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Les
Bantous
sont un ensemble de populations originaires d'Afrique
subsaharienne, regroupant des centaines de groupes ethniques partageant
des caractéristiques linguistiques, culturelles et historiques similaires.
Les Bantous sont définis en grande partie par leur langue. Le groupe linguistique
bantou comprend environ 500 langues, et le terme bantou lui-même
fait référence à la racine commune ntu qui signifie « personne
» ou « humain » dans de nombreuses de ces langues.
Les populations bantoues
sont originaires d'une région région d'Afrique de l'Ouest ou d'Afrique
centrale. À partir de cette région, ils ont migré progressivement vers
le sud, l'est et le centre de l'Afrique
il y a environ 3000 à 5000 ans. Aujourd'hui, les Bantous sont présents
dans une grande partie de l'Afrique centrale, orientale et australe, couvrant
plus de 20 pays (le Congo, le Gabon, le Kenya, la Tanzanie, l'Angola, le
Mozambique et l'Afrique du Sud, etc.).
L'expansion bantoue
a profondément influencé l'histoire et la culture de l'Afrique subsaharienne.
Ils ont diffusé leur langue, leurs techniques agricoles, la métallurgie
et d'autres aspects culturels. Ils ont également joué un rôle déterminant
dans la formation de plusieurs grands royaumes et empires africains, tels
que le royaume du Kongo et l'empire Zoulou.
Origine et histoire
des Bantous
L'origine des Bantous
remonte à une région située probablement entre le Cameroun
et le sud-est du Nigeria actuels. Ce groupe
de populations partageait des racines linguistiques communes et pratiquait
principalement l'agriculture, ce qui les distinguait des autres groupes
qui vivaient principalement de la chasse et de la cueillette.
Les Bantous ont commencé
à se répandre sur une grande partie de l'Afrique sub-saharienne il y
a environ 3000 à 5000 ans (les dates, tout comme le tracé des routes
suivies, donnés ici sont indicatifs). Les migrations bantoues, qui se
sont étendues sur plusieurs siècles, constituent l'un des plus grands
mouvements de populations de l'histoire humaine. Elles ont influencé la
répartition des populations, la diversité linguistique et culturelle,
ainsi que les dynamiques sociales à travers tout le continent. Les traces
de ce mouvement migratoire sont encore visibles aujourd'hui, non seulement
à travers les langues parlées mais aussi dans les pratiques culturelles,
les structures sociales et les relations politiques en Afrique.
On suppose plusieurs
raisons à ces migrations : l'amélioration des techniques agricoles a
permis une croissance démographique qui a poussé certaines communautés
à chercher de nouvelles terres; la dégradation des terres, les changements
climatiques ou la recherche de nouvelles zones fertiles, qui ont dû également
jouer un rôle; les tensions entre populations, qui ont pu pousser certains
groupes à migrer.
Les phases de
l'expansion bantoue.
Première
phase.
La première phase
des migrations bantoues (environ 2000 av. JC. Ã 1000 av. JC) marque le
début de l'expansion des populations bantoues depuis leur région d'origine.
Les Bantous, à cette époque, étaient principalement des agriculteurs
sédentaires qui pratiquaient l'agriculture de subsistance (mil, sorgho)
et l'élevage. Ils possédaient également des compétences dans la fabrication
d'outils en pierre et, plus tard, en fer.
Cette phase initiale
est caractérisée par une dispersion progressive vers l'est et le sud-est
de l'Afrique à travers la forêt équatoriale. Elle s'est effectuée en
teux temps :
• Expansion
vers l'est. - Les premiers groupes (2000 av. JC - 1500 av. JC) ont
commencé à migrer vers l'est, en direction de l'actuelle région du
Gabon
et du Congo. Ils ont traversé les zones
forestières denses de l'Afrique centrale, où ils ont dû apprendre Ã
s'adapter à de nouvelles conditions environnementales, notamment une forte
humidité et la présence de forêts denses.
