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La
Sénégambie
Les Ouolofs et
les Sérères.
Les Ouolofs (Wolofs) ont, Ã partir
des XIIe
et XVe siècles,
été divisés en trois royaumes peu étendus, le Oualo avec son prince
portant le titre de brak, le Djolof (Dyolof) avec son bour,
le Cayor avec son damel, qui furent de tout temps remarquables par
leur organisation et dont le second surtout ne fut pas sans jouer un rôle,
important à plusieurs, reprises. Plus au Sud était le Baol, formé de
groupements ouolofs et sérères obéissant à un roi qui portait le titre
de tègne. Les Sérères (Serer), un groupe voisin des Ouolofs,
mais depuis longtemps séparés, occupent le Saloum et le Baol et ont résisté
à l'islamisation. Il ont notamment formé le grand royaume sérère du
Sine, où l'agriculture fut toujours florissante.
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Le
Sénégal et ses pays.
Les Toucouleurs
et les Peuls.
Les Toucouleurs parlent une langue proche
de celle Ouolofs et les Sérères et sont une composante sédentaire de
l'ensemble des populations peules nomades (Peuls
proprement dits) répandues dans tous le Soudan où ils ont formé plusieurs
royaumes au XIXe
siècle. Ils ont été à l'origine, au IXe
siècle, d'un royaume, le Tekrour. Une première dynastie, celle
des Dyago, y a régné jusqu'au siècle suivant. Lui a succédé une seconde
dynastie, celle des Manna, au pouvoir jusque vers 1300,
qui subit l'islamisation forcée des Almoravides .
Au XIVe siècle,
vient le tour de la dynastie Tondyon, et à partir du siècle suivant,
celui d'une dynastie peule (ou formée à partir d'une alliance avec les
Peuls nomades), relayée par la dynastie, elle aussi avec des affinités
peules, mais plus durable, de Koli Tenguéla au XVIe
siècle. Dans les années 1830,
un Toucouleur, el-Hadj Omar ,
profitera des divisions apparues chez les Peuls pour en faire l'outil de
la création d'un vaste mais éphémère royaume.
L'empire
du Ghâna
Les informations manquent sur l'époque
de la fondation du royaume du Sud-Est de l'actuelle Mauritanie qui donna
plus tard (vers le VIIIe
siècle) naissance à l'empire de Ghâna ,
et même sur l'origine de ses fondateurs. Les traditions locales, confirmées
par les ouvrages des savants de Tombouctou
et des historiens arabes, nous laissent seulement entendre que cet État
remontait au moins au IVe
siècle de l'ère chrétienne, que ses premiers souverains étaient
probablement des Berbères, peut-être refoulés
vers le Sud par la domination romaine au Maghreb ,
et que le pouvoir passa, un certain temps après l'hégire, entre les mains
d'une famille du peuple des Soninké ou Sarakollé (Sarakole). Les auteurs
arabes, par ailleurs, nous apprennent que l'empire du Ghâna, État de
caractère essentiellement militaire à l'administration très structurée,
et prospère grâce au commerce caravanier trans-saharien, notamment de
l'or et du sel, était florissant aux IXe
et Xe siècles
de notre ère, que son déclin commença vers le milieu du XIe
siècle sous la poussée conquérante et destructive des Almoravides ,
qui l'absorbèrent en 1076, que ses
débris tombèrent sous le joug des Mandingues et que sa capitale, Kumbi,
dernier vestige de sa gloire déchue, cessa d'exister à partir du milieu
du XIIIe siècle
environ. Les Sarakollé se réfugièrent plus au Sud. Il ne subsista du
grand empire que deux petits États, le Diara et le Sosso .
Les
États mandé
Les Mandingues ou Mandé ont historiquement
leurs centres principaux au Ouassoulou, au Ouagadougou, dans le Kaarta
et le Bakounou. Actuellement, ils sont répartis en trois fractions principales
: Malinké, ayant pour tenné (c.-à -d. totem) l'hippopotame, Bammana
ou Bambara ayant pour tenné le caïman et rétifs à l'islam; Soninké,
Serakoulé ou Saracolets, musulmans de longue date. Ajoutez les Sousou,
aujourd'hui dispersés, les Dioula, fraction musulmane très commerçante,
et plusieurs tribus métissées. Dans leur ensemble, les Mandé peuplent
les pays du haut Sénégal jusqu'à Bakel, de la Gambie, de la Guinée
(excepté le Fouta-Djalon, du haut Niger et du moyen Niger jusqu'à Djenné,
le Sud du Macina, le Kénédougou; ils sont
aussi répandus par îlots dans tout le reste du Soudan occidental.
