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Catherine de Médicis est une reine de France, née à Florence le 13 avril 1519, morte le 5 janvier 1589, fille de Laurent Il de Médicis, duc d'Urbin, et d'une princesse française, Madeleine de la Tour d'Auvergne, parente de la maison royale par sa mère, Catherine de Bourbon. Catherine de Médicis devint orpheline peu après sa naissance : sa mère, prise de fièvre après ses couches, mourut le 25 avril, et son père le 4 mai de la même année. Dès son enfance, de nombreux projets de mariage avaient été mis en avant pour elle. Elle n'avait que quatorze ans lorsqu'elle fut mariée à Henri, duc d'Orléans, le second fils de François Ier. Ce mariage fut décidé à la suite de longues négociations entre François Ier, et le pape Clément VII. Ce dernier, de son nom Jules de Médicis, était cousin germain du grand-père de Catherine. Le pape et le roi de France en faisant conclure ce mariage que le pape vint célébrer lui-même à Marseille (28 octobre 1533), poursuivaient l'un et l'autre un but politique. Mais cette union fut mal accueillie en France; on craignait une nouvelle guerre en Italie, et l'on disait que le pape avait trompé le roi. Pendant les premières années qu'elle passa à la cour de France, Catherine de Médicis vécut effacée, mais elle sut habilement se concilier les bonnes grâces de François Ier et de son entourage. La mort du dauphin, en 1536, lui conférait le titre de dauphine. Mais elle eut à subir l'outrageante rivalité de Diane de Poitiers qui avait su dominer le coeur d'Henri, et imposer son influence. Catherine eut la sagesse de se résigner et le courage de se faire l'amie de la favorite. La crainte d'être répudiée par son mari peut expliquer cette politique; c'est que, après dix ans de mariage, elle était demeurée sans enfants. Cependant, en 1544, elle donna le jour à un fils et, à partir de cette époque, elle eut des grossesses très rapprochées. En 1547, à la mort de François Ier., le mari de Catherine de Médicis montait sur le trône sous le nom de Henri Il, et Catherine était elle-même couronnée solennellement à Saint-Denis; mais la véritable souveraine était Diane de Poitiers. Tous les efforts de Catherine tendaient à ne pas déplaire au roi, et elle sacrifiait tout à ses caprices. Pendant la campagne de Lorraine, investie quelque temps de la régence, elle eut un semblant de pouvoir. Henri Il mourut en 1559. Catherine dut se montrer femme politique pour faire prévaloir son influence sur l'esprit du jeune roi François Il, son fils, et pour conquérir une autorité qui lui avait échappé jusque-là. Le nouveau roi était d'un caractère indécis et entièrement soumis à sa femme Marie Stuart, dominée elle-même par ses oncles, les princes lorrains, François de Guise et le cardinal de Lorraine. Catherine de Médicis. Les Guises, personnifiant la cause catholique, étaient populaires et puissants. Catherine ne songea pas d'abord à leur tenir tête et se rapprocha d'eux. Elle respecta les biens de Diane de Poitiers parce qu'ils devaient revenir en partie aux Guises, et qu'elle ne voulait pas s'aliéner ses partisans; mais Diane dut abandonner Chenonceaux à Catherine. Cependant, lorsqu'après la conjuration d'Amboise, Catherine vit la fortune des Guises s'accroître d'une façon inquiétante, elle éleva, de leur consentement même, au rang de chancelier Michel de l'Hospital (1560); elle chercha prudemment avec lui, par une politique de tolérance, à relever le parti protestant pour l'opposer au besoin aux Guises. Une assemblée de notables fut réunie à Fontainebleau, dans l'espoir qu'elle apporterait un remède aux agitations religieuses; elle aboutit seulement à la convocation des États généraux pour le 13 décembre suivant. Mais à ce moment un