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L'histoire du Niger
Avant l'arrivée des grands empires, la région était habitée par des populations nomades (Touaregs) et des agriculteurs sédentaires (Songhaï, Haoussas). Des sociétés organisées telles que les Zarma, Kanouri et Gourmantché peuplaient différentes zones du territoire actuel du Niger.

L'Empire Songhaï, avec son centre à Gao (aujourd'hui au Mali), a dominé une partie de l'ouest du Niger. Cet empire, puissant entre le XIVe et le XVIe siècle, contrôlait le commerce transsaharien de l'or, du sel et des esclaves. Cependant, la défaite de l'Empire Songhaï face aux forces marocaines en 1591 a entraîné son déclin.

Le sud du Niger, notamment la région de Zinder et de Maradi, faisait partie des États haoussas, tels que les royaumes de Gobir, Katsina et Kano. Ces royaumes étaient des centres de commerce et de culture, fortement influencés par l'islam. Ils étaient fréquemment en guerre les uns contre les autres ou contre les royaumes voisins.

Les Touaregs, une population nomade berbère, contrôlaient le désert du Sahara et une grande partie du nord du Niger. Ils avaient un système social hiérarchisé avec des tribus organisées en confédérations, telles que les Kel Ahaggar et les Kel Air. Ils jouaient un rôle central dans le commerce transsaharien, transportant des marchandises entre l'Afrique du Nord et l'Afrique subsaharienne.

Ă€ l'est du Niger, l'Empire du Bornou, qui avait son centre autour du lac Tchad, Ă©tendait son influence sur une partie du sud-est du Niger. C'Ă©tait un empire musulman florissant, connu pour son commerce et sa culture. Le Bornou contrĂ´lait Ă©galement le commerce des esclaves et des marchandises Ă  travers le Sahara.

Au début du XIXe siècle, une réforme islamique menée par Ousmane dan Fodio a conduit à la création du Califat de Sokoto, qui a conquis une grande partie du territoire haoussa, dont des régions situées dans l'actuel Niger. Ce califat a étendu son influence dans le sud du Niger, notamment à Maradi et Zinder.

Le Niger était un carrefour commercial important reliant l'Afrique du Nord, le Sahel et les régions forestières au sud. Les routes commerciales transsahariennes traversaient le territoire, facilitant l'échange de sel, d'or, de bétail et d'esclaves. L'islam s'est propagé à travers ces échanges, influençant profondément les structures sociales et politiques des États locaux.

PĂ©riode coloniale.
En 1899, les expéditions françaises, dirigées notamment par Paul Voulet et Julien Chanoine, marquent le début de la présence coloniale française au Niger. Cette mission, connue pour ses violences, vise à établir le contrôle français sur la région. En 1900, le territoire du Niger est officiellement intégré à l'Afrique-Occidentale française (AOF) en tant que colonie. La résistance locale est forte, notamment de la part des Touaregs, des Zarma et des Haoussas. La colonisation se traduit par la mise en place d'une administration coloniale, la création de centres urbains comme Niamey, et l'exploitation des ressources. Le territoire du Niger est administré principalement comme une zone périphérique sans grands investissements en infrastructures.

De nombreuses révoltes éclatent contre l'autorité coloniale. Par exemple, les Touaregs se soulèvent à plusieurs reprises dans le nord du pays, notamment lors de la rébellion des Kel Ahaggar entre 1916 et 1917. Ces mouvements de résistance sont durement réprimés. Dans les années 1940 et 1950, des mouvements nationalistes et anticoloniaux prennent forme. Le Parti Progressiste Nigérien (PPN-RDA), dirigé par Hamani Diori, devient la principale force politique du pays. Le Niger participe à la Conférence de Brazzaville en 1944, qui amorce les premières réformes démocratiques en Afrique française.

Le Niger indépendant.
Le 3 août 1960, le Niger obtient son indépendance avec Hamani Diori comme premier président. Sous Diori, le pays adopte un régime de parti unique avec le PPN-RDA comme seule force politique autorisée. Les premières années de l'indépendance sont marquées par une gestion prudente des relations internationales, notamment avec la France, qui reste un partenaire clé. Cependant, le gouvernement de Diori fait face à des défis économiques importants, y compris la sécheresse des années 1968-1974 qui aggrave les conditions de vie et provoque une famine majeure.

Le 15 avril 1974, Diori est renversé par un coup d'État militaire mené par le lieutenant-colonel Seyni Kountché. Ce coup est motivé par la mauvaise gestion de la famine et la corruption au sein du régime Diori. Sous Seyni Kountché, le Niger est dirigé par un régime autoritaire. Kountché suspend la constitution et met en place un Conseil militaire suprême (CMS) pour gouverner. Le régime de Kountché se caractérise par une relative stabilité, mais aussi par une répression politique sévère. Les partis politiques sont interdits, et toute opposition est neutralisée. Sur le plan économique, Kountché essaie de développer le pays grâce à l'exploitation de l'uranium, une ressource clé pour l'économie nigérienne. Malgré une certaine croissance économique grâce à l'uranium, le Niger reste confronté à une pauvreté généralisée et à des problèmes sociaux. L'éducation et les infrastructures demeurent sous-développées.

