|
Vénus
est une planète
tellurique très similaire à la nôtre par ses dimensions et sa masse.
Un peu plus petite et 0,82 fois mois massive que
la Terre, rocheuse comme elle, elle s'en
distingue toutefois par une évolution nettement différente de son atmosphère,
principalement composée de gaz carbonique (CO2)
et excessivement épaisse. Les nuages d'acide sulfurique
qui évoluent à très haute altitude masquent complètement la surface
de la planète.
Sur Vénus, un effet
de serre intense piège la chaleur du Soleil.
La température au sol atteint ainsi les 730 K
(457°C). Cette température, suffisante pour faire fondre le plomb et
le zinc est la température de surface est la plus élevée connue dans
le Système solaire.
-
La
surface de Vénus. - Sous les nuages et révélée par l'imagerie
radar, la surface nue de la planète porte la trace d'une histoire de centaines
de millions d'années d'activité géologique. En haut de l'image, la région
claire allongé et affectée de plissements tectoniques longitudinaux correspond
à Aphrodite Terra. Source : NASA; rendu 3D
: Celestia. |
La révolution
de Vénus
Vénus planète
gravite entre Mercure
et la Terre, à peu près à mi-distance de l'une et de l'autre : sa distance
moyenne au Soleil est de 108.100.000
km (soit 0,72333 unités astronomiques), alors
que celle de Mercure est de 57.900.000
km, et celle de la Terre de 149.500.000
km.
La planète effectue sa révolution
sidérale en 224, 700787 jours, avec une vitesse moyenne de translation
de 35 km par seconde. L'orbite qu'elle décrit
n'a qu'une excentricité de 0,0068433 (l'excentricité
de l'orbite terrestre est de 0,01677); elle est donc presque exactement
circulaire. Elle est inclinée sur la nôtre de 3° 23' 35".
De même que Mercure, et parce qu'elle
a, elle aussi,son orbite comprise dans celle de la Terre, Vénus nous paraît
osciller de part et d'autre du Soleil. Elle ne s'en écarte jamais de plus
de 48°, sa plus grande distance angulaire ou élongation
variant entre 45° et 48°. On la voit, suivant les époques, comme étoile
du matin (Lucifer) ou étoile du soir (Vesper), ce qui a même fait croire
pendant longtemps à l'existence de deux planètes
distinctes. Elle ne se lève que quatre heures au plus avant l'astre du
jour et est toujours couchée quatre heures après lui.
Les
phases de Vénus.
C'est Galilée
qui a remarqué le premier, en septembre 1610, les phases
de Vénus. Depuis, ces phases ont fait l'objet de nombreuses observations.
Elles se reproduisent suivant un cycle de 584 jours. Seule la distance
apparente de la planète au Soleil à l'époque de sa conjonction varie,
du fait de l'inclinaison de son orbite sur l'orbite terrestre. Ces phases
sont analogues à celles de la Lune et perceptibles,
paraît-il, pour une vue exceptionnelle, à l'oeil nu. Une lunette de moyenne
puissance permet, en tout cas, de les reconnaître. A sa conjonction
supérieure, c'est-à -dire lorsqu'elle est, par rapport à nous, derrière
le Soleil, elle a l'aspect d'une pleine lune, mais comme son éloignement
de la Terre est alors maximum, elle se trouve réduite à un petit disque
de 9,5" de diamètre. A mesure qu'elle avance vers l'Est, elle se rapproche
de nous et, en même temps qu'elle grandit, a une partie de plus en grande
de son disque plongée dans l'ombre. Lorsqu'elle passe à sa quadrature
(élongation orientale), elle n'est plus qu'une demi-lune. Son diamètre
apparent est de 23". A sa conjonction inférieure, ce diamètre est de
62", tandis que du disque il ne reste plus qu'un mince croissant. Puis
elle repasse, vers l'occident, par les mêmes étapes. Elle se montre alors
avant le lever du Soleil (étoile du matin), tandis que, lorsqu'elle était
à l'orient, on la voyait après son coucher (étoile du soir).
Son éclat est loin, du reste, de correspondre
à ses dimensions apparentes. Il est le plus vif, Vénus est dans toute
sa beauté, lorsqu'elle brille à 39° environ de sa conjonction inférieure,
69 jours avant et après celle-ci. A ces deux époques, aucune étoile
ne la surpasse, et, quand l'atmosphère est très pure, elle projette des
ombres à l'égal de la nouvelle lune. Il se produit, en outre, tous les
huit ans, des maximums d'éclat.
