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Les populations de l'Afrique
Les Bantous
Les Bantous sont un ensemble de populations originaires d'Afrique subsaharienne, regroupant des centaines de groupes ethniques partageant des caractéristiques linguistiques, culturelles et historiques similaires. Les Bantous sont définis en grande partie par leur langue. Le groupe linguistique bantou comprend environ 500 langues, et le terme bantou lui-même fait référence à la racine commune ntu qui signifie « personne » ou « humain » dans de nombreuses de ces langues.

Les populations bantoues sont originaires d'une région région d'Afrique de l'Ouest ou d'Afrique centrale. À partir de cette région, ils ont migré progressivement vers le sud, l'est et le centre de l'Afrique il y a environ 3000 à 5000 ans. Aujourd'hui, les Bantous sont présents dans une grande partie de l'Afrique centrale, orientale et australe, couvrant plus de 20 pays (le Congo, le Gabon, le Kenya, la Tanzanie, l'Angola, le Mozambique et l'Afrique du Sud, etc.).

L'expansion bantoue a profondément influencé l'histoire et la culture de l'Afrique subsaharienne. Ils ont diffusé leur langue, leurs techniques agricoles, la métallurgie et d'autres aspects culturels. Ils ont également joué un rôle déterminant dans la formation de plusieurs grands royaumes et empires africains, tels que le royaume du Kongo et l'empire Zoulou.

Origine et histoire des Bantous

L'origine des Bantous remonte à une région située probablement entre le Cameroun et le sud-est du Nigeria actuels. Ce groupe de populations partageait des racines linguistiques communes et pratiquait principalement l'agriculture, ce qui les distinguait des autres groupes qui vivaient principalement de la chasse et de la cueillette.

Les Bantous ont commencé à se répandre sur une grande partie de l'Afrique sub-saharienne il y a environ 3000 à 5000 ans (les dates, tout comme le tracé des routes suivies, donnés ici sont indicatifs). Les migrations bantoues, qui se sont étendues sur plusieurs siècles, constituent l'un des plus grands mouvements de populations de l'histoire humaine. Elles ont influencé la répartition des populations, la diversité linguistique et culturelle, ainsi que les dynamiques sociales à travers tout le continent. Les traces de ce mouvement migratoire sont encore visibles aujourd'hui, non seulement à travers les langues parlées mais aussi dans les pratiques culturelles, les structures sociales et les relations politiques en Afrique.

On suppose plusieurs raisons à ces migrations : l'amélioration des techniques agricoles a permis une croissance démographique qui a poussé certaines communautés à chercher de nouvelles terres; la dégradation des terres, les changements climatiques ou la recherche de nouvelles zones fertiles, qui ont dû également jouer un rôle; les tensions entre populations, qui ont pu pousser certains groupes à migrer.

Les phases de l'expansion bantoue.
Première phase.
La première phase des migrations bantoues (environ 2000 av. JC. à 1000 av. JC) marque le début de l'expansion des populations bantoues depuis leur région d'origine. Les Bantous, à cette époque, étaient principalement des agriculteurs sédentaires qui pratiquaient l'agriculture de subsistance (mil, sorgho) et l'élevage. Ils possédaient également des compétences dans la fabrication d'outils en pierre et, plus tard, en fer. 

Cette phase initiale est caractérisée par une dispersion progressive vers l'est et le sud-est de l'Afrique à travers la forêt équatoriale. Elle s'est effectuée en teux temps :

• Expansion vers l'est. - Les premiers groupes (2000 av. JC - 1500 av. JC) ont commencé à migrer vers l'est, en direction de l'actuelle région du Gabon et du Congo. Ils ont traversé les zones forestières denses de l'Afrique centrale, où ils ont dû apprendre à s'adapter à de nouvelles conditions environnementales, notamment une forte humidité et la présence de forêts denses.

