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Moscou
Moscou (en russe : Moskva). - Capitale de la Russie, sur la Moskva, Moscova ou Moskova; altitude 142 m; à 600 kilomètres au Sud-Est de Saint-Pétersbourg; à 3000 kilomètres au Nord-Est de Paris; 10,5 millions d'habitants environ (2007).

Par sa position à l'Est de l'Europe, Moscou participe au climat essentiellement continental, froid, sec et, par conséquent, très sain. Les froids comme les chaleurs y confinent à l'extrême. 71 années d'observations ont fourni pour la ville : Janvier - 27 à + 10; mars - 19 à + 6,8; mai + 25 à + 30; octobre -6 à + 16. Les moyennes extrêmes observées sont + 31,4 et - 30,5. Des froids bien plus intenses ont également lieu dans Moscou de temps à autre. Les Moscovites se plaignent également des fortes chaleurs qu'on subit parfois durant les mois d'été. La hauteur moyenne du baromètre est de 747,6 mm. Les variations constatées, 711,3 à 777,6. De mai à octobre, Moscou reçoit environ 340 mm de pluie. La neige, en hiver, se maintient compacte, à une épaisseur considérable.

L'histoire.
Située au centre même de l'ancien empire des tsars, Moscou a été le point initial de la formation de l'immense Etat russe et a toujours conservé, à ce titre, aux yeux des orthodoxes, le prestige de l'originalité, même lorsque la capitale russe était Saint-Pétersbourg. Longtemps, d'ailleurs, le nom de Moscovie désignait, pour les étrangers, le pays de Russie. L'histoire de cette ville est assez obscure. La plupart des documents se rapportant aux premières années de la cité nous ont été transmis par des voyageurs étrangers, les annalistes russes ayant été fort sobres à cette époque lointaine. D'autre part, les fréquents incendies dont Moscou a été le théâtre ont dévoré les rares documents qu'on pouvait posséder sur cette ville. On attribue généralement à un prince, Dolgorouki, la fondation du premier bourg portant le nom de Moskova, du nom de la rivière sur laquelle le village était édifié (1150), sur l'emplacement du domaine du boïar Koutchka. exécuté par ordre de Jouro (ou Youri) Dolgorouki. Le nom de Koutchkovo continua de désigner quelque temps la ville, concurremment avec celui de Moscou adopté par le fondateur pour la cité qu'il bâtit sur l'une des sept collines des rives de la Moskova, celle qui porte le Kreml (Kremlin). Elle fut dévastée en 1476 par le prince de Riazan, en 1237 par les Mongols. Michel le Brave, frère cadet d'Alexandre Nevski, était prince de Moscou en 1248. Puis la région du Moscou actuel fut adjugée comme fief à Daniel Nevski, fils d'Alexandre Nevski (1261-1303), qui semble être le véritable fondateur de la puissance moscovite. A sa mort, le domaine de Moscou fut déjà assez étendu pour entrer en lutte avec sa rivale, Tver. Au commencement du XIVe siècle, Moscou devint l'apanage du prince Ivan Kalita, fils de Daniel et neveu d'Alexandre Nevski (1328-1340). Sous le règne de ce prince, la ville, qui remplace Vladimir comme résidence du grand-duc et reçoit un métropolite, prend une importance particulière et son histoire se trouve intimement liée au développement normal de l'Empire. Elle comprenait alors le Kremlin palissadé, le Possad, quartier environnant, le Sagorodjé, groupant les faubourgs, enfin le Saretchié (auj. Somot Kvoretchié), sur la rive droite de la rivière. En 1367, Dmitri Ivanovitch fit entourer le Kremlin d'un mur de pierres. Il repoussa les Lituaniens (1368), mais ne put arrêter les Mongols (1382).

