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L'histoire de l'Afrique
Le Soudan occidental et central
Le nom de Soudan dérive de celui de Biled es-Soudan ( = Pays des Noirs) qui a été donné par les Arabophones à une vaste région de l'Afrique moyenne qui s'étend au Sud du Sahara sur à peu près 5 millions de km² . Dans son ensemble, le Soudan forme une vaste plaine accidentée de collines d'une altitude moyenne de 400 à 600 m, avec pourtant quelques massifs isolés, sur le. pourtour du bassin du Tchad, dans l'Adamaoua (3000 m) et le Dar-Four (4830 m). Le sol laisse émerger en bien des endroits des roches cristallines, mais celles-ci sont généralement couvertes de sédiments calcaires ou sablonneux, d'alluvions anciennes et modernes souvent ferrugineuses. 

Les limites du Soudan sont un peu flottantes; du côté du Nord, c'est le désert, avec un certain doute sur l'attribution de la zone des terres légères, le Sahel, au Sahara ou au Soudan; à l'Ouest, les massifs montagneux du Fouta-Djalon et de la Sénégambie, mais on peut aussi rattacher au Soudan le bassin du Sénégal; au Sud. On regarde comme bornant le Soudan les hauteurs qui divisent le bassin, du Niger des bassins côtiers rattachés à la Guinée, puis la ligne de faite entre le bassin du Congo et ceux du Niger, du Tchad, du Bahr-el-Ghazal; à l'Est, la limite serait formée par les massifs éthiopiens. 

Cette appellation un peu vague de Soudan, distingué du Sahara par son climat et son régime de pluies tropicales plutôt que par son orographie, réunit donc des régions que l'on divise en trois groupes : le Soudan occidental comprenant les pays de l'Atlantique (ou du Senégal) au cours inférieur du Niger; et le Soudan central, comprenant le bassin du lac Tchad et les pays à l'Est du bas Niger, qui ont subi la colonisation française, et le Soudan oriental, comprenant le bassin moyen du Nil, qui a subi la colonisation égyptienne puis anglaise, et que l'on traitera dans la page consacrée également à la Nubie

Les principaux groupes, en allant de l'Ouest à l'Est, sont  : les Ouolofs (Wolofs) et les Sérères, qi vivent essentiellement en Sénégambie; les Mandés ou Mandingues, qui occupent un vaste espace du Mali au Niger et Burkina Faso qui ont été les fondateurs en particulier de l'empire du Mali, construit sur les ruine du Ghâna, les Songhaï, également à l'origine d'un empire; les Mossi ou Moro, dans la boucle du Niger, et qui ont eux aussi formé de grands États, et, dans le Soudan central, autour du Lac Tchad, le populations du Bornou, de Ouadaï et du Baguirmi.

La Sénégambie

Les Ouolofs et les Sérères.
Les Ouolofs  (Wolofs) ont, à partir des XIIe et  XVe siècles, été divisés en trois royaumes peu étendus, le Oualo avec son prince portant le titre de brak, le Djolof (Dyolof) avec son bour, le Cayor avec son damel, qui furent de tout temps remarquables par leur organisation et dont le second surtout ne fut pas sans jouer un rôle, important à plusieurs, reprises. Plus au Sud était le Baol, formé de groupements ouolofs et sérères obéissant à un roi qui portait le titre de tègne. Les Sérères (Serer), un groupe voisin des Ouolofs, mais depuis longtemps séparés, occupent le Saloum et le Baol et ont résisté à l'islamisation. Il ont notamment formé le grand royaume sérère du Sine, où l'agriculture fut toujours florissante.
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Sénégal
Le Sénégal et ses pays.

Les Toucouleurs et les Peuls.
Les Toucouleurs parlent une langue proche de celle Ouolofs et les Sérères et sont une composante sédentaire de l'ensemble des populations peules nomades (Peuls proprement dits) répandues dans tous le Soudan où ils ont formé plusieurs royaumes au XIXe siècle. Ils ont été à l'origine, au IXe siècle, d'un royaume, le Tekrour. Une première dynastie, celle des Dyago, y a régné jusqu'au siècle suivant. Lui a succédé une seconde dynastie, celle des Manna, au pouvoir jusque vers 1300, qui subit l'islamisation forcée des Almoravides. Au XIVe siècle, vient le tour de la dynastie Tondyon, et à partir du siècle suivant, celui d'une dynastie peule (ou formée à partir d'une alliance avec les Peuls nomades), relayée par la dynastie, elle aussi avec des affinités peules, mais plus durable, de Koli Tenguéla au XVIe siècle. Dans les années 1830, un Toucouleur, el-Hadj Omar, profitera des divisions apparues chez les Peuls pour en faire l'outil de la création d'un vaste mais éphémère royaume.