• Expansion vers le sud-est. - Une fois la forêt traversée, les Bantous se sont déplacés  (1500 av. JC - 1000 av. JC) vers les savanes et les plateaux, ce qui leur a permis de s'étendre plus rapidement. Cette expansion a permis une implantation stable dans les zones où l'agriculture et l'élevage étaient plus productifs.

Les migrations se faisaient par petits groupes, ce qui a permis aux Bantous d'interagir avec les populations locales qu'ils rencontraient. Ils ont assimilé certains peuples autochtones ou cohabité avec eux, intégrant parfois des pratiques culturelles et des techniques locales. Les Pygmées en Afrique centrale, par exemple, ont été très tôt en contact avec ces migrants bantous, mais avec des échanges culturels et économiques limités.

L'un des facteurs clés qui ont permis aux Bantous de s'installer avec succès dans de nouvelles régions a été leur maîtrise de l'agriculture et leur connaissance de la métallurgie. Bien que la métallurgie du fer ne soit devenue courante qu'au cours des phases suivantes, certains indices montrent que les premiers Bantous maîtrisaient déjà des outils de pierre avancés pour l'agriculture.

Deuxième phase.
La deuxième phase des migrations bantoues (environ 1000 av. JC à 1000 ap. JC) a été marquée par une expansion plus large et plus rapide à travers l'Afrique centrale, orientale et australe. C'est durant cette phase que les Bantous ont atteint et dépassé la région des Grands Lacs et se sont étendus vers l'Afrique de l'Est et l'Afrique australe. Ils ont suivi trois axes principaux :

• Expansion vers la région des Grands Lacs. - Les Bantous ont migré vers l'est en direction de l'actuelle Ouganda, du Rwanda, du Burundi et de la Tanzanie. Ces zones fertiles, avec de nombreux lacs et rivières, offraient des conditions idéales pour l'agriculture et l'élevage. Dans cette région, les Bantous ont formé des communautés agricoles prospères qui ont favorisé la sédentarisation.

• Expansion vers l'Afrique de l'Est. - À partir de la région des Grands Lacs, les Bantous se sont déplacés vers le sud-est, atteignant la côte de l'océan Indien, dans les actuels Kenya et Tanzanie. Cette expansion a donné naissance à des sociétés côtières qui ont été en contact avec les marchands arabes et perses. Ce commerce côtier a favorisé l'émergence de la culture swahilie, qui est un mélange d'influences bantoues et arabes.

• Expansion vers l'Afrique australe. - Les groupes bantous ont également migré vers le sud, atteignant des régions comme l'actuelle Zambie, le Zimbabwe et le Mozambique. Au fur et à mesure qu'ils progressaient vers le sud, ils se sont heurtés à d'autres populations, comme les Khoïsan en Afrique australe. La supériorité technologique des Bantous, notamment avec l'utilisation d'outils en fer, leur a permis de s'imposer dans ces régions.

Durant cette phase, les Bantous ont encore intégré de npouveaux éléments des cultures locales (élevage,notamment) et ont, à leur tour, continué de diffuser leurs propres pratiques agricoles, linguistiques et sociales. La deuxième phase des migrations bantoues a surtout vu l'émergence de royaumes et de chefferies centralisés dans plusieurs régions. Par exemple, le royaume de Buganda dans la région des Grands Lacs ou encore les royaumes Shona dans l'actuel Zimbabwe sont le résultat de cette expansion. Ces sociétés étaient caractérisées par une organisation sociale plus structurée, avec des chefs ou des rois exerçant un pouvoir centralisé.

