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La paléontologie des Equidés |
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La paléontologie
et la phylogénie du Cheval ont été étudiées
avec soin par un grand nombre de chercheurs. Les conceptions actuelles
dérivent des travaux de R. A. Stirton, dans les années 1951
(tournées principalement vers les Equidés d'Amérique)
et de Bruce MacFadden (1991-2005). Ces études font remonter les
Equidés à un type de Périssodactyle
qui vivait au début de l'Eocène, il y a environ 55 millions
d'années. Au sein de ce groupe, une population a évolué
tout au long de l'Eocène et de l'Oligocène, au travers de
diverses formes (Orohippus, Epihippus, Mesohippus, Miohippus), avant de
donner naissance, à la fin de l'Oligocène et au début
du Miocène (il y a environ 25 millions d'années), à
deux lignées. De la première sont issus des types tels que
le Megahippus et le Sinohippus, éteints vers le milieu du Miocène,
il y a une dizaine de milions d'années. De la seconde branche sont
issus, via le Merychippus, plusieurs rameaux, les deux principaux étant
le groupe de l'Hipparion, dont la plupart des représentants
s'éteignent au Pliocène (il y a un ou deux millions d'années)
ou même vers le début du Pléistocène, et le
groupe du Dinohippus, qui vivait, il y a 5 millions d'années, et
dont dérivent l'Hippidion américain, et les Equidés
proprement dits. On a essayé de synthétiser ces différentes
étapes dans le schéma ci-dessous.
- Cope faisait remonter la filiation du genre Equus jusqu'au Phenacodus, ou même jusqu'au Protogonia un peu plus ancien, mais tous deux de l'Eocène inférieur des deux continents, et appartenant, toujours d'après Cope, au groupe des Diplarthra , progéniteur commun des Artiodactyles et des Périssodactyles modernes. Ces animaux étaient pentadactyles et de petite taille, et on ne peut les comparer qu'au Daman (Hyrax) de l'époque actuelle, si voisin des Périssodactyles (Rhinocéros) malgré son apparence de Rongeur. L'Hyracotherium est reconnu dès le XIXe siècle comme le premier ancêtre du Cheval qui vienne se ranger parmi les Périssodactyles. Cope pensait déjà que c'était probablement la souche commune de tous les types actuellement vivants de cet ordre. On connaissait aussi l'Eohippus et l'Orohippus (Marsh), le Systernodon (Cope), qui étaient fort voisins de l'Hyracotherium, et la taille de ces animaux ne dépassait pas celle du Renard ou du Chien; ils avaient généralement quatre doigts en avant et trois seulement en arrière, et on peut se les figurer avec les formes des Rongeurs subongulés (Paca, Agouti) de l'époque actuelle : ils sont de l'éocène supérieur, et ont vécu sur les deux continents. Les genres Pliolophus, Pachynolophus, Epihippus (Cope), tous proches parents des précédents, conduisent, selon les paléontologues de cette époque, à un type d'organisation plus avancé, celui du Palaeotherium et du Paloplotherium de l'époque Oligocène, puis à celui de l'Anchitherium, et de l'Anchippus (Leidy), qui n'ont plus que trois doigts à tous les membres, et qui vivaient dans le Miocène moyen. La taille de ces animaux varie de celle
du Mouton à celle du Tapir : ils avaient probablement des formes
peu différentes de celles de ce dernier, mais certaines espèces
d'Anchitherium devaient avoir des proportions beaucoup plus élancées
et plus légères. Nous arrivons ainsi au genre Hipparion (ou
Hippotherium), qui est du Miocène supérieur et du Pliocène
des deux continents, et que l'on place d'abord à tort dans la lignée
des Equidés modernes. Dans ce genre, qui a trois doigts comme l'Anchitherium,
un changement remarquable s'opère : les deux doigts latéraux
s'atrophient et remontent le long du canon, de manière à
ne plus toucher le sol dans la marche sur un terrain sec : la taille de
plusieurs espèces est comparable à celle des chevaux sauvages,
des Hémiones et des Anes de l'époque actuelle; il semble
que l'on soit ainsi bien près du type si spécialisé
des solipèdes, qui se trouve réalisé par le genre
Equus dès la fin du Pliocène, mais n'a son entier développement
qu'au Pléistocène, sur les deux continents.