• Expansion
vers le sud-est. - Une fois la forêt traversée, les Bantous se sont
déplacés (1500 av. JC - 1000 av. JC) vers les savanes et les plateaux,
ce qui leur a permis de s'étendre plus rapidement. Cette expansion a
permis une implantation stable dans les zones où l'agriculture et l'élevage
étaient plus productifs.
Les migrations se faisaient
par petits groupes, ce qui a permis aux Bantous d'interagir avec les populations
locales qu'ils rencontraient. Ils ont assimilé certains peuples autochtones
ou cohabité avec eux, intégrant parfois des pratiques culturelles et
des techniques locales. Les Pygmées en Afrique
centrale, par exemple, ont été très tôt en contact avec ces migrants
bantous, mais avec des échanges culturels et économiques limités.
L'un des facteurs
clés qui ont permis aux Bantous de s'installer avec succès dans de
nouvelles régions a été leur maîtrise de l'agriculture et leur connaissance
de la métallurgie. Bien que la métallurgie du fer ne soit devenue courante
qu'au cours des phases suivantes, certains indices montrent que les premiers
Bantous maîtrisaient déjà des outils de pierre avancés pour l'agriculture.
Deuxième
phase.
La deuxième phase
des migrations bantoues (environ 1000 av. JC à 1000 ap. JC) a été marquée
par une expansion plus large et plus rapide à travers l'Afrique centrale,
orientale et australe. C'est durant cette phase que les Bantous ont atteint
et dépassé la région des Grands Lacs
et se sont étendus vers l'Afrique de l'Est et l'Afrique
australe. Ils ont suivi trois axes principaux :
• Expansion
vers la région des Grands Lacs. - Les Bantous ont migré vers l'est
en direction de l'actuelle Ouganda, du
Rwanda,
du Burundi et de la Tanzanie.
Ces zones fertiles, avec de nombreux lacs et rivières, offraient des conditions
idéales pour l'agriculture et l'élevage. Dans cette région, les Bantous
ont formé des communautés agricoles prospères qui ont favorisé la sédentarisation.
• Expansion
vers l'Afrique de l'Est. - À partir de la région des Grands Lacs,
les Bantous se sont déplacés vers le sud-est, atteignant la côte de
l'océan Indien, dans les actuels Kenya et
Tanzanie. Cette expansion a donné naissance à des sociétés côtières
qui ont été en contact avec les marchands arabes
et perses. Ce commerce côtier a favorisé
l'émergence de la culture swahilie,
qui est un mélange d'influences bantoues et arabes.
• Expansion
vers l'Afrique australe. - Les groupes bantous ont également migré
vers le sud, atteignant des régions comme l'actuelle Zambie,
le Zimbabwe et le Mozambique.
Au fur et à mesure qu'ils progressaient vers le sud, ils se sont heurtés
à d'autres populations, comme les Khoïsan en
Afrique australe. La supériorité technologique des Bantous, notamment
avec l'utilisation d'outils en fer, leur a permis de s'imposer dans ces
régions.
Durant cette phase,
les Bantous ont encore intégré de npouveaux éléments des cultures locales
(élevage,notamment) et ont, à leur tour, continué de diffuser leurs
propres pratiques agricoles, linguistiques et sociales. La deuxième phase
des migrations bantoues a surtout vu l'émergence de royaumes et de chefferies
centralisés dans plusieurs régions. Par exemple, le royaume de Buganda
dans la région des Grands Lacs ou encore les royaumes Shona dans l'actuel
Zimbabwe sont le résultat de cette expansion. Ces sociétés étaient
caractérisées par une organisation sociale plus structurée, avec des
chefs ou des rois exerçant un pouvoir centralisé.
Troisième
phase.
La troisième phase
des migrations bantoues (environ 1000 à 1500 ap. JC) représente l'étape
finale de l'expansion des peuples bantous à travers l'Afrique australe.
Cette phase est caractérisée par l'occupation des régions les plus méridionales
du continent, notamment l'actuelle Afrique
du Sud, ainsi que par la consolidation de systèmes politiques centralisés,
avec l'apparition de chefferies plus puissantes et de royaumes organisés.