revirement complet allait se produire dans les tendances politiques de Catherine de Médicis. Débarrassée de la puissance gênante des Guises, elle comprit qu'elle ne gouvernerait qu'en mettant ses fils à la tête du parti catholique; elle voulait ruiner le protestantisme lentement, sans violences et sans le secours d'armées étrangères. Catherine parcourut les provinces avec son fils Charles IX, dans le but de raffermir l'autorité du trône. C'est au cours de ce voyage qu'eut lieu, en 1565, cette mystérieuse entrevue de Bayonnequi semble avoir été le point de départ des terribles événements qui vont suivre. Catherine désirait revoir sa fille aînée, Élisabeth, mariée au roi d'Espagne, Philippe Il; ce fut une occasion de traiter des questions politiques. Philippe Il ne vint pas, mais se fit représenter par le duc d'Albe, soldat énergique et diplomate astucieux; celui-ci avait emporté les instructions formelles de Philippe II d'après lesquelles il devait amener Catherine de Médicis à réprimer l'hérésie par toutes les voies de rigueur nécessaires. Il est certain que la reine mère chercha d'abord à éviter toute sorte engagement et qu'elle sut déconcerter les desseins de son adversaire. Céda-t-elle à la fin, et les massacres qui ont eu lieu plus tard avaient ils été promis dès ce moment? Beaucoup l'ont soutenu; toutefois divers historiens - Picot, Henri Martin, Zeller -, n'ont pas cru devoir admettre des conclusions aussi absolues. La question subsiste et, en tout cas, il resterait à savoir ce qui a été promis. Quoi qu'il en soit, l'entrevue de Bayonne avait éveillé les soupçons des protestants. Une seconde guerre religieuse éclata, et les chefs protestants conçurent le plan audacieux de s'emparer du roi. L'entreprise échoua; Catherine décida non sans peine le roi à traiter, et la paix fut signée à Longjumeau le 23 mars 1568. Mais elle ne fut pas de longue durée. La politique de Catherine, qu'on a si bien qualifiée de tortueuse, amena de nouvelles insurrections. La reine mère, encore prête à négocier, ne put arrêter Condé dans sa marche vers La Rochelle. Elle vit que la lutte devenait inévitable, et pour que son fils ne cédât pas aux conseils de modération du chancelier de l'Hospital, elle l'amena à se retirer. Des mesures rigoureuses furent prises contre les protestants, en même temps que se continuait une guerre acharnée dans laquelle se distinguait le fils préféré de Catherine, le duc d'Anjou. Malgré les revers des protestants, la reine mère, à bout de ressources, désirait la paix; elle fut signée à Saint-Germain (8 août 1570), mais Catherine ne l'obtint qu'au prix de larges concessions. Il paraît à peu près certain qu'au moment où Catherine avait traité, elle n'avait pas encore de plan arrêté; tout au plus songeait-elle à faire disparaître les chefs de parti. Condé avait été tué à Jarnac; Coligny l'inquiétait encore. Mais les politiques avaient su Prendre. le dessus à la cour, et Charles IX faisait conclure le mariage de sa soeur Marguerite avec le roi de Navarre, Henri. En même temps, Coligny acquérait le plus grand crédit auprès du roi et poussait à la guerre avec l'Espagne; Catherine voulait l'éviter. La reine mère et Coligny se disputaient l'esprit du roi. Catherine prit le parti de faire assassiner Coligny par les Guises. Une tentative eut lieu le 22 août 1572 ; l'amiral ne fut que blessé. Une conjuration se forma, dirigée par Catherine; il fallait décider le roi à sacrifier Coligny et à frapper un coup. énergique. Il dut céder devant les menaces, les persuasions, les insinuations perfides de sa mère. Le massacre eut lieu dans la nuit du 24 août 1572, jour de la Saint-Barthélemy. La responsabilité de ce crime doit en grande partie retomber sur Catherine, et parmi ses