Les
passages de Vénus devant le Soleil.
Lorsque la conjonction inférieure est
parfaite, c'est-à -dire lorsque Vénus passe juste entre le Soleil et nous,
elle se projette sur celui-ci sous forme d'un disque absolument noir, qui
le traverse de l'Est vers l'Ouest en un temps chaque fois variable (jusqu'Ã
7 heures 1/2). Ce phénomène, connu sous le nom de passage de Vénus
sur le Soleil
et chaque fois très suivi des astronomes en raison de l'importance qu'il
présentait pour la détermination des parallaxes,
a une périodicité singulière : elle est alternativement de 113 ans et
demi et de 8 ans, les deux derniers passages se sont produits les 7 juin
2004 et 5 juin 2012.
La géologie de Vénus
La surface de Vénus est principalement constituée
de plaines ondulées, parsemées de quelques hautes terres montagneuses.
Les cratères causés par les impacts de météorites
y sont rares. Cela est dû au bouclier protecteur offert par l'atmosphère,
mais aussi au renouvellement du sol par une importante et récente activité
volcanique. Vénus compte plus de 500 000 volcans.
Certains sont peut-être encore en activité.
Bien que Vénus ait
à peu près la même taille et la même composition que la Terre, elle
ne présente pas le même type de tectonique des plaques que la Terre,
et son absence d'érosion hydrique (et son absence
presque complète d'érosion éolienne) se traduit par un aspect de surface
très différent.
Le sol.
Les atterrisseurs
Venera des années 1970 ont pu photographier leur environnement et collecter
des échantillons de surface pour en faire une analyse chimique avant que
leurs instruments ne cèdent. La lumière diffuse du soleil frappant la
surface était teintée de rouge par les nuages, et le niveau d'éclairement
équivalait à un lourd ciel couvert sur Terre.
-
Le
sol de Vénus photographié par la sonde Venera-13. - L'horizon est
visible en haut (coins gauche et droit) : il semble très proche du fait
de la déformation des images par la très dense atmosphère vénusienne.
On voit à gauche le cache qui servait à protéger l'objectif de l'appareil
photographique. La bande oblique à droite servait pour le calibrage des
couleurs. |
Les sondes ont découvert
dans les zones d'atterrissage un paysage désertique pierreux, plat et
désolé, avec des affleurements et des plaques constituées d'un matériau
sombre, suggérant l'action d'une certaine érosion chimique. Certaines
roches peuvent être des éjectas d'impacts,
mais, pour l'essentiel, les analyses radioactives du sol suggèrent une
prédominance de roches d'origine volcanique,
dont la composition est similaire au basalte, mais
avec une concentration inhabituellement élevée de potassium. Parfois
ces matériaux basaltiques rappellent ceux trouvés sur les fonds marins
terrestres.
Les cartes radar
de Vénus, particulièrement celles obtenues par la sonde Magellan au début
des années 1990, révèlent une planète qui ressemblerait beaucoup Ã
la Terre si la surface de notre planète n'était pas constamment modifiée
par l'érosion et le dépôt de sédiments. Parce qu'il n'y a pas d'eau
ou de glace sur Vénus et que les vitesses des vents de surface sont faibles
(de l'ordre de 3 ou 4 km/h), presque rien n'obscurcit ou n'efface les formations
géologiques complexes produites par les mouvements de la croûte de Vénus,
par les éruptions volcaniques et par les impacts météoritiques.
-
Le
relief de Vénus. - Cette image en fausses couleurs a été réalisée
à partir des données radar recueillies par la sonde Magellan entre 1990
et 1995, et complétée grâce aux observations radar effectuées avec
le radiotélescope d'Arecibo. Les montagnes sont représentées en rouge,
les grandes plaines sont en bleu. Crédit : Magellan
Spacecraft, Arecibo Radio Telescope,
NASA. |
Les grandes formations
vénusiennes.
Environ 70% de la
surface de Vénus est couverte par d'immenses plaines
de lave de basse altitude (planitia), 20%
par des régions dépressionnaires et les 10% restants par des hautes terres,
de type continent (terra).
Les
plaines basses.