La fortune de Moscou semble être due, d'abord à sa position relativement éloignée des frontières extrêmes de la Russie et par suite mieux protégée contre les fréquentes incursions des Tatars (Le monde turco-mongol); elle est due aussi à la politique adoptée par ses princes qui, tout en simulant une obéissance passive aux khans Tatars, prenaient peu à peu un certain ascendant sur les principautés environnantes. Chargés de recueillir les tributs, que les Russes payaient aux Mongols, Kalita et ses successeurs réussirent à accumuler des richesses considérables dont ils firent bénéficier largement le clergé. Kalita eut l'heureuse inspiration d'obtenir le transfert dans sa capitale du métropolite qui siégeait alors à Vladimir et nombre d'églises furent édifiées sous son règne, entre autres celles de la Dormition (improprement appelée parfois de l'Assomption) et du Sauveur, au Kremlin. A la fin du XIVe siècle, la supériorité de Moscou fut implicitement reconnue par les villes voisines qui se rangeaient sous son drapeau pour combattre les Tatars (bataille de Koulikovo, 1380). Ivan III (1462-1505) prit le premier le titre de tsar avec Moscou comme capitale de l'empire. La ville devint le siège de la principale noblesse du pays et celui des différents conseils. Sa renommée attire les étrangers. A cette époque furent aménagés les trois quartiers de la vieille ville : Kitaï Gorod, le long du Kremlin, entouré comme lui d'un mur (1534); Bjelgorod, l'enveloppant en demi-cercle et, à son tour, protégé par une enceinte de pierres (1586) percée de neuf portes et par des boulevards en terre que Catherine II fit raser et remplacer par les boulevards (rues) actuels (Tverskoï, Strastnoï, Pietchistenski, etc.). Enfin, de 1588 à 1592, on construisit plus loin une troisième enceinte de palissades, remplacée en 1638 par un mur en terre et qui, englobant les anciens faubourgs, en forma le quartier de Zemliani Gorod, où résidèrent les gens du peuple, tandis que les bourgeois et la petite noblesse habitaient Bjelgorod, la haute noblesse et les Gosti (hôtes tels qu'ambassadeurs) le Kitaï Gorod, et les princes le Kremlin. Nous trouvons une curieuse description de Moscou dans un petit livre, paru pour la première fois en 1607, par le capitaine Margeret, qui visita la capitale russe en 1600. 

« La ville de Mosco qui est vne grande ville, par laquelle passe vue riuière plus grande que la Seine. La ville est enclose d'vne muraille de bois qui a de circuit, comme i'estime, plus que Paris. Après elle a vne grande muraille qui a de circuit autant que la moitié de celle de bois, mais non au delà de la rivière. Puis il y a la troisièsme qui est de brique, qui enclost toutes les boutiques de pierre des marchands. Puis il y a le Chasteau qui est grand, et fut basty, au temps de Basilius Johannes, père de Johannes Basilius, par un Italien. Dans le Chasteau il y a diuerses Eglises de pierre, entre lesquelles il y en a quatre toutes couvertes de cuiure doré. La ville est pleine de bastimens de bois, chaque bastiment n'a que deux estages, mais vne grande place en leur logis à cause du feu auquel ils sont fort suiets depuis peu de temps; ils ont basty beaucoup d'Eglises de pierre. Il y en a aussi vn nombre infiny de bois et mesmes les ruës sont panées ou planchées de bois. »
Le feu, le coq rouge, comme disent les Russes, contribua pour une large part à l'embellissement et à l'agrandissement de Moscou, car après chaque désastre les constructions s'élevaient plus spacieuses, souvent en pierre. De 1463 à 1500, plusieurs incendies dévastèrent complètement la ville. L'incendie de 1493 ne laissa debout que l'église de la Dormition

Sous le règne d'Ivan IV le Terrible, des sinistres multipliés détruisirent la presque totalité de Moscou. Le 12 avril 1547 un quartier entier fut la proie des flammes; le 20 du même mois, une seconde partie de la ville, occupée par les tanneurs et les potiers, fut réduite en cendres. Le 21 janvier suivant, un incendie plus violent encore détruisit tout ce qui restait debout des sinistres précédents : le palais du tsar, le trésor, les archives, les images et les reliques des saints furent la proie des flammes. La célèbre image de la vierge de Vladimir fut épargnée par le fléau, qui avait coûté la vie à 1700 personnes. La fréquence des désastres engageait les souverains à édicter des règlements particuliers pour la défense contre les incendiaires (car, même jusqu'à l'époque contemporaine, nombre de ces incendies sont dus à la malveillance). Ils ordonnèrent particulièrement la construction sur des points désignés de maisons en brique.

Les incendies ne furent pas les seules calamités que subit la vieille cité russe. Il y eut d'abord des disettes dont la plus terrible nous est rapportée de l'année 1602, sous le règne de Boris Godounov et que la tradition relate avoir fait près de 130 000 victimes, chiffre probablement fort exagéré, la population de la ville n'étant à cette époque que de peu supérieure à ce nombre; durant le règne de Catherine II, la peste, qui dura deux mois et fit en moyenne près de 1000 victimes par jour. Pendant cette épidémie, l'archevêque Ambroise fut massacré dans une émeute pour avoir voulu faire enlever l'image miraculeuse de la « Mère de Dieu » de Bogolioubovo, que le peuple désespéré allait implorer en foule.
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Plan de Moscou.
Plan de Moscou en 1900 (cliquez sur l'image pour l'agrandir).