Pattes antérieures et postérieures, molaires supérieures et inférieures des genres : d, Hyracotherium; c, Anchitherium; b, Hipparion; a, Equus. On reconnaît dans ces changements progressifs dans l'organisation, ainsi que ceux qu'on observe dans la denture, l'indice de modifications non moins profondes qui s'opéraient dans le régime et dans les moeurs : les premiers ancêtres du Cheval habitaient les marais et se nourrissaient des racines et des fruits féculents qu'ils y trouvaient; de là leurs dents d'omnivores et leurs pieds larges, à plusieurs doigts, les empêchant d'enfoncer dans la vase. L'Anchiteriurn peut être considéré comme le dernier type ayant conservé ces habitudes amphibies. A partir de l'Hipparion et de ses plus proches parents, les moeurs changent : l'animal a quitté les forêts et les marais pour vivre dans les plaines découvertes et s'y nourrir d'herbages chargés de silices : ses dents s'usent plus vite, leur couronne s'aplatit et s'encroûte de cément pour résister à cette usure. Le pied tridactyle, frappant un sol sec et dur dans une course rapide, rétracte instinctivement les doigts latéraux qui se relèvent, se portent en arrière et disparaissent bientôt par le défaut d'usage, tandis que le doigt médian, portant à lui seul tout le poids du corps, acquiert l'importance que nous lui voyons chez les Chevaux modernes. Cope montre par ces constats que les ancêtres
du Cheval (et des groupes voisins) ont fait successivement partie de différentes
familles d'Ongulés comme l'indique le tableau suivant :
Les genres à trois doigts comme
Hipparion, sont tous placés par Cope dans la famille des Palaeotheridae,
mais comme les deux doigts accessoires étaient déjà
sans usage fonctionnel chez les Hipparions qui diffèrent d'ailleurs
si peu des Chevaux par leurs dents et même par leurs pieds (on trouve
tous les intermédiaires), mais d'autres, après lui, on cru
devoir admettre ce genre dans la famille des Equidae, dont il avait certainement
les moeurs. Quoi qu'il en soit, l'évolution du type des Equidés
paraît s'être opérée parallèlement sur
les deux continents, de manière à aboutir presque simultanément
au genre Equus, sans qu'il y ait eu d'échanges bien marqués
entre les faunes de ces deux parties du monde, au moins jusqu'à
la fin du Pliocène. Ce résultat final, notent les contemporains
de Cope, n'a rien qui doive étonner, si l'on remarque que les mêmes
types ont existé à la fois en Europe et en Amérique,
aux époques géologiques correspondantes, et sont représentés
par des genres presque toujours identiques, malgré les noms différents
qu'on leur a donnés. Dans le tableau suivant, qui figure en même
temps une esquisse (admise vers 1900) de l'arbre généalogique
du cheval, on a cherché à établir cette concordance,
dont on a tiré des conclusions fausses :
Types fossiles Le groupe de l'Hipparion.
Les espèces du genre Hipparion, sont très nombreuses dans l'Amérique du Nord : H., occidentale, H. montezumae, H. rectidens, H. peninsulatum, H. sinclairi, H. speciosum, H. plicatile, H. sphenodus, H. gratum, H. retrusum, H. paniense, H. calamarium, sont du Miocène supérieur (Epoque de Loup Fork); H. seversum et H. isonesum sont des couches à Ticholeptus (époque suivante); enfin les H. relictum et venustum sont du pliocène inférieur du même pays (Cope). (Les genres Stylonus et Protohippus diffèrent peu des Hipparions dont ils sont démembrés, Il en est probablement de même des genres Parahippus, Hypohippus, Merychippus de Leidy, Pliohippus de Marsh, fondés sur des caractères qui ne paraissent pas constants, Ce genre ne dépasse pas au Sud la Floride, tandis que nous verrons que les véritables chevaux se sont propagés, à une époque ultérieure, jusque dans l'Amérique du Sud). Les Equidés
vrais.
En Amérique du Nord, les Equus crenidens,
E. Barcenaei sont du Pliocène du Mexique et du Texas; les E. major,
E. occidentalis, E. fraternus, E. conversidens, E. tau du Pléistocène
des Etats-Unis et du Mexique. Plus au Sud, dans l'Amérique méridionale,
on a décrit les E. Andium, E. Lundii (que Boas comparait au Zèbre
pour les proportions), E. rectidens, E. argentinus, E. curvidens, E. principalis,
E. neogaeus, E. spectans, tous du Pléistocène (de l'Equateur
à La Plata) ces trois derniers constituant le genre Hippidium qui
diffère à peine d'Equus, et que Lydekker réunissait
à ce dernier. L'Equus occidentalis (Leidy) paraît avoir été
contemporain de l'homme primitif américain dans l'Orégon
et le Texas (Cope), et cependant, peu après, le genre Cheval, représenté,
comme nous venons de le voir, par une douzaine d'espèces plus ou
moins distinctes dans toute l'étendue du nouveau continent, disparaissait
complètement. Cette disparition, qui coïncide avec celle des
Mastodontes et de l'Eléphant (Elephas
americanus), a dû s'opérer vers le milieu du Pleistocène.