Troisième phase.
La troisième phase des migrations bantoues (environ 1000 à 1500 ap. JC) représente l'étape finale de l'expansion des peuples bantous à travers l'Afrique australe. Cette phase est caractérisée par l'occupation des régions les plus méridionales du continent, notamment l'actuelle Afrique du Sud, ainsi que par la consolidation de systèmes politiques centralisés, avec l'apparition de chefferies plus puissantes et de royaumes organisés. Par exemple, le royaume du Monomotapa (XIe-XVe siècles) est un exemple emblématique de la civilisation bantoue en Afrique australe. Ce royaume, célèbre pour ses constructions en pierre imposantes, était un centre de commerce et de pouvoir dans la région. D'autres royaumes comme ceux des Ndébélés et des Zoulous ont également émergé durant cette période. La structure sociale est devenue plus hiérarchisée, avec une division claire entre les élites dirigeantes et le reste de la population. 

Zones de migration et d'installation :

• Expansion vers l'Afrique du Sud. - Les Bantous ont progressivement migré vers le sud en traversant le Zimbabwe et le Mozambique actuels, pour finalement atteindre l'Afrique du Sud. Ils se sont installés dans les régions orientales et le long des rivières, où lees conditions étaient plus favorables à l'agriculture. Les groupes qui se sont établis dans ces régions sont les ancêtres des peuples Zoulous, Xhosas, et Sothos.

• Expansion dans la vallée du Limpopo et le plateau du Kalahari. - Les Bantous ont également migré vers l'intérieur des terres et ont atteint des régions semi-arides comme le plateau du Kalahari. Ils y ont introduit l'agriculture et l'élevage, transformant les modes de vie des populations locales.

Durant cette période, les Bantous avaient déjà établi leur présence dans une grande partie de l'Afrique centrale, orientale et australe. Ils maîtrisaient des techniques agricoles avancées, la métallurgie du fer, ainsi que l'élevage, ce qui leur permettait de s'adapter à divers environnements. La croissance démographique et la recherche de nouvelles terres ont poussé ces populations à migrer encore plus au sud, entrant en contact avec les populations locales autochtones, principalement les Khoïsan (Khoïkhoï et San), qui étaient des chasseurs-cueilleurs et des éleveurs. Les interactions ont alterné entre coexistence pacifique et conflits. Les Bantous, disposant d'une supériorité technologique grâce à la métallurgie et à l'agriculture, ont progressivement dominé ces régions, assimilant parfois les populations autochtones ou les repoussant vers des zones moins favorables.

Impact de l'expansion bantoue.
Les migrations bantoues ont eu des répercussions durables sur la structure ethnique, linguistique et culturelle de l'Afrique subsaharienne. Aujourd'hui, la majorité des populations de cette région descendent des migrants bantous et parlent des langues de ce groupe linguistique.

Les migrations ont conduit à l'émergence d'environ 500 langues bantoues à travers une grande partie de l'Afrique subsaharienne , avec des similitudes linguistiques marquées et parlées par environ 240 millions de personnes. Le swahili, par exemple, est l'une des langues les plus parlées et a joué un rôle de lingua franca en Afrique de l'Est. 

Les Bantous ont apporté des techniques agricoles, telles que la culture des céréales et des tubercules (millet, sorgho, et plus tard, maïs), ainsi que la métallurgie (travail du fer) dans de nombreuses régions. Ils ont ainsi révolutionné les économies locales en introduisant l'agriculture et en stimulant la sédentarisation.

Les Bantous ont rencontré divers groupes indigènes lors de leurs migrations, notamment les Pygmées en Afrique centrale et les Khoïsan en Afrique australe. Ces interactions ont parfois conduit à des conflits, mais aussi à des échanges culturels et à des métissages.

Les migrations bantoues ont donné naissance à plusieurs grands royaumes et empires, dont le royaume du Kongo, le royaume Luba, le royaume du Buganda et plus tard l'empire Zoulou. Ces entités politiques ont exercé une grande influence dans leur région respective.

