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La découverte du monde > Le ciel > Vénus |
Premières approches |
Vénus est pour nous l'astre le plus brillant du ciel, après le Soleil et la Lune. Nous retrouvons son nom et son culte dans toutes Ies langues anciennes. Et il n'est pas anodin, de ce point de vue de remarquer que le nom Vénus est généralement double. Il existait une dénomination pour le soir et une autre pour le matin. Souvenir d'une époque où l'on ne savait pas encore qu'il s'agissait d'un seul et même astre. Beaucoup plus tard, quand les premières lunettes ont été utilisées pour l'observation du ciel, Vénus dévoilera une autre de ses caractéristiques : la planète présente des phases bien marquées comme la Lune. Ce sera pour Galilée la preuve que cet astre tourne bien autour du Soleil et non de la Terre comme ont le pensait auparavant, et donc un élément en faveur du système de Copernic. Dates clés : 685 av. J.-C - Identité explicitement reconnue à Babylone de Vénus, étoile du soir, et de Vénus, étoile du matin. |
Les noms de Vénus Elle est la seule planète dont Homère, ait parlé; il la désigne par l'épithète de Callistos, la Belle : "Esperos, le plus bel astre-étincelant dans le Ciel " (Iliade, XXII - 318), Dans un autre chant de l'Iliade (Ib. XXIII, 226), Homère parle encore de Vénus " l'étoile matinale", phôsphoros, qui annonce la lumière au monde et paraît suivie de l'Aurore. On lit aussi dans la Bible ces mots qui paraissent se rapporter à Vénus : "Ô Lucifer, toi qui paraissais si brillant au point du jour!" (Isaïe, XIV, 12). Chez les Égyptiens, elle était nommée P-nouter-tiaou, le dieu du matin, et «Vennou hesiri », l'oiseau Vennou d'Osiris. Les hiéroglyphes la représentent sous la forme de cet oiseau, et aussi sous celle d'une étoile accompagnant le symbole d'Osiris : | [1] Cicéron, De natura deorum, lib. Il. |
L'étoile du soir et du matin... Son orbite étant inférieure à celle de la Terre, et beaucoup plus petite que la nôtre, Vénus reste toujours, comme Mercure, dans les environs du Soleil, dont elle nous réfléchit la lumière avec une grande vivacité d'éclat; mais elle peut s'éloigner de lui beaucoup au delà de la plus grande élongation de Mercure. Lorsqu'elle se trouve dans la moitié de son orbite qui précède le Soleil, elle se montre le matin à l'orient, avant le lever du Soleil, le précédant plus ou moins, selon sa distance angulaire, tantôt de une heure, tantôt de deux heures, tantôt même de trois heures. Aussi l'a-t-on, dès une haute Antiquité, distinguée sous les noms d'étoile du matin, de Lucifer. Lorsqu'elle se trouve dans la moitié de son orbite qui suit le Soleil, elle se montre le soir à l'occident, allumée dans le crépuscule avant tous les autres astres du firmament, et restant en retard sur le Soleil, de une, deux ou même trois heures, suivant sa distance angulaire à cet astre. C'est ce qui l'a fait nommer aussi étoile du soir, Vesper, et qui lui a donné son nom plus populaire encore d'étoile du berger. Parmi les anciennes mentions, remarquons entre autres celle de Cicéron : « Stella Veneris, quae Lucifer dicitur cum antegreditur Solem, cura subsequitur autem Hesperus. »[1].Il a fallu cependant une longue série de remarques pour constater que l'étoile du matin et l'étoile du soir ne sont qu'un seul et même astre, dont les apparitions sont successives. Il est même probable que dans cette oeuvre d'identification, les apparitions de Mercure ont dû nuire et retarder la découverte de la vérité. Aussi voyons-nous qu'en effet les cultes et les attributs, de Mercure et Vénus sont parfois confondus. | [1] Cicéron, De natura deorum, lib. Il. |
Pythagore paraît être le premier chez les Grecs qui ait enseigné l'identité de Vénus et d'Hesperus, identité dont il avait sans doute puisé la connaissance en Orient. En tout cas, c'est de Babylone que provient la plus ancienne observation datée, attestant de cette prise de conscience, et cette fois de façon beaucoup moins ambiguë que celle qui peut résulter de l'interprétation d'un mythe. Elle est de l'année 685 avant notre ère, et conservée sur les tablettes de terre cuite qui sont au British Museum (Monthly notices, juin 1860). La voici : "Le 25 du mois de Thamuz, Vénus cessa d'être visible à l'ouest, resta invisible pendant sept jours, et le 2 du mois d' Ab, elle reparut a l'orient. Le 26 du mois d'Ellul, Vénus cessa de paraître à I'occident, resta invisible pendant onze jours, et le 7 du deuxième Ellul on la revit à l'est."Par ailleurs, Ptolémée nous a conservé dans l'Almageste plusieurs observations égyptiennes de la même planète, dont: la plus reculée date du 17 Messori de la 13e année du règne de Ptolémée Philadelphe, la 476e année de l'ère de Nabonassar, date qui correspond au 12 octobre de l'an 271 avant notre ère : c'est une conjonction de Vénus avec une étoile de la Vierge, avec l'étoile Eta, qu'elle a éclipsée. |
