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Hans Jonas

Hans Jonas est un philosophe né  le 10 mai 1903 à Mönchengladbach (Allemagne) et mort le 5 février 1993 à la Nouvelle-Rochelle (État de New York). Son concept de responsabilité, particulièrement dans le contexte technologique et environnemental, est l'une de ses contributions les plus significatives. Il a aussi développé une approche philosophique unique qui intègre des perspectives phénoménologiques et existentialistes à la biologie. Ses travaux sur la gnose et les religions dualistes restent aussi des références dans l'étude de ces traditions religieuses.

Hans Jonas est issu d'une une famille juive assimilée. Il étudie la philosophie et la théologie à l'université de Fribourg-en-Brisgau (1921-1928), où il est particulièrement influencé par Martin Heidegger, ainsi qu'à l'université de Berlin et l'université de Marbourg, où il suit les cours de Rudolf Bultmann. En 1928, il soutient sa thèse de doctorat sur la gnose intitulée Der Begriff der Gnosis (Le concept de gnose). Ses travaux sur la gnose et les religions dualistes deviennent une part importante de ses recherches académiques.

Avec l'arrivée au pouvoir des nazis en 1933, Jonas, en tant que juif, se voit contraint de quitter l'Allemagne. Il émigre en Angleterre puis en Palestine mandataire. En 1934, il enseigne à l'Institut universitaire de sciences juives à Jérusalem, où il continue ses recherches sur la gnose et le dualisme. En 1935, il se marie avec Lore Weiner, une collègue philosophe. Ensemble, ils s'installent en Palestine.

Après le déclenchement de la Seconde Guerre mondiale, Jonas s'engage dans l'armée britannique en 1940, rejoignant la Jewish Brigade. Il est motivé par un fort sentiment de devoir envers le peuple juif et un désir de lutter contre le nazisme. Au cours du conflit, il va servir dans plusieurs régions, notamment au Moyen-Orient et en Italie. Pendant cette période, il écrit des articles et des essais sur la philosophie, la morale et la situation des Juifs en Europe.

À la fin de la guerre, Jonas apprend la mort de sa mère à Auschwitz, ce qui va influencer ses réflexions éthiques ultérieures. Après la guerre, il choisit de ne pas retourner en Palestine, mais de se rendre aux États-Unis où il commence une nouvelle phase de sa carrière académique et philosophique (1946).

En 1949, il commence à enseigner au Carleton College à Northfield (Minnesota) et, publie plusieurs articles sur la philosophie et la religion. Il rejoint le New School for Social Research à New York, en 1955. Il y  enseigne la philosophie jusqu'à sa retraite en 1976. Durant cette période, Jonas se concentre sur la philosophie de la biologie, la bioéthique et l'histoire des idées.

Hans Jonas publie en 1964 The Phenomenon of Life: Toward a Philosophical Biology, où il propose une nouvelle approche philosophique de la biologie,  qui combine phénoménologie et existentialisme. En 1974, il commence à travailler sur ce qui deviendra son oeuvre majeure, Le Principe responsabilité : une éthique pour la civilisation technologique, qui paraîtra en 1979. Dans cet ouvrage, Jonas développe une éthique de la responsabilité qui prend en compte les impacts à long terme de la technologie et de l'activité humaine sur l'environnement et les générations futures.

Jonas, désormais reconnu internationalement pour ses contributions à la philosophie, continue de publier des articles et de donner des conférences sur l'éthique, la responsabilité et la philosophie de la biologie. En 1984, il fait paraître une version révisée et étendue de son Principe responsabilité. En 1988, il publie Mort et immortalité, une collection d'essais abordant les concepts de mort, d'immortalité et leurs implications éthiques et philosophiques. Vient ensuite la publication, en 1992, de Wissenschaft als persönliches Erlebnis (La science comme expérience personnelle), une réflexion sur ses expériences personnelles et professionnelles dans le domaine de la science et de la philosophie.