Nous ne citerons que pour mémoire les guerres soutenues par Moscou contre les Tatars, le pillage de la ville par le khan de Crimée Devletgeraï en 1571, par les Polonais après la  mort de Boris Godounov (1610), la défense héroïque organisée par le prince Pajarsky et le boucher Minine dont la statue fut ensuite dressée sur l'une des principales places de la ville; le couronnement du tsar Michel Fedorovitch, fondateur de la dynastie des Romanov (1613), enfin le transfert de la capitale à Saint-Pétersbourg (1703), où durent émigrer les sénateurs (1712). Ces événements appartiennent plutôt à l'histoire de la Russie, tout comme l'important traité qui fut signé à Moscou le 6 mai 1696 entre la Russie et la Pologne :
 

Le Traité de Moscou (1686)

La Pologne, désireuse de se garantir des invasions des Turcs et des Tartares, signa, le 6 mai 1686, avec le tsar de Russie un traité d'alliance par lequel, en échange de son assistance éventuelle contre ces dangereux voisins, elle lui cédait une partie de la Russie Blanche, avec Smolensk, Staradoub, Tchernigov, etc., et toute la Petite-Russie, et replaçait sous la domination du tsar les Cosaques Zaporogues. Les limites établies par le traité de Moscou entre la Russie et la Pologne subsistèrent jusqu'au premier partage de ce dernier pays en 1772.


L'année 1812 compte, par contre, comme l'une des époques les plus marquantes dans l'histoire de Moscou. A l'arrivée de Napoléon (La Campagne de Russie), la ville mesurait déjà 50 kilomètres de tour renfermant plus de 300 édifices religieux. Sa population était de 400 000 habitants en hiver, 250 000 en été, répartis dans 9257 maisons dont un sixième en pierre. L'empereur Napoléon entra à Moscou à la tête de la grande armée quelques jours après la bataille de Borodino. Thiers, dans son Histoire de l'Empire, décrit ainsi la ville et l'enthousiasme qui s'est emparé des soldats du conquérant à la vue de la cité sainte :
« Le temps était beau; on hâtait le pas malgré la chaleur pour gravir ces hauteurs d'où l'on jouirait enfin de la vue de cette capitale tant annoncée et tant promise. Arrivée au sommet d'un coteau, l'armée découvrit tout à coup au-dessous d'elle une ville immense, brillante de mille couleurs, surmontée d'une foule de dômes dorés resplendissants de lumière, mélange singulier de bois, de lacs, de palais, d'églises, de clochers, ville à la fois gothique et byzantine, réalisant tout ce que les contes orientaux racontent des merveilles de l'Asie. Tandis que des monastères flanqués de tours formaient la ceinture de cette grande cité, au centre s'élevait sur une éminence une forte citadelle, espèce de capitole où se voyaient à la fois les temples de la divinité et les palais des empereurs, où au-dessus de murailles crénelées surgissaient des dômes majestueux portant l'emblème qui représente toute l'histoire de la Russie et toute son ambition, la croix sur le croissant renversé. Cette citadelle, c'était le Kremlin, ancien séjour des tsars. A cet aspect magique, l'imagination, le sentiment de la gloire, s'exaltant à la fois, les soldats s'écrièrent tous ensemble : Moscou! Moscou! Ceux qui étaient restés au pied de la colline se hâtèrent d'accourir; pour un moment, tous les rangs furent confondus et tout le monde voulait contempler la grande capitale où nous avait conduits une marche si aventureuse. On ne pouvait se rassasier de ce spectacle éblouissant et fait pour éveiller tant de sentiments divers. »
La ville paraissait complètement abandonnée de ses habitants. A peine en demeurait-il 12000 à 15000. Mais le soir même de l'arrivée de Napoléon au Kremlin le 2/14 septembre plusieurs incendies éclatèrent sur différents points de la ville; le lendemain, le vent propagea l'incendie et le 16 septembre Napoléon fut contraint d'abandonner, non sans péril, l'antique palais des tsars. L'incendie se prolongea jusqu'au 20 septembre. Bien que le comte Rastopchine, gouverneur de la ville, s'en soit défendu (la Vérité sur l'incendie de Moscou, Paris, 1823), il paraît certain que c'est lui qui prépara et ordonna, sans en aviser Koutousov ni le tsar, la destruction de la capitale, afin de priver l'ennemi de ses ressources. Quand Koutousov fut parti, Rastopchine fit supprimer les pompes, amasser les matériaux combustibles, ouvrit les prisons et fit allumer les incendies par les criminels, en premier lieu son propre palais. De 2600 maisons de pierre 525 échappèrent, et de 6600 de bois, 1797. Les pertes furent évaluées à 321 millions de roubles. Le but fut atteint et Napoléon, obligé à la retraite, vit périr son armée. Le retard d'un mois qu'il apporta à ordonner le retour lui fut aussi fatal que l'incendie de Moscou. C'est le 7/19 octobre qu'il donna l'ordre de la retraite. En quittant la ville, les Français mirent le feu aux mines placées sous le Kremlin. Le palais Elisabeth, la porte du Sauveur, de la Trinité, la tour d'Ivan furent lézardées par les explosions. 