Par exemple, le royaume du Monomotapa (XIe-XVe
siècles) est un exemple emblématique de la civilisation bantoue en Afrique
australe. Ce royaume, célèbre pour ses constructions en pierre imposantes,
était un centre de commerce et de pouvoir dans la région. D'autres royaumes
comme ceux des Ndébélés et des Zoulous ont également émergé durant
cette période. La structure sociale est devenue plus hiérarchisée, avec
une division claire entre les élites dirigeantes et le reste de la population.
Zones de migration
et d'installation :
• Expansion
vers l'Afrique du Sud. - Les Bantous ont progressivement migré vers
le sud en traversant le Zimbabwe et le Mozambique actuels, pour finalement
atteindre l'Afrique du Sud. Ils se sont installés dans les régions orientales
et le long des rivières, où lees conditions étaient plus favorables
à l'agriculture. Les groupes qui se sont établis dans ces régions sont
les ancêtres des peuples Zoulous, Xhosas, et Sothos.
• Expansion
dans la vallée du Limpopo et le plateau du Kalahari. - Les Bantous
ont également migré vers l'intérieur des terres et ont atteint des régions
semi-arides comme le plateau du Kalahari. Ils
y ont introduit l'agriculture et l'élevage, transformant les modes de
vie des populations locales.
Durant cette période,
les Bantous avaient déjà établi leur présence dans une grande partie
de l'Afrique centrale, orientale et australe. Ils maîtrisaient des techniques
agricoles avancées, la métallurgie du fer, ainsi que l'élevage, ce qui
leur permettait de s'adapter à divers environnements. La croissance
démographique et la recherche de nouvelles terres ont poussé ces populations
à migrer encore plus au sud, entrant en contact avec les populations locales
autochtones, principalement les Khoïsan (Khoïkhoï
et San), qui étaient des chasseurs-cueilleurs et des éleveurs. Les interactions
ont alterné entre coexistence pacifique et conflits. Les Bantous, disposant
d'une supériorité technologique grâce à la métallurgie et à l'agriculture,
ont progressivement dominé ces régions, assimilant parfois les populations
autochtones ou les repoussant vers des zones moins favorables.
Impact de l'expansion
bantoue.
Les migrations bantoues
ont eu des répercussions durables sur la structure ethnique, linguistique
et culturelle de l'Afrique subsaharienne. Aujourd'hui, la majorité des
populations de cette région descendent des migrants bantous et parlent
des langues de ce groupe linguistique.
Les migrations ont
conduit à l'émergence d'environ 500 langues
bantoues à travers une grande partie de l'Afrique subsaharienne ,
avec des similitudes linguistiques marquées et parlées par environ 240
millions de personnes. Le swahili, par exemple, est l'une des langues les
plus parlées et a joué un rôle de lingua franca en Afrique de
l'Est.
Les Bantous ont apporté
des techniques agricoles, telles que la culture des céréales et des tubercules
(millet, sorgho, et plus tard, maïs), ainsi que la métallurgie (travail
du fer) dans de nombreuses régions. Ils ont ainsi révolutionné les économies
locales en introduisant l'agriculture et en stimulant la sédentarisation.
Les Bantous ont rencontré
divers groupes indigènes lors de leurs migrations, notamment les Pygmées
en Afrique centrale et les Khoïsan en Afrique
australe. Ces interactions ont parfois conduit à des conflits, mais
aussi à des échanges culturels et à des métissages.
Les migrations bantoues
ont donné naissance à plusieurs grands royaumes et empires, dont le royaume
du Kongo, le royaume Luba, le royaume du Buganda et plus tard l'empire
Zoulou. Ces entités politiques ont exercé une grande influence dans leur
région respective.
Principaux États bantous
historiques
Le Royaume du Kongo.
