| Duché, Duché électoral et Royaume de Saxe, all. Sachsen. - Dans l'Antiquité germanique, on appelait Saxe les pays qui forment actuellement le Hanovre et la Westphalie. Les Saxons, après avoir fait des incursions eu Angleterre dès 287, y fondèrent des établissements en 450. Conquis par Charlemagne, qui en légua la suzeraineté à ses successeurs, le pays des Saxons entra, avec le reste de l'Allemagne, dans la part qui échut à Louis le Germanique, lorsque les fils de Louis le Débonnaire divisèrent entre eux ses Etats par le traité de Verdun, en 843. Gouvernée par des comtes depuis la conquête, la Saxe fut érigée en duché, vers 850, en faveur du comte Ludolphe, vraisemblablement descendant de Witikind. Ludolphe, mort en 864, eut pour successeur son frère Brunon, fondateur de la ville de Brunswick. A Brunon, tué en combattant les Vikings, en 880, succéda son frère; Othon l'Illustre, qui refusa la couronne d'Allemagne à l'extinction de la famille carolingienne en 911. Henri Ier fils d'Othon, fut élu roi de Germanie après la mort de Conrad Ier en 919. En montant sur le trône, il avait conservé son duché, mais son fils, l'empereur Othon le Grand, le donna, en 960, au brave Hermann Billung. La première maison de Saxe fournit cinq souverains de la Germanie, de 919 à 1024. La famille de Billung, après avoir donné cinq ducs à la Saxe, s'éteignit à la mort du duc Magnus en 1106. Lothaire, comte de Suplinbourg, reçut alors, de l'empereur Henri V, le duché de Saxe, qu'il abandonna, après être devenu empereur, à son gendre Henri le Superbe, duc de Bavière, en 1136. Henri le Lion, fils et successeur de Henri le Superbe, était un des plus puissants princes de l'Allemagne, lorsqu'il fut dépouillé de ses Etats, qui furent divisés en plusieurs tiers, par l'empereur Frédéric Ier en 1180. Un nouveau duché de Saxe fut formé et donné à Bernard, comte d'Ascanie. A la mort d'Albert ler, fils de Bernard, en 1260, ses fils partagèrent entre eux ses Etats : l'aîné, Jean, eut le pays de Saxe-Lauenbourg, et le plus jeune, Albert II, celui de Saxe-Wittenberg. A l'extinction de la ligne de Saxe-Lauenbourg, en 1689, ses Etats passèrent à la maison de Brunswick. La dignité électorale, que les deux branches s'étaient disputée, fut confirmée par là bulle d'or en 1356, dans la ligne de Saxe-Wittenberg, qui s'éteignit avec le duc Albert III en 1422. Le duché de Saxe fut donné; en 1423, par l'empereur Sigismond, au mépris des prétentions de la branche de Saxe-Lauenbourg, à Frédéric le Belliqueux, de la maison de Wettin, margrave de Misnie, et landgrave de Thuringe. La réunion de ces Etats rendit ce prince très puissant. A la mort de son fils et successeur, Frédéric le Débonnaire, en 1464, Ernest, fils ciné de ce dernier, eut le duché électoral. Il partagea ensuite avec son frère Albert, après la mort de leur oncle, Guillaume de Thuringe, les domaines héréditaires de leur famille. Ernest eut la Thuringe, et Albert la Misnie. La maison de Wettin fut dès lors divisée en deux lignes dites Ernestine et Albertine. Frédéric le Sage, fils d'Ernest et son successeur dans le duché électoral en 1486, fut vicaire de l'empire, et fonda Il université de Wittenberg, où naquit la doctrine de Luther, dont il fut le protecteur. La Réforme eut aussi un défenseur zélé dans son frère, Jean le Constant, qui lui succéda en 1525. Jean-Frédéric le Magnanime, fils de Jean le Constant et son successeur en 1532, fut le chef de la ligue de Smalkalde. Il fut mis au ban de l'empire, et perdit, en 1557, contre Charles-Quint, la bataille de Mohlberg où il fut fait