Les tsars s'occupèrent de relever la ville, les églises furent reconstruites et Moscou reprit la place prépondérante qu'elle avait dans l'empire. Bien que détrônée par Pierre le Grand qui transporta en 1703 le siège du gouvernement à Saint-Pétersbourg, Moscou conserva encore son prestige comme mère de la Russie (Matouchka Moskva), tant par les manifestations de la vie religieuse et intellectuelle du pays que par l'extension de son activité matérielle, par son mouvement commercial et par sa grande industrie. Même si la ville connut tout au long du XIXe siècle un certain développement lié à celui de l'industrie, la ville n'est redevenue la capitale du pays qu'au début du siècle suivant. Dans un premier temps, lors du déclenchement de la Première Guerre mondiale, le gouvernement de Saint-Pétersbourg choisit de se retirer à Moscou, dont la position loin des frontières était jugée moins exposée. Après la victoire de la révolution soviétique, en 1917, le statut de capitale fut de nouveau  conféré officiellement à la ville (12 mars 1918). Le gouvernement central de l'URSS prit ses quartiers dans le Kremlin, qui est resté, après la disparition de l'Union soviétique en 1991, le siège de la présidence russe.

Moscou.
Moscou et la Moscova sur une ancienne photographie.

Les monuments.
Si le grand Moscou a aujourd'hui une superficie qui dépasse de peu les 1000 km², sa partie historique est concentrée sur une surface de 73 km²; un tiers environ est occupé par les jardins tant privés que publics et une série de boulevards circulaires, centrés sur le Kremlin, à partir duquel rayonne par ailleurs un système de grandes avenues, témoins d'une structuration radiale déjà existante à l'époque des tsars, mais amplifiée à partir des années 1950 en vue de créer en périphérie de nouveaux noyaux urbains disposés « en pétales de marguerite ».

Historiquement, Moscou s'est formée de six accroissements successifs : Kremlin, Kitaï Gorod (la ville chinoise), Biely Gorod (la ville blanche), Zemlianny Gorod, Slobody et enfin, à l'époque soviétique, le périmètre circonscrit par le Koltsevaya auvtodoroga, grande autoroute périphérique de 109 kilomètres de long, ouverte en 1962 (quelques agglomérations au-delà de ce périmètre ont été incorporées à la ville en 1984). Semblable en cela à Paris, la plus grande partie de la ville est disposée sur l'une des rives (rive gauche) de la Moskova qui forme, dans sa traversée, deux grandes boucles d'une longueur totale de près de 20 km, et qui est enjambée par une cinquantaine de ponts.

