 | Chaumont (Calvus mons) est une commune de France , dans le département de la Haute-Marne, ancienne capitale du Bassigny champenois, sur un escarpement élevé, au confluent de la Marne et de la Suize. Population : 26 000 habitants. Histoire. Chaumont, qui tire son nom de sa position sur une montagne aride et nue (Calvus mons, mont chauve), doit son origine à un château fortifié, construit vers 940, et autour duquel vinrent se grouper des habitations. A la fin du XIe siècle, cette localité avait déjà pris quelque importance. Un siècle plus tard, après avoir longtemps constitué un fief distinct, tenu par les comtes du Bassigny et de Pologne, elle passa aux mains des comtes de Champagne par suite de la donation faite par Milon, seigneur de Chaumont, en 1187, lors de son départ pour la Terre-Sainte, à Henri II le Jeune, qui y établit les coutumes de Lorris (1190). La comtesse Blanche de Navarre accrut, par de nouvelles acquisitions, la seigneurie de Chaumont, dont elle fit le siège d'une châtellenie et d'un bailliage. Blanche et Thibaud V résidèrent quelquefois dans le vieux château, dont le donjon subsiste encore aujourd'hui. En 1338, la terre de Chaumont fut réunie, avec tout le comté de Champagne, au domaine de la couronne. Sous l'influence des franchises commerciales accordées par les comtes de Champagne, la ville prit un développement qui se continua sous l'autorité directe du pouvoir royal. Entraînée dans le parti bourguignon dès 1417, elle rentra sous l'obéissance du roi en 1433 et fut saccagée, quatre ans plus tard, par les bandes des Ecorcheurs (1437). Chaumont, pendant la seconde moitié du XVe siècle, fut désolée à diverses reprises par la peste et la famine. Louis Xl et François ler la visitèrent et contribuèrent aux dépenses des fortifications de la place. Lors des luttes religieuses du XVIe siècle, les habitants de Chaumont, sous la domination immédiate des Guises, embrassèrent avec ardeur le parti de la Ligue; mais, en 1594, ils firent leur soumission à Henri IV. La peste ravagea de nouveau la cité en 1636. Enfin, c'est à Chaumont que fut signé, le 1er mars 1814, le traité par lequel les puissances alliées s'engagèrent formellement à ne pas déposer les armes, jusqu a ce qu'elles eussent renversé Napoléon et réduit la France à ses limites de 1789. Ils sont nés à Chaumont. Chaumont a vu naître le fameux Guillaume Rose, évêque de Senlis et l'un des plus fougueux partisans de la Ligue (1542-1602); le jésuite Pierre Lemoyne, auteur du poème île Saint Louis ou la Couronne reconquise (1602-1672); les orfèvres ciseleurs Gédéon et Gilles Légaré (1610-1680); les statuaires Edme Bouchardon (1698-1762) et Jacques-Philippe Bouchardon, son frère (1711-1753); le vice-amiral duc Denis Decrès (1761-1820); les généraux Antoine Girardon (1758-1806) et Charles-Marie-Denis, comte de Danrémont (1783-1837), gouverneur de l'Algérie, tué à la prise de Constantine. Monuments. Le plus ancien monument de Chaumont est la tour de Hautefeuille ou tour du donjon (Xe, XIe siècles). dernier reste du château des comtes de Champagne . Contiguë au palais de justice, elle a perdu au XVIIIe siècle son étage supérieur, remplacé par un balustre à jour que décorent des gouttières sculptées. L'église Saint-Jean-Baptiste (mon. hist.), qui date du XIIIe siècle, a été agrandie au XVe et surtout au XVIe siècle; le choeur, reconstruit à cette époque dans le style flamboyant, rappelle, par certains détails, celui de l'église Saint-Eustache, à Paris. Le portail 'gothique est surmonté de deux tours dont les flèches élancées s'aperçoivent à une grande distance. On remarque, à l'intérieur de Saint-Jean, un gracieux escalier tournant enfermé dans une tourelle découpée à jour, à l'angle gauche du transept, et conduisant aux galeries supérieures; dans les chapelles latérales, un curieux bas-relief sculpté en plein mur et représentant l'arbre de Jessé, un Saint-Sépulcre d'un beau caractère, daté de 1460, et dans la chapelle de la Vierge, d'anciennes peintures murales où Marie est figurée avec des ailes d'aigle. Il convient de signaler encore un tableau de Saint-Alexia attribué à André del Sarto, plusieurs toiles de Richard Tassel, peintre langrois du XVIIe