Les Mandé ont été à l'origine de divers
États : en particulier ceux de Sousou (Soussou), ceux des Bambara, successivement
désagrégés; et en dernier lieu ceux de Samori ( La
conquête française du Soudan )
et de Tiéba. Auparavant, les Mandé s'étaient associés aux Soninké
dans les pays du moyen Niger aux premiers siècles de l'ère chrétienne
avaient joué un rôle considérable dans le premier royaume songhaï ;
après la conquête berbère, les Mandé, convertis à l'islam ,
réagissent et se substituent aux Sanhadja (encadré ci-dessous). Mais
surtout, les Mandé furent les fondateurs du plus vaste empire qu'ait connu
l'Afrique
noire et de l'un des plus considérables qui aient existé dans le monde,
a été l'empire du Manding ou, pour employer le nom que nous ont légué
les historiens et géographes arabes, et qui n'est autre que la forme peule
du mot « Mandé », l'empire du Mali
ou Melli.
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Noirs et
Blancs
L'histoire du Soudan
occidental est en partie celle d'une lutte entre les populations nord-sahariennes
et sahariennes
des Berbères et des Arabes (Blancs) et les populations sub-sahariennes,
proprement soudanaises (Noirs). Depuis les premiers siècles de l'ère
chrétienne, le Sahel saharien, la vallée du moyen Niger sont contestés.
On y trouve d'abord les Songhaï ;
leur lutte avec les Berbères les affaiblit et au XIe
siècle ils sont évincés par les Sousou Soussou), une population
du groupe mandé, puis par les Malinké établis à Tombouctou.
Les Berbères, convertis
à l'islam
dès la fin du VIIe siècle, formaient
dans le Sahara méridional le peuple dit des Sanhadja, dont les
principales tribus étaient les Lemta au Sud du Maroc
actuel et les Lemtouna, au contact avec les Songhaï ,
dans l'Adrar occidental, et Aoudaghost (Ã l'Ouest de Oualata), qu'ils
fondent au Xe siècle. Les Sanhadja du Nord partagèrent, à la
même époque, le Maghreb, région de l'Atlas, avec les Zenata; ils prévalaient
dans l'Algérie
et la Tunisie
actuelles. Au XIe siècle, les Sanhadja du Sud, adhérant à la
réforme religieuse des Almoravides ,
fondèrent un grand empire qui s'étendit de l'Espagne au haut Niger; ils
soumirent l'ancien royaume de Ghana ,
Djenné, Ouangara, les pays jusqu'au Sénégal. Mais les Sousou les rejetteront
au siècle suivant dans la zone désertique. Au XIIe siècle, la
seconde invasion arabe (l'invasion hillalienne) clôt également l'histoire
des Sanhadja au Nord, les populations berbères ayant été subordonnées.
Toutefois, ce nom de Sanhadja persista quelque temps; les Portugais en
ont fait Sanaga, d'où dérive le nom de l'actuel Sénégal.
Les Arabes de l'invasion
hillalienne; la plus nomade de leurs trois tribus, celle des Beni-Hassan,
s'avance par le désert jusqu'à Oualata, où, par son mélange avec les
Berbères Lemtouna et Masoufa, elle forme les nouvelles tribus des Aroussiyn
et des Mechdouf; plus à l'Ouest, les Ouled-Delim et les Berabich absorbent
les Djeddala. Le Sahara occidental devient ainsi le domaine de ces métis
d'Arabes et de Berbères, où dominent la population berbère et l'influence
arabe, que les Européens ont englobé sous le nom de Maures, populations
pillardes et batailleuses, divisées en petits clans. Au contraire, le
Sahara central est demeuré berbère; on y retrouve les grandes tribus
des Lemta et des Zenata sous le nom de Touareg .