Le royaume du Kongo
(XIVe - XIXe
siècles) était situé dans les régions correspondant aujourd'hui Ã
l'Angola, à la République
du Congo, à la République Démocratique
du Congo et au Gabon. Il était gouverné
par un roi appelé manikongo et se composait de provinces administrées
par des gouverneurs locaux. L'économie reposait principalement sur l'agriculture
(manioc, maïs), la pêche et le commerce. Le royaume avait des contacts
commerciaux avec les Portugais à partir
du XVe siècle, ce qui a conduit à l'introduction
du christianisme. Les guerres civiles, l'esclavage
et les conflits internes ont conduit à l'affaiblissement du royaume Ã
partir du XVIIe siècle.
Le royaume Luba.
Le royaume Luba
(XVIIe - XIXe
siècles) a été fondé par Kongolo Maniema et s'est développé sous
la dynastie des Balopwe. Il se situait dans la région du Katanga, en République
Démocratique du Congo et était basé sur un système de royauté sacrée,
avec un roi qui détenait à la fois un pouvoir religieux et politique.
L'agriculture, la chasse, l'exploitation minière (cuivre) et le commerce
étaient les principales activités économiques. Les Lubas échangeaient
des biens avec les royaumes voisins, notamment le sel et le fer. Le royaume
Luba est connu pour ses traditions artistiques (sculptures).
Le royaume Lunda.
Situé dans la région
couvrant le sud de la République Démocratique du Congo, l'Angola et la
Zambie, le royaume Lunda (XVIIe -
XIXe siècles) a été fondé par des dissidents
du royaume Luba, sous le règne du roi Mwaant Yaav. Le royaume Lunda était
un État décentralisé, avec des provinces dirigées par des chefs locaux,
mais sous l'autorité suprême du roi. Il contrôlait plusieurs routes
commerciales reliant l'Afrique centrale à l'océan Atlantique, facilitant
le commerce de l'ivoire, des esclaves et du cuivre. Le royaume a décliné
au XIXe siècle à cause des pressions coloniales européennes
et des conflits internes.
Le royaume du
Buganda.
Le Buganda, fondé
au XIVe siècle est un royaume centralisé
avec un roi (kabaka) à la tête. Il a prospéré grâce à son
administration efficace et à son organisation sociale. Situé en Ouganda,
autour des rives nord et ouest du lac Victoria,
il existe encore aujourd'hui en tant qu'entité culturelle et traditionnelle
dans l'Ouganda moderne. Son économie est traditionnellement basée principalement
sur l'agriculture (bananes, mil), avec une forte tradition de commerce
local et régional.Le Buganda s'est agrandi aux dépens de ses voisins
et a maintenu une position dominante dans la région jusqu'à la colonisation
britannique.
Le royaume du
Monomotapa.
Le royaume du Monomotapa
(Mwene Mutapa) (XVe - XVIIIe
siècles) était situé dans les actuels Zimbabwe
et Mozambique. Fondé par les Shonas,
il est ordinairement associé aux ruines du Grand Zimbabwe, un complexe
architectural impressionnant en pierre. Ce royaume contrôlait les mines
d'or et de cuivre, ainsi que les routes commerciales reliant l'intérieur
de l'Afrique à la côte est, facilitant ainsi le commerce avec les marchands
arabes, portugais et indiens. Il a souffert de conflits internes, de pressions
coloniales et de la perte de contrôle de ses routes commerciales.
L'Empire Zoulou.
Situé en Afrique
du Sud, dans la région du KwaZulu-Natal, l'empire zoulou a été fondé
par Shaka Zulu au début du XIXe siècle,
qui a révolutionné les techniques militaires zouloues, rendant l'empire
puissant et redoutable. Sous Shaka, les Zoulous ont conquis et unifié
de nombreuses tribus de la région ret un État centralisé. L'empire
Zoulou a aussi été impliqué dans plusieurs conflits avec les colons
britanniques, notamment lors de la célèbre bataille d'Isandhlwana en
1879. Cependant, après la mort de Shaka et plusieurs guerres, notamment
la guerre anglo-zouloue, l'empire a été affaibli et finalement absorbé
par la colonie britannique.
Les populations bantoues
Les Bantous regroupent
une vaste diversité de groupes ethniques en Afrique subsaharienne. On
ne mentionnera ici que quelques unes des plus marquantes de ces populations.
Afrique Centrale.