prisonnier. Il fut dépouillé de l'électorat, dont l'empereur investit en 1518 Maurice, petit-fils d'Albert, deuxième fils de l'électeur Frédéric le Débonnaire. La ligne Altbertine, qui entra avec lui en possession de la Saxe, y règna toujours par la suite. Après avoir combattu contre la ligue de Smalkalde, Maurice se tourna contre l'empereur. et fit rendre la liberté à Philipe de Hesse, champion des protestants, par le traité de Passau en 1552. Il eut pour successeur son frère Auguste, qui accrut ses possessions et amassa un trésor considérable. Dans la guerre de Trente Ans, l'électeur Jean-George Ier,1611-1656, aida Gustave-Adolphe, roi de Suède, à gagner la bataille de Leipzig en 1631, sur les Impériaux, et augmenta la puissance de la Saxe. Frédéric-Auguste Ier, 1694-1733, abandonna le luthéranisme pour retourner au catholicisme. Il fut élu roi de Pologne en 1697, et se ligua avec le tsar Pierre le Grand contre Charles XII, roi de Suède, qui le fit déposer en 1704. Il fut rétabli en 1709 après la défaite du roi de Suède. Il protégea. les arts, et embellit Dresde. Son fils, Frédéric-Auguste Il, qui lui succéda en 1733, fut aussi élu roi de Pologne la même année. Dans la guerre de la succession d'Autriche, il fut d'abord un des prétendants; mais il traita ensuite avec Marie-Thérèse, et le roi de Prusse envahit la Saxe. Elle lui fut rendue par la paix de Hubertusburg en 1763. La prospérité y fut rétablie par Frédéric-Auguste III, qui favorisa le commerce, les lettres et les sciences, et opéra diverses réformes utiles. Quoique ami de la paix, il fut obligé de prendre part, en 1778, à la guerre de la succession de Bavière, comme allié de la Prusse contre l'Autriche. Il refusa la couronne de Pologne en 1791. Après être resté dans une sorte de neutralité envers la France, depuis le commencement de la Révolution, il s'unit à la Prusse contre Napoléon Ier en 1806, et ses troupes furent battues à léna avec les Prussiens. Mais un traité conclu à Posen, en décembre 1806 avec le vainqueur, lui garantit l'intégrité de son territoire, l'admit dans.la confédération du Rhin, et lui conféra la dignité royale. La paix de Tilsit ajouta à ses Etats, en 1807, le duché de Varsovie, qui s'accrut plus tard des cessions imposées à l'Autriche. Il resta l'allié de Napoléon jusquq'en 1813; et, quoique ses troupes eussent abandonné les Français sur le champ de bataille de Leipzig, les alliés s'emparèrent de ses Etats, dont l'étendue fut restreinte au profit de la Prusse, par le Congrès de Vienne en 1815. Il entra dans la Confédération germanique, et ne s'occupa plus qu'à réparer les maux de la guerre. A la suite de la Révolution française de 1830, son frère Antoine Il, qui lui avait succédé en 1827, vit son trône, menacé par des insurrections, qu'il calma en adjoignant au pouvoir, comme co-régent, son neveu Frédéric-Auguste. Une constitution fut donnée au royaume en 1831. Elle fut renversée par une insurrection en 1849, et le roi fut chassé de sa capitale. Mais l'armée prussienne l'y rétablit, et la constitution de 1831 modifiée fut remise en vigueur. Cette constitution fut encore modifiée en 1849, 1851, 1860 et 1861. Le royaume, tel que l'a constitué le congrès de Vienne en 1815, était borné au Nord-Ouest, au Nord et au Nord-Est par les Etats prussiens, à l'Est au au Sud par la Bohème, au Sud-Ouest par la Bavière, et à l'Ouest par la principauté de Reuss-Greitz et le duché de Saxe-Altenbourg. Superficie 1.494.185 hectares. Capitale Dresde. Le royaume était divisé en quatre cercles : Dresde, Leipzig, Zwickau et Budissin. | |