siècle, et la chaire et le banc-d'oeuvre, dus au ciseau de Jean-Baptiste Bouchardon, le père d'Edme, mort à Chaumont en 1742. - L'église Saint-Jean-Baptiste de Chaumont. Les portails latéraux offrent une riche et élégante décoration empruntée à divers motifs de la vie du Christ et de celle du Précurseur. A ce monument, le plus intéressant de la ville, se rattache une singulière tradition qui s'est perpétuée jusque dans la seconde moitié du XVIIe siècle. Sur les instances du Chaumontais Jean de Montmirail, référendaire à Rome auprès du Saint-Siège, le pape Sixte IV érigea en 1474 cette église en collégiale, et des indulgences plénières furent accordées aux pèlerins qui la visiteraient le jour de la fête du saint patron. Cette faveur insigne donna lieu à des fêtes solennelles, accompagnées de processions et de représentations de mystères qui dégénèrent rapidement en farces, dans lesquelles les acteurs, costumés en diables et diablesses chargés de tourmenter l'âme d'Hérode, persécuteur de saint Jean, parcouraient les campagnes trois mois à l'avance, jetant la terreur parmi les paysans qu'ils rançonnaient souvent sous forme de contributions pieuses à prélever. Telle est l'origine de la grande diablerie de Chaumont, appellation demeurée populaire dans toute la contrée, et dont le souvenir s'est religieusement conservé dans la célébration annuelle d'un grand pardon. La chapelle du lycée (mon. hist.) est celle de l'ancien collège des jésuites; elle a été construite de 1630 à 1640, dans le style le plus lourd et le plus maniéré, avec une profusion de marbres, de dorures, de statues et de sculptures , dont l'ensemble constitue cependant une oeuvre curieuse; le portail a malheureusement été mutilé, sous prétexte de restauration, en 1817. L'hôtel de ville (1789), l'hôpital (1750), la préfecture et l'école normale, vastes édifices récents, sont sans intérêt. Le dépôt des archives départementales renferme des documents très précieux pour l'histoire de la région; la bibliothèque publique compte 50,000 volumes; le musée, encore peu considérable, possède une belle Tête de Christ, d'Albrecht Dürer, quelques tableaux modernes, et plusieurs fragments de tombeaux des princes de la maison de Lorraine . A l'entrée des magnifiques avenues de tilleuls qui conduisent à la gare, on a élevé une statue en bronze à l'ingénieur Philippe Lebon, inventeur du gaz d'éclairage, né à Brachay (Haute-Marne) en 1767, mort à Paris en 1804. - La chapelle du Lycée, à Chaumont. Les armes de Chaumont sont : parti au premier de gueules à une demi-escarboucle pommetée et florée d'or, mouvante du flanc senestre; au deuxième d'azur, à une bande d'argent accostée de deux cotices potencées et contre-potencées d'or; au chef d'azur, brochant sur le tout chargé de trois fleurs de lys d'or. (A. Tausserat). Traité de Chaumont. Ce pacte célèbre, arrêt de mort de l'Empire et avant-coureur de la Sainte-Alliance, fut conclu le 1er mars 1814, pendant la campagne de France, par l'Autriche , la Grande-Bretagne, la Prusse et la Russie , qui, tout en poursuivant leurs opérations militaires en Champagne , négociaient pour la forme avec Napoléon au congrès de Châtillon. Leur but, depuis la fin de 1813, était de réduire la France à ses limites du 1er janvier 1792 et de ne pas lui permettre de participer aux remaniements territoriaux qu'ils se proposaient de faire subir à l'Europe . Comme Caulaincourt, qui représentait l'empereur à Châtillon, tardait à répondre à leur ultimatum et que Napoléon, enhardi par de récentes victoires, semblait de, jour en jour moins disposé à traiter, les chefs de la coalition résolurent de resserrer leur alliance. La convention de Chaumont fut conclue et signée au nom des grandes puissances liguées contre la France par Metternich, Castlereagh, Hardenberg et Nesselrode. Par cet arrangement, les quatre cours s'engageaient à ne pas déposer les armes que la France n'eût subi leurs exigences, chacune d'elles devant concourir à l'exécution du programme commun avec toutes ses forces, ou tout au moins avec un contingent de 150,000 hommes. Les principales de leurs conditions étaient : que la France rentrerait dans ses frontières du 1er janvier 1792; que tous