S'il fallait en croire le témoignage de l'Antiquité, Vénus aurait subi des modifications extraordinaires. Saint Augustin (Cité de Dieu, liv. XXI chap, VIII), rapporte, d'après Varron, qu'elle aurait changé de couleur, de grandeur, de figure et de cours... Ce fait serait arrivé du temps du roi Ogygès, dont le Déluge asiatique a conservé le nom. Le récit de Varron n'offre pas assez de garanties pour être admis. Mais, si l'on veut admettre que le souvenir des peuples ait vraiment conservé quelque, trace d'un événement analogue, il n'est pas nécessaire d'attribuer de pareils changements à la, planète (ils seraient d'ailleurs impossibles quant au changement de cours). Flammarion a ainsi essayé de les expliquer en supposant qu'une comète se serait montrée le soir, au couchant quelques jours après que Vénus eut disparu vers se conjonction; et qu'on l'ait prise pour, Vénus elle-même, et qu'on ait attribué à celle-ci les aspects plus ou moins bizarres de la comète... |
La découverte des phases On comprend sans peine que Vénus, gravitant comme Mercure dans une orbite intérieure à celle de la Terre, doit tourner vers nous tantôt son hémisphère éclairé par le Soleil, tantôt son hémisphère obscur, tantôt une partie de l'un et de l'autre, et par conséquent présenter comme la Lune des phases correspondant aux angles qu'elle forme avec le Soleil et la Terre. Ces phases sont invisibles à l'oeil nu [1] à cause de la petitesse à laquelle se réduit pour nous le disque de la planète. Aussi se servait-on, au XVIe siècle, de cette absence de phases visibles pour contester la vérité du système de Copernic. On rapporte même que Copernic, lui-même, entendant cette objection, aurait répondu que "Dieu se réservait peut-être de les révéler un jour". Le siècle suivant, la lunette d'approche les montrait à Galilée. C'était au mois de septembre 1610. L'astronome, qui venait de construire de ses mains le premier instrument d'optique qui ait été dirigé vers le ciel contemplait le soir les merveilles du firmament, agrandies et multipliées par ce nouvel organe; l'atmosphère transparente de l'Italie lui permettait de sonder les profondeurs de l'espace, et souvent il s'arrêtait, comme il nous le raconte lui-même, ébloui et fasciné. Vénus, la belle planète descendait dans les feux éteints du crépuscule lorsqu'en dirigeant sa petite lunette vers elle, il crut reconnaître une phase rappelant tout à fait celles de la Lune. Malheureusement, la brillante planète disparut, et le ciel se couvrit les jours suivants, sans qu'il ait eu le temps de vérifier sa découverte. Soucieux, toutefois, d'en conserver la priorité, l'astronome l'enferma sous un anagramme dont lui seul avait la clef, et envoya cet anagramme à Képler. Le voici : phrase assez obscure qu'on peut traduire par :Haec immatura à me jam frustrà leguntur. o. y. Il reste deux lettres superflues. En reprenant toutes ces lettres, et en les plaçant dans un autre ordre, on reconstruit la phrase suivante, qui est la véritable :Ces choses non mûries ont déjà été lues, mais en vain, par moi. Cynthiae figuras emulatur mater Amorum. Observations des phases de Vénus consignées par Hévélius dans sa Sélénographie (1647). | [1]On donne à cela, une impossibilité physique : en principe l'oeil humain est un instrument optique trop petit pour avoir une résolution suffisante. On signale cependant quelques observations des phases de Vénus à l'oeil nu. Webb affirme qu'un certain Théodore Parker les a remarquées, en Amérique, au Chili, lorsqu'il n'était âgé que de douze ans et ignorant de leur existence, et qu'on les auraient vues en Perse en se servant d'un verre foncé. Au mois de mai 1868, on les aurait distinguées, et, paraît-il, sans trop de difficultés, sous l'atmosphère si rarement limpide de France. Il en aurait été de même à l'île de la Réunion au mois de juillet 1883.
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