Superficiellement,
les plaines basses ressemblent aux bassins océaniques
basaltiques de la Terre, mais elles ne se sont pas produites de la même
manière. Bien que la convection (avec l'ascension de matériaux chauds
qu'elle signifie) dans son manteau ait généré de grandes contraintes
dans la croûte de Vénus, elles n'ont pas mis en mouvement de grandes
plaques continentales. La formation des plaines de lave de Vénus ressemble
davantage à celle des mers lunaires ou des grandes plaines martiennes.
Les deux étaient le résultat d'éruptions de lave généralisées sans
la propagation de la croûte associée à la tectonique
des plaques. Les principaux bassins sont Atalanta Planitia, Guinevere
Planitia et sa voisine Sedna Planitia, dans l'hémisphère Nord, Lavinia
Planitia dans l'hémisphère Sud.
Les
hautes terres.
S'élevant au-dessus
des plaines de lave des basses terres se trouvent trois principaux ensembles
montagneux ou hauts plateaux : Ishtar Terra près du pôle Nord, Aphrodite
Terra qui s'étend le long de l'équateur et, de dimensions plus modestes,
Lada Terra, près du pôle Sud.
Ces hautes terres
regroupent des montagnes (mons ou montes), tels celles de
Ishtar Terra : Maxwell Montes, Freyja Montes, Akna Montes et Danu Montes,
par exemples, des plateaux ou hautes plaines (planum), telles Lakshmi
Planum au Sud-Ouest d'Ishtar Terra, et des zones volcaniques.
Il existe aussi de
plateaux plus petits (regiones; regio au singulier), qui s'élèvent
au-dessus des hautes terres ou à leur périphérie (Ovda Regio, Thétis
Regio à l'Ouest d'Aphrodite Terra), ou même au-dessus des plaines
(Alpha Regio, Beta Regio, avec ses deux grands volcans boucliers Rhea Mons
et Theia Mons, Themis Regio, etc.).
Les formations de
type regio sont couvertes de terrains hautement déformés, plissés
et fracturés en deux ou trois dimensions, qui sont appelés tesserae
(tessera au singulier). Ces terrains dont on ne connaît des exemples
que sur Vénus, existent aussi ailleurs sur les hautes terres ou sur les
basses plaines.
Des dépressions
profondes, allongées et escarpées (chasma) peuvent sillonner toutes
ces régions.
Alpha
Regio et, Ã droite, gros plan sur son terrain de tessera. - Cette
région est recouverte par un type de terrain appellé tessera, caractérisé
par de multiples reliefs entrecroisés (crêtes, creux et vallées
de faille à fond plat) qui, ensemble, forment un contour polygonal. Les
tesserae, que l'on rencontre sous des formes diverses en plusieurs endroits
de la planète, en représentent environ 8% de la surface. On les considère
comme les plus vieux de Vénus. (Directement au sud du terrain à crêtes
complexe se trouve un grand élément de forme ovoïde, une corona appelée
Eve. Le point lumineux radar situé au centre d'Eve marque l'emplacement
du premier méridien de Vénus).
Source : USGS/JPL/
Magellan Mission. |
Les cratères
d'impact et l'âge de la surface de Vénus.
L'atmosphère épaisse
de Vénus protège la surface des impacts en brûlant les météorites
de plus petite masse bien avant qu'ils n'atteignent la surface, si bien
que ce sont seulement les plus plus gros météorites qui ont laissé
des traces d'impacts sur la sol vénusien. Les dénombrements révèlent
ainsi très peu de cratères de moins de dix kilomètres de diamètre,
ce qui indique que les projectiles de moins d'un kilomètre environ (la
taille qui produit généralement un cratère de 10 kilomètres) ont été
arrêtés par l'atmosphère. Ces cratères d'un diamètre de 10 à 30 kilomètres
sont fréquemment déformés ou multiples, à l'image du cratère triple
Stein (ci-dessous), apparemment parce que le projectile entrant s'est brisé
dans l'atmosphère avant de pouvoir toucher le sol.
-
Mead,
le plus grand cratère de Vénus. - Il mesure 275 kilomètres
de diamètre et possède plusieurs anneaux, son escarpement concentrique
le plus interne correspond au bord de la cavité du cratère d'origine.
