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Les
migrations et premières installations.
Le territoire actuel
du Burkina Faso a été occupé par plusieurs groupes ethniques
au cours des siècles. Les Mossis, qui forment l'ethnie majoritaire aujourd'hui,
seraient arrivés entre le XIe et le XVe
siècle. Selon la tradition orale, ils descendent de guerriers venus de
la région du Ghana actuel, menés
par une princesse, Yennenga. Ces migrations donnent naissance aux différents
royaumes mossis.
Les royaumes mossis.
Les royaumes
mossi deviennent des entités politiques
et militaires dominantes dans la région. Les plus puissants sont :
• Le
royaume de Ouagadougou. - Fondé au XIe
par le fils de Yennenga, ce royaume devient le plus important des royaumes
mossis. C'est l'un des royaumes les plus connus et il est situé
autour de la ville actuelle de Ouagadougou,
la capitale du Burkina Faso. Il a joué un rôle central dans l'histoire
régionale. Le roi de Ouagadougou est connu sous le titre de mogho naba.
• Le royaume
de Tenkodogo. - L'un des plus anciens royaumes mossis.
Situé au centre-sud
du Burkina Faso, ce royaume a également eu une influence importante dans
la région. Le roi de Tenkodogo est connu sous le titre de naba.
• Le royaume
de Yatenga. - Ce royaume se trouvait au nord du Royaume de Ouagadougou.
Il est connu pour ses fréquentes confrontations avec les empires voisins
comme celui du Mali et a été un important centre politique et commercial.
Le roi de Yatenga est aussi appelé le naba.
• Le royaume
de Fada N'Gourma. - Ce royaume se trouvait dans la région est du Burkina
Faso. Il a joué un rôle significatif dans le commerce et la politique
de la région.
Les royaumes mossis
se distinguent par une organisation politique centralisée autour d'un
chef suprême (le mogho naaba) et une société stratifiée en castes,
avec des nobles, des guerriers, des agriculteurs et des artisans. Bien
que les royaumes mossis soient souvent en conflit avec les puissants empires
voisins comme le Mali et Songhaï, ils
parviennent à préserver leur indépendance.
Les autres groupes
ethniques et royaumes.
Outre les Mossis,
plusieurs autres groupes ethniques et royaumes occupent le territoire.
Les Gourmantchés à l'est, éveloppent des petits royaumes organisés
autour de Fada N'Gourma.Les Samos et les Bobos dans l'ouest, sont organisés
en petites chefferies. Les Lobis, les Sénoufos et les Bwabas au sud-ouest,
sont également organisés en chefferies autonomes. Ajoutons la présence
des Peuls, qui migrent régulièrement à travers la région et s'installent
dans certaines zones pour y pratiquer l'élevage.
Les échanges
et contacts avec les empires voisins.
Les royaumes mossis
entretiennent des relations commerciales et parfois conflictuelles avec
les grands empires de l'Afrique de l'Ouest, notamment l'empire du
Mali (XIIIe-XVIe
siècles) et l'empire Songhaï (XVe-XVIe
siècles). Ces relations favorisent la diffusion de l'islam, bien que
la majorité des populations mossis restent attachées à leurs croyances
traditionnelles.
Malgré les influences
extérieures, les royaumes mossis résistent à l'islamisation et conservent
leurs pratiques religieuses animistes. Cette résistance s'accompagne
de guerres avec des empires musumans comme celui de Songhaï. Les Mossis
mènent également des incursions jusqu'à Tombouctou.
La période coloniale
L'arrivée des
explorateurs européens.
À partir du XIXe
siècle, des explorateurs européens commencent à s'intéresser à la
région, bien que celle-ci reste largement méconnue en Europe jusqu'Ã
la fin du siècle. Les premiers contacts avec les Européens n'ont pas
d'impact majeur sur l'organisation politique et sociale des royaumes
locaux avant les campagnes de colonisation à partir des années 1880.
La conquête coloniale.