Principaux États bantous historiques

Le Royaume du Kongo.
Le royaume du Kongo (XIVe - XIXe siècles) était situé dans les régions correspondant aujourd'hui à l'Angola, à la République du Congo, à la République Démocratique du Congo et au Gabon. Il était gouverné par un roi appelé manikongo et se composait de provinces administrées par des gouverneurs locaux. L'économie reposait principalement sur l'agriculture (manioc, maïs), la pêche et le commerce. Le royaume avait des contacts commerciaux avec les Portugais à partir du XVe siècle, ce qui a conduit à l'introduction du christianisme. Les guerres civiles, l'esclavage et les conflits internes ont conduit à l'affaiblissement du royaume à partir du XVIIe siècle.

Le royaume Luba.
Le royaume Luba (XVIIe - XIXe siècles) a été fondé par Kongolo Maniema et s'est développé sous la dynastie des Balopwe. Il se situait dans la région du Katanga, en République Démocratique du Congo et était basé sur un système de royauté sacrée, avec un roi qui détenait à la fois un pouvoir religieux et politique. L'agriculture, la chasse, l'exploitation minière (cuivre) et le commerce étaient les principales activités économiques. Les Lubas échangeaient des biens avec les royaumes voisins, notamment le sel et le fer. Le royaume Luba est connu pour ses traditions artistiques (sculptures).

Le royaume Lunda.
Situé dans la région couvrant le sud de la République Démocratique du Congo, l'Angola et la Zambie, le royaume Lunda  (XVIIe - XIXe siècles) a été fondé par des dissidents du royaume Luba, sous le règne du roi Mwaant Yaav. Le royaume Lunda était un État décentralisé, avec des provinces dirigées par des chefs locaux, mais sous l'autorité suprême du roi. Il contrôlait plusieurs routes commerciales reliant l'Afrique centrale à l'océan Atlantique, facilitant le commerce de l'ivoire, des esclaves et du cuivre. Le royaume a décliné au XIXe siècle à cause des pressions coloniales européennes et des conflits internes.

Le royaume du Buganda.
Le Buganda, fondé au XIVe siècle est un royaume centralisé avec un roi (kabaka) à la tête. Il a prospéré grâce à son administration efficace et à son organisation sociale. Situé en Ouganda, autour des rives nord et ouest du lac Victoria, il existe encore aujourd'hui en tant qu'entité culturelle et traditionnelle dans l'Ouganda moderne. Son économie est traditionnellement basée principalement sur l'agriculture (bananes, mil), avec une forte tradition de commerce local et régional.Le Buganda s'est agrandi aux dépens de ses voisins et a maintenu une position dominante dans la région jusqu'à la colonisation britannique.

Le royaume du Monomotapa.
Le royaume du Monomotapa (Mwene Mutapa) (XVe - XVIIIe siècles) était situé dans les actuels Zimbabwe et Mozambique. Fondé par les Shonas, il est ordinairement associé aux ruines du Grand Zimbabwe, un complexe architectural impressionnant en pierre. Ce royaume contrôlait les mines d'or et de cuivre, ainsi que les routes commerciales reliant l'intérieur de l'Afrique à la côte est, facilitant ainsi le commerce avec les marchands arabes, portugais et indiens. Il a souffert de conflits internes, de pressions coloniales et de la perte de contrôle de ses routes commerciales.

L'Empire Zoulou.
Situé en Afrique du Sud, dans la région du KwaZulu-Natal, l'empire zoulou a été fondé par Shaka Zulu au début du XIXe siècle, qui a révolutionné les techniques militaires zouloues, rendant l'empire puissant et redoutable. Sous Shaka, les Zoulous ont conquis et unifié de nombreuses tribus de la région ret  un État centralisé. L'empire Zoulou a aussi été impliqué dans plusieurs conflits avec les colons britanniques, notamment lors de la célèbre bataille d'Isandhlwana en 1879. Cependant, après la mort de Shaka et plusieurs guerres, notamment la guerre anglo-zouloue, l'empire a été affaibli et finalement absorbé par la colonie britannique.

Les populations bantoues

Les Bantous regroupent une vaste diversité de groupes ethniques en Afrique subsaharienne. On ne mentionnera ici que quelques unes des plus marquantes de ces populations.

