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Birmanie (Myanmar)
Myanma Naingngandaw

22 00 N, 98 00 E
La Birmanie est un Etat  de la péninsule indochinoise riverain du golfe du Bengale. Il est indépendant depuis 1948 et auparavant colonie britannique (l'occupation du pays remontant à 1885). Ce pays est borné au Nord par les montagnes chinoises du Yun-nan et du Tibet, au Nord-Ouest, à l'Ouest par l'Inde (Assam) et par le Bangladesh, à l'Est par le Laos et la Thaïlande. La superficie de la Birmanie est de près de 678 500 km² et sa population de 55 millions d'habitants environ.
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Carte de la Birmanie.
Carte de la Birmanie.Source : The World Factbook.
(Cliquer sur l'image pour afficher une carte plus détaillée).

Géographie physique de la Birmanie

Relief du sol. 
Au point de vue de la structure du sol, la Birmanie forme un vaste plateau, adossé aux très hautes montagnes du Nord, incliné vers le Sud, et sillonné de grandes rivières qui y tracent des vallées profondes et parallèles. Sur la frontière du Tibet et de l'Assam, entre le Brahmapoutre et le haut Iraouaddy, s'elèvent les massifs du Pat-Kot qui dépassent 5000 m; le point culminant, tout au Nord du pays, est le Hkakabo Razi, qui culmine à 5881 m. De ces massifs se détachent, à l'Est, de hautes chaînes, qui se prolongent vers le Sud entre l'Irraouaddy et le Salouen, traversées par des cols relativement bas (2500 à 3000 m) qui mènent de Birmanie en Chine. Elles s'abaissent au Sud du Tapeng, affluent de gauche de l'Iraouaddy, sous le nom de Chan-Yoma, système montagneux d'environ 1000 m d'altitude, et projettent sur le fleuve, près de Mandalay, le pic isolé du Nattik. Toujours au Sud, le massif du Nattoung (2500 ) sépare les vallées du Sittang et du Salouen et se prolonge dans la Birmanie méridionale par les collines du Pegou-Yoma sur la rive gauche de l'Iraouaddy. A l'Ouest du fleuve, les massifs du Pat-Koi se continuent du Sud par des chaînes moins hautes, montagnes du Munnipour et du Tipperah, et par l'Arakan-Yoma qui longe la côte du golfe du Bengale, et ne dépasse pas 2 600 m. D'autres chaînes portant toutes le nom générique de « Yoma », sillonnent à l'intérieur le pays birman, orientées, en général, du Nord au Sud, et parallèle au cours de l'Iraouaddyy, du Sittang et du Salouen.

Hydrographie. 
Les cours d'eau de la Birmanie offrent tous le même caractère. Ce sont des rivières à vallées étroites, coulant, du Nord au Sud, entre les rangées des « Yoma ». Le principal est l'Irraouaddi, le fleuve non pas le plus long, mais le plus considérable et aussi le plus facilement navigable de l'Indochine. Il descend du Tibet et c'est déjà un grand cours d'eau à Bhamo où commence la navigation régulière, au pied des montagnes du Yun-nan. La vallée moyenne forme la véritable Birmanie, et renferme tous les centres importants. C'est en même temps la grande artère qui mène du golfe du Bengale au Yun-nan, et c'est pour la posséder que les Anglais conquirent la Birmanie dont l'Iraouaddy faisait peur eux presque toute l'importance. Son affluent le plus notable est la petite rivière du Tapeng, dont la vallée ouvre dans les montagnes de l'Est une route vers la Chine. C'est le chemin qu'ont suivi presque tous les explorateurs qui ont cherché à ouvrir une voie commerciale entre le Yun-nan, et la Birmanie. 

A l'Est de l'Irraouaddi coule le Sittang, rivière encaissée et rapide, dont la Birmanie ne possède d'ailleurs que la vallée supérieure. Le Salouen, vaste fleuve aux crues énormes, plus long que l'Iraouaddy, et qui descend comme lui du Tibet, a aussi en Birmanie la partie moyenne de son cours. Il traverse une des parties les plus désertes et les moins accessibles du pays birman. Enfin le plus long des fleuves de l'Indochine, le Mékong, au sortir des vallées du Yun-nan, pénètre dans le Laos birman, et arrose la partie la plus orientale des Etats Chans. 