Le Kremlin. 
Le Kremlin (ou Kreml) en vieux russe : enceinte fortifiée, est le noyau de Moscou, comme Moscou est le noyau de la Russie. C'est sur l'emplacement occupé par le Kremlin sur le bord de la rivière que Dolgorouki et ses successeurs édifièrent, peu à peu, les demeures princières, les premières églises et d'où s'étendirent progressivement les voies de l'ancienne capitale russe. Le Kremlin n'est pas proprement dit un quartier de la ville, c'est l'acropole de l'antique Athènes, c'est le Louvre de Paris, démesurément agrandi et dont les diverses constructions seront autant de pièces historiques aux dimensions colossales. Le Kremlin n'a jamais été habité par les profanes. Comme l'Alhambra de Grenade, il ne renferme que des palais, des églises, des casernes (y compris, de nos jours, le quartier général de l'Armée) et des places. Ancienne citadelle, située sur une éminence, le Kremlin est entouré d'une muraille de 12 m d'élévation, très épaisse, et contournant une surface d'environ 4 km² de superficie; la muraille, jadis en bois, depuis 1367 en pierre, maintes fois détruite et maintes fois restaurée, est percée de 5 portes et flanquée de 18 tours, de hauteur inégale. Sur cet espace relativement restreint se trouvent réunis des monuments et des édifices de toutes les époques, ne se rapportant à aucun style connu, qui tiennent à la fois du byzantin, du gothique, de l'arabe et même des styles hindou et chinois

Des cinq portes qui donnent accès au Kremlin, la plus vénérée était celle connue sous le nom de porte Spassky (du Sauveur), à l'Est. On se découvrait en la traversant (coutume qu'on observe d'ailleurs dans beaucoup d'autres villes russes, devant les églises orthodoxes et même catholiques romaines). C'est par cette porte que les tsars entraient autrefois au Kremlin, après chaque événement important. C'est par là que passèrent : Ivan III, après la pacification de Novgorod; Ivan le Terrible, après la prise de Kazan; Vassili Chouïsky, après avoir chassé l'usurpateur et les Polonais de Moscou. C'est à cette porte que le peuple se rendit à la rencontre du jeune Michel Romanov qu'il venait d'élire comme souverain. Enfin c'est par là qu'à partir de XVIIIe siècle entrent les tsars le jour de leur couronnement.

Le Kremlin.
Le Kremlin vu de l'extérieur (à gauche l'église du Saint-Sauveur).
Parmi les principaux monuments que renferme le Kremlin, il convient de citer en premier lieu la cathédrale de la Dormition (Ouspenski Sobor), érigée primitivement, en 1326, par ordre de Kalita sur les conseils du métropolite Pierre, qui y choisit le lieu de sa sépulture. L'église s'écroula un siècle et demi plus tard et fut rebâtie sous Ivan III, par le Bolonais Fioraventi, dans le style lombardo-byzantin, avec des coupoles indiennes. On y remarque l'image de Notre-Dame de Vladimir, peinte, d'après la tradition, par l'évangéliste saint Luc et couverte d'une chasuble de grand prix; des ustensiles anciens le trône du Monomaque où les empereurs entendaient la messe lors de la cérémonie du couronnement, et diverses autres reliques précieuses. C'est là qu'à partir du XVe siècle avaient lieu les couronnements des empereurs de Russie. La cathédrale de l'Annonciation (Blagovietchensky Sobor), fondée au commencement du XIVe siècle, d'abord en bois, puis rebâtie de 1483 à 1489, domine le Kremlin. On a réussi, en la restaurant, à conserver des fresques intéressantes pour l'histoire de l'art russe du XVe siècle. On y voit une peinture curieuse protégée par un auvent de l'archange saint Michel apparaissant à la Vierge et l'image vénérée de la Mère de Dieu qui accompagna Donskoï sur le champ de bataille de Koulikovo. Transformée en musée à l'époque soviétique la cathédrale de la Dormition conserve aujourd'hui en partie cette fonction, mais a été rendue au culte en 1990.

L'église de l'Archange-Saint-Michel (Arkhangelsky sobor), fondée en 1333 en commémoration de la délivrance de la Russie de la famine, est surmontée de coupoles dorées et renferme les tombeaux de la plupart des empereurs moscovites. L'intérieur, quelque peu obscur, est revêtu de fresques dont l'une représente le Jugement dernier, et de portraits des anciens tsars. 

Dans le voisinage s'élève, à une hauteur de 82 m, la tour d'Ivan Veliky (Ivan le Grand), bâtiment octogonal, à trois étages, terminé par une coupole en cuivre doré. Ce monument est surtout célèbre par ses énormes cloches : le gros bourdon, fondu en 1817 et posé en 1819, pèse 64250 kg. Au pied de la tour d'Ivan se dresse sur un socle de granit la fameuse Reine des cloches (Tzar kolokol), la plus grande des cloches connues. Primitivement elle était suspendue à un édifice en bois qui s'écroula pendant un incendie. Relevée en 1735, elle tomba de son échafaudage avant qu'on ait pu la hisser sur le clocher; ébréchée et profondément enfoncée dans le sol, la cloche a été extraite de la terre en 1836, par les soins de l'ingénieur français de Monferrand. Le morceau de 11 tonnes qui s'en était détaché dans la chute a été conservé au pied du socle. La hauteur de ce colosse est de 6,14 m, son diamètre de 6,60 m (soit une circonférence de plus de 20 m), et son poids dépasse les 200 000 kg.