Afrique Centrale.
Bakongo.
Les Bakongo sont un peuple bantou vivant principalement dans l'ouest de la RDC, au Congo-Brazzaville et en Angola. Ils ont joué un rôle clé dans l'histoire avec le Royaume Kongo, un des royaumes précoloniaux les plus importants. Aujourd'hui, les Bakongo maintiennent leur culture, notamment à travers leur langue (le kikongo), leur art et leurs pratiques religieuses. Leur identité est très marquée par le christianisme, en particulier par l'Église Kimbanguiste, un mouvement religieux fondé par Simon Kimbangu.

Mongo. 
Les Mongo sont l'un des plus grands groupes ethniques de la RDC, vivant principalement dans la région de l'Équateur et des forêts du bassin du Congo. Ce peuple est constitué de plusieurs sous-groupes (comme les Bolia, les Ntomba, et les Ekonda). Les Mongo sont traditionnellement des agriculteurs et des chasseurs. Leur organisation sociale reste largement influencée par les clans et les traditions ancestrales. Bien qu'ils soient majoritairement chrétiens aujourd'hui, de nombreuses croyances animistes persistent, en particulier autour des esprits de la forêt.

Luba.
Les Luba, principalement situés dans la région du Kasaï et du Katanga (RDC),, sont réputés pour leur ancien royaume Luba, qui a dominé une grande partie de l'Afrique centrale avant la colonisation. Ils ont une forte tradition artisanale, notamment en sculpture et en production d'objets rituels. De nos jours, les Luba continuent de jouer un rôle clé en RDC, notamment en termes de politique et d'économie. La population Luba est souvent au centre des dynamiques politiques, en particulier dans les conflits régionaux liés à l'exploitation des ressources minières dans le Katanga.

Lunda.
Les Lunda occupent principalement la région du Katanga, ainsi que des zones en Angola et en Zambie. Comme les Luba, ils ont formé un puissant royaume qui s'étendait sur plusieurs pays d'Afrique centrale et australe avant la colonisation. Aujourd'hui, les Lunda continuent de vivre dans les mêmes régions, où ils sont principalement agriculteurs et commerçants. Les structures sociales traditionnelles, telles que la chefferie, conservent encore une certaine influence dans la gestion des affaires communautaires.

Afrique des Grands Lacs.
Baganda.
Les Baganda sont le plus grand groupe ethnique de l'Ouganda, représentant environ 16 % de la population. Ils sont principalement concentrés dans la région du Buganda, qui englobe la capitale, Kampala. Les Baganda parlent le luganda, l'une des langues plus parlées dans le pays. Le toujours existant royaume du Buganda, dirigé par un roi (le kabaka), joue un rôle culturel et symbolique important. Bien que le royaume ait été intégré dans la structure nationale ougandaise, il conserve une autonomie culturelle et un prestige considérable. Politiquement, les Baganda ont une forte influence, souvent en tension avec le gouvernement central. Les questions d'autonomie régionale et d'identité culturelle restent des points de discorde dans la politique ougandaise.

Hutu.
Les Hutu constituent le groupe ethnique majoritaire au Rwanda et au Burundi, représentant environ 85 % de la population dans ces deux pays. Ils partagent une histoire complexe avec les Tutsi, une autre population bantouphone, marquée par des tensions ethniques qui ont conduit à des conflits violents, notamment le génocide de 1994 au Rwanda, où environ 800 000 personnes, principalement des Tutsi, ont été tuées. Aujourd'hui, au Rwanda, le gouvernement de Paul Kagame adopte une politique de réconciliation nationale qui met l'accent sur l'unité plutôt que sur l'identité ethnique, bien que des tensions sous-jacentes persistent. Au Burundi, la situation reste fragile après des décennies de conflits et de violence politique entre les Hutu et les Tutsi. Les Hutu, majoritaires, continuent de dominer la vie politique dans ces deux pays.