À partir des années
1880, l'expansion coloniale européenne atteint la région de l'actuel
Burkina Faso. Les Français rencontrent
une forte résistance des royaumes mossis, notamment celui de Ouagadougou,
dirigé par le mogho naaba. En 1896, après plusieurs affrontements,
Ouagadougou est finalement prise, marquant le début du contrôle français
sur la région.
L'administration
coloniale et l'intégration à l'AOF.
Le territoire est
intégré à l'Afrique-Occidentale française (AOF) en tant que partie
de la Haute-Volta. En 1919, la colonie de la Haute-Volta est officiellement
créée, mais elle est dissoute en 1932 et divisée entre la Côte d'Ivoire,
le Mali et le Niger pour des raisons économiques. Les autorités coloniales
utilisent largement la main-d'oeuvre voltaïque pour la culture du coton
et comme soldats (les fameux "tirailleurs sénégalais").
En 1947, la Haute-Volta
est reconstituée en tant que colonie distincte, sous pression des élites
locales qui réclament plus d'autonomie. C'est à cette époque que
naissent les premiers mouvements politiques voltaïques.
La marche vers
l'indépendance.
À partir des années
1950, les revendications pour l'indépendance se renforcent. Les partis
politiques se forment, notamment le Parti Démocratique Unifié (PDU) et
le Mouvement pour l'Évolution Sociale de l'Afrique Noire (MESAN),
avec des figures comme Maurice Yaméogo et Daniel Ouezzin Coulibaly.
En 1958, la Haute-Volta
devient une république autonome au sein de la Communauté française.
Le 5 août 1960, la Haute-Volta accède à l'indépendance avec Maurice
Yaméogo comme premier président.
Depuis l'indépendance
La Première République
et l'instabilité politique.
Le
régime autoritaire de Maurice Yaméogo.
Maurice Yaméogo
instaure un régime autoritaire où son parti, l'Union Démocratique
Voltaïque (UDV), contrôle tous les aspects de la vie politique. Il impose
des politiques d'austérité qui provoquent des mécontentements sociaux,
notamment parmi les syndicats. En janvier 1966, une grève générale soutenue
par l'armée pousse Yaméogo à démissionner.
Le
coup d'État militaire de 1966 et le régime de Sangoulé Lamizana.
Le général Sangoulé
Lamizana prend le pouvoir et reste à la tête du pays pendant 14 ans.
Son régime, d'abord militaire, évolue vers un système civil avec l'adoption
d'une nouvelle constitution en 1970. Cependant, des tensions politiques,
économiques et sociales persistent. En 1974, un nouveau coup d'État
remet Lamizana au pouvoir, mais cette fois en tant que chef d'un gouvernement
militaire. Sous la pression, il organise des élections en 1978, qu'il
remporte, mais son régime reste instable.
Les
coups d'État et la période de transition.
En 1980, un coup
d'État mené par le colonel Saye Zerbo renverse Lamizana. Zerbo instaure
le Comité Militaire de Redressement pour le Progrès National (CMRPN),
mais il est rapidement confronté à une opposition grandissante. En 1982,
il est renversé par un autre coup d'État dirigé par le commandant
Jean-Baptiste Ouédraogo. Ce dernier prend le pouvoir avec le Conseil de
Salut du Peuple (CSP), mais son régime est marqué par des divisions internes.
La révolution
de Thomas Sankara.
En 1983, Thomas
Sankara, un jeune capitaine populaire pour ses positions anti-impérialistes,
est nommé Premier ministre. Ses idées radicales inquiètent les conservateurs
au sein du régime. Le 4 août 1983, un coup d'État soutenu par Blaise
Compaoré et d'autres proches de Sankara renverse Ouédraogo et porte Sankara
au pouvoir. Sankara lance alors une révolution marquée par des réformes
audacieuses :
• Politiques
de développement. - Nationalisation des ressources, campagnes de reboisement,
promotion de l'autosuffisance alimentaire, vaccination massive et construction
d'infrastructures.