Le peuple berbère des Tademekka établi au Nord-Est du Niger dès le XIe
siècle est refoulé au XVIIe par les Touareg Aouelimmiden,
qui de l'Iguidi s'avancent dans l'Adrar oriental et conquièrent la prépondérance
sur le Niger septentrional.
La possession de
Tombouctou fut constamment disputée entre
eux et les Noirs; en 1433, les Touareg s'en emparent sur les Mandé
de Mali ;
la seconde dynastie songhaï
les refoule; mais elle succombe devant la grande expédition marocaine
de 1588. Les Chorfa, qui avaient renversé au Maroc la domination
des Berbères Zenata, entreprennent la conquête du Sahara ;
ils occupent les salines de Taghaza (1586) et deux ans après, 3600
fusiliers, en majorité Andalous, conduits par l'eunuque Djodar, s'emparent
de Tombouctou et de la vallée septentrionale du Niger; une route jalonnée
de poteaux assure les relations avec le Maroc. Toutefois, les descendants
des envahisseurs, connus sous le nom de Rouma, se rendent indépendants;
un caïd du Sous, Sidi Ali, fonde une dynastie locale (1667); mais
dès 1680, les Mandé reprennent Tombouctou; des dynasties locales
d'origine arabo-berbère se maintiennent quelque temps à Djenné, Bamba,
Sansandig et dans le Bakounou. Les Maures Trarza et Brakna refoulent au
Sud du Sénégal les Ouolofs, avec lesquels ils se métissent. |
L'empire
du Mali.
Le Manding ou Mandé est au départ un
petit royaume (une des nombreuses chefferies du Haut
Niger) dont la capitale était, vers le début du VIIe
siècle, le village de Kangaba .
Ses habitants portent, selon la variante dialectale considérée, l'un
des noms de Mandenga, Mandinga ou Mandingo, dont on
a fait « Manding » comme nom de pays et «-Mandingue
» comme nom de peuple, et sont appelés par les Peul Malinké,
forme que l'on a adoptée communément pour désigner les Mandingues proprement
dits et leur langue, réservant l'appellation de «-Mandingues
» ou «-Mandé » à l'ensemble de la population
dite Ouangara par les Arabes.
L'État des Mandingues, dont le roi s'est
converti à l'Islam
vers le milieu du XIe
siècle, a bénéficié de l'effondrement du Ghâna
et a fondé sa croissance sur le commerce transsaharien des esclaves, du
sel et surtout de l'or dont plusieurs gisements étaient exploités Ã
proximité, notamment dans les mines du Bouré ou Bouté,
le Bitou des auteurs arabes. L'agriculture, qui a bénéficié
des terres fertiles de la boucle du Niger, a également contribué à la
prospérité de cet empire. Au XIVe
siècle, le roi Gongo-Moussa a porté l'empire à son apogée.
Il englobe alors les cités-Etats de Tombouctou
de Gao
et de Djenné. La mauvaise gestion de ses successeurs et les coups qui
lui sont portés de l'extérieur (Touareg, Songhaï ,
Mossi )
précipitent son déclin dès le début du siècle suivant. Le dernier
débris de l'empire du Mali sombrera au début du XVIIIe
siècle .
Les royaumes bambara
de Ségou et du Kaarta.
Les Bambara, les plus connus des Mandé
orientaux, constituent un rameau du tronc ouangara, répandu des
deux: côtés du Niger depuis Bamako jusqu'Ã
la région de Djenné et du Macina, et ont longtemps été sujets du Manding
pour devenir, au moins en partie, vassaux du Songhaï
dès l'époque du sonni Ali-le-Grand et surtout de l'askia Mohammed. Les
Bambaras, partis de Ouassoulou, se sont rendus indépendants vers le milieu
du XVIIe siècle
et avaient formé alors deux États. L'un avait sa capitale à Ségou et
s'étendait le long du Niger, entre ce fleuve et le Bani; l'autre, dit
du Kaarta, avait son domaine à l'Ouest du premier, au Nord du haut Sénégal.