Après la mort du président Seyni Kountché en 1987, le général Ali Saibou lui succède. Confronté à une pression croissante pour des réformes démocratiques, Saibou convoque une Conférence nationale souveraine en 1991. Cette conférence, composée de représentants de la société civile, des partis politiques, et des syndicats, marque un tournant important dans l'histoire du Niger. Elle suspend la constitution de 1989, dissout les institutions existantes et met en place un gouvernement de transition pour préparer des élections multipartites.

En 1993, Mahamane Ousmane devient le premier président démocratiquement élu du Niger. Il est issu de la Convention démocratique et sociale (CDS). Son mandat est marqué par des difficultés économiques et une instabilité politique due aux tensions entre les différents partis de la coalition au pouvoir. De plus, le Niger fait face à des rébellions touarègues dans le nord, exigeant plus d'autonomie et une meilleure représentation. En janvier 1996, Ousmane est renversé par un coup d'État militaire mené par le colonel Ibrahim Baré Maïnassara. Baré organise ensuite une élection présidentielle en juillet 1996, largement considérée comme truquée, où il se déclare vainqueur. Son régime est autoritaire et répressif. La situation économique continue de se détériorer, avec des tensions sociales grandissantes.

Le 9 avril 1999, Baré Maïnassara est assassiné lors d'un coup d'État militaire. Le major Daouda Malam Wanké prend le pouvoir et organise une transition rapide vers la démocratie. Une nouvelle constitution est adoptée, et des élections présidentielles sont organisées en octobre 1999. Mamadou Tandja, ancien officier et leader du Mouvement national pour la société de développement (MNSD), remporte les élections et devient président. Mamadou Tandja dirige le Niger pendant deux mandats successifs (1999-2009). Son régime est marqué par une certaine stabilité politique et des efforts pour redresser l'économie, principalement grâce aux revenus tirés de l'uranium et du pétrole. Cependant, en 2009, Tandja tente de modifier la constitution pour prolonger son mandat au-delà des deux termes autorisés. Cette tentative provoque une crise politique majeure.

En février 2010, Tandja est renversé par un coup d'État militaire dirigé par le Conseil suprême pour la restauration de la démocratie (CSRD), sous la direction du commandant Salou Djibo. Le CSRD met en place un gouvernement de transition, rétablit l'ordre constitutionnel, et organise des élections en 2011. Mahamadou Issoufou, du Parti nigérien pour la démocratie et le socialisme (PNDS-Tarayya), remporte ces élections. Son mandat est centré sur la lutte contre la pauvreté, l'amélioration des infrastructures et la gestion des menaces sécuritaires, notamment avec la montée des groupes djihadistes dans la région du Sahel. Issoufou est réélu en 2016 pour un second mandat, au cours duquel il poursuit des réformes économiques et tente de renforcer les institutions démocratiques.

En 2021, pour la première fois dans l'histoire du Niger, une transition démocratique pacifique du pouvoir a lieu avec l'élection de Mohamed Bazoum, successeur de Mahamadou Issoufou, et membre du PNDS. Cependant, cette élection est marquée par des tensions et des contestations de l'opposition. Malgré cela, la passation de pouvoir a semblé un signe positif pour la consolidation de la démocratie au Niger jusqu'au coup d'Etat militaire du 26-27 juillet 2023. Le 28 juillet, le général Abdourahamane Tiani s'autoproclame chef de l'État de facto

L'Ă©vĂ©nement provoque une crise diplomatique entre la CommunautĂ© Ă©conomique des États de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) et la junte militaire nigĂ©rienne, soutenue par les gouvernements du Mali et du Burkina Faso. Ces tensions ont conduit Ă  des menaces d'intervention militaire de la CEDEAO au Niger. La junte fait appel au groupe de mercenaires russes Wagner et, en octobre, expulse les troupes françaises du pays, prĂ©sentant la dĂ©marche comme un pas vers la souverainetĂ© de l'ancienne puissance coloniale. En dĂ©cembre, elle suspend la coopĂ©ration du Niger avec la francophonie, lui reprochant sa promotion des intĂ©rĂŞts français. En avril 2024, les instructeurs et le matĂ©riel militaires russes ont commencĂ© Ă  arriver au Niger en vertu d'un nouvel accord militaire, tandis que troupes des  États-Unis qui stationnaient dans le pays se retiraient.

Aujourd'hui, les problèmes de sĂ©curitĂ© persistent aux frontières en raison de diverses menaces extĂ©rieures, notamment l'insĂ©curitĂ© en Libye, les retombĂ©es du conflit et du terrorisme au Mali (groupes affiliĂ©s Ă  Al-QaĂŻda et Ă  l'État islamique) et l'extrĂ©misme violent dans le nord-est du NigĂ©ria (groupe terroriste Boko Haram). 

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