Eglise du Saint Sauveur, à Moscou.
Eglise du Saint-Sauveur, à Moscou. ©Imago Mundi, 2007.
A côté de ces églises, le Kremlin renferme nombre de palais d'une richesse et d'une beauté remarquables. C'est d'abord le nouveau Palais, bel édifice en pierre blanche surmonté d'une coupole dorée, construit de 1838 à 1844 sur l'emplacement d'anciens palais de bois et de pierre, brûlés pendant l'occupation française. Dans une cour intérieure on conserve la petite église du Sauveur érigée en 1330, prototype de toutes les églises du rite grec. La façade Nord est formée par le Téremnoï Dvoretz, ou palais du Belvédère, ancien édifice dont la construction remonte à l'année 1487, agrandi en 1635. Il faut mentionner aussi : la Granovitaïa Patata, ou palais à facettes, ayant servi autrefois aux fêtes de la cour et de salle d'audience aux tsars dans les occasions solennelles; l'Orouiéinaïa Patata ou salle d'armes, où se trouvait le trésor : on y conservait les bijoux de la famille impériale et les diamants de la couronne. On y trouvait la merveilleuse couronne de Vladimir, la plus ancienne relique historique du Trésor, nombre d'emblèmes impériaux, d'anciens ustensiles des tsars, des trônes tout scintillants de pierreries, des habits, des trophées d'armes russes et mongoles, des drapeaux pris à l'ennemi, des tableaux, des voitures, etc. 
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Moscou : la porte Voskresensky.
La Porte Voskresensky, avec la chapelle N.D. Iverskaya, à Moscou.

Près de ce palais se trouvent les canons du Kremlin dont le plus remarquable est le Tsar Pouchka ou roi des canons, digne pendant de la cloche monstre, pesant près de 40 000 kg, d'un calibre de 890 mm et dont le boulet a un poids de près de 2000 kg. Cette énorme pièce, fondue en 1586 Andreï Chokhov, sous Féodor Ivanovitch, n'a, d'ailleurs, jamais tiré un coup de canon, ce qui a fait dire à Herzen, un enfant de la ville-

« Moscou est célèbre par sa cloche qui ne sonne pas et son canon qui ne tire pas. » 
La Trésorerie des Patriarches, dans le bâtiment synodal, est renommée pour ses riches collections de vieux objets sacrés et de livres anciens. Au Nord-Ouest de la citadelle se trouve l'Arsenal (qui accueille actuellement le régiment du Kremlin), fondé en 1473, le long duquel sont rangées 875 pièces de canon prises à l'ennemi, dont 365 françaises, 189 autrichiennes, etc. En face se dresse le Sénat, bâti sous Catherine Il, siège de plusieurs administrations et de la cour d'appel. Le Kremlin a contenu également quelques couvents historiques : le Tschoudov Monastir ou monastère des miracles, d'où sortit le fameux faux Dmitri, et le monastère des Religieuses de l'Ascension, qui était l'objet d'une vénération spéciale, le jour des Rameaux.
Canon au Kremlin.
Le "Roi des canons", au Kremlin de Moscou. ©Imago Mundi, 2007.
Kitaï Gorod
Le second grand quartier de Moscou, qui était autrefois le quartier du haut commerce, est le Kitaï Gorod (ville chinoise, ainsi dénommée, probablement, d'après les premiers commerçants chinois établis sur ce terrain, mais qui n'a rien de chinois depuis longtemps). Kitaï Gorod se développe en hémicycle au Nord-Est du Kremlin qu'il touche immédiatement par la place Rouge, également entourée de murs.

Là se trouvaient les Riady (Lignes), sorte de vastes bazars (disparus entre les années 1930 et 1960), l'inévitable Gostinni Dvor (cour des Etrangers), bâtiments réservés aux magasins de vente, qu'on retrouvait dans la plupart des grandes villes russes. On y vendait les produits les plus divers, depuis l'article de Paris jusqu'aux fourrures du Kamtchatka. Toutes les productions de l'Europe et de l'Asie s'y trouvaient réunies. Non loin de l'emplacement des anciens bazars se trouve le palais Romanov, ancienne résidence seigneuriale du XIVe siècle, où naquit le fondateur de la dernière dynastie régnante, maison restaurée en 1856-1859 par ordre d'Alexandre Il. On y conserve les objets qui garnissaient les chambres à l'époque de Michel.