Afrique de l'Est.
Swahili.
Les Swahili ne sont pas un groupe ethnique unique mais une communauté culturelle résultant d'un mélange entre des populations bantoues et arabes, principalement concentrée le long de la côte est-africaine, incluant le Kenya, la Tanzanie et une partie du Mozambique.  Leur langue, le swahili, classée parmi les langues bantoues, est l'une des langues les plus parlées en Afrique de l'Est et joue un rôle crucial en tant que langue commerciale et véhiculaire. Les Swahili sont également connus pour leur riche patrimoine culturel, notamment dans la musique, la poésie et l'architecture. Aujourd'hui, les Swahili continuent de jouer un rôle dans les échanges commerciaux, culturels et religieux (notamment dans l'islam) le long de la côte est-africaine.

Kikuyu.
Les Kikuyu forment le plus nombreux groupe ethnique du Kenya, représentant environ 22 % de la population. Historiquement, ils ont joué un rôle central dans la lutte pour l'indépendance du Kenya, notamment à travers le mouvement Mau-Mau contre la colonisation britannique. Aujourd'hui, les Kikuyu sont des acteurs économiques importants et sont aussi largement représentés dans la politique kenyane. Plusieurs présidents kenyans, dont Jomo Kenyatta et Uhuru Kenyatta, sont issus de ce groupe. Les Kikuyu sont principalement des agriculteurs, cultivant le thé, le café et d'autres cultures commerciales. Leur langue, le kikuyu, est toujours parlée, bien que le swahili et l'anglais soient les langues dominantes au Kenya.

Meru.
Les Meru sont un groupe ethnique du Kenya, vivant principalement dans les régions situées au nord-est du mont Kenya. Ils sont étroitement apparentés aux Kikuyu et aux Embu, partageant des origines bantoues communes. Les Meru sont traditionnellement des agriculteurs, cultivant du maïs, des pommes de terre et des bananes. Ils sont également réputés pour la production de khat (miraa), une culture de grande valeur dans la région. La langue meru est encore largement parlée au sein de la communauté, bien que le swahili soit couramment utilisé. Politiquement, les Meru sont bien représentés et ont une influence importante dans la région du Mont Kenya.

Afrique Australe.
Zoulou. 
Les Zoulous, aujourd'hui au nombre d'environ plus de 12 millions, sont l'un des groupes ethniques les plus connus d'Afrique australe, principalement situés au KwaZulu-Natal (Afrique du Sud). Leurs traditions culturelles et leur langue (le zoulou) sont toujours vivantes, et la danse traditionnelle zouloue, ainsi que d'autres aspects culturels, sont célébrés lors de divers événements. Ils sont célèbres pour leur histoire militaire sous le règne de Shaka Zulu. Politiquement, les Zoulous gardent une importance significative en Afrique du Sud, en grande partie à travers le Parti Inkatha de la Liberté (IFP), dirigé historiquement par Mangosuthu Buthelezi. L'héritage de la royauté zouloue reste également fort, avec le roi zoulou jouant un rôle symbolique et parfois politique important.

Xhosa.
Les Xhosas sont l'un des groupes ethniques dominants en Afrique du Sud. Ils représentent environ 8 millions de personnes, principalement concentrées dans la province du Cap oriental. Leur langue, l'isixhosa, est l'une des langues officielles du pays. Les Xhosa ont joué un rôle important dans l'histoire de l'Afrique du Sud, notamment pendant la lutte contre l'apartheid, avec des figures emblématiques comme Nelson Mandela. Aujourd'hui, la culture Xhosa, avec ss rites d'initiation, ses pratiques religieuses et sa musique traditionnelle, est toujours bien préservée. De nombreux Xhosa vivent dans des environnements urbains tout en restant attachés à leurs racines rurales.