Le fond plat et un peu plus brillant de Mead est interprété comme résultant
d'un remplissage de la cavité du cratère par la fonte de matériau consécutive
à l'impact et/ou par la remontée de laves volcaniques le long de fissures
dans la croûte causées par cet 'impact. Au sud-est du cratère, la mise
en place d'éjectas bosselés semble avoir été entravée par la topographie
des crêtes préexistantes. |
Le
cratère triple Stein. - Figurant ici à une autre échelle, ce triplet
est composé d'un cratère de 14 kilomètres, d'un autre de 11, et d'un
dernier mesurant 9 km. Les impacts ont généré une quantité considérable
de flux de faible viscosité que l'on pense être constitués en grande
partie de matériau cible fondu par choc ainsi que de débris fragmentés
du cratère. Les trois cratères semblent avoir des parois relativement
abruptes Les dépôts d'écoulement des trois cratères s'étendent
principalement vers le nord-est (en haut à droite). Source
des deux images : NASA/JPL (imagerie radar de la sonde Magellan). |
Le nombre des grands
cratères d'impact des plaines vénusiennes permet de déduire que la surface
de Vénus a un âge moyen qui se situe seulement entre 300 et 600 millions
d'années. Cela signifie que Vénus est bien une planète à activité
géologique persistante, intermédiaire entre celle des bassins océaniques
de la Terre (plus jeunes et plus actifs) et celle de ses continents (plus
anciens et moins actifs).
Presque tous les
grands cratères de Vénus n'ont subi qu'une faible dégradation; ils ont
été peu remplis par de la lave ou de la poussière soufflée par
le vent. Les taux d'érosion ou de dépôt de sédiments sont donc très
faibles. Peu de chose a affecté les plaines vénusiennes depuis qu'elles
ont été resurfacées pour la dernière fois par une activité volcanique
à grande échelle. Apparemment, Vénus a connu une sorte de convulsion
volcanique à l'échelle de la planète il y a entre 300 et 600 millions
d'années, un événement qui n'a eu aucun équivalent dans l'histoire
terrestre.
Le volcanisme
de Vénus.
Le volcanisme est
partout présent sur Vénus. Les éruptions volcaniques sont le principal
moyen de renouvellement de la surface. Ainsi, les basses plaines ont-elles
été inondées par de grandes coulées de lave très fluide détruisant
les anciens cratères et générant une surface jeune. Par ailleurs, de
nombreuses montagnes volcaniques plus récentes et d'autres structures
peuvent-elles être associées à des points chauds (lieux où la convection
dans le manteau de la planète transporte la chaleur intérieure vers la
surface).
Sif
Mons vu depuis le nord. - Ce volcan a un diamètre de plus de 300 kilomètres
et une hauteur de 2 kilomètres. À son sommet se trouve un cratère volcanique,
ou caldeira, d'environ 40 kilomètres de diamètre, et ses pentes montrent
des coulées de lave qui s'étendent jusqu'à 500 kilomètres de long Ã
travers les plaines fracturées représentées au premier plan jusqu'Ã
la base de Sif Mons. Cette image est une reconstitution 3D réalisée Ã
partir des données radar à synthèse d'ouverture de Magellan combinées
à l'altimétrie radar, où les tons clairs correspondent à des reliefs
plus accidentés et les tons plus sombres correspondent à des régions
au relief plus lisse. La teinte s'inspire des images couleur enregistrées
par les engins spatiaux soviétiques Venera 13 et 14. Crédit
: USGS / JPL. |
Des milliers de volcans
plus petits parsèment la surface. Les images de la sonde Magellan, malgré
leur résolution limitée, permettent de découvrir des cônes ou des dômes
aussi petits que quelques centaines de mètres de diamètre. La plupart
d'entre eux ressemblent à des volcans terrestres.
Tous les volcans
résultent d'éruptions de lave à la surface de la planète. Mais la lave
chaude qui monte de l'intérieur d'une planète n'arrive pas toujours Ã
la surface. Cette lave ascendante peut s'accumuler pour produire des renflements
dans la croûte. Sur Vénus, ces renflements sont courants et produisent
des formations diverses, telles les dômes en crêpe (pancakes),
les couronnes (coronae), les tiques et, peut-être, les arachnoïdes
:
-
Une
chaîne de pancakes (dômes en crêpe).