La place Rouge (Krasnaya plochtchad), une des plus grandes (288 m sur 160) et des plus animées de la ville. Son monument le plus célèbre est sans doute le Mausaulée de Lénine, où est exposé le corps embaumé du héros de la révolution russe. Cette place est aussi ornée d'une statue de Minine et de Pojjarski, les deux héros populaires de la Russie; Minine, debout, appelle le peuple aux armes et le prince Pojarski, assis, saisit l'épée que lui tend le courageux boucher. A l'une des portes attenantes au Kremlin se trouve la célèbre chapelle, reproduite ci-dessus, Notre-Dame Iverskaya (d'Ibérie), datant de l'année 1669 et à laquelle les souverains ne manquaient pas de rendre hommage dès leur arrivée à Moscou. Saint-Basile (Vassili Blajennoy), dont nous donnons également une reproduction, est un des monuments les plus étranges qu'ait conçu l'imagination d'un architecte. L'église fut construite sous Ivan IV, en 1554, et la légende raconte que, une fois terminée, le terrible monarque fit venir l'architecte et lui demanda s'il pouvait construire un édifice semblable. Sur sa réponse affirmative, le souverain lui fit couper la tête (selon d'autres, crever les yeux), afin que Vassili Blajennoy restât un monument sans rival. Les douze coupoles en bulbe qui surmontent l'édifice n'ont entre elles aucun point de ressemblance. Les unes sont couvertes de facettes qui leur donnent l'aspect de pommes de pin ou d'ananas. D'autres présentent des renflements allant en s'amincissant de bas en haut; il y en a de tordues, de contournées, toutes de couleurs différentes. C'est un mélange bizarre de tous les styles, tenant de l'italien et du chinois, d'une polychromie exubérante et qui, malgré toutes ses irrégularités de construction, offre un coup d'oeil saisissant. L'intérieur est formé d'une dizaine de chapelles séparées, obscures et remplies d'iconostases, de couloirs étranglés, véritable labyrinthe au milieu duquel repose le bienheureux Basile.

Eglise Saint-Basile, à Moscou.
Eglise Vassili Blajennoy (Saint-Basile), à Moscou. ©Imago Mundi, 2007.
Parmi les autres monuments, d'ailleurs assez vulgaires, que renferme le Kitaï Gorod, le plus connu est le Gum (Gosudarstvennyi Universalnyi Magazin) donnant sur la Place rouge, qui est le grand magasin moscovite construit à la fin du XIXe siècle ( nationalisé à l'époque soviétique et partiellement re-privatisé depuis 1991), et le plus intéressant est le musée historique, construit de 1877 à 1885 sur les plans de Sherwood. On y a rassemblé des antiquités ayant trait à l'histoire primitive de la Russie. Et l'on signalera aussi, pour mémoire, dans ce quartier, l'immeuble de la Loubianka, siège de l'ancien KGB.

Biely Gorod.
Biely Gorod, au Nord de la Moskova, était, à l'époque des tsars, le quartier des fonctionnaires, des nobles, des représentants, des professions libérales, quartier des écoles, des théâtres, tous édifices d'intérêt médiocre, sauf toutefois l'église du Saint-Sauveur qui mérite une mention spéciale. Ce vaste temple devait primitivement occuper un monticule, la montagne des Moineaux, qui domine la ville. L'érection de ce temple est la conséquence d'un voeu d'Alexandre Ier lors de la retraite de l'armée française (La Campagne de Russie); la première pierre fut posée en grande pompe, le 12 octobre 1817. Le terrain fut bientôt reconnu trop faible pour supporter une telle bâtisse et les travaux durent être suspendus. Le projet fut repris en 1839 et la construction dura jusqu'à l'année 1881. Seuls, les orthodoxes devaient contribuer à l'édification de ce temple. D'aspect fort imposant, l'église du Sauveur ne présente toutefois rien de bien remarquable et ne diffère que par ses dimensions (longueur de chaque façade, 83 m; hauteur, 103,30 m) de temples orthodoxes qu'on trouve dans différentes villes de province. 