Shona
Les Shona sont la population majoritaire au Zimbabwe, représentant environ 70 % de la population du pays, avec des sous-groupes comme les Zezuru, Karanga, Manyika, et Ndau. La langue shona est largement parlée, et la culture shona est connue pour ses sculptures en pierre, sa musique mbira, et ses traditions religieuses. Politiquement, les Shona dominent largement la scène politique au Zimbabwe depuis l'indépendance, avec des figures telles que Robert Mugabe et Emmerson Mnangagwa. Malgré les défis économiques et sociaux auxquels fait face le Zimbabwe, la culture Shona reste un élément fondamental de l'identité nationale.

Ndebele (Matabele).
Les Ndebele sont une population répartie principalement entre le Zimbabwe et l'Afrique du Sud. Les Ndebele du Zimbabwe, également appelés Matabele, constituent une minorité importante dans le pays, représentant environ 16 % de la population. Leur langue, l'isindebele, est l'une des langues officielles du Zimbabwe. Historiquement, les Ndebele ont été impliqués dans des tensions politiques avec les Shona, notamment pendant la période de Gukurahundi dans les années 1980. Aujourd'hui, bien que marginalisés politiquement, les Ndebele maintiennent vivantes leurs traditions culturelles, notamment à travers l'art, comme les peintures murales colorées de leurs habitations. En Afrique du Sud, les Ndebele sont également reconnus pour leurs pratiques artistiques distinctives et leurs traditions vestimentaires.

Afrique du Sud-Ouest.:
Herero.
Les Herero sont une population principalement situé en Namibie, avec des minorités en Angola et au Botswana. Ils sont surtout connus pour leur histoire tragique, marquée par le génocide perpétré par les colons allemands entre 1904 et 1908. Aujourd'hui, les Herero continuent de lutter pour la reconnaissance et des réparations pour ce génocide. Les Herero sont engagés dans l'élevage de bétail, une activité économique centrale pour eux. Politiquement, ils jouent un rôle significatif dans la Namibie moderne, notamment à travers des leaders qui revendiquent l'héritage historique et les droits fonciers de leur communauté. Leur culture se distingue par les robes victoriennes portées par les femmes, un héritage de l'époque coloniale.

Ovimbundu.
Les Ovimbundu sont le plus grand groupe ethnique en Angola, où ils représentent environ 37 % de la population. Ils sont principalement situés dans les hauts plateaux du centre de l'Angola. Leur langue, l'umbundu, est l'une des langues nationales les plus parlées. Les Ovimbundu ont joué un rôle important dans l'histoire moderne de l'Angola, notamment en soutenant l'UNITA (Union Nationale pour l'Indépendance Totale de l'Angola) durant la guerre civile angolaise (1975-2002). Aujourd'hui, bien que l'UNITA soit devenue un parti politique d'opposition, les Ovimbundu continuent de peser sur la scène politique angolaise. Ils sont principalement impliqués dans l'agriculture et le commerce, et leur culture traditionnelle reste visible à travers la musique, la danse et les cérémonies.

Afrique de l'Ouest.
Fang.
Les Fang sont une population principalement présente au Gabon, en Guinée équatoriale et au Cameroun. Ils représentent une grande partie de la population au Gabon et en Guinée équatoriale. La langue fang est largement parlée dans ces régions. Les Fang sont connus pour leur art sculptural, en particulier les statues et les masques en bois, qui ont influencé l'art moderne, notamment Picasso. Aujourd'hui, ils jouent un rôle important dans la politique et l'économie de la Guinée équatoriale, où ils dominent les structures de pouvoir, notamment sous la présidence de Teodoro Obiang Nguema Mbasogo, lui-même d'origine fang. Malgré cela, les défis liés à la gouvernance et au développement persistent dans les régions où ils sont majoritaires.

Caractéristiques culturelles et sociales

Les sociétés traditionnelles bantoues sont généralement organisées en clans et en tribus avec des structures sociales centrées autour de la famille élargie. La vie communautaire, les pratiques agricoles (en particulier la culture du mil, du maïs et du manioc), ainsi que des croyances religieuses basées sur l'animisme et les cultes des ancêtres sont des éléments importants dans de nombreuses cultures bantoues.