Le Cheval pléistocène d'Europe (Equus caballus fossilis) a reçu un grand nombre de noms différents (E. spelaeus, E. primigenius, etc); ses débris abondent à l'époque post-glaciaire et dans les dépôts des cavernes datant de cette époque : Nehring signale sa présence à Westeregeln et à Thiede (en Allemagne), où ses ossements sont mêlés à ceux des autres animaux caractéristiques des steppes. Avec lui on trouve une seconde espèce plus petite que Nehring identifie à l'Hémione (Equus hemionus), habitant des steppes comme le Cheval sauvage. Il est bien vraisemblable, par conséquent,
que le Cheval sauvage d'Europe ne différait pas beaucoup de l'Equus
Przewalskii encore vivant. L'Equus plicidens (Owen), d'Angleterre, est
identique à l'E. caballus, et d'après Lydekker, l'espèce
s'est étendue jusque dans l'Amérique arctique (Alaska). D'autre
part, Thomas signale sa présence en Algérie au Pléistocène.
C'est l'espèce que les habitants primitifs de l'Europe occidentale
ont chassée, pour se nourrir de sa chair. Les variations de taille,
indiquant des races différentes, que l'on a notées chez le
Cheval pléistocène, n'indiquent pas d'ailleurs nécessairement
des races domestiques. (Nous avons vu que dès le Ppliocène,
avant l'intervention de l'humain, les Hipparion gracile et H. mediterraneum
présentaient, dans le volume relatif des parties du squelette, des
variations comparables à celles de nos races domestiques : il y
avait des Hipparions à membres grêles et à formes légères,
et des Hipparions à membres épais et à formes Iourdes).
En outre, beaucoup d'ossements fossiles que l'on a rapportés à
une petite race du Cheval (E. brevirostris, E. minutus, etc.) appartiennent
vraisemblablement à une autre espèce. Nehring a montré,
comme nous l'avons dit, que la faune des steppes du centre de l'Europe
comprenait, à côté du Cheval sauvage (E. caballus),
une seconde espèce qui ne diffère pas de l'Hémione
(E. hemionus), refoulé aujourd'hui dans les steppes asiatiques.
Représentations des Chevaux au Paléolithique supérieur Des découvertes ont appelé
l'attention sur la question de la robe primitive du Cheval. Burmeister
avait déjà avancé, en se fondant sur l'étude
des types vivants, que la robe de toutes les espèces du Tertiaire
et du Pleistocène (cette dernière époque correspondant,
en termes de paléontologie humaine à une grande partie du
Paléolithique) devait être rayée comme celle des Zèbres
africains. Plus tard, Piette a trouvé, dans les cavernes du sud
de la France, des gravures sur os ou sur ivoire,
oeuvres datant du Paléolithique, et qui prouvent que les Chevaux
zébrés étaient connus, à cette époque,
des habitants de l'Europe méridionale.
Une des plus remarquable de ces figures, représente un Equidé à raies très nombreuses, formées de mouchetures alignées (Equus maculatus de Piette, ci-dessus à gauche) : la queue, si l'artiste primitif l'a représentée exactement, présente aussi une forme très remarquable : elle est grêle, aussi longue que celle de l'Ane d'Abyssinie (E. taeniopus) et le bouquet terminal est nul ou très grêle. Faut-il voir dans cette figure la représentation d'une espèce perdue (peut-être Equus quaggoïdes de Forsyth Major?) ou bien, comme Piette paraissait disposé à l'admettre, n'est-il pas plus naturel de supposer que les Chevaux du Pléistocène conservaient encore des traces des zébrures qu'avaient portés leurs ancêtres des époques antérieures, traces que nous comparons à celles du pelage des hybrides actuels d'Ane et de Zèbre ou d'Hémione et de Zèbre, qui ont absolument la même apparence? Dans ce cas, les pommelures des Chevaux domestiques de l'époque actuelle seraient le dernier reste des rayures primitives, qui chez beaucoup de chevaux gris-pommelé ou gris de fer affectent encore l'apparence d'un réseau, plutôt que celle de véritables pommelures circulaires. A côté de ces figures de Chevaux zébrés, on en a découvert d'autres qui représentent nettement l'Hémione et d'autres encore qui rappellent l'Equus Przewalskii par la grosseur de la tête et de l'encolure, et surtout par la forme de la queue qui n'a qu'un bouquet terminal comme chez cette dernière espèce. (E. Trouessart). |
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