Dans ce quartier se trouve également le musée Roumiantzev, fondé à Saint-Pétersbourg en 1828 et transporté à Moscou en 1861. Le musée Roumiantzev est surtout remarquable par les nombreux et intéressants documents qu'il renferme sur l'histoire nationale russe. On y voit aussi l'Université (aujourd'hui Université d'Etat Lomonossov), dont le bâtiment principal, l'une des Septs soeurs (voir plus bas) est de l'époque soviétique, mais qui est la plus ancienne des universités russes, a été fondée, en 1755, par l'impératrice Elisabeth; elle reste la plus grande de Russie(plus de 30 000 étudiants). 

Zemlianny Gorod.
Zemlianny Gorod (Zemlianoj Gorod) ou ville de terre, à l'Est et au Nord de la ville, prend son nom de l'ancien rempart de terre qui l'entourait vers la fin du XVIIe siècle. Ce rempart est remplacé aujourd'hui par une ligne continue de boulevards, qui aboutissent d'un côté à la Porte Rouge (Krasnya Vorota), seul mur d'enceinte qui subsiste de l'ancien rempart et qui a été restauré sous le règne d'Alexandre II. Peinte en rouge, avec des ornements blancs, la porte se compose de trois arcades avec colonnes. L'unique curiosité de ce quartier est  la galerie Tretiakov, du nom de son fondateur (Pavel Tretiakov, 1832-1898), riche collection de peintures de l'école russe, surtout de l'école réaliste (donnée à la ville en 1892). (La galerie possède depuis 2004 un nouvel espace dédié à l'art contemporain près du pont de Crimée). Un grand nombre d'habitations, dans ce quartier, sont entourées de jardins.
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Place Rouge, à Moscou.
La Place rouge (au centre : le Musée national d'histoire russe), à Moscou. ©Imago Mundi, 2007.

Les Siobody et les monuments de l'âge soviétique.
Enfin les Siobody (faubourgs, qui n'en sont plus véritablement) forment le prolongement du Zemlianny Gorod jusqu'à la dernière enceinte, qui consiste elle-même en un mur peu élevé et d'un fossé qui entoure la ville entière. Là se trouvent des brasseries et des usines; le long de la laouza, petit affluent de la Moskova, s'élèvent des hôpitaux, des cimetières, etc. Ce quartier, comme le Zemlianny Gorod, renferme de nombreux et vastes espaces non bâtis ou d'aménagement récent, des plantations et des étangs. Ces derniers sont d'ailleurs fort nombreux dans Moscou. On en compte près de 200. Au Sud-Ouest de la ville, un long boulevard conduit vers le célèbre monastère Dievitchi (des Vierges). Là se trouve aussi la montagne des Moineaux, d'où on jouit d'une vue superbe sur toute la ville. Au côté opposé, au Nord-Ouest, s'étend le Khodinskoé Polé, sorte de champ de Mars, devenu tristement célèbre par la terrible catastrophe survenue le jour même du couronnement du tsar Nicolas Il (mai 1896), et où trouvèrent la mort près de 1000 personnes parmi la foule venue pour assister aux fêtes. 

Les Soviétiques qui voulaient faire de Moscou le modèle de la ville communiste ont contribué à modifier la physionomie de la ville qui s'est aussi considérablement agrandie tout au long du XXe siècle (population multipliée par six). On se contentera ici de mentionner au chapitre de l'urbanisme la création de cités-satellites («-plan en marguerite » des années 1950), parallèlement à la préservation d'une « ceinture verte-», au-delà de l'autoroute périphérique évoqué plus haut, et au chapitre de l'architecture, les imposants gratte-ciels de l'époque stalinienne, appelés les Sept soeurs, construits entre 1947 et 1953 (Ministère des affaires étrangères, Université Lomonossov, etc.) et les grandes barres d'habitations, construites dans les années 1970, et elles aussi très caractéristiques d'une époque. Terminons, enfin, en nommant la Tour Ostankino (relais de radio et de télévison), contruite dans les années 1960, et qui domine la ville du haut de ses 540 m. (P. Lemosof). 

Cathédrale Notre-Dame de Smolensk, à Moscou.
La cathédrale Notre-Dame de Smolensk et son clocher octogonal, à Moscou.
Elle est situé dans l'ancien couvent de femmes de Novodevichy, construit en 1524, après la prise de
Smolensk à la Lituanie. La cathédrale date du XVIIe s. Source : The World Factbook.
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Dictionnaire Villes et monuments
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