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![]() | Zeno (Carlo), grand amiral de Venise, né vers 1334, mort en 1418, voyagea sept ans en Orient, conduisit la négociation qui valut Ténédos aux Vénitiens (1376), défendit Trévise contre les Hongrois et sauva cette frontière (1379, battit les Génois dans les lagunes de Venise (1380 et par cette victoire arracha la République à une ruine imminente, fut nommé grand amiral, ambassadeur en France![]() ![]() ![]() ![]() ![]() | |
![]() | Les frères Zeni. - Nicolo et Antonio Zeno, frères du précédent, si l'on en croit Caterino Zeno, le petit-fil d'Antonio Zéno équipèrent un navire à leurs frais pour visiter les terres lointaines, se dirigèrent au Nord-Ouest de l'Europe![]() ![]() ![]() ![]() Leurs lettres, cartes et relations manuscrites supposées seraient restées inconnues si Caterino Zeno, n'en avait tiré le recueil intitulé : Découverte des îles de Frislandia, Islanda, etc. Venise, 1558 (reproduit dans le recueil des Navigations de Ramusio). Si l'on en croit le recueil de Caterino Zeno, les deux Zeni qui étaient entrés en 1380 au service d'un prince des Féroé La carte des navigations des deux Zeni et de la relation de ces voyages, ont été copiées ensuite dans une foule d'ouvrages et commentées de plus d'une manière. Les historiens contemporains invitent à prendre ce récit et cette carte avec beaucoup de circonspection, quand ils ne parlent pas purement et simplement de falsification. Voici des détails que nous croyons suffisants pour éclairer l'opinion de nos lecteurs. La carte (ci-dessous) des deux Zeni, copiée d'après une vieille gravure sur bois, offre, sous une graduation grossière, les pays suivants. Au midi, et du côté d'est, on voit Scocia, l'Ecosse |
Jusqu'ici tout s'explique sans efforts; les difficultés vont se présenter. Au midi de l'Islande![]() ![]() ![]() ![]() ![]() Lorsque les voyages réitérés des modernes eurent démontré qu'il n'existait aucune terre dans la position indiquée par Zeno, les géographes se partagèrent d'opinion sur la Frislande. Ortelius avait déjà soutenu que c'était une partie de l'Amérique Une nouvelle explication s'est présentée à l'esprit de deux auteurs modernes, Buache et Eggers, en suivant deux voies différentes. Buache a montré que la position géographique de la Frislande répond à celle de l'archipel des des Féroé Forster, qui d'ailleurs a très mal expliqué le voyage de Zeno, observe qu'un comte Sinclair, possesseur des Orcades vers la fin du XIVe siècle, pourrait bien être le prince Zichmni ou Zicno de ce voyageur. Avant de parler des terres découvertes au sud-est de la Frislande, examinons le haut de la carte. Au nord de l'Islande Dans l'Engrouiland, selon la relation, ou dans le Grolandia, selon la carte, Zeno trouva un monastère de Frères prêcheurs, et une église dédiée à saint Thomas, située près d'une montagne qui jetait du feu comme l'Etna et le Vésuve « Il y a, dit-il, dans cet endroit, une source d'eau bouillante, avec laquelle les moines échauffent l'église, le monastère et leurs chambres. Parvenue à la cuisine, l'eau est encore si chaude, qu'on n'a pas besoin de feu pour apprêter les mets. Pour faire du pain, il suffit de mettre la pâte dans des pots de cuivre, et de tenir ces vases dans l'eau; le pain cuit de cette manière comme s'il était dans un four. Il se trouve aussi dans ce monastère de petits jardins couverts en hiver; on les arrose avec cette eau, ce qui les garantit de la neige et du froid, qui, dans ces pays situés si près du pôle, est extrèmement piquant. Par ce moyen, les moines font venir des fleurs, mûrir des fruits et pousser diverses espèces de plantes qui végètent aussi bien que si elles se trouvaient dans des climats tempérés; au point que les sauvages grossiers qui habitent ces contrées, étonnés de ces effets, qu'ils regardent comme surnaturels, prennent les moines pour des dieux, et leur portent toute sorte de présents, tels que des poules, de la viande et différentes autres choses : ils révèrent ces moines comme leurs seigneurs. Ceux-ci, non seulement chauffent leurs maisons au degré qu'ils jugent convenable, mais, en ouvrant leurs fenêtres, ils peuvent, en un instant, diminuer la chaleur à volonté. Ils n'emploient, pour les bâtiments de leur monastère, d'autres matériaux que ceux qui leur sont fournis par le volcan; ils prennent, à cet effet, les pierres qui sont lancées en forme de scories ou fraisil par la bouche de la montagne, et, pendant qu'elles sont encore brûlantes, ils jettent de l'eau dessus : elles se dissolvent entièrement par ce moyen, et se convertissent en une bonne chaux, qui, après avoir été employée, se lie si bien qu'elle dure à jamais. Les scories, lorsqu'elles sont froides, servent, au lieu de pierres, à faire des murs et des voûtes très solides; car, lorsque ces matières sont une fois refroidies, elles ne peuvent être entamées que par un instrument de fer. Les voûtes faites avec ces scories sont si légères qu'il n'est pas besoin d'appui pour les soutenir, et qu'elles se maintiennent toujours entières. Ces facilités sont cause que les moines ont construit une quantité étonnante de murs et de bâtiments de différentes espèces. Les couvertures et les faîtes de leurs maisons se font, pour la plupart, de la manière suivante : le mur est élevé d'abord perpendiculairement