L'un et l'autre étaient gouvernés au début par des princes de la même
famille, celle des Kouloubali, la fraction occidentale portant le nom de
Kouloubali-Massassi.
Vers 1660,
le roi Biton Kouloubali venait de s'installer à Ségou. Le mansa du Manding ,
qui était alors Mama-Magan, voulut détruire dans son nid ce voisin qu'il
devinait dangereux et, vers 1667, il
vint mettre le siège devant la forteresse qu'avait élevée Biton. Le
siège, durait encore en 1670 et Mama-Magan,
désespérant d'en venir à bout, se retira en suivant la rive droite du
Niger; Biton le poursuivit jusqu'Ã la hauteur de Niani, l'accula au fleuve
et le força à conclure un traité aux termes duquel le souverain mandingue
s'engageait à ne pas s'avancer dorénavant en aval de Niamina. Biton promettant
de son côté de ne pas se porter en amont de ce point. Cet événement
consacré définitivement le déclin de l'empire mandingue, qui, réduit
désormais aux provinces malinké du haut Niger et de la haute Gambie,
cessa de compter parmi les États puissants de l'Afrique noire.
Biton s'était constitué une armée de
métier à l'image de celle des askia, au moyen de ton-dion, ou
esclaves du gouvernement, et une flottille d'État, en utilisant les pêcheurs
dits Somono et leurs embarcations. Il assit solidement son autorité
sur tous les pays compris entre Niamina et Djenné, s'empara du Bagana
et imposa sa suzeraineté au Massina et à Tombouctou.
Il mourut du tétanos en 1710, à la
suite d'un accident, et avec lui finit sa dynastie. Son armée en
effet massacra ses enfants et ses parents et s'empara du pouvoir; mais
elle se divisa en clans dont les uns soutenaient le chef de l'infanterie
et les autres le maître de la cavalerie, jusqu'à ce qu'un serviteur de
l'ancienne famille royale, nommé Ngolo ou Molo Diâra, réussît à se
faire proclamer roi et fonda une nouvelle dynastie (1750).
L'un de ses successeurs, Monson (1792-1808),
se rendit surtout célèbre par la guerre qu'il fit à ses congénères
les Bambara du Kaarta et par une expédition punitive qu'il conduisit en
1803 à Tombouctou, à la suite du refus de cette ville de payer à Ségou
son tribut annuel.
Ce fut sous son successeur Da que le Macina
s'affranchit de la suzeraineté bambara pour constituer un royaume indépendant
sous le commandement du marabout peul
Sékôu-Hamadou, de la famille des Bari ou Sangaré (1810).
Ce dernier s'empara de Djenné, se construisit une capitale à Hamdallahi,
sur la rive droite du Bani, et organisa sagement l'administration et les
finances de son royaume. Il convertit à l'islam
les Peuls qui jusqu'alors avaient obéi à l'ardo de la famille Diallo
et réussit à substituer à Tombouctou sa propre influence à celle du
roi bambara de Ségou. En fait il s'était emparé de Tombouctou en 1826
ou 1827, mais ses compatriotes
y étaient détestés et la garnison peule qu'il y avait installée ne
put y rester. Il ne devait avoir que deux successeurs , son fils Hamadou
Sekou et son petit-fils, Hamadou-Hamadou, lequel fut vaincu et mis à mort
en 1862 par le conquérant toucouleur El-Hadj Omar.
Quant au royaume bambara de Ségou, il
disparut à la même, époque et de la même façon que le royaume
peul du Macina : El-Hadj Omar ( Peuls
et Toucouleurs )
s'empara en effet de Ségou le 10 mars 1861
et, l'année suivante, il se saisit de la personne d'Ali, le dernier
roi de la dynastie des Diâra, lequel s'était réfugié auprès de Hamadou-Hamadou,
devenu, en face du danger commun, l'allié de ses anciens ennemis.
Le royaume bambara du Kaarta avait eu une
durée moins longue encore. Ses débuts remontent, comme ceux du royaume
de Ségou, à 1660 ou 1670.
Moins d'un siècle après, en 1754,
le roi Sié s'emparait de Diâra. Ses successeurs se rendirent maîtres
de la plupart des autres provinces situées au Nord du haut Sénégal et
enlevèrent le Bambouk et Kita aux Mandingues.