Cette
image montre une chaîne de dômes en crêpes à l'Est d'Alpha Regio. Chaque
dôme mesure environ 25 km de diamètre et le plus haut mesure environ
750 m de haut. De telles formations, réunies en chaînes ou en grappes,
se rencontrent souvent près des couronnes (coronae) et des terrains de
type tessera dans les plaines des basses terres. Les dômes en crêpe ont
un profil large et plat semblable aux volcans boucliers et ils semblent
s'être formés à partir d'une grande et lente éruption de lave visqueuse
riche en silice. La plupart de ces dômes présentent une (très) petite
fosse centrale, qui apparaîtrait après l'éruption lorsque la lave se
refroidit et émet du gaz. Ici, cependant, nous voyons une variété de
motifs de fissures sur les dômes. Ceux-ci marquent probablement de petits
changements dans la vitesse ou les conditions d'éruption. Il existe beaucoup
de dômes qui se chevauchent. La plupart de ces chevauchements semblent
provenir d'une série d'épisodes éruptifs. Dans certains cas, cependant,
ils peuvent correspondre aussi à des dômes qui se sont formés en même
temps. |
Deux
couronnes (coronae) dans Fortuna Regio.
- A gauche, Bahet Corona, qui mesure environ 230 kilomètres de long et
150 kilomètres de large; à droite, une partie d'Onatah Corona, de plus
de 350 kilomètres de diamètre. Les deux formations sont entourées d'un
anneau de crêtes et de creux, qui coupent par endroits des fractures orientées
radialement. Les centres des deux couronnes contiennent également des
fractures radiales ainsi que des dômes et des coulées volcaniques. On
pense que les couronnes, qui sont toujours de grandes structures dépassant
les cent kilomètres de diamètre, se forment lorsque des panaches de matière
chaude ascendante dans le manteau poussent la croûte vers le haut qui
se bombe d'abord en forme de dôme, puis s'effondre au centre lorsque le
magma en fusion se refroidit et s'échappe sur les côtés, laissant une
structure en forme de couronne. Les deux couronnes visibles ici peuvent
s'être formées en même temps au cours d'un même processus de remontée
de magma, ou peuvent indiquer un déplacement vers l'ouest de la remontée
mantellique ou même de la croûte. |
-
Une
tique, Ã la bordure d'Eistla Regio. - Cette formation circulaire a
environ 66 km de diamètre. Comme les dômes en crêpe, les tiques sont
étendues, pour la plupart plates, et elles ont souvent en leur centre
une fosse ou une structure d'évent. La différence est que les tiques
sont entourées d'un réseau de courtes crêtes radiales. Dans ce cas,
la "tête" de la tique est définie par un ensemble de petites fosses d'effondrement.
L'origine des crêtes qui forment les "pattes" est inconnue, mais deux
options ont été proposées. Selon la première, les crêtes peuvent correspondre
aux traces laissées par des avalanches de matière le long des pentes
du dôme. Dans ce cas, la tique est simplement un vieux dôme en crêpe
avec un rebord fortement érodé. La deuxième option est que les crêtes
marquent des sortes de digues partant du "corps" central. On ne sait cependant
pas pourquoi ces digues devraient avoir formé des crêtes et non des coulées
de lave. Ainsi, une certaine érosion du rebord peut également être nécessaire
pour rendre compte complètement de ce scénario. |
Un
Arachnoïde au Sud d'Ishtar Terra. - Les arachnoïdes sont de grandes
structures géologique (celle-ci, nommée Trotula Corona, a 150 km de diamètre)
formées d'ovales concentriques et traversées par un réseau complexe
de fractures, que l'on a pu comparer à des pattes d'araignées. On a identifié
sur Vénus 36 formations appartenant à cette catégorie. Leur origine
reste inconnue. Selon certaines hypothèses, les arachnoïdes pourraient
exprimer une forme inhabituelle de volcanisme. Dans ce cas, peut-être
pourrait-on les apparenter à des coronae (ce pourrait être, par exemple,
des coronae qu'une remontée tardive de magma aurait fissurées, ou alors
des précurseurs de coronae). Mais leurs caractéristiques ne semblent
pas représenter universellement une étape particulière du développement
de la couronne, du volcan ou de la caldeira. Un un examen détaillé de
leurs caractéristiques révèle qu'elles ne présentent pas en fait
un ensemble commun de formations volcaniques ou tectoniques indiquant un
processus de formation unique. (Sources des images
: NASA/JPL). |
Activité tectonique.
