| Iphigénie (personnage de la mythologie grecque), fille d'Agamemnon et de Clytemnestre. (On la disait quelquefois issue de Thésée et d'Hélène; Clytemnestre alors n'aurait été que sa mère adoptive et sa nourrice). La légende d'Iphigénie, popularisée par les poètes anciens et modernes, est une des plus connues de la Grèce. Agamemnon excita le courroux d'Artémis, soit qu'il eût tué un cerf cher à la déesse, soit qu'il se fût vanté d'être plus habile à la chasse, soit qu'il eût négligé de lui sacrifier, selon son voeu, la plus belle chose que devait produire l'année de la naissance d'Iphigénie. - Iphigénie sauvée, illustration d'une édition des Métamorphoses d'Ovide, par Virgil Solis (XVIe s.).. Toujours est-il que lorsque les Grecs furent réunis à Aulis pour voguer contre Troie, Artémis, pour se venger, fit régner sur la mer un calme plat. Le devin Calchas ou l'oracle de Delphes exigèrent, pour calmer la déesse, le sacrifice de la fille du roi des rois. Agamemnon refusa d'abord; mais, sur les instances de Ménélas, il envoya Ulysse et Diomède chercher Iphigénie et sa mère à Mycènes, et, pour les décider l'une, et l'autre, il feignit de préparer l'union d'Iphigénie avec Achille. Mais, au moment même où la jeune fille allait être immolée, Artémis l'enleva dans un nuage et l'emporta en Tauride (Chersonèse Taurique); elle fut sur l'autel remplacée par un cerf, par une biche, par un ours marin, ou par une vieille femme. Artémis avait été fléchie par Achille, que Clytemnestre avait gagné à sa douleur maternelle. En Tauride, Iphigénie était devenue prêtresse d'Artémis, gardienne d'une antique idole tombée du ciel. Or Oreste, frère d'Iphigénie, sur l'ordre d'un oracle, se rendit en Tauride pour ravir cette idole et la transporter en Attique. Il aborda au pays où était exilée sa soeur, et celle-ci, suivant une loi barbare, devait immoler l'étranger assez audacieux pour approcher du temple de la déesse Taurique. Mais le frère et la soeur se reconnurent, et Iphigénie, aidant Oreste à dérober l'idole, s'enfuit avec lui, quelques auteurs disent après avoir tué le tyran Thoas. Cependant Electre apprenait en Argolide que son frère avait été immolé en Tauride (Chersonèse Taurique); elle partait pour Delphes, afin de s'assurer de la fatale nouvelle, et y rencontrait les fugitifs. Elle allait arracher les yeux à Iphigénie, la croyant coupable, et ignorant son nom et sa naissance, quand Oreste intervint pour faire connaître la vérité. - Le sacrifice d'Iphigénie, par François Perrier, 1633. Oreste et Electre retournèrent à Mycènes, tandis qu'Iphigénie passa en Attique, pour y déposer l'idole d'Artémis dans le dème de Brauron. Elle y resta comme prêtresse d'Artémis Brauronia. Ce dernier trait de la légende explique comment on a songé à faire d'Iphigénie la fille de Thésée. En Attique, c'est comme étant de la famille du héros national qu'on la vénérait; après sa mort, on lui avait offert de riches présents, surtout des travaux de femmes. Le mythe d'Iphigénie comporte quelques variantes qu'il faut noter. D'abord Iphigénie, sauvée du sacrifice, aurait été tout simplement transportée dans l'île de Leucé, où elle serait devenue la femme d'Achille. D'elle serait né Pyrrhus. On racontait d'autre part qu'elle ne mourut pas, mais fut transformée par Artémis en Hécate, ou bien douée d'une immortelle jeunesse. Ce qui n'empêchait pas que l'on montrât son tombeau à Mégare. Les Lacédomoniens avaient détourné à leur profit une partie du mythe d'Iphigénie. Selon eux, l'idole taurique aurait été apportée en Laconie par la prêtresse; c'est elle qu'on adorait dans le nom d'Artémis Orthia ou Lygodesma; on lui offrait à l'origine des sacrifices humains, que Lycurgue abolit et remplaça par des flagellations de jeunes gens (Diamastigôsis). Mais ce qu'il y a de plus intéressant, c'est qu'à Hermione, Artémis avait un temple où elle était adorée sous le surnom d'Iphigénie; on a voulu en déduire qu'Iphigénie n'était en somme qu'une forme d'Artémis, et qu'il fallait, du moins à l'origine, la confondre avec elle, bien entendu en tant que déesse personnifiant, dans les régions du Nord de la Grèce, l'astre de la lune. (P. Paris).
| Iphigénie a fourni à Euripide le sujet de deux tragédies célèbres, I. en Aulide et I. en Tauride. La première a été imitée en franç. par Rotrou (1640), Racine (1674), Leclerc et Coras (1676), en italien par Dolce (1560), en allemand par Schiller (1790). La deuxième l'a été en français par Lagrange-Chancel (Oreste et Pylade, 1697), Duché (1704), Guimond de la Touche (1757), en allemand par Goethe (1786). Gluck et Piccini en ont fait le sujet de beaux opéras. | | |