L'empire
Songhaï
L'histoire des Songhaï
est dominée par leurs luttes contre les Berbères sahariens
du Nord et les populations du Golfe de Guinée .
Elle commence à être connue à partir du IVe
siècle environ, où l'on signale un royaume
Songhaï, à peu près aux lieux où fut ensuite Tombouctou.
Plusieurs fois envahis par les Berbères, leur roi, Kossoï, embrassa en
1009
l'islam ,
dont ils devinrent de zélés adeptes. Toutefois, l'autre centre songhaï,
Gao ,
situé plus bas sur le Niger, au débouché d'une des grandes voies du
commerce transsaharien, ne devint exclusivement musulman qu'au XIIe
siècle, lors de la conquête du Soudan
septentrional par les Almoravides .
Lors du déclin de ceux-ci, les Songhaï furent subjugués par les Sousou,
auxquels se substituèrent bientôt les princes de Mali ,
fondateurs au XIIIe
siècle d'un grand empire.
Au XIVe
siècle, les princes Songhaï se révoltent
et, après la prise de Tombouctou par les Touareg (1433),
ils achèvent la défaite des Mandé ,
refoulés à l'Ouest. La seconde dynastie songhaï, dont la capitale fut
Gao
(1492),
eut une brillante histoire : leurs rois, Ali Kolen le fondateur du second
empire songhaï, puis Ali le Grand et Mohammed Touré, conquirent le Ghâna ,
le Oualata, le Bakhounou. Agadès. Mais en 1588,
après un premier échec, une armée marocaine formée de mercenaires,
les Roumas (Andalous, Berbères, etc.), armés de fusils, conduits
par un pacha d'origine espagnole, conquit Tombouctou. La bataille de Tondibi,
en 1591
finit de disloquer l'empire songhaï qui s'effaça de l'histoire .
Les
royaumes Mossi
Les Mossi
ou Moro occupent, depuis au moins le XIIIesiècle
, semble-t-il, le pays où ils sont encore cantonnés, au centre de la
boucle du Niger. C'est un fait remarquable, les autres peuples ayant été
plusieurs fois déplacés et d'une manière générale refoulés; de l'Est
et du Nord vers le littoral. Les Mossi, bien que demeurés attachés Ã
leur religion traditionnelle, en majorité ont adopté plusieurs des traits
culturels des Touareg. Ils ont fondé au XIIIe
siècle, deux royaumes, ou plutôt
deux confédérations de royaumes, qui chacune donnait à son souverain
le titre de naba, : c'était les royaumes de Ouagadougou
(fondé en 1220) et le Yatenga. Ils
ont persisté jusqu'à l'époque coloniale .
Les
Pays tchadiens
Dans la région
sahélienne qui s'étend autour du lac Tchad ,
et où vivent principalement des populations dont les langues appartiennent
à la famille nilo-saharienne, ainsi que des arabophones, plusieurs royaumes
assez bien organisés ont existé au cours de l'histoire. Les principaux
ont été l'Empire du Bornou
(apogée vers le XVIe
siècle), issu de l'ancien royaume toubou
du Kanem, le Ouadaï, né au XVIIe
siècle, et le Baguirmi et, plus à l'Est,
ballotté entre les deux premiers.
Par leur position
géographique, ces États ont joué le rôle de pivots dans les relations
avec les puissance arabophones du Nord et les régions de l'Afrique intérieure.
Ils ont été les points de passage de la pénétration de l'Islam, et
ont aussi jusqu'au début du XXe
siècle, parcourus sans cesse par les
caravanes armées des marchands arabes, qui étaient souvent des marchands
d'esclaves. Il s'y formait d'ailleurs continuellement des bandes conduites
par les pourvoyeurs des marchés d'esclaves, et qui s'attaquent victorieusement
en général aux habitants sédentaires du pays et y entretenaient une
anarchie constante le long des grandes routes.