Si l'on étudie
la surface de Vénus d'un point de vue tectonique, autrement si l'on s'intéresse
à ses déformations dont l'origine est le mouvement la matière en fusion
dans le manteau (courants de convection), on constate que sur les plaines
basses de Vénus, les forces tectoniques ont brisé la surface de la lave
pour créer des motifs remarquables de crêtes et de fissures. À quelques
endroits, la croûte s'est même déchirée pour générer des vallées
de type rift. Les zones de plissements correspondent à un effet de compression
horizontale; les zones d'affaissement (grabens) résultent, à l'opposé,
à des extensions, des étirements, du terrain. C'est dans ces dernières
régions, plus fragiles, que la croûte vénusienne est le plus susceptible
d'être transpercée par la montée de magma, et c'est dans ces zones que
l'on rencontre préférentiellement les volcans de Vénus. Les formations
circulaires associées aux couronnes sont des crêtes et des fissures tectoniques,
et la plupart des montagnes de Vénus doivent également leur existence
aux forces tectoniques.
*
Carte
altimétrique d'Ishtar Terra. - Cette région, où se concentrent les
plus hautes altitudes de Vénus, est le produit le plus dramatique des
forces tectoniques à l'oeuvre sur Vénus. Le haut plateau de Lakshmi Planum
est bordé de chaînes de montagnes, dont les Maxwell Montes, qui s'élève
à 10 km au-dessus des plaines. Avec ses montagnes, Ishtar ressemble au
plateau tibétain avec ses montagnes himalayennes sur Terre. Les deux régions
sont le produit de la compression de la croûte et sont maintenus par les
forces continues de la convection du manteau. Selon V. Ansan P. Vergely
et Ph. Masson (Planetary and Space Science, 44-8, 1996), l'histoire
géologique d'Ishtar Terra a résulté de deux étapes tectoniques distinctes
et opposées avec une importante activité volcanique de transition. Lakshmi
Planum, la partie la plus ancienne d'Ishtar Terra est un vaste plateau
fracturé de manière complexe qui peut être comparé à un craton terrestre.
Ce plateau est partiellement recouvert par des coulées de lave fluide
qui peuvent être similaires aux trapps du Deccan, en Inde. Après la déformation
extensionnelle de Lakshmi Planum et son activité volcanique, Freyja et
Maxwell Montes se sont formés par raccourcissement horizontal Ouest-Sud-Ouest
/ Est-Nord-Est de la croûte . Ce phénomène a produit une série de plis
parallèles et sinueux Nord-Nord-Ouest / Sud-Sud-Est, et de structures
imbriquées qui ont chevauché Lakshmi Planum vers l'ouest. Ces ceintures
montagneuses ont donc les mêmes caractéristiques structurelles que les
ceintures terrestres plissées et sous l'effet d'une compression. Ces ceintures
portent également des marques d'un stade volcanique tardif et d'une période
de relaxation ultérieure qui a créé des grabens parallèles des hautes
terres, en particulier dans les Maxwell Montes. On remarque aussi sur l'image
deux grandes caldeiras volcaniques (Colette et Sacajewa, qui ont 250 km
de diamètre), ainsi qu'un cratère d'impact de 100 km et au fond rempli
de lave refroidie, Cleopatra Patera, sur les monts Maxwell, est . |
L'atmosphère de Vénus
Composition et structure
de l'atmosphère.
Composition
chimique.
L'atmosphère de
Vénus et se compose principalement de dioxyde de carbone (CO2),
qui représente 96 % de l'atmosphère. Le
deuxième gaz le plus courant est l'azote. On y rencontre également des
traces d'acides chlorhydrique et fluorhydrique, de monoxyde de carbone,
d'azote, de vapeur d'eau, d'hydrogène
sulfuré, de sulfure de carbonyle, de dioxyde de soufre (SO2),
d'argon, de krypton et de xénon.
Les proportions des
deux principaux gaz sont très similaires sur Vénus et sur
Mars,
mais du point de vue de leurs masses, ces atmosphères sont radicalement
différentes-:
l'atmosphère vénusienne est plus de 10 000 fois plus massive que son
homologue martienne. Elle est aussi beaucoup plus massive que celle de
la Terre. Son énorme pression de surface équivaut
à celle que l'on mesure à 1000 m de profondeur sous la surface de nos
océans. Mais l'une des principales différences
entre l'atmosphère de Vénus et celle de notre planète tient à l'absence
presque complète d'eau dans la première et au rôle majeur que l'eau
joue dans la seconde.
--
Vénus
enveloppée de nuages, photographiée par la sonde Mariner 10.
