du Congo et ceux du Niger, du Tchad, du Bahr-el-Ghazal; à l'Est, la limite serait formée par les massifs éthiopiens. Cette appellation un peu vague de Soudan, distingué du Sahara par son climat et son régime de pluies tropicales plutôt que par son orographie, réunit donc des régions que l'on divise en trois groupes : le Soudan occidental comprenant les pays de l'Atlantique (ou du Senégal) au cours inférieur du Niger; et le Soudan central, comprenant le bassin du lac Tchad et les pays à l'Est du bas Niger, qui ont subi la colonisation française, et le Soudan oriental, comprenant le bassin moyen du Nil, qui a subi la colonisation égyptienne puis anglaise, et que l'on traitera dans la page consacrée également à la Nubie. Les principaux groupes, en allant de l'Ouest à l'Est, sont : les Ouolofs (Wolofs) et les Sérères, qi vivent essentiellement en Sénégambie; les Mandés ou Mandingues, qui occupent un vaste espace du Mali au Niger et Burkina Faso qui ont été les fondateurs en particulier de l'empire du Mali, construit sur les ruine du Ghâna, les Songhaï, également à l'origine d'un empire; les Mossi ou Moro, dans la boucle du Niger, et qui ont eux aussi formé de grands États, et, dans le Soudan central, autour du Lac Tchad, le populations du Bornou, de Ouadaï et du Baguirmi. |
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La
Sénégambie
Les Ouolofs et
les Sérères.
Le Sénégal et ses pays. Les Toucouleurs
et les Peuls.
Les informations manquent sur l'époque de la fondation du royaume du Sud-Est de l'actuelle Mauritanie qui donna plus tard (vers le VIIIe siècle) naissance à l'empire de Ghâna, et même sur l'origine de ses fondateurs. Les traditions locales, confirmées par les ouvrages des savants de Tombouctou et des historiens arabes, nous laissent seulement entendre que cet État remontait au moins au IVe siècle de l'ère chrétienne, que ses premiers souverains étaient probablement des Berbères, peut-être refoulés vers le Sud par la domination romaine au Maghreb, et que le pouvoir passa, un certain temps après l'hégire, entre les mains d'une famille du peuple des Soninké ou Sarakollé (Sarakole). Les auteurs arabes, par ailleurs, nous apprennent que l'empire du Ghâna, État de caractère essentiellement militaire à l'administration très structurée, et prospère grâce au commerce caravanier trans-saharien, notamment de l'or et du sel, était florissant aux IXe et Xe siècles de notre ère, que son déclin commença vers le milieu du XIe siècle sous la poussée conquérante et destructive des Almoravides, qui l'absorbèrent en 1076, que ses débris tombèrent sous le joug des Mandingues et que sa capitale, Kumbi, dernier vestige de sa gloire déchue, cessa d'exister à partir du milieu du XIIIe siècle environ. Les Sarakollé se réfugièrent plus au Sud. Il ne subsista du grand empire que deux petits États, le Diara et le Sosso . Les États mandé Les Mandingues ou Mandé ont historiquement leurs centres principaux au Ouassoulou, au Ouagadougou, dans le Kaarta et le Bakounou. Actuellement, ils sont répartis en trois fractions principales : Malinké, ayant pour tenné (c.-à -d. totem) l'hippopotame, Bammana ou Bambara ayant pour tenné le caïman et rétifs à l'islam; Soninké, Serakoulé ou Saracolets, musulmans de longue date. Ajoutez les Sousou, aujourd'hui dispersés, les Dioula, fraction musulmane très commerçante, et plusieurs tribus métissées. Dans leur ensemble, les Mandé peuplent les pays du haut Sénégal jusqu'à Bakel, de la Gambie, de la Guinée (excepté le Fouta-Djalon, du haut Niger et du moyen Niger jusqu'à Djenné, le Sud du Macina, le Kénédougou; ils sont aussi répandus par îlots dans tout le reste du Soudan occidental. Les Mandé ont été à l'origine de divers
États : en particulier ceux de Sousou (Soussou), ceux des Bambara, successivement
désagrégés; et en dernier lieu ceux de Samori (La
conquête française du Soudan)
et de Tiéba. Auparavant, les Mandé s'étaient associés aux Soninké
dans les pays du moyen Niger aux premiers siècles de l'ère chrétienne
avaient joué un rôle considérable dans le premier royaume songhaï;
après la conquête berbère, les Mandé, convertis à l'islam,
réagissent et se substituent aux Sanhadja (encadré ci-dessous). Mais
surtout, les Mandé furent les fondateurs du plus vaste empire qu'ait connu
l'Afrique
noire et de l'un des plus considérables qui aient existé dans le monde,
a été l'empire du Manding ou, pour employer le nom que nous ont légué
les historiens et géographes arabes, et qui n'est autre que la forme peule
du mot « Mandé », l'empire du Mali
ou Melli.
