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Les
premières traces d'occupation humaine au Tchad remontent à la
Préhistoire, avec des découvertes archéologiques qui indiquent la présence
de sociétés de chasseurs-cueilleurs dès le paléolithique. Vers 7000
avant JC, le Sahara était encore une région fertile avec des lacs, des
rivières et une faune abondante. Les gravures rupestres dans les montagnes
du Tibesti et de l'Ennedi témoignent de cette époque où le Tchad était
un centre d'activités humaines.
Vers le VIIIe siècle, le royaume de Kanem émerge au nord-est du lac Tchad. Fondé par les Zaghawa, ce royaume devint un centre commercial majeur et adopta l'islam dès le XIe siècle. Sous la dynastie des Saïfawas, Kanem s'étendit et devint le Kanem-Bornou, qui domina la région du lac Tchad pendant plusieurs siècles. Il était réputé pour son armée puissante, son commerce d'esclaves, et ses relations avec les autres royaumes sahéliens, ainsi que le monde arabe. À l'est du Tchad, le royaume du Ouaddaï émerge au XVIIe siècle. Fondé par les Maba, il devint une puissance régionale importante, rivalisant avec le Darfour (aujourd'hui au Soudan) et le Bornou. Le Ouaddaï prospérait grâce au commerce transsaharien, notamment l'exportation d'esclaves, de plumes d'autruche, et d'ivoire vers l'Afrique du Nord et l'Orient. Au sud-est du lac Tchad, le royaume du Baguirmi fut fondé au XVIe siècle par les Barma. À son apogée, il devint un vassal du royaume de Bornou, tout en conservant une certaine autonomie. Comme ses voisins, le Baguirmi adopta l'islam et participa activement au commerce transsaharien. Pendant des siècles, le Tchad servit de carrefour pour les routes commerciales transsahariennes. Le commerce des esclaves, de l'or, du sel, de l'ivoire et d'autres biens précieux contribua à la prospérité des royaumes de la région. Ces échanges entraînèrent également la diffusion de l'islam, qui devint la religion dominante dans la région du Sahel. A la fin du XIXe siècle, les Européens commencèrent à explorer l'intérieur de l'Afrique. En 1891, la France envoya des expéditions pour explorer la région et affirmer son influence. Le commandant Émile Gentil signa des traités avec les chefs locaux, ce qui permit à la France de commencer la colonisation de la région. En 1900, la bataille de Kousséri marqua la défaite de Rabah Zoubayr, un chef de guerre soudanais qui avait établi son autorité sur une grande partie du bassin du lac Tchad. Cette victoire française marqua la consolidation de la colonisation française. En 1910, le Tchad devint officiellement une colonie française, intégrée à l'Afrique-Équatoriale française (AEF). La colonisation française fut marquée par une administration indirecte, avec une exploitation des ressources locales et une répression des révoltes. Cependant, à partir des années 1940, des mouvements nationalistes commencèrent à émerger. Le Tchad devint une république autonome au sein de l'Union française en 1958, puis accéda à l'indépendance le 11 août 1960 sous la présidence de François Tombalbaye, un chrétien du sud du pays et leader du Parti progressiste tchadien (PPT). Les premières années de l'indépendance sont marquées par des tensions ethniques et régionales. Tombalbaye centralise le pouvoir et adopte des politiques autoritaires, ce qui provoque des mécontentements, notamment dans les régions du nord, majoritairement musulmanes, qui se sentent marginalisées. En 1965, une révolte éclate dans le nord, déclenchant ce qui deviendra une guerre civile prolongée. En réponse, Tombalbaye impose un régime de plus en plus répressif. En 1973, il tente de renforcer son autorité en changeant le nom du pays en République du Tchad et en imposant une authenticité culturelle avec la tchadisation des noms. Cependant, son régime devient de plus en plus impopulaire. En 1975, François Tombalbaye est renversé et assassiné lors d'un coup d'État militaire dirigé par le général Félix Malloum. Le régime de Félix Malloum, qui succède à Tombalbaye, tente de stabiliser le pays, mais fait face à une opposition croissante. Les tensions continuent entre le nord et le sud, et divers groupes rebelles, dont le FROLINAT (Front de libération nationale du Tchad), intensifient leurs activités. En 1979, la situation dégénère en une guerre civile généralisée. Après des années de luttes intestines, le gouvernement central de N'Djamena s'effondre. En 1979, un accord de paix est signé à Lagos, au Nigeria, mais il échoue à rétablir la stabilité. Goukouni Oueddei, un leader du nord, prend le pouvoir en tant que président en 1979, mais il est lui-même renversé en 1982 par son ministre de la Défense, Hissène Habré. Hissène Habré prend le pouvoir en 1982 et impose un régime dictatorial. Son gouvernement est caractérisé par une répression sévère, notamment contre ses opposants politiques. La Direction de la documentation et de la sécurité (DDS), une police politique redoutée, est responsable de milliers d'exécutions et de disparitions forcées. Le régime de Habré est accusé d'avoir commis des crimes contre l'humanité, avec des estimations de 40 000 victimes. Durant les années 1980, Habré bénéficie du soutien des États-Unis et de la France, en raison de son opposition au régime libyen de Muammar Kadhafi. Il parvient à repousser les forces libyennes qui occupaient le nord du Tchad, consolidant ainsi son pouvoir. Cependant, en 1990, Habré est renversé par son ancien chef des armées, Idriss Déby, qui reçoit le soutien de la Libye. Hissène Habré s'exile au Sénégal, où il sera plus tard jugé et condamné pour crimes contre l'humanité. Idriss Déby établit un régime militaire. En 1996, sous la pression internationale, il introduit le multipartisme et remporte les premières élections présidentielles pluralistes. Cependant, ces élections sont entachées de fraudes et d'irrégularités. Déby est réélu à plusieurs reprises, souvent dans des conditions contestées. Son régime est marqué par une centralisation du pouvoir, une corruption généralisée, et des tensions constantes avec divers groupes rebelles, notamment dans l'est et le nord du pays. Le Tchad devient un acteur régional important, avec une armée puissante, souvent déployée dans des conflits régionaux, notamment au Darfour (Soudan), en République centrafricaine, et contre Boko Haram. En avril 2021, après plus de 30 ans au pouvoir, Idriss Déby est tué lors d'affrontements avec un groupe rebelle, le Front pour l'alternance et la concorde au Tchad (FACT), alors qu'il se trouvait sur la ligne de front. Après la mort de Déby, un Conseil militaire de transition (CMT) est formé, dirigé par son fils, le général Mahamat Idriss Déby. Ce conseil annonce une transition de 18 mois, mais le délai est prolongé par la suite. Le régime est confronté à des critiques internes et internationales concernant la légitimité de cette transition. En octobre 2022, un dialogue national inclusif est organisé, mais il est boycotté par plusieurs groupes d'opposition. Après une élections aux résultats contestés, Mahamat Idriss Déby prête serment en mai 2024 en tant que Président du Tchad. Malgré les appels à la démocratie et à la réconciliation nationale, le Tchad reste marqué par une forte instabilité politique et des tensions sociales. |
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