Bakongo.
Les Bakongo sont
un peuple bantou vivant principalement dans l'ouest de la RDC, au Congo-Brazzaville
et en Angola. Ils ont joué un rôle clé
dans l'histoire avec le Royaume Kongo, un des royaumes précoloniaux les
plus importants. Aujourd'hui, les Bakongo maintiennent leur culture, notamment
à travers leur langue (le kikongo), leur art et leurs pratiques religieuses.
Leur identité est très marquée par le christianisme, en particulier
par l'Église Kimbanguiste, un mouvement religieux fondé par Simon Kimbangu.
Mongo.
Les Mongo sont l'un
des plus grands groupes ethniques de la RDC, vivant principalement dans
la région de l'Équateur et des forêts du bassin du Congo. Ce peuple
est constitué de plusieurs sous-groupes (comme les Bolia, les Ntomba,
et les Ekonda). Les Mongo sont traditionnellement des agriculteurs et des
chasseurs. Leur organisation sociale reste largement influencée par les
clans et les traditions ancestrales. Bien qu'ils soient majoritairement
chrétiens aujourd'hui, de nombreuses croyances animistes persistent, en
particulier autour des esprits de la forêt.
Luba.
Les Luba, principalement
situés dans la région du Kasaï et du Katanga (RDC),, sont réputés
pour leur ancien royaume Luba, qui a dominé une grande partie de l'Afrique
centrale avant la colonisation. Ils ont une forte tradition artisanale,
notamment en sculpture et en production d'objets rituels. De nos jours,
les Luba continuent de jouer un rôle clé en RDC, notamment en termes
de politique et d'économie. La population Luba est souvent au centre des
dynamiques politiques, en particulier dans les conflits régionaux liés
à l'exploitation des ressources minières dans le Katanga.
Lunda.
Les Lunda occupent
principalement la région du Katanga, ainsi que des zones en Angola et
en Zambie. Comme les Luba, ils ont formé
un puissant royaume qui s'étendait sur plusieurs pays d'Afrique centrale
et australe avant la colonisation. Aujourd'hui, les Lunda continuent de
vivre dans les mêmes régions, où ils sont principalement agriculteurs
et commerçants. Les structures sociales traditionnelles, telles que la
chefferie, conservent encore une certaine influence dans la gestion des
affaires communautaires.
Afrique des Grands
Lacs.
Baganda.
Les Baganda sont
le plus grand groupe ethnique de l'Ouganda,
représentant environ 16 % de la population. Ils sont principalement concentrés
dans la région du Buganda, qui englobe la capitale, Kampala. Les Baganda
parlent le luganda, l'une des langues plus parlées dans le pays. Le toujours
existant royaume du Buganda, dirigé par un roi (le kabaka), joue
un rôle culturel et symbolique important. Bien que le royaume ait été
intégré dans la structure nationale ougandaise, il conserve une autonomie
culturelle et un prestige considérable. Politiquement, les Baganda ont
une forte influence, souvent en tension avec le gouvernement central. Les
questions d'autonomie régionale et d'identité culturelle restent des
points de discorde dans la politique ougandaise.
Hutu.
Les Hutu constituent
le groupe ethnique majoritaire au Rwanda
et au Burundi, représentant environ 85
% de la population dans ces deux pays. Ils partagent une histoire complexe
avec les Tutsi, une autre population bantouphone, marquée par des tensions
ethniques qui ont conduit à des conflits violents, notamment le génocide
de 1994 au Rwanda, où environ 800 000 personnes, principalement des Tutsi,
ont été tuées. Aujourd'hui, au Rwanda, le gouvernement de Paul Kagame
adopte une politique de réconciliation nationale qui met l'accent sur
l'unité plutôt que sur l'identité ethnique, bien que des tensions sous-jacentes
persistent. Au Burundi, la situation reste fragile après des décennies
de conflits et de violence politique entre les Hutu et les Tutsi. Les Hutu,
majoritaires, continuent de dominer la vie politique dans ces deux pays.
Afrique de l'Est.
Swahili.