L'empire
du Mali.
L'État des Mandingues, dont le roi s'est converti à l'Islam vers le milieu du XIe siècle, a bénéficié de l'effondrement du Ghâna et a fondé sa croissance sur le commerce transsaharien des esclaves, du sel et surtout de l'or dont plusieurs gisements étaient exploités à proximité, notamment dans les mines du Bouré ou Bouté, le Bitou des auteurs arabes. L'agriculture, qui a bénéficié des terres fertiles de la boucle du Niger, a également contribué à la prospérité de cet empire. Au XIVe siècle, le roi Gongo-Moussa a porté l'empire à son apogée. Il englobe alors les cités-Etats de Tombouctou de Gao et de Djenné. La mauvaise gestion de ses successeurs et les coups qui lui sont portés de l'extérieur (Touareg, Songhaï, Mossi) précipitent son déclin dès le début du siècle suivant. Le dernier débris de l'empire du Mali sombrera au début du XVIIIe siècle. Les royaumes bambara
de Ségou et du Kaarta.
Vers 1660, le roi Biton Kouloubali venait de s'installer à Ségou. Le mansa du Manding, qui était alors Mama-Magan, voulut détruire dans son nid ce voisin qu'il devinait dangereux et, vers 1667, il vint mettre le siège devant la forteresse qu'avait élevée Biton. Le siège, durait encore en 1670 et Mama-Magan, désespérant d'en venir à bout, se retira en suivant la rive droite du Niger; Biton le poursuivit jusqu'à la hauteur de Niani, l'accula au fleuve et le força à conclure un traité aux termes duquel le souverain mandingue s'engageait à ne pas s'avancer dorénavant en aval de Niamina. Biton promettant de son côté de ne pas se porter en amont de ce point. Cet événement consacré définitivement le déclin de l'empire mandingue, qui, réduit désormais aux provinces malinké du haut Niger et de la haute Gambie, cessa de compter parmi les États puissants de l'Afrique noire. Biton s'était constitué une armée de métier à l'image de celle des askia, au moyen de ton-dion, ou esclaves du gouvernement, et une flottille d'État, en utilisant les pêcheurs dits Somono et leurs embarcations. Il assit solidement son autorité sur tous les pays compris entre Niamina et Djenné, s'empara du Bagana et imposa sa suzeraineté au Massina et à Tombouctou. Il mourut du tétanos en 1710, à la suite d'un accident, et avec lui finit sa dynastie. Son armée en effet massacra ses enfants et ses parents et s'empara du pouvoir; mais elle se divisa en clans dont les uns soutenaient le chef de l'infanterie et les autres le maître de la cavalerie, jusqu'à ce qu'un serviteur de l'ancienne famille royale, nommé Ngolo ou Molo Diâra, réussît à se faire proclamer roi et fonda une nouvelle dynastie (1750). L'un de ses successeurs, Monson (1792-1808), se rendit surtout célèbre par la guerre qu'il fit à ses congénères les Bambara du Kaarta et par une expédition punitive qu'il conduisit en 1803 à Tombouctou, à la suite du refus de cette ville de payer à Ségou son tribut annuel. Ce fut sous son successeur Da que le Macina s'affranchit de la suzeraineté bambara pour constituer un royaume indépendant sous le commandement du marabout peul Sékôu-Hamadou, de la famille des Bari ou Sangaré (1810). Ce dernier s'empara de Djenné, se construisit une capitale à Hamdallahi, sur la rive droite du Bani, et organisa sagement l'administration et les finances de son royaume. Il convertit à l'islam les Peuls qui jusqu'alors avaient obéi à l'ardo de la famille Diallo et réussit à substituer à Tombouctou sa propre influence à celle du roi bambara de Ségou. En fait il s'était emparé de Tombouctou en 1826 ou 1827, mais ses compatriotes y étaient détestés et la garnison peule qu'il y avait installée ne put y rester. Il ne devait avoir que deux successeurs , son fils Hamadou Sekou et son petit-fils, Hamadou-Hamadou, lequel fut vaincu et mis à mort en 1862 par le conquérant toucouleur El-Hadj Omar. Quant au royaume bambara de Ségou, il disparut à la même, époque et de la même façon que le royaume peul du Macina : El-Hadj Omar (Peuls et Toucouleurs) s'empara en effet de Ségou le 10 mars 1861 et, l'année suivante, il se saisit de la personne d'Ali, le dernier roi de la dynastie des Diâra, lequel s'était réfugié auprès de Hamadou-Hamadou, devenu, en face du danger commun, l'allié de ses anciens ennemis. Le royaume bambara du Kaarta avait eu une durée moins longue encore. Ses débuts remontent, comme ceux du royaume de Ségou, à 1660 ou 1670. Moins d'un siècle après, en 1754, le roi Sié s'emparait de Diâra. Ses successeurs se rendirent maîtres de la plupart des autres provinces situées au Nord du haut Sénégal et enlevèrent le Bambouk et Kita aux Mandingues. L'histoire des Songhaï est dominée par leurs luttes contre les Berbères sahariens du Nord et les populations du Golfe de Guinée. Elle commence à être connue à partir du IVe siècle environ, où l'on signale un royaume Songhaï, à peu près aux lieux où fut ensuite Tombouctou. Plusieurs fois envahis par les Berbères, leur roi, Kossoï, embrassa en 1009 l'islam, dont ils devinrent de zélés adeptes. Toutefois, l'autre centre songhaï, Gao, situé plus bas sur le Niger, au débouché d'une des grandes voies du commerce transsaharien, ne devint exclusivement musulman qu'au XIIe siècle, lors de la conquête du Soudan septentrional par les Almoravides. Lors du déclin de ceux-ci, les Songhaï furent subjugués par les Sousou, auxquels se substituèrent bientôt les princes de Mali, fondateurs au XIIIe siècle d'un grand empire. Au XIVe siècle, les princes Songhaï se révoltent et, après la prise de Tombouctou par les Touareg (1433), ils achèvent la défaite des Mandé, refoulés à l'Ouest. La seconde dynastie songhaï, dont la capitale fut Gao (1492), eut une brillante histoire : leurs rois, Ali Kolen le fondateur du second empire songhaï, puis Ali le Grand et Mohammed Touré, conquirent le Ghâna, le Oualata, le Bakhounou. Agadès. Mais en 1588, après un premier échec, une armée marocaine formée de mercenaires, les Roumas (Andalous, Berbères, etc.), armés de fusils, conduits par un pacha d'origine espagnole, conquit Tombouctou. La bataille de Tondibi, en 1591 finit de disloquer l'empire songhaï qui s'effaça de l'histoire. Les Mossi ou Moro occupent, depuis au moins le XIIIesiècle , semble-t-il, le pays où ils sont encore cantonnés, au centre de la boucle du Niger. C'est un fait remarquable, les autres peuples ayant été plusieurs fois déplacés et d'une manière générale refoulés; de l'Est et du Nord vers le littoral. Les Mossi, bien que demeurés attachés à leur religion traditionnelle, en majorité ont adopté plusieurs des traits culturels des Touareg. Ils ont fondé au XIIIe siècle, deux royaumes, ou plutôt deux confédérations de royaumes, qui chacune donnait à son souverain le titre de naba, : c'était les royaumes de Ouagadougou (fondé en 1220) et le Yatenga. Ils ont persisté jusqu'à l'époque coloniale . Les
Pays tchadiens
Par leur position géographique, ces États ont joué le rôle de pivots dans les relations avec les puissance arabophones du Nord et les régions de l'Afrique intérieure. Ils ont été les points de passage de la pénétration de l'Islam, et ont aussi jusqu'au début du XXe siècle, parcourus sans cesse par les caravanes armées des marchands arabes, qui étaient souvent des marchands d'esclaves. Il s'y formait d'ailleurs continuellement des bandes conduites par les pourvoyeurs des marchés d'esclaves, et qui s'attaquent victorieusement en général aux habitants sédentaires du pays et y entretenaient une anarchie constante le long des grandes routes. Convoités depuis
plusieurs décennies par les Européens, ces pays ont été conquis Ã
la fin du XIXe
siècle. La partie occidentale a été
l'objectif des Français. L'occupation du Sahel saharien au Nord de la
ligne de Saï (Say) à Barroua fut confiée à la mission Voulet-Chanoine
qui, après la révolte et la mort de ses chefs, fut continuée par Pallier
et Joalland, rejoints par la mission Foureau-Lamy à Zinder (1899).