L'empire du Ghâna

Les informations manquent sur l'époque de la fondation du royaume du Sud-Est de l'actuelle Mauritanie qui donna plus tard (vers le VIIIe siècle) naissance à l'empire de Ghâna, et même sur l'origine de ses fondateurs. Les traditions locales, confirmées par les ouvrages des savants de Tombouctou et des historiens arabes, nous laissent seulement entendre que cet État remontait au moins au IVe siècle de l'ère chrétienne, que ses premiers souverains étaient probablement des Berbères, peut-être refoulés vers le Sud par la domination romaine au Maghreb, et que le pouvoir passa, un certain temps après l'hégire, entre les mains d'une famille du peuple des Soninké ou Sarakollé (Sarakole). Les auteurs arabes, par ailleurs, nous apprennent que l'empire du Ghâna, État de caractère essentiellement militaire à l'administration très structurée, et prospère grâce au commerce caravanier trans-saharien, notamment de l'or et du sel, était florissant aux IXe et Xe siècles de notre ère, que son déclin commença vers le milieu du XIe siècle sous la poussée conquérante et destructive des Almoravides, qui l'absorbèrent en 1076, que ses débris tombèrent sous le joug des Mandingues et que sa capitale, Kumbi, dernier vestige de sa gloire déchue, cessa d'exister à partir du milieu du XIIIe siècle environ. Les Sarakollé se réfugièrent plus au Sud. Il ne subsista du grand empire que deux petits États, le Diara et le Sosso .

Les États mandé

Les Mandingues ou Mandé ont historiquement  leurs centres principaux au Ouassoulou, au Ouagadougou, dans le Kaarta et le Bakounou. Actuellement, ils sont répartis en trois fractions principales : Malinké, ayant pour tenné (c.-à-d. totem) l'hippopotame, Bammana ou Bambara ayant pour tenné le caïman et rétifs à l'islam; Soninké, Serakoulé ou Saracolets, musulmans de longue date. Ajoutez les Sousou, aujourd'hui dispersés, les Dioula, fraction musulmane très commerçante, et plusieurs tribus métissées. Dans leur ensemble, les Mandé peuplent les pays du haut Sénégal jusqu'à Bakel, de la Gambie, de la Guinée (excepté le Fouta-Djalon, du haut Niger et du moyen Niger jusqu'à Djenné, le Sud du Macina, le Kénédougou; ils sont aussi répandus par îlots dans tout le reste du Soudan occidental.

Les Mandé ont été à l'origine de divers États : en particulier ceux de Sousou (Soussou), ceux des Bambara, successivement désagrégés; et en dernier lieu ceux de Samori (La conquête française du Soudan) et  de Tiéba. Auparavant, les Mandé s'étaient associés aux Soninké dans les pays du moyen Niger aux premiers siècles de l'ère chrétienne avaient joué un rôle considérable dans le premier royaume songhaï; après la conquête berbère, les Mandé, convertis à l'islam, réagissent et se substituent aux Sanhadja (encadré ci-dessous). Mais surtout, les Mandé furent les fondateurs du plus vaste empire qu'ait connu l'Afrique noire et de l'un des plus considérables qui aient existé dans le monde, a été l'empire du Manding ou, pour employer le nom que nous ont légué les historiens et géographes arabes, et qui n'est autre que la forme peule du mot « Mandé », l'empire du Mali ou Melli. 
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Noirs et Blancs

L'histoire du Soudan occidental est en partie celle d'une lutte entre les populations nord-sahariennes et sahariennes des Berbères et des Arabes (Blancs) et les populations sub-sahariennes, proprement soudanaises (Noirs). Depuis les premiers siècles de l'ère chrétienne, le Sahel saharien, la vallée du moyen Niger sont contestés. On y trouve d'abord les Songhaï; leur lutte avec les Berbères les affaiblit et au XIe siècle ils sont évincés par les Sousou Soussou), une population du groupe mandé, puis par les Malinké établis à Tombouctou