Les Swahili ne sont
pas un groupe ethnique unique mais une communauté culturelle résultant
d'un mélange entre des populations bantoues et arabes, principalement
concentrée le long de la côte est-africaine, incluant le Kenya,
la Tanzanie et une partie du Mozambique.
Leur langue, le swahili, classée parmi les langues bantoues, est l'une
des langues les plus parlées en Afrique
de l'Est et joue un rôle crucial en tant que langue commerciale et
véhiculaire. Les Swahili sont également connus pour leur riche patrimoine
culturel, notamment dans la musique, la poésie et l'architecture. Aujourd'hui,
les Swahili continuent de jouer un rôle dans les échanges commerciaux,
culturels et religieux (notamment dans l'islam) le long de la côte est-africaine.
Kikuyu.
Les Kikuyu forment
le plus nombreux groupe ethnique du Kenya, représentant environ 22 % de
la population. Historiquement, ils ont joué un rôle central dans la lutte
pour l'indépendance du Kenya, notamment
à travers le mouvement Mau-Mau contre la colonisation britannique. Aujourd'hui,
les Kikuyu sont des acteurs économiques importants et sont aussi largement
représentés dans la politique kenyane. Plusieurs présidents kenyans,
dont Jomo Kenyatta et Uhuru Kenyatta, sont issus de ce groupe. Les Kikuyu
sont principalement des agriculteurs, cultivant le thé, le café et d'autres
cultures commerciales. Leur langue, le kikuyu, est toujours parlée, bien
que le swahili et l'anglais soient les langues dominantes au Kenya.
Meru.
Les Meru sont un
groupe ethnique du Kenya, vivant principalement dans les régions situées
au nord-est du mont Kenya. Ils sont étroitement apparentés aux Kikuyu
et aux Embu, partageant des origines bantoues communes. Les Meru sont traditionnellement
des agriculteurs, cultivant du maïs, des pommes de terre et des bananes.
Ils sont également réputés pour la production de khat (miraa),
une culture de grande valeur dans la région. La langue meru est encore
largement parlée au sein de la communauté, bien que le swahili soit couramment
utilisé. Politiquement, les Meru sont bien représentés et ont une influence
importante dans la région du Mont Kenya.
Afrique Australe.
Zoulou.
Les Zoulous, aujourd'hui
au nombre d'environ plus de 12 millions, sont l'un des groupes ethniques
les plus connus d'Afrique australe, principalement situés au KwaZulu-Natal
(Afrique du Sud). Leurs traditions culturelles et leur langue (le zoulou)
sont toujours vivantes, et la danse traditionnelle zouloue, ainsi que d'autres
aspects culturels, sont célébrés lors de divers événements. Ils sont
célèbres pour leur histoire militaire sous le règne de Shaka Zulu. Politiquement,
les Zoulous gardent une importance significative en Afrique du Sud, en
grande partie à travers le Parti Inkatha de la Liberté (IFP), dirigé
historiquement par Mangosuthu Buthelezi. L'héritage de la royauté zouloue
reste également fort, avec le roi zoulou jouant un rôle symbolique et
parfois politique important.
Xhosa.
Les Xhosas sont
l'un des groupes ethniques dominants en Afrique
du Sud. Ils représentent environ 8 millions de personnes, principalement
concentrées dans la province du Cap oriental. Leur langue, l'isixhosa,
est l'une des langues officielles du pays. Les Xhosa ont joué un rôle
important dans l'histoire de l'Afrique du Sud, notamment pendant la lutte
contre l'apartheid, avec des figures emblématiques comme Nelson
Mandela. Aujourd'hui, la culture Xhosa, avec ss rites d'initiation, ses
pratiques religieuses et sa musique traditionnelle, est toujours bien préservée.
De nombreux Xhosa vivent dans des environnements urbains tout en restant
attachés à leurs racines rurales.
Shona.