complices, l'un des principaux fut le duc d'Anjou; elle y fut poussée par des raisons politiques plutôt que par passion religieuse. Elle s'en fit un titre de gloire auprès des cours catholiques, et chercha à s'en disculper auprès des autres. Les Guises en tirèrent plus de profit qu'elle-même, et les huguenots ne tardèrent pas à organiser la résistance. En 1573, Catherine avait fait nommer roi de Pologne son fils, le duc d'Anjou, celui-ci ne devait pas tarder à être roi de France. Charles IX mourut le 30 mai 1574; le même jour, il venait de signer une ordonnance conférant la régence à sa mère. Elle en resta investie jusqu'à ce que son fils fleuri tôt revenu de Pologne, le 6 sept. suivant. Mais la guerre religieuse continuait. La reine mère poussait son fils à faire la paix; la paix de Monsieur en 1576, qui contenait en termes formels un désaveu de la Saint-Barthélémy, aboutit à un abaissement de la royauté et ne donna que plus de force au parti protestant. Ce fut alors que Catherine de Médicis vit naître la Ligue. En 1580, nous la trouvons réclamant les droits de sa famille à la couronne de Portugal ; plus tard, elle tenta de soutenir le prétendant don Antonio aux Açores, en 1582, puis à l'île de Terceire, en 1583, mais ce fut sans succès. Les progrès de la Ligue avaient amené le traité de Nemours (1585), puis la journée des Barricades (1588); la reine mère vint trouver le duc de Guise, mais ce fut en vain qu'elle essaya de fléchir ses prétentions, et pendant ce temps Henri III laissait Paris. Le 5 janvier 1589, treize jours après l'assassinat du duc de Guise, Catherine de Médicis mourut, et peu s'en fallut qu'elle ne vit l'avènement du premier Bourbon. Si l'on cherche, à travers cette succession de luttes et d'intrigues auxquelles a été mêlée Catherine de Médicis, ce qu'elle a été vraiment, il semble qu'il soit bien difficile de découvrir les traits qui distinguent ce caractère. Certes, on ne peut dire qu'elle eut des desseins politiques arrêtés: mais elle eut l'ambition du pouvoir, ambition qui s'enracina d'autant plus qu'elle eut à lutter pour la satisfaire, et il se trouva qu'elle a servi ainsi l'intérêt même de la France. Pour résister aux partis qui s'agitaient avec passion autour d'elle, tous les moyens lui furent bons, même le crime. Sceptique en politique, indifférente en religion en même temps que superstitieuse, astucieuse et habile à feindre, elle a pratiqué sans cesse une politique de bascule, s'appuyant à tour de rôle sur les différents partis, mais veillant constamment à ce qu'aucun d'eux ne prenne une prépondérance dangereuse. C'est ce qui explique qu'elle ait poursuivi ces deux idées si conformes aux intérêts de la France, l'abaissement des grands et la résistance à la maison d'Autriche. Aussi Guizot a-t-il pu dire : Si au point de vue moral on ne saurait juger Catherine de Médicis trop sévèrement, à travers tant de vices, elle eut des mérites; elle prit à coeur la royauté et la France; elle défendit de son mieux, contre les Guises et l'Espagne, l'indépendance de l'une et de l'autre, ne voulant les livrer ni aux partis extrêmes, ni à l'étranger.Il faut ajouter que Catherine de Médicis sut, avec un goût éclairé, favoriser les sciences et les arts (La Renaissance). Elle accorda sa protection au grand sculpteur Germain Pilon, elle fit construire le palais des Tuileries par Philibert de Lorme, et plus tard l'hôtel de Soissons par Pierre Lescot. On voit encore un reste de cet hôtel au milieu de la Bourse du travail; c'est une haute colonne cannelée qui servait aux observations astrologiques (Bassantin) de cette reine qui croyait à la magie, aux talismans et aux prédictions fournies par les astres. (G. R. / L. Del). |
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