Les Berbères, convertis à l'islam dès la fin du VIIe siècle, formaient dans le Sahara méridional le peuple dit des Sanhadja, dont les principales tribus étaient les Lemta au Sud du Maroc actuel et les Lemtouna, au contact avec les Songhaï, dans l'Adrar occidental, et Aoudaghost (à l'Ouest de Oualata), qu'ils fondent au Xe siècle. Les Sanhadja du Nord partagèrent, à la même époque, le Maghreb, région de l'Atlas, avec les Zenata; ils prévalaient dans l'Algérie et la Tunisie actuelles. Au XIe siècle, les Sanhadja du Sud, adhérant à la réforme religieuse des Almoravides, fondèrent un grand empire qui s'étendit de l'Espagne au haut Niger; ils soumirent l'ancien royaume de Ghana, Djenné, Ouangara, les pays jusqu'au Sénégal. Mais les Sousou les rejetteront au siècle suivant dans la zone désertique. Au XIIe siècle, la seconde invasion arabe (l'invasion hillalienne) clôt également l'histoire des Sanhadja au Nord, les populations berbères ayant été subordonnées. Toutefois, ce nom de Sanhadja persista quelque temps; les Portugais en ont fait Sanaga, d'où dérive le nom de l'actuel Sénégal.

Les Arabes de l'invasion hillalienne; la plus nomade de leurs trois tribus, celle des Beni-Hassan, s'avance par le désert jusqu'à Oualata, où, par son mélange avec les Berbères Lemtouna et Masoufa, elle forme les nouvelles tribus des Aroussiyn et des Mechdouf; plus à l'Ouest, les Ouled-Delim et les Berabich absorbent les Djeddala. Le Sahara occidental devient ainsi le domaine de ces métis d'Arabes et de Berbères, où dominent la population berbère et l'influence arabe, que les Européens ont englobé sous le nom de Maures, populations pillardes et batailleuses, divisées en petits clans. Au contraire, le Sahara central est demeuré berbère; on y retrouve les grandes tribus des Lemta et des Zenata sous le nom de Touareg. Le peuple berbère des Tademekka établi au Nord-Est du Niger dès le XIe siècle est refoulé au XVIIe par les Touareg Aouelimmiden, qui de l'Iguidi s'avancent dans l'Adrar oriental et conquièrent la prépondérance sur le Niger septentrional.

La possession de Tombouctou fut constamment disputée entre eux et les Noirs; en 1433, les Touareg s'en emparent sur les Mandé de Mali; la seconde dynastie songhaï les refoule; mais elle succombe devant la grande expédition marocaine de 1588. Les Chorfa, qui avaient renversé au Maroc la domination des Berbères Zenata, entreprennent la conquête du Sahara; ils occupent les salines de Taghaza (1586) et deux ans après, 3600 fusiliers, en majorité Andalous, conduits par l'eunuque Djodar, s'emparent de Tombouctou et de la vallée septentrionale du Niger; une route jalonnée de poteaux assure les relations avec le Maroc. Toutefois, les descendants des envahisseurs, connus sous le nom de Rouma, se rendent indépendants; un caïd du Sous, Sidi Ali, fonde une dynastie locale (1667); mais dès 1680, les Mandé reprennent Tombouctou; des dynasties locales d'origine arabo-berbère se maintiennent quelque temps à Djenné, Bamba, Sansandig et dans le Bakounou. Les Maures Trarza et Brakna refoulent au Sud du Sénégal les Ouolofs, avec lesquels ils se métissent.

L'empire du Mali.
Le Manding ou Mandé est au départ un petit royaume (une des nombreuses chefferies du Haut Niger) dont la capitale était, vers le début du VIIe siècle, le village de Kangaba.  Ses habitants portent, selon la variante dialectale considérée, l'un des noms de Mandenga, Mandinga ou Mandingo, dont on a fait « Manding » comme nom de pays et «-Mandingue » comme nom de peuple, et sont appelés par les Peul Malinké, forme que l'on a adoptée communément pour désigner les Mandingues proprement dits et leur langue, réservant l'appellation de «-Mandingues » ou «-Mandé » à l'ensemble de la population dite Ouangara par les Arabes.