Les Shona sont la
population majoritaire au Zimbabwe, représentant
environ 70 % de la population du pays, avec des sous-groupes comme les
Zezuru, Karanga, Manyika, et Ndau. La langue shona est largement parlée,
et la culture shona est connue pour ses sculptures en pierre, sa musique
mbira, et ses traditions religieuses. Politiquement, les Shona dominent
largement la scène politique au Zimbabwe depuis l'indépendance, avec
des figures telles que Robert Mugabe et Emmerson Mnangagwa. Malgré les
défis économiques et sociaux auxquels fait face le Zimbabwe, la culture
Shona reste un élément fondamental de l'identité nationale.
Ndebele
(Matabele).
Les Ndebele sont
une population répartie principalement entre le Zimbabwe et l'Afrique
du Sud. Les Ndebele du Zimbabwe, également appelés Matabele, constituent
une minorité importante dans le pays, représentant environ 16 % de la
population. Leur langue, l'isindebele, est l'une des langues officielles
du Zimbabwe. Historiquement, les Ndebele ont été impliqués dans des
tensions politiques avec les Shona, notamment pendant la période de Gukurahundi
dans les années 1980. Aujourd'hui, bien que marginalisés politiquement,
les Ndebele maintiennent vivantes leurs traditions culturelles, notamment
à travers l'art, comme les peintures murales colorées de leurs habitations.
En Afrique du Sud, les Ndebele sont également reconnus pour leurs pratiques
artistiques distinctives et leurs traditions vestimentaires.
Afrique du Sud-Ouest.:
Herero.
Les Herero sont
une population principalement situé en Namibie, avec des minorités en
Angola et au Botswana. Ils sont surtout connus pour leur histoire tragique,
marquée par le génocide perpétré par les
colons allemands entre 1904 et 1908. Aujourd'hui, les Herero continuent
de lutter pour la reconnaissance et des réparations pour ce génocide.
Les Herero sont engagés dans l'élevage de bétail, une activité économique
centrale pour eux. Politiquement, ils jouent un rôle significatif dans
la Namibie moderne, notamment à travers des leaders qui revendiquent l'héritage
historique et les droits fonciers de leur communauté. Leur culture se
distingue par les robes victoriennes portées par les femmes, un héritage
de l'époque coloniale.
Ovimbundu.
Les Ovimbundu sont
le plus grand groupe ethnique en Angola, où ils représentent environ
37 % de la population. Ils sont principalement situés dans les hauts plateaux
du centre de l'Angola. Leur langue, l'umbundu, est l'une des langues nationales
les plus parlées. Les Ovimbundu ont joué un rôle important dans l'histoire
moderne de l'Angola, notamment en soutenant l'UNITA (Union Nationale pour
l'Indépendance Totale de l'Angola) durant la guerre civile angolaise (1975-2002).
Aujourd'hui, bien que l'UNITA soit devenue un parti politique d'opposition,
les Ovimbundu continuent de peser sur la scène politique angolaise. Ils
sont principalement impliqués dans l'agriculture et le commerce, et leur
culture traditionnelle reste visible à travers la musique, la danse et
les cérémonies.
Afrique de l'Ouest.
Fang.
Les Fang sont une
population principalement présente au Gabon,
en Guinée équatoriale et au
Cameroun.
Ils représentent une grande partie de la population au Gabon et en Guinée
équatoriale. La langue fang est largement parlée dans ces régions. Les
Fang sont connus pour leur art sculptural, en particulier les statues et
les masques en bois, qui ont influencé l'art moderne, notamment Picasso.
Aujourd'hui, ils jouent un rôle important dans la politique et l'économie
de la Guinée équatoriale, où ils dominent les structures de pouvoir,
notamment sous la présidence de Teodoro Obiang Nguema Mbasogo, lui-même
d'origine fang. Malgré cela, les défis liés à la gouvernance et au
développement persistent dans les régions où ils sont majoritaires.
Caractéristiques
culturelles et sociales
Les sociétés traditionnelles
bantoues sont généralement organisées en clans et en tribus avec des
structures sociales centrées autour de la famille élargie. La vie communautaire,
les pratiques agricoles (en particulier la culture du mil, du maïs et
du manioc), ainsi que des croyances religieuses basées sur l'animisme
et les cultes des ancêtres sont des éléments importants dans de nombreuses
cultures bantoues.