les territoires situés en dehors de ces limites seraient soustraits à son influence; que l'ancien royaume de Hollande serait réuni aux provinces belges pour former sur son flanc septentrional le royaume des Pays-Bas ; qu'elle serait surveillée à l'Est par l'Allemagne organisée en confédération indépendante; que la Suisse formerait aussi un groupe fédéral dont la neutralité serait garantie par l'Europe ; que l'Italie serait également divisée en Etats indépendants de la France (mais qui devaient être soumis, directement ou indirectement, à la domination autrichienne); que l'Espagne serait rendue à Ferdinand VII; que l'Angleterre garderait Malte, sans compter les îles Maurice et de Bourbon (= La Réunion), le groupe des Saintes, Tobago et autres colonies enlevées à l'Empire; enfin que, pour tout le reste des territoires conquis à partager, la France n'aurait aucun droit à intervenir. Par surcroît de précautions, les quatre puissances assignaient à leur alliance une durée de vingt ans et chacune d'elles promettait de mettre à la disposition des autres, même après la pacification générale, un contingent de 60,000 hommes pour les défendre en cas d'attaque. (A. Debidour). |
 | Chaumont-sur-Loire est une commune de France , dans le département du Loir-et-Cher, arr. de Blois, sur la rive gauche de la Loire; pont suspendu de six travées entre Chaumont et Onzain. Population : 1030 habitants. Cette commune est située au pied d'une colline très proche du fleuve, sur laquelle se dresse un château sur une colline, très proche du fleuve, qui domine la commune de Chaumont-sur-Loire. Dès le Xe siècle, les comtes de Blois avaient élevé sur ce point une forteresse qui, plusieurs fois, les servit dans leurs luttes contre les comtes d'Anjou , seigneurs d'Amboise. Durant cette période, elle fut démolie, puis reconstruite avec tout l'appareil des plus redoutables châteaux forts du Moyen âge . Au XVe siècle, elle appartenait à la maison d'Amboise; sous Louis XI, Pierre d'Amboise, ancien chambellan de Charles VII, avant pris part à la ligue du Bien public, le roi ordonna que Chaumont serait rasé de fond en comble, ce qui fut accompli; mais, revenant bientôt sur la rigueur de sa décision, il permit à Pierre d'Amboise de le reconstruire à ses frais. Ce fut un des fils de ce dernier, Charles, grand-maître de France, qui fit la reconstruction et éleva le château actuel, l'un des meilleurs types de cette architecture où le palais de la Renaissance conserve encore la ressemblance et le souvenir du château féodal. Le château de Chaumont-sur-Loire. Il faut franchir un pont-levis pour entrer à Chaumont; mais les gracieuses tourelles, les cheminées sculptées dont on aperçoit de loin l'élégant fouillis n'évoquent nullement l'idée de guerre ou d'assaut, et en fait, depuis lors, Chaumont n'en connut plus. En 1550, Catherine de Médicis l'acheta au prix de 10 000 livres tournois, mais, dix ans après, elle en imposa l'échange à son éternelle rivale, Diane de Poitiers, contre Chenonceaux qu'elle convoitait depuis longtemps. Diane ne vint pas souvent à Chaumont, qui lui rappelait le souvenir d'une ennemie. Elle le légua à sa fille aînée, Françoise de Brézé, duchesse de Bouillon . Parmi les propriétaires du château pendant les XVIIe et XVIIIe siècles, il convient de citer Scipion Sardini et ses fils; les Beauvillier, ducs de Saint-Aignan; Charles de Mortemart, duc de Rochechouart ; Nicolas Bertin de Vaugien qui, vers 1739, fit démolir l'aile des bâtiments dominant la vallée de la Loire (jusque-là, l'édifice formait un quadrilatère); Jacques Le Ray, qui songea à transformer Chaumont en un centre industriel en y installant l'habile potier italien, Nini. Son fils aîné, qui hérita du château, y offrit une longue hospitalité, sous l'Empire, à Mme de Staël et au groupe d'amis célèbres, parmi lesquels Benjamin Constant, qui l'entouraient. Au XIXe siècle, Chaumont a appartenu au baron d'Étchégoyen, à la famille d'Aramon et à la vicomtesse Walsh qui en fit faire une luxueuse restauration; au prince Henri Amédée de Broglie, arrière-petit-fils de Mme de Staël, et de sa femme, Mlle Say. (Fernand Bournon). - Le château de Chaumont-sur-Loire. Photo : © Serge Jodra, 2010. |