L'État des Mandingues, dont le roi s'est converti à l'Islam vers le milieu du XIe siècle, a bénéficié de l'effondrement du Ghâna et a fondé sa croissance sur le commerce transsaharien des esclaves, du sel et surtout de l'or dont plusieurs gisements étaient exploités à proximité, notamment dans les mines du Bouré ou Bouté, le Bitou des auteurs arabes. L'agriculture, qui a  bénéficié des terres fertiles de la boucle du Niger, a également contribué à la prospérité de cet empire. Au XIVe siècle, le roi Gongo-Moussa a porté l'empire à son apogée. Il englobe alors les cités-Etats de Tombouctou de Gao et de Djenné. La mauvaise gestion de ses successeurs et les coups qui lui sont portés de l'extérieur (Touareg, Songhaï, Mossi) précipitent son déclin dès le début du siècle suivant. Le dernier débris de l'empire du Mali sombrera au début du XVIIIe siècle.

Les royaumes bambara de Ségou et du Kaarta.
Les Bambara, les plus connus des Mandé orientaux, constituent  un rameau du tronc ouangara, répandu des deux: côtés du Niger depuis Bamako jusqu'à la région de Djenné et du Macina, et ont longtemps été sujets du Manding pour devenir, au moins en partie, vassaux du Songhaï dès l'époque du sonni Ali-le-Grand et surtout de l'askia Mohammed. Les Bambaras, partis de Ouassoulou, se sont rendus indépendants vers le milieu du XVIIe siècle et avaient formé alors deux États. L'un avait sa capitale à Ségou et s'étendait le long du Niger, entre ce fleuve et le Bani; l'autre, dit du Kaarta, avait son domaine à l'Ouest du premier, au Nord du haut Sénégal. L'un et l'autre étaient gouvernés au début par des princes de la même famille, celle des Kouloubali, la fraction occidentale portant le nom de Kouloubali-Massassi.

Vers 1660, le roi Biton Kouloubali venait de s'installer à Ségou. Le mansa du Manding, qui était alors Mama-Magan, voulut détruire dans son nid ce voisin qu'il devinait dangereux et, vers 1667, il vint mettre le siège devant la forteresse qu'avait élevée Biton. Le siège, durait encore en 1670 et Mama-Magan, désespérant d'en venir à bout, se retira en suivant la rive droite du Niger; Biton le poursuivit jusqu'à la hauteur de Niani, l'accula au fleuve et le força à conclure un traité aux termes duquel le souverain mandingue s'engageait à ne pas s'avancer dorénavant en aval de Niamina. Biton promettant de son côté de ne pas se porter en amont de ce point. Cet événement consacré définitivement le déclin de l'empire mandingue, qui, réduit désormais aux provinces malinké du haut Niger et de la haute Gambie, cessa de compter parmi les États puissants de l'Afrique noire.

Biton s'était constitué une armée de métier à l'image de celle des askia, au moyen de ton-dion, ou esclaves du gouvernement, et une flottille d'État, en utilisant les pêcheurs dits Somono et leurs embarcations. Il assit solidement son autorité sur tous les pays compris entre Niamina et Djenné, s'empara du Bagana et imposa sa suzeraineté au Massina et à Tombouctou. Il mourut du tétanos en 1710, à la suite d'un  accident, et avec lui finit sa dynastie. Son armée en effet massacra ses enfants et ses parents et s'empara du pouvoir; mais elle se divisa en clans dont les uns soutenaient le chef de l'infanterie et les autres le maître de la cavalerie, jusqu'à ce qu'un serviteur de l'ancienne famille royale, nommé Ngolo ou Molo Diâra, réussît à se faire proclamer roi et fonda une nouvelle dynastie (1750). L'un de ses successeurs, Monson (1792-1808), se rendit surtout célèbre par la guerre qu'il fit à ses congénères les Bambara du Kaarta et par une expédition punitive qu'il conduisit en 1803 à Tombouctou, à la suite du refus de cette ville de payer à Ségou son tribut annuel.

Ce fut sous son successeur Da que le Macina s'affranchit de la suzeraineté bambara pour constituer un royaume indépendant sous le commandement du marabout peul Sékôu-Hamadou, de la famille des Bari ou Sangaré (1810). Ce dernier s'empara de Djenné, se construisit une capitale à Hamdallahi, sur la rive droite du Bani, et organisa sagement l'administration et les finances de son royaume. Il convertit à l'islam  les Peuls qui jusqu'alors avaient obéi à l'ardo de la famille Diallo et réussit à substituer à Tombouctou sa propre influence à celle du roi bambara de Ségou. En fait il s'était emparé de Tombouctou en 1826 ou 1827, mais ses compatriotes y étaient détestés et la garnison peule qu'il y avait installée ne put y rester. Il ne devait avoir que deux successeurs , son fils Hamadou Sekou et son petit-fils, Hamadou-Hamadou, lequel fut vaincu et mis à mort en 1862 par le conquérant toucouleur El-Hadj Omar.