Organisation sociale
et politique.
Les sociétés bantoues
ont développé des systèmes politiques allant de petites chefferies locales
à de grands royaumes centralisés, comme ceux que l'on a mentionnés plus
haut. Ces structures politiques sont basées sur la légitimité ancestrale
et ce que dans les sociétés conservatrices on appelle la sagesse des
chefs. Les décisions importantes sont ordinairement prises en conseil,
avec la participation des anciens et des chefs de clan. Le consensus est
valorisé dans la prise de décision collective.
Les sociétés bantoues
sont généralement organisées en clans ou en lignages basés sur la parenté.
Le concept de famille inclut non seulement les parents et les enfants,
mais aussi les oncles, tantes, cousins, et grands-parents. Les clans jouent
un rôle central dans l'identité sociale et la transmission des droits
fonciers, des titres et des rôles politiques. Les rois, reines ou chefs
de clans jouent à la fois des rôles politiques, judiciaires et religieux.
Le pouvoir est généralement héréditaire et repose sur le respect des
coutumes ancestrales.
Système économique.
L'agriculture est
l'activité principale, avec la culture de tubercules (manioc, igname),
de céréales (mil, sorgho, maïs) et de légumes. L'agriculture est souvent
pratiquée de manière communautaire.
Dans certaines régions,
l'élevage de bétail (boeufs, chèvres) est développé, surtout dans
les zones semi-arides. La chasse et la cueillette complètent soparfois
l'alimentation.
Les échanges commerciaux
sont essentiels, tant au niveau local que régional. Les Bantous ont développé
des réseaux d'échanges complexes pour le commerce de produits agricoles,
artisanaux et miniers.
Conceptions religieuses.
Les sociétés bantoues
traditionnelles croient en la présence d'esprits dans les éléments de
la nature (arbres, rivières, montagnes). Le monde des esprits est omniprésent
dans la vie quotidienne.
Beaucoup de Bantous
croient en un dieu créateur suprême, souvent distant, et en de nombreux
esprits intermédiaires qui influencent la vie humaine. Les rituels, sacrifices
et prières sont pratiqués pour s'assurer de leur bienveillance.
Les ancêtres sont
considérés comme des médiateurs entre les vivants et les esprits. Les
cérémonies rituelles pour honorer les ancêtres sont courantes.
Le
rites de passage.
Les rites de passage
marquant les étapes importantes de la vie, comme la puberté, sont très
présents. Les cérémonies d'initiation pour les garçons et les filles,
souvent accompagnées de formation rituelle, symbolisent le passage Ã
l'âge adulte.
Le mariage est un
événement communautaire, souvent accompagné de négociations et d'échanges
entre les familles (dot). Le mariage polygame est pratiqué dans certaines
sociétés bantoues.
Les funérailles
sont des cérémonies importantes où les ancêtres sont invoqués. La
croyance en la vie après la mort est forte, et les rituels sont destinés
à assurer une bonne transition de l'âme vers l'au-delà .
Langues et transmission
culturelle.
Les langues
bantoues forment un vaste groupe linguistique qui inclut des centaines
de langues, comme le swahili, le kikongo, le lingala, le zoulou, etc. La
culture bantoue est essentiellement orale, avec une riche tradition de
contes, de chants, de danses et de proverbes. Les griots et les conteurs
jouent un rôle clé dans la préservation de l'histoire et des mythes.
Art et artisanat.
L'art bantou est
principalement religieux. Les masques et sculptures en bois sont utilisés
lors des cérémonies pour représenter les ancêtres, les esprits ou pour
des rites initiatiques.
La musique, avec
l'utilisation de tambours, de xylophones et d'instruments à vent, accompagne
les rituels, les fêtes et les célébrations. Les danses bantoues sont
expressives et jouent un rôle social et religieux.
L'artisanat textile,
comme les étoffes ou les tissus à motifs géométriques, est également
une forme d'expression artistique bantoue, souvent liée à l'identité
ethnique. |
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