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Jalousie
(de Jaloux, du latin populaire zelosum, de zelus =
zèle, envie, devenu jelos, jalos, jalous, jaloux). - La jalousie
et l'envie sont deux passions voisines, deux
sentiments
presque également douloureux et malveillants, qui ont ceci de commun,
de nous faire souffrir des avantages d'autrui.
Au fond de l'un et de l'autre est l'esprit de rivalité, le désir
de primer, désir alarmé par la crainte ou meurtri par la conscience
d'une infériorité apparente. A en croire Buffon,
la mimique est analogue dans les deux cas :
« Les sourcils
descendent et se froncent, les paupières s'élèvent et s'abaissent. »
Il y a pourtant une
différence capitale :
« La jalousie,
dit La Rochefoucauld, est en quelque manière
juste et raisonnable, puisqu'elle ne tend qu'Ã conserver un bien qui nous
appartient; au lieu que l'envie est une fureur qui ne peut souffrir le
bien des autres. »
En effet, la jalousie,
au sens étroit, c'est la crainte de nous voir ravir l'amour
d'une personne que nous aimons, et c'est la douleur que nous avons quand
cet amour nous est ravi; sentiment toujours touchant, et légitime dans
la mesure où nous avons droit à l'affection qui nous échappe. L'envie,
au contraire, est un mouvement de haine et de chagrin que nous cause le
mérite ou le succès des autres, comme si nous perdions tout ce qu'ils
gagnent : sentiment essentiellement injuste
et mauvais conseiller, dont la bassesse n'a d'égale que l'amertume, qui
inspire à tout le monde un profond mépris et qui en inspirerait encore
davantage si le mal qu'il fait à ceux qui en sont l'objet n'était expié
en partie par la torture de ceux qui l'éprouvent. (H. M.). |
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