- L'atmosphère totalement opaque de Vénus empêche d'en observer la surface
depuis l'espace. On ne peut en voir que la partie supérieure d'une couche
uniforme et ininterrompue de nuages jaunâtres, dont le sommet peut atteindre
une altitude d'environ 100 km au-dessus de la surface. Les nuages reflètent
76% de la lumière solaire incidente. Seulement 2% de la lumière solaire
incidente atteint réellement la surface de la planète. (Source
: NASA/JPL). |
Structure
verticale.
L'atmosphère de
Vénus est épaisse de 250 km. On peut y distinguer deux composantes principales
: la thermosphère et la troposphère dans la région supérieure de laquelle
évoluent les nuages.
• La troposphère
ressemble à celle de la Terre (L'atmosphère
de la Terre), mais elle n'existe que du côté jour de Vénus. Les
températures y montent de 180 K environ à 100 km à environ 300 K dans
l'exosphère. Du côté nuit de la planète, le profil thermique n'est
plus celui d'une thermosphère : la température chute d'environ 180 K
à 100 km à 100 K à 150 km. La transition entre les températures du
côté jour et les températures du côté nuit est très abrupte.
• La
troposphère est située entre le sol et la thermosphère. Au-dessus de
75 km environ, elle est affectée par des fluctuations diurnes de l'ordre
de 25 K et peut être le siège de brumes d'altitude. Au-dessous, l'atmosphère
est entièrement régie par la convection : le gaz est chauffé par le
bas, circule lentement, s'élevant près de l'équateur et descendant au-dessus
des pôles.
+ Les nuages
troposphériques, composés principalement de gouttelettes d'acide sulfurique,
se rencontrent sous les couches de brume variables entre 30 et 60 kilomètres
au-dessus de la surface. L'acide sulfurique (H2SO4)
est formé, haut dans l'atmosphère, sous l'effet du rayonnement ultraviolet
du Soleil, Ã partir de la combinaison chimique du dioxyde de soufre (SO2)
et de l'eau (H2O). La température augmente régulièrement
depuis le sommet des nuages (environ 300 K) jusqu'Ã la surface (750 K).
La
super-rotation de l'atmosphère vénusienne. - On notera ici le mouvement
particulier constaté dans la région supérieure des nuages : bien
que la planète elle-même tourne en 243 jours, les nuages équatoriaux
ont une période de rotation de quatre jours seulement (ce qui signifie
qu'ils sont poussés par des vents d'une vitesse de 100 m/s). Il s'ensuit
que les sommets des nuages se déplacent dans une direction rétrograde
60 fois plus vite que la surface de la planète. Presque toute l'énergie
solaire est absorbée au sommet des nuages, ce qui constitue le principal
mécanisme d'entraînement de ce qu'on appelle la super-rotation de l'atmosphère.
(Les sommets des nuages de Titan et la haute atmosphère de la Terre sont
affectés par un phénomène similaire).
+ En dessous
de 30 kilomètres, l'atmosphère de Vénus est libre de nuages. Elle
ressemble à un océan gazeux massif, dense et possédant une forte inertie
thermique. Les températures y sont les mêmes partout.
L'effet de serre
sur Vénus.
Plus proche du Soleil
que la Terre, Vénus en reçoit plus d'énergie. Mais cette proximité
ne suffit pas a expliquer pourquoi sa surface est plus chaude de plusieurs
centaines de degrés comparée à celle de la Terre. On doit ici invoquer
le rôle prédominant que joue l'effet de serre intense dont est le siège
l'atmosphère de Vénus.
Sur Terre, l'effet
de serre explique que les températures y soient une quinzaine de degrés
plus élevées que s'il n'existait pas. Sur Vénus, l'effet de serre repose
sur les mêmes bases que sur Terre, mais comme Vénus contient presque
un million de fois plus de CO2, l'effet est beaucoup
plus fort. Le CO2 agit comme une couverture épaisse,
ce qui rend très difficile le renvoi du rayonnement infrarouge (chaleur)
du sol vers l'espace. En conséquence, la surface se réchauffe. L'équilibre
énergétique n'est rétabli que lorsque la planète émet autant d'énergie
qu'elle en reçoit du Soleil, mais cela ne peut se produire que lorsque
la température de la basse atmosphère est très élevée.
|
En
librairie - Jacques
Blamont, Vénus
dévoilée. Voyage autour d'une planète,
Odile Jacob, 1987. |
|
|