|
On
donne le nom d'échiquiers arithmétiques
à des tableaux numériques, habituellement de forme carrée ou rectangulaire,
présentant des cases analogues à celles d'un papier quadrillé. Dans
chacune de ces cases est inscrit un nombre qui se forme d'après une loi
déterminée.
L'échiquier de Wheat
et ses variantes
Le
problème de l'échiquier de Wheat.
Un échiquier est,
au sens propre, le plateau de 8 x 8 = 64 cases sur lequel se joue le jeu
d'échecs. C'est à un tel échiquier que se réfère le problème
mathématique classique, dit de l'échiquier de Wheat, et qui illustre
la croissance exponentielle. L'énoncé du problème est le suivant :
Si l'on
place un grain de blé sur la première case d'un échiquier, puis deux
grains sur la deuxième case, quatre grains sur la troisième case, et
ainsi de suite en doublant la quantité de grains à chaque case, combien
de grains de blé aurons-nous placés sur l'ensemble de l'échiquier Ã
la fin?
Pour résoudre ce problème,
nous pouvons utiliser une progression géométrique. La quantité de grains
de blé sur chaque case est donnée par la formule 2n-1,
où n représente le numéro de la case. En additionnant les quantités
de grains de blé sur chaque case, nous obtenons : 20
+ 21 + 22
+ 23 + ... + 263.
Ce qui équivaut à la somme des puissances de 2 de 0 à 63. La réponse
est une quantité astronomique. En effet, la cette somme est égale Ã
264 - 1, soit environ 18,446,744,073,709,551,615
grains de blé. Cela signifie que si vous deviez placer autant de grains
de blé sur l'échiquier arithmétique, vous auriez besoin d'une quantité
de blé dépassant de loin la production mondiale annuelle de cette céréale,
et même de toutes les céréales réunies...
Variantes.
Il existe plusieurs
variantes du problème classique de l'échiquier de Wheat, dans lesquelles
les règles de progression ou de calcul changent. Ces variations d'échiquiers
arithmétiques peuvent rendre les calculs plus complexes, mais l'idée
de base reste la même : chaque case contient une quantité basée sur
une progression arithmétique, géométrique ou une autre séquence mathématique.
Voici quelques exemples de différentes sortes d'échiquiers arithmétiques
:
•
Échiquier de progression arithmétique : Dans ce type d'échiquier,
les cases sont remplies en suivant une progression arithmétique. Par exemple,
la première case peut contenir le nombre 3, la deuxième case le nombre
6, la troisième case le nombre 9, et ainsi de suite, en ajoutant 3 Ã
chaque case. Cela forme une séquence arithmétique avec une différence
constante.
• Échiquier
de multiples : Dans cette configuration, les cases sont remplies avec
des multiples d'un certain nombre. Par exemple, toutes les cases d'un échiquier
peuvent être remplies avec des multiples de 5, où la première case contient
5, la deuxième case 10, la troisième case 15, et ainsi de suite.
• Échiquier
quadratique : Dans cette variante, la quantité de chaque case est
basée sur une progression quadratique. Par exemple, la première case
peut contenir 1, la deuxième case 4, la troisième case 9, et ainsi de
suite, en utilisant les carrés parfaits.
• Échiquier
cubique : Ici, chaque case contient une quantité basée sur une progression
cubique. Par exemple, la première case peut contenir 1, la deuxième case
8, la troisième case 27, en utilisant les cubes parfaits.
Échiquier géométrique
avec un facteur différent : Au lieu de doubler la quantité à chaque
case, d'autres facteurs peuvent être utilisés pour générer la séquence.
Par exemple, un échiquier avec une progression géométrique en utilisant
un facteur de 3 aura la première case contenant 1, la deuxième case 3,
la troisième case 9, et ainsi de suite.
Échiquier de
nombres pairs/impairs : Dans cette variante, les cases d'un échiquier
sont alternativement remplies avec des nombres pairs et impairs. Par exemple,
la première case peut contenir le nombre 2 (pair), la deuxième case le
nombre 1 (impair), la troisième case le nombre 4 (pair), la quatrième
case le nombre 3 (impair), et ainsi de suite.
Les généralisations
de l'échiquier arithmétique
Il est également possible
de donner à l'échiquier arithmétique un nombre quelconque de cases,
et même d'en modifier la forme géométrique. Ed. Lucas a montré le premier
toute l'utilité d'une telle généralisation dans un grand nombre de recherches
arithmétiques, soit pour simplifier des démonstrations
de théorèmes connus, soit pour en découvrir
de nouveaux, soit pour résoudre certains problèmes; il y a lieu surtout
de citer sa théorie des permutations figurées
(Analyse
combinatoire). Plus tard, Delannoy imagina de faire varier la forme
de l'échiquier; par la considération d'échiquiers triangulaires, pentagonaux,
hexagonaux, il parvint à résoudre simplement des problèmes difficiles,
et notamment des questions de probabilités. Citons seulement ici quelques
exemples :
1° sur
un damier dont la largeur présente un nombre donné de cases et dont la
longueur est indéfinie, par combien de chemins différents un pion qui
ne recule jamais peut-il se rendre d'une case donnée à une autre?
2° problème sur
la durée du jeu : Pierre et Paul jouent l'un contre l'autre à chances
égales; en entrant au jeu, chacun d'eux possède n €, et, à chaque
partie, le perdant donne 1 euro au gagnant. Le jeu se termine dès que
l'un des joueurs est ruine. Quelle est la probabilité que le jeu se terminera
après la µe partie?
3° A et B jouent
l'un contre l'autre, avec les probabilités respectives p et q, de sorte
que p + q = 1; A possède a € et B possède b € en entrant au jeu;
à chaque partie le perdant donne 1 € au gagnant. Quelle est la probabilité
que A ruinera B avant la µe partie?
Ces questions ont été
étudiées par des mathématiciens de grande valeur, parmi lesquels nous
pouvons citer Huyghens, Moivre,
Laplace,
Lagrange,
Ampère,
Bertrand, Bouché, Hermann Laurent, et conduisent,
par les méthodes ordinaires, à des formules extrêmement compliquées,
parfois illusoires. L'échiquier, au contraire, donne des solutions presque
immédiates et relativement simples.
L'un des exemples
les plus simples d'échiquiers arithmétiques est fourni par la table de
Pythagore; le triangle arithmétique de Pascal,
le carré arithmétique de Fermat sont aussi des
échiquiers arithmétiques. Les questions de cette nature tiennent de près
à la géométrie des quinconces ou des tissus. Il y a lieu de mentionner
aussi l'échiquier anallagmatique de Sylvester;
c'est un carré formé de cases noires et blanches, de telle sorte que,
pour deux lignes on deux colonnes quelconques, le nombre total des variations
de couleur soit toujours égal au nombre des permanences. Ed. Lucas a fait
remarquer l'analogie qui existe entre l'échiquier anallagmatique et les
formules qui donnent la décomposition du produit de sommes de 2n
carrés. D'un échiquier anallagmatique on peut déduire un grand nombre
d'autres :
1° par
la permutation des colonnes et des lignes;
2° par le changement
des couleurs des cases d'une ligne ou d'une colonne quelconque. (A.
Laisant).
|
|