• Émancipation
des femmes. - Lutte contre les mariages forcés, promotion de l'éducation
des filles, interdiction de l'excision.
• Politique
extérieure. -Refus du paiement de la dette extérieure, critique du
néocolonialisme et soutien aux mouvements anti-impérialistes.
• Changement
de nom du pays. - La Haute-Volta devient le Burkina Faso ( = Pays
des hommes intègres) en 1984.
Sankara devient une
figure emblématique en Afrique, mais son régime se heurte à des résistances
internes et internationales. Le 15 octobre 1987, Thomas Sankara est assassiné
lors d'un coup d'État orchestré par son ancien compagnon d'armes,
Blaise Compaoré. Compaoré justifie le coup d'État en accusant Sankara
de dérive autoritaire et de mauvaise gestion.
L'ère Compaoré.
Sous Blaise Compaoré,
le Burkina Faso connaît une relative stabilité politique. Cependant,
son régime est marqué par une forte répression de l'opposition et par
la corruption. Compaoré met en place une politique d'ouverture économique,
encourageant les investissements étrangers. Il modifie la constitution
à plusieurs reprises pour prolonger son mandat. Compaoré joue également
un rôle diplomatique important dans la région ouest-africaine, notamment
en servant de médiateur dans plusieurs conflits (Liberia,
Sierra Leone, Côte
d'Ivoire). En octobre 2014, Blaise Compaoré tente de modifier à nouveau
la constitution pour se maintenir au pouvoir. Cette initiative provoque
une insurrection populaire massive, avec des manifestations dans tout le
pays. Sous la pression, Compaoré est contraint de démissionner le 31
octobre 2014 et s'exile en Côte d'Ivoire.
Le Burkina Faso
depuis 2014.
La
transition et l'élection de Roch Marc Christian Kaboré (2015)
Après la chute
de Compaoré, une transition dirigée par Michel Kafando est mise en place
pour organiser des élections. En septembre 2015, une tentative de coup
d'État menée par le Régiment de sécurité présidentielle (RSP),
loyal à Compaoré, échoue après une forte mobilisation populaire et
une intervention de l'armée. En novembre 2015, Roch Marc Christian Kaboré
est élu président. Ancien allié de Compaoré devenu opposant, Kaboré
promet des réformes démocratiques et une meilleure gouvernance.
Crise
sécuritaire et montée du terrorisme.
En 2016, des groupes
terroristes (notamment des groupes affiliés à Al-Qaïda et à l'État
islamique) ont lancé des attaques dans le pays. Leurs attaques ont
même touché la capitale en 2016, 2017 et 2018. Fin 2021, l'insécurité
au Burkina Faso avait déplacé près d'un million et demi de personnes.
personnes et entraîné une augmentation significative des besoins humanitaires.
Face à l'aggravation
de la situation sécuritaire et au mécontentement croissant de la population
et de l'armée, Roch Marc Christian Kaboré est renversé lors d'un
coup d'État le 24 janvier 2022. Le lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo
Damiba prend le pouvoir, promettant de restaurer la sécurité.
Renversement
de Damiba et prise de pouvoir par Ibrahim Traoré.
Le 30 septembre
2022, Paul-Henri Sandaogo Damiba est à son tour renversé par un coup
d'État militaire, conduit par le capitaine Ibrahim Traoré. Ce dernier
justifie sa prise de pouvoir par l'échec de Damiba à améliorer la
situation sécuritaire. Ibrahim Traoré devient ainsi le plus jeune chef
d'État d'Afrique à 34 ans.
Sous la direction
de Traoré, le Burkina Faso renforce sa lutte contre les groupes armés
avec une rhétorique plus souverainiste. Le pays rompt ses alliances traditionnelles
avec la France et se tourne vers de nouvelles alliances, notamment avec
la Russie. Le gouvernement met en avant
une volonté de reconquérir l'intégrité territoriale et de rétablir
l'ordre, malgré une situation sécuritaire toujours critique. |
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