lIs soumirent au Nord du lac Tchad le Kanem et opérèrent dans le Baguirmi
leur jonction avec Gentil venu par le Congo sur le Chari. Ces trois expéditions
françaises vainquirent et tuèrent à Kousseri le conquérant du Bornou,
l'aventurier Rabah, et levèrent ainsi leur dernier obstacle à l'occupation
du pays.
Le Soudan central et oriental. La mosaïque des chefferies Le rapide tour d'horizon que l'on vient de faire nous a contraints à laisser de côté quantité beaucoup populations intéressantes, répandues dans l'intérieur de la Boucle du Niger : les Dogon, sur lesquels Marcel Griaule et ses collaborateurs ont si bien attiré l'attention, et qui habitent, au Nord du Yatenga, au pied des falaises rocheuses de Bandiagara et de Hombori; les Samo, qui les avoisinent dans la direction du Sud-Ouest; les Foulsé, Nioniosse, Kipirsi, Nourouma, Sissala et autres groupes communément englobés sous le nom générique de Gourounsi; les Dagari, Birifo ou Birifor, Gbanian ou Gondja, Dagomba, Nankana et autres peuples proches des Mossi; les Bobo, Lobi, Dian et autres peuples; les Koulango de la haute Côte d'Ivoire orientale, les Soumba du haut Togo et du haut Dahomey, etc. On peut dire de tous ces peuples qu'ils n'ont, dans leur ensemble, pas formé d'Etats importants; à part quelques exceptions, il se sont organisés en structures centrées sur l'unité familiale ou réunies en chefferies (micro-royaumes), gouvernés par un souverain assisté d'un conseil de notables. Quoique voisins d'États puissants et bien organisés, comme les empires mossi et les royaumes du Gourma et du Bergo, habités par des populations apparentées, ils n'ont pas profité en général de ce voisinage; les uns se sont trouvés englobés comme sujets ou vassaux dans ces États, les autres sont demeurés en dehors, semblant n'avoir qu'un but, sauvegarder leur indépendance. Presque tous sont de merveilleux cultivateurs et l'attachement à la terre y est une institution solide et féconde. Il convient de mettre à part l'importante population des Sénoufo ou Siéna, répandue depuis la région de San et de Koutiala sur la rive droite du Bani jusqu'à celle de Bondoukou et du coude de la Volta Noire, où elle atteint la limite septentrionale de la grande forêt. En partie dégrossies par les Dioula établis parmi elles et qui souvent, comme à Sikasso et à Kong, ont exercé dans le pays une hégémonie durable, beaucoup de fractions sénoufo sont arrivées à constituer de petits États de superficie restreinte mais offrant de la cohésion et de la vitalité. L'industrie du fer et celle de la poterie, l'agriculture, l'art musical ont atteint chez certains Sénoufo un certain développement. Les indépendances Si l'on excepte la Gambie, britannique à partir de 1821, et le Bornou qui sera intégré au Nigéria, de même que les États haoussa, toute la région du Soudan Occidental et Central abordée ici a fait partie à l'époque coloniale de l'Afrique Occidentale française (1895) (à laquelle étaient aussi aussi plusieurs des États actuels du Golfe de Guinée), et à l'Afrique Équatoriale Française (1910) (Tchad). Des États indépendants ont été créés à partir des années 1960, avec les tracés des frontières hérités des anciennes divisons administratives du Soudan français. Il s'agit du Sénégal, de la Mauritanie (plus saharienne que soudanaise, mais dont le Sud-Est fut le centre de l'empire du Ghâna), du Mali, du Burkina Faso (anciennement Haute-Volta), du Niger et du Tchad; ces derniers pays étant géographiquement en partie sahariens et en partie soudanais. |
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