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Carte de la Birmanie.
Le delta de l'Irrrawady.  C'est une région basse, sud de la Birmanie, qui joue un rôle majeur
dans les secteurs de la pêche et de la culture du riz. Elle a été dévastée en mai 2008 par le 
cyclone Nargis qui a fait, selonles estimations officielles, 84,500 morts et 53 800 disparus.

Climat
Toutes ces vallées sont situées dans la zone tropicale : la Birmanie a le climat, la flore et la faune des régions analogues de l'Inde et du reste de la péninsule l'Indochinoise. Elle a les deux saisons tropicales, la saison sèche et l'hivernage avec les pluies chaudes et torrentielles qui alimentent le débit énorme de ses fleuves, malgré leurs bassins peu étendus. Mais, pays de plateaux et de montagnes élevées, elle offre aussi des régions tempérées et même froides, comme les hautes vallées qui sont sur la frontière chinoise. 

Flore et faune.
Du fait de la structure climatique, les plantes tropicales deviennent plus rares à mesure qu'on s'élève dans l'intérieur : le bois de teck, notamment, si abondant dans le bassin inférieur de l'Iraouaddy, ne croît pas dans la Birmanie septentrionale. 

De même pour les animaux : ce sont ceux de l'Inde au Sud,  et dans les montagnes du Nord on trouve la faune du Tibet et de la Chine orientale, le musc, etc. On trouve dans les forêts l'éléphant  et le rhinocéros, le tigre et le léopard. Les oiseaux sont nombreux et les rivières sont très poissonneuses. Les animaux domestiques sont le boeuf et le buffle, qui servent surtout de bêtes de trait, et enfin le cheval. Les petits chevaux birmans sont d'une race sobre et dure à la fatigue.

Là encore se montre nettement ce caractère de pays de transition, de lieu de passage entre la Chine et l'Inde, qui apparaît partout comme le caractère principal du pays birman, et qui en fait l'importance et l'originalité.
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Géographie humaine de la Birmanie

Démographie.
Avec une population estimée à environ 55 à 60 millions d'habitants (les chiffres exacts sont difficiles à obtenir et varient selon les sources et le contexte politique actuel), la Birmanie présente un taux de croissance démographique modéré. La structure par âge montre une population relativement jeune, bien que des variations régionales importantes existent. L'espérance de vie reste inférieure à celle de nombreux pays voisins. Elle est impactée par des conditions de santé publique précaires, des taux de mortalité infantile encore significatifs et les conséquences des conflits prolongés. L'urbanisation est en augmentation, avec une migration interne importante vers les grandes villes comme Yangon (Rangoun) et Mandalay, mais une large majorité de la population réside encore dans les zones rurales, et vit principalement de l'agriculture.

Sur le plan sociologique, la structure de la société birmane est caractérisée par un mélange de traditions hiérarchiques héritées de l'époque monarchique et de l'influence du bouddhisme, ainsi que par les transformations imposées par des décennies de régime militaire et d'une ouverture économique limitée. La famille reste une institution fondamentale, avec des liens forts et un respect marqué pour les aînés. Les rôles de genre sont traditionnellement définis, bien que les femmes aient une présence significative dans l'économie et la vie publique dans certains secteurs. Les inégalités socio-économiques sont importantes, avec un écart croissant entre les élites (souvent liées à l'armée ou aux grandes entreprises), la classe moyenne émergente dans les zones urbaines, et la vaste majorité de la population rurale confrontée à la pauvreté et au manque d'accès aux services de base. L'accès à l'éducation et aux soins de santé varie considérablement entre les zones urbaines et rurales, ainsi qu'entre les différentes régions ethniques, souvent affectées par les conflits et le sous-développement.

Les décennies de régime militaire et, plus récemment, la période transitoire (2011-2021) suivie du coup d'État de 2021, ont eu un impact profond sur le tissu social birman. Le manque de confiance envers les institutions gouvernementales, la militarisation de la société, les déplacements massifs de population dus aux conflits et à la répression politique, l'insécurité alimentaire, et la détérioration des services publics ont fragmenté les populations et exacerbé les vulnérabilités. La migration, tant interne (fuite des zones de conflit vers les villes ou d'autres régions plus sûres) qu'externe (vers la Thaïlande, la Malaisie, l'Inde ou d'autres pays, généralement dans des conditions précaires), est devenue une réalité pour des millions de Birmans. 