à la hauteur qu'on veut lui donner; on le conduit ensuite dans une direction inclinée jusqu'à ce qu'il se ferme en voûte. On n'est cependant, dans ce pays, guère incommodé de la pluie, car la première neige qui tombe reste gelée pendant l'espace de neuf mois, temps que dure l'hiver. Le peuple vit d'oiseaux sauvages et de poissons. L'eau chaude du volcan, en se jetant dans un grand havre, empêche la mer d'y geler; ce qui attire en cet endroit une si grande quantité de poissons et d'oiseaux que les religieux en prennent autant qu'il leur en faut pour leur subsistance et pour celle d'un grand nombre d'habitants du pays, qu'ils occupent continuellement, tant à bâtir qu'à la chasse et à la pêche, ainsi qu'à divers autres ouvrages et affaires relatives au monas tère. Leurs maisons sont bâties autour de la montagne, de chaque côté; la forme en est ronde; elles ont vingt-cinq pieds de largeur; elles s'élèvent en cône, au sommet duquel ils ménagent une petite ouverture pour avoir du jour ou de l'air. Le plancher de la maison est si chaud que le froid le plus rigoureux ne se fait point sentir dans l'intérieur.Ce tableau des merveilles d'Engroneland offre probablement des fragments d'une relation véridique, mal réunis, et surtout mal appliqués. Le fameux mont ignivome de l'Islande ![]() ![]() ![]() A plus de mille milles à l'ouest de la Frislande, ou des Féroé ![]() ![]() ![]() à leurs idoles... Tel fut le rapport du Frislandais, lorsqu'après de longues années il revint de Drogeo et d'Estotiland dans son pays, devenu la conquête du prince Zichmni. Ce chef entreprenant se mit à la recherche des terres occidentales; mais, après avoir découvert une île nommée Icaria, il fut poussé vers les parages d'Engroneland. Les tentatives ultérieures qu'il aura pu faire nous sont restées inconnues, attendu que la suite de la relation de Zeno n'a pu être retrouvée. La description de l'Estotiland pourrait convenir qu'à Terre-Neuve (plus qu'à la terre du Labrador). Les habitants, assez civilisés, nous paraissent être les descendants des colons scandinaves de Vinland, chez qui la boussole devait être inconnue, et dont la langue, pendant trois siècles, avait pu changer assez pour être devenue presque inintelligible aux pêcheurs des Féroé La contrée de Drogeo serait, dans cette hypothèse, la Nouvelle-Ecosse et la Nouvelle-Angleterre. Les peuples civilisés qui offraient des sacrifices humains dans de riches temples, seraient ou les Mexicains, ou quelque ancienne nation de la Floride ou de la Louisiane. Le nom même d'Estotiland paraît scandinave, car East-out-land, en anglais, signifierait terre extérieure d'est; dénomination qui convient à la situation de Terre-Neuve à l'égard du continent d'Amérique Faut-il en déduire nécessairement qu'après les découvertes des Vikings, le Nouveau Monde a été retrouvé par les frères Zeni? On conviendra que ce n'est pas impossible, mais aussi qu'il faut faire nombres d'hypothèses pour l'admettre, et que l'on peut tout aussi bien expliquer les affirmations de Caterino Zeno plus simplement : en admettant, par exemple, que celui-ci a fabriqué, a posteriori (c'est-à-dire après la Découverte de Colomb et bien d'autres voyages au-delà de l'Atlantique) une récit mettant en valeur sa famille et qui tout entier aurait été puisé dans la documentation, déjà disponible, et plus ou moins bien assemblée par lui et les géographes de l'époque. (Malte-Brun). | ||
![]() | Zeno (Apostolo). - Poète dramatique et savant, né à Venise le 11 décembre 1668, mort à Venise le 11 novembre 1750. Tout jeune encore, il se consacra à la poésie lyrique. Frappé des défauts des poètes « scicentistes », il forma le projet d'en purger sa patrie et assigna cette mission à l'Académie degli Animati, qu'il fonda dès l'âge de vingt-trois ans. Il composa ensuite (à partir de 1695) un grand nombre de livrets d'opéras (plusieurs en collaboration avec Pietro Pariati), qui obtinrent un très grand succès. Il menait de front les travaux littéraires et les recherches d'érudition; de bonne heure il s'était mis en relation avec les principaux savants de l'Italie![]() Apostolo Zeno continua à composer pour la cour impériale des mélodrames et des opéras, dont le nombre finit par dépasser la soixantaine. Les sujets en sont empruntés aux sources les plus variées, à l'histoire ancienne (Sésostris, Artaxerxès, Thémistocle, Alexandre à Sidon En 1728, des raisons de santé le décidèrent à quitter la cour impériale. Apostolo Zeno revint à Venise, plus riche de gloire que d'argent, et se remit à ses études de prédilection. Il entreprit un Corpus des Storici veneziani, qu'il n'eut pas le temps de terminer, et prépara une édition annotée de la Biblioteca dell' Eloquenza italiana de G. Fontanini (Venise 1753); ses notes, souvent diffuses ou confuses, sont une mine de renseignements précieux. Les Dissertationes Vossianae sont également une série d'additions et de vérifications fort savantes à un ouvrage antérieur (celui de Vossius sur les historiens vénitiens). Citons, parmi ses autres ouvrages : le Compendio del Vocabolario della Crusca (Venise, 1705), le Compendio della storia della repubblica di Venezia (ibid., 1774). Ajoutons enfin qu'il donna à Muratori la première idée de sa grande collection de documents. |
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