Aspects de la pensée de Hans Jonas

Éthique de la responsabilité.
L'une des contributions les plus importantes de Hans Jonas est son concept de l'éthique de la responsabilité, développé principalement dans Le Principe responsabilité : une éthique pour la civilisation technologique (1979). Jonas y propose une éthique adaptée à l'ère technologique, où les actions humaines ont des répercussions à long terme sur l'environnement et les générations futures.  La technologie a transformé notre rapport au monde et pose des défis éthiques uniques : en augmentant le pouvoir humain, elle a également amplifié les risques et les responsabilités. Parmi les points  clés de cette éthique on note les suivante :

La responsabilité pour les générations futures.
Jonas insiste sur la nécessité de prendre en compte les impacts à long terme de nos actions sur les générations futures.  Il introduit le concept de principe de responsabilité selon lequel les décisions doivent être prises en considérant leurs effets sur les générations futures.

La prudence et la précaution.
Il préconise une approche prudente face aux avancées technologiques, suggérant que l'ignorance des conséquences potentielles doit conduire à une attitude de précaution dans l'adoption de nouvelles technologies. Il critique l'idée de progrès illimité sans considération des risques potentiels.

La valeur intrinsèque de la nature.
Jonas argumente pour la reconnaissance de la valeur intrinsèque de la nature, au-delà de son utilité pour les humains. Il insiste sur la nécessité de préserver l'environnement et les écosystèmes pour assurer la survie de l'humanité. Il appelle à une éthique de la responsabilité environnementale, anticipant ainsi les préoccupations modernes sur le changement climatique et la durabilité.

Philosophie de la biologie.
Jonas a apporté des contributions significatives à la philosophie de la biologie, particulièrement dans son ouvrage The Phenomenon of Life: Toward a Philosophical Biology (1966). Il y propose une approche qui combine phénoménologie et existentialisme pour comprendre la vie et les organismes vivants. Dans cet ouvrage, il Jonas questionne la signification existentielle de la vie, rejetant la vision mécaniste et réductionniste de la biologie. Il propose également l'idée que les organismes vivants doivent être compris en termes de finalité et de téléologie, mettant en avant l'importance de l'intentionnalité dans la vie.

• Le Phénomène de la vie : vers une biologie philosophique (1966). - Dans cet ouvrage, Jonas propose une nouvelle vision de la biologie, intégrant des perspectives philosophiques pour comprendre la vie et ses implications. Il analyse la nature de la vie en tant que phénomène biologique et philosophique et rejette le réductionnisme mécaniste qui voit la vie simplement comme un ensemble de processus physico-chimiques. L'auteur défend l'idée que l'évolution biologique possède une dimension téléologique, c'est-à-dire une orientation vers des fins ou des buts. Il soutient que les organismes vivants montrent une forme de finalité intrinsèque, contrairement aux objets inanimés. Jonas examine la tension entre la liberté et la nécessité dans les organismes vivants. Il décrit comment les êtres vivants, tout en étant soumis aux lois naturelles, manifestent une forme de liberté par leur capacité à s'auto-organiser et à s'adapter. Jonas explore les bases biologiques de la perception et de la conscience. Il propose que même les formes de vie simples montrent des signes d'une sorte de perception primitive, ce qui pose les bases pour une compréhension de la conscience plus complexe chez les animaux supérieurs. Le philosophe développe une éthique centrée sur le respect de la vie en tant que phénomène fondamental. Il considère que la reconnaissance de la valeur inhérente de la vie impose des obligations morales envers les autres êtres vivants et l'environnement.
Contributions à la théologie et à la philosophie religieuse.
Hans Jonas s'est intéressé à des questions  philosophiques relatives à la religion, comme en témoigne son ouvrage Mort et immortalité (1988). Il y aborde des thèmes tels que la mortalité humaine, l'immortalité de l'âme et les implications éthiques de ces concepts. Jonas est également reconnu pour ses travaux sur la gnose et le dualisme, notamment dans The Gnostic Religion (1958). Ses recherches ont contribué à une meilleure compréhension de ces traditions religieuses et de leur impact sur la pensée occidentale. Dans son ouvrage, il analyse le gnosticisme comme une vision du monde dualiste où l'esprit et la matière sont en opposition. Il examine en outre l'influence du gnosticisme sur le christianisme primitif et d'autres traditions religieuses et philosophiques.
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Dictionnaire biographique
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