Quant au royaume bambara de Ségou, il disparut à la  même, époque et de la même façon que le royaume peul du  Macina : El-Hadj  Omar (Peuls et Toucouleurs) s'empara en effet  de Ségou le 10 mars 1861 et,  l'année suivante, il se saisit de la personne d'Ali, le dernier roi de la dynastie des Diâra, lequel s'était réfugié auprès de Hamadou-Hamadou, devenu, en face du danger commun, l'allié de ses anciens ennemis.

Le royaume bambara du Kaarta avait eu une durée moins longue encore. Ses débuts remontent, comme ceux du royaume de Ségou, à 1660 ou 1670. Moins d'un siècle après, en 1754, le roi Sié s'emparait de Diâra. Ses successeurs se rendirent maîtres de la plupart des autres provinces situées au Nord du haut Sénégal et enlevèrent le Bambouk et Kita aux Mandingues.

L'empire Songhaï

L'histoire des Songhaï est dominée par leurs luttes contre les Berbères sahariens du Nord et les populations du Golfe de Guinée. Elle commence à être connue à partir du IVe siècle environ, où l'on signale un royaume Songhaï, à peu près aux  lieux où fut ensuite Tombouctou. Plusieurs fois envahis par les Berbères, leur roi, Kossoï, embrassa en 1009 l'islam, dont ils devinrent de zélés adeptes. Toutefois, l'autre centre songhaï, Gao, situé plus bas sur le Niger, au débouché d'une des grandes voies du commerce transsaharien, ne devint exclusivement musulman qu'au XIIe siècle, lors de la conquête du Soudan septentrional par les Almoravides. Lors du déclin de ceux-ci, les Songhaï furent subjugués par les Sousou, auxquels se substituèrent bientôt les princes de Mali, fondateurs au XIIIe siècle d'un grand empire. 

Au XIVe siècle, les princes Songhaï se révoltent et, après la prise de Tombouctou par les Touareg (1433), ils achèvent la défaite des Mandé, refoulés à l'Ouest. La seconde dynastie songhaï, dont la capitale fut Gao (1492), eut une brillante histoire : leurs rois, Ali Kolen le fondateur du second empire songhaï, puis Ali le Grand et Mohammed Touré, conquirent le Ghâna, le Oualata, le Bakhounou. Agadès. Mais en 1588, après un premier échec, une armée marocaine formée de mercenaires, les Roumas (Andalous, Berbères, etc.), armés de fusils, conduits par un pacha d'origine espagnole, conquit Tombouctou. La bataille de Tondibi, en 1591 finit de disloquer l'empire songhaï qui s'effaça de l'histoire.

Les royaumes Mossi

Les Mossi ou Moro occupent, depuis au moins le XIIIesiècle , semble-t-il, le pays où ils sont encore cantonnés, au centre de la boucle du Niger. C'est un fait remarquable, les autres peuples ayant été plusieurs fois déplacés et d'une manière générale refoulés; de l'Est et du Nord vers le littoral. Les Mossi, bien que demeurés attachés à leur religion traditionnelle, en majorité ont adopté plusieurs des traits culturels des Touareg. Ils ont fondé au XIIIe siècle, deux royaumes, ou plutôt deux confédérations de royaumes, qui chacune donnait à son  souverain le titre de naba, : c'était les royaumes de Ouagadougou (fondé en 1220) et le Yatenga. Ils ont persisté jusqu'à l'époque coloniale .

Les Pays tchadiens
Dans la région sahélienne qui s'étend autour du lac Tchad, et où vivent principalement des populations dont les langues appartiennent à la famille nilo-saharienne, ainsi que des arabophones, plusieurs royaumes assez bien organisés ont existé au cours de l'histoire. Les principaux ont été l'Empire du Bornou (apogée vers le XVIe siècle), issu de l'ancien royaume toubou du Kanem, le Ouadaï, né au XVIIe siècle, et le Baguirmi et, plus à l'Est, ballotté entre les deux premiers.

Par leur position géographique, ces États ont joué le rôle de pivots dans les relations avec les puissance arabophones du Nord et les régions de l'Afrique intérieure. Ils ont été les points de passage de la pénétration de l'Islam, et ont aussi jusqu'au début du XXe siècle, parcourus sans cesse par les caravanes armées des marchands arabes, qui étaient souvent des marchands d'esclaves. Il s'y formait d'ailleurs continuellement des bandes conduites par les pourvoyeurs des marchés d'esclaves, et qui s'attaquent victorieusement en général aux habitants sédentaires du pays et y entretenaient une anarchie constante le long des grandes routes.