Convoités depuis
plusieurs décennies par les Européens, ces pays ont été conquis Ã
la fin du XIXe
siècle. La partie occidentale a été
l'objectif des Français. L'occupation du Sahel saharien au Nord de la
ligne de Saï (Say) à Barroua fut confiée à la mission Voulet-Chanoine
qui, après la révolte et la mort de ses chefs, fut continuée par Pallier
et Joalland, rejoints par la mission Foureau-Lamy à Zinder (1899).
lIs soumirent au Nord du lac Tchad le Kanem et opérèrent dans le Baguirmi
leur jonction avec Gentil venu par le Congo sur le Chari. Ces trois expéditions
françaises vainquirent et tuèrent à Kousseri le conquérant du Bornou ,
l'aventurier Rabah, et levèrent ainsi leur dernier obstacle à l'occupation
du pays .
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Le
Soudan central et oriental.
La
mosaïque des chefferies
Le rapide tour d'horizon que l'on vient
de faire nous a contraints à laisser de côté quantité beaucoup populations
intéressantes, répandues dans l'intérieur de la Boucle du Niger : les
Dogon, sur lesquels Marcel Griaule et ses collaborateurs ont si bien attiré
l'attention, et qui habitent, au Nord du Yatenga, au pied des falaises
rocheuses de Bandiagara et de Hombori; les Samo, qui les avoisinent dans
la direction du Sud-Ouest; les Foulsé, Nioniosse, Kipirsi, Nourouma, Sissala
et autres groupes communément englobés sous le nom générique de Gourounsi;
les Dagari, Birifo ou Birifor, Gbanian ou Gondja, Dagomba, Nankana et autres
peuples proches des Mossi; les Bobo, Lobi, Dian et autres peuples; les
Koulango de la haute Côte d'Ivoire orientale, les Soumba du haut Togo
et du haut Dahomey, etc.
On peut dire de tous ces peuples qu'ils
n'ont, dans leur ensemble, pas formé d'Etats importants; à part quelques
exceptions, il se sont organisés en structures centrées sur l'unité
familiale ou réunies en chefferies (micro-royaumes), gouvernés par un
souverain assisté d'un conseil de notables. Quoique voisins d'États puissants
et bien organisés, comme les empires mossi et les royaumes du Gourma et
du Bergo, habités par des populations apparentées, ils n'ont pas profité
en général de ce voisinage; les uns se sont trouvés englobés comme
sujets ou vassaux dans ces États, les autres sont demeurés en dehors,
semblant n'avoir qu'un but, sauvegarder leur indépendance. Presque tous
sont de merveilleux cultivateurs et l'attachement à la terre y est une
institution solide et féconde.
Il convient de mettre à part l'importante
population des Sénoufo ou Siéna, répandue depuis la région de San et
de Koutiala sur la rive droite du Bani jusqu'Ã celle de Bondoukou et du
coude de la Volta Noire, où elle atteint la limite septentrionale de la
grande forêt. En partie dégrossies par les Dioula établis parmi elles
et qui souvent, comme à Sikasso et à Kong, ont exercé dans le pays une
hégémonie durable, beaucoup de fractions sénoufo sont arrivées à constituer
de petits États de superficie restreinte mais offrant de la cohésion
et de la vitalité. L'industrie du fer et celle de la poterie, l'agriculture,
l'art musical ont atteint chez certains Sénoufo un certain développement.
Les
indépendances
Si l'on excepte la Gambie, britannique
à partir de 1821, et le Bornou
qui sera intégré au Nigéria, de même que les États haoussa, toute
la région du Soudan Occidental et Central abordée ici a fait partie Ã
l'époque coloniale de l'Afrique Occidentale française (1895)
(à laquelle étaient aussi aussi plusieurs des États actuels du Golfe
de Guinée), et à l'Afrique Équatoriale Française (1910)
(Tchad). Des États indépendants ont été créés à partir des années
1960,
avec les tracés des frontières hérités des anciennes divisons administratives
du Soudan français. Il s'agit du Sénégal ,
de la Mauritanie (plus saharienne
que soudanaise, mais dont le Sud-Est fut le centre de l'empire du Ghâna ),
du Mali, du Burkina Faso (anciennement Haute-Volta), du Niger et du Tchad;
ces derniers pays étant géographiquement en partie sahariens et en partie
soudanais. |
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