Organisation sociale et politique.
Les sociétés bantoues ont développé des systèmes politiques allant de petites chefferies locales à de grands royaumes centralisés, comme ceux que l'on a mentionnés plus haut. Ces structures politiques sont basées sur la légitimité ancestrale et ce que dans les sociétés conservatrices on appelle la sagesse des chefs. Les décisions importantes sont ordinairement prises en conseil, avec la participation des anciens et des chefs de clan. Le consensus est valorisé dans la prise de décision collective.

Les sociétés bantoues sont généralement organisées en clans ou en lignages basés sur la parenté. Le concept de famille inclut non seulement les parents et les enfants, mais aussi les oncles, tantes, cousins, et grands-parents. Les clans jouent un rôle central dans l'identité sociale et la transmission des droits fonciers, des titres et des rôles politiques. Les rois, reines ou chefs de clans jouent à la fois des rôles politiques, judiciaires et religieux. Le pouvoir est généralement héréditaire et repose sur le respect des coutumes ancestrales.

Système économique.
L'agriculture est l'activité principale, avec la culture de tubercules (manioc, igname), de céréales (mil, sorgho, maïs) et de légumes. L'agriculture est souvent pratiquée de manière communautaire.

Dans certaines régions, l'élevage de bétail (boeufs, chèvres) est développé, surtout dans les zones semi-arides. La chasse et la cueillette complètent soparfois l'alimentation.

Les échanges commerciaux sont essentiels, tant au niveau local que régional. Les Bantous ont développé des réseaux d'échanges complexes pour le commerce de produits agricoles, artisanaux et miniers.

Conceptions religieuses.
Les sociétés bantoues traditionnelles croient en la présence d'esprits dans les éléments de la nature (arbres, rivières, montagnes). Le monde des esprits est omniprésent dans la vie quotidienne.

Beaucoup de Bantous croient en un dieu créateur suprême, souvent distant, et en de nombreux esprits intermédiaires qui influencent la vie humaine. Les rituels, sacrifices et prières sont pratiqués pour s'assurer de leur bienveillance.

Les ancêtres sont considérés comme des médiateurs entre les vivants et les esprits. Les cérémonies rituelles pour honorer les ancêtres sont courantes.

Le rites de passage.
Les rites de passage marquant les étapes importantes de la vie, comme la puberté, sont très présents. Les cérémonies d'initiation pour les garçons et les filles, souvent accompagnées de formation rituelle, symbolisent le passage à l'âge adulte.

Le mariage est un événement communautaire, souvent accompagné de négociations et d'échanges entre les familles (dot). Le mariage polygame est pratiqué dans certaines sociétés bantoues.

Les funérailles sont des cérémonies importantes où les ancêtres sont invoqués. La croyance en la vie après la mort est forte, et les rituels sont destinés à assurer une bonne transition de l'âme vers l'au-delà.

Langues et transmission culturelle.
Les langues bantoues forment un vaste groupe linguistique qui inclut des centaines de langues, comme le swahili, le kikongo, le lingala, le zoulou, etc. La culture bantoue est essentiellement orale, avec une riche tradition de contes, de chants, de danses et de proverbes. Les griots et les conteurs jouent un rôle clé dans la préservation de l'histoire et des mythes.

Art et artisanat.
L'art bantou est principalement religieux. Les masques et sculptures en bois sont utilisés lors des cérémonies pour représenter les ancêtres, les esprits ou pour des rites initiatiques.

La musique, avec l'utilisation de tambours, de xylophones et d'instruments à vent, accompagne les rituels, les fêtes et les célébrations. Les danses bantoues sont expressives et jouent un rôle social et religieux.

L'artisanat textile, comme les étoffes ou les tissus à motifs géométriques, est également une forme d'expression artistique bantoue, souvent liée à l'identité ethnique.

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