Convoités depuis plusieurs décennies par les Européens, ces pays ont été conquis à la fin du XIXe siècle. La partie occidentale a été l'objectif des Français. L'occupation du Sahel saharien au Nord de la ligne de Saï (Say) à Barroua fut confiée à la mission Voulet-Chanoine qui, après la révolte et la mort de ses chefs, fut continuée par Pallier et Joalland, rejoints par la mission Foureau-Lamy à Zinder (1899). lIs soumirent au Nord du lac Tchad le Kanem et opérèrent dans le Baguirmi leur jonction avec Gentil venu par le Congo sur le Chari. Ces trois expéditions françaises vainquirent et tuèrent à Kousseri le conquérant du Bornou, l'aventurier Rabah, et levèrent ainsi leur dernier obstacle à l'occupation du pays
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Le Soudan central et oriental.

La mosaïque des chefferies

Le rapide tour d'horizon que l'on vient de faire nous a contraints à laisser de côté quantité beaucoup populations intéressantes, répandues dans l'intérieur de la Boucle du Niger : les Dogon, sur lesquels Marcel Griaule et ses collaborateurs ont si bien attiré l'attention, et qui habitent, au Nord du Yatenga, au pied des falaises rocheuses de Bandiagara et de Hombori; les Samo, qui les avoisinent dans la direction du Sud-Ouest; les Foulsé, Nioniosse, Kipirsi, Nourouma, Sissala et autres groupes communément englobés sous le nom générique de Gourounsi; les Dagari, Birifo ou Birifor, Gbanian ou Gondja, Dagomba, Nankana et autres peuples proches des Mossi; les Bobo, Lobi, Dian et autres peuples; les Koulango de la haute Côte d'Ivoire orientale, les Soumba du haut Togo et du haut Dahomey, etc.

On peut dire de tous ces peuples qu'ils n'ont, dans leur ensemble, pas formé d'Etats importants; à part quelques exceptions, il se sont organisés en structures centrées sur l'unité familiale ou réunies en chefferies (micro-royaumes), gouvernés par un souverain assisté d'un conseil de notables. Quoique voisins d'États puissants et bien organisés, comme les empires mossi et les royaumes du Gourma et du Bergo, habités par des populations apparentées, ils n'ont pas profité en général de ce voisinage; les uns se sont trouvés englobés comme sujets ou vassaux dans ces États, les autres sont demeurés en dehors, semblant n'avoir qu'un but, sauvegarder leur indépendance. Presque tous sont de merveilleux cultivateurs et l'attachement à la terre y est une  institution solide et féconde.

Il convient de mettre à part l'importante population des Sénoufo ou Siéna, répandue depuis la région de San et de Koutiala sur la rive droite du Bani jusqu'à celle de Bondoukou et du coude de la Volta Noire, où elle atteint la limite septentrionale de la grande forêt. En partie dégrossies par les Dioula établis parmi elles et qui souvent, comme à Sikasso et à Kong, ont exercé dans le pays une hégémonie durable, beaucoup de fractions sénoufo sont arrivées à constituer de petits États de superficie restreinte mais offrant de la cohésion et de la vitalité. L'industrie du fer et celle de la poterie, l'agriculture, l'art musical ont atteint chez certains Sénoufo un certain développement.

Les indépendances

Si l'on excepte la Gambie, britannique à partir de 1821, et le Bornou qui sera intégré au Nigéria, de même que les États haoussa, toute la région du Soudan Occidental et Central abordée ici a fait partie à l'époque coloniale de l'Afrique Occidentale française (1895) (à laquelle étaient aussi aussi plusieurs des États actuels du Golfe de Guinée), et à l'Afrique Équatoriale Française (1910) (Tchad). Des États indépendants ont été créés à partir des années 1960, avec les tracés des frontières hérités des anciennes divisons administratives du Soudan français. Il s'agit du Sénégal, de la Mauritanie (plus saharienne que soudanaise, mais dont le Sud-Est fut le centre de l'empire du Ghâna), du Mali, du Burkina Faso (anciennement Haute-Volta), du Niger et du Tchad; ces derniers pays étant géographiquement en partie sahariens et en partie soudanais.

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