Quelques-unes des principales villes de la Birmanie

Yangon, anciennement Rangoun, est la plus grande ville du pays et son principal centre économique. Bien qu'elle ne soit plus la capitale administrative depuis 2005, elle reste le coeur commercial, industriel et diplomatique du pays. Située au sud, près du delta de l'Irrawaddy, Yangon est connue pour son architecture coloniale encore présente dans le centre-ville, ses pagodes imposantes comme la célèbre Shwedagon, et son port actif sur le golfe de Martaban. Elle concentre les grandes entreprises, les banques, les médias et les universités du pays. La croissance urbaine rapide y coexiste avec des quartiers informels et des infrastructures vieillissantes.

Naypyidaw, inaugurée en 2005, est la capitale politique et administrative actuelle. Située au centre du pays, cette ville entièrement planifiée a été construite pour des raisons stratégiques, loin des zones côtières. Elle abrite les ministères, le parlement, la résidence présidentielle, et de vastes infrastructures gouvernementales. La ville est caractérisée par ses larges avenues presque désertes, ses zones résidentielles dispersées et ses bâtiments monumentaux. Naypyidaw incarne le pouvoir central mais reste peu peuplée et souvent perçue comme une capitale isolée du reste du pays.

Mandalay est la deuxième plus grande ville et l'un des principaux centres culturels et religieux. Ancienne capitale royale, elle est située au nord du centre du pays, sur les rives de l'Irrawaddy. Mandalay est un bastion du bouddhisme theravāda, avec de nombreux monastères, pagodes, et écoles monastiques. Elle est aussi un centre artisanal réputé pour la sculpture sur bois, les marionnettes, et la fabrication de feuilles d'or. Économiquement, elle est importante pour le commerce avec la Chine et pour l'agriculture environnante.

Bago, anciennement Pegou, se situe au nord-est de Yangon et possède une histoire ancienne en tant que capitale du royaume môn et du royaume de Taungû. Elle est connue pour ses monuments religieux comme le Shwemawdaw Paya, et reste un centre régional de transport, de commerce agricole et d'artisanat.

Taunggyi, capitale de l'État Shan, se trouve dans les montagnes de l'est du pays. Elle est un centre administratif pour la minorité shan et un point de départ pour le tourisme vers le lac Inle, l'un des sites les plus visités du pays. Taunggyi est également célèbre pour son marché local et son festival de montgolfières.

Mawlamyine, au sud-est, ancienne capitale coloniale britannique, est un port fluvial situé à l'embouchure du fleuve Salouen. Elle conserve un riche patrimoine architectural colonial et religieux, avec des églises, mosquées et pagodes. Mawlamyine est aussi un centre régional agricole et de transformation du bois.

Pathein, dans le delta de l'Irrawaddy, est un centre de distribution agricole important, notamment pour le riz. Connue pour ses célèbres ombrelles artisanales, la ville a également une activité portuaire notable et sert de point d'accès à la côte occidentale et aux stations balnéaires.

Sittwe, capitale de l'État Rakhine, est située sur la côte ouest, près de la frontière avec le Bangladesh. Elle joue un rôle régional dans le commerce, la pêche, et l'accès à l'Arakan intérieur, bien que la ville ait été affectée par les conflits ethniques et les tensions communautaires.

Myitkyina, au nord, est la capitale de l'État Kachin. Elle se trouve sur les rives de l'Irrawaddy et est un centre important pour les minorités ethniques kachin. C'est un pôle minier et logistique pour le commerce avec la Chine, bien que l'instabilité sécuritaire limite son développement.

Monywa, située dans la vallée de la Chindwin, est un centre agricole et industriel du centre-ouest. Elle est connue pour ses sites religieux comme le temple de Thambuddhei et le grand Bouddha de Laykyun Sekkya.

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Groupes ethnolinguistiques.
La caractéristique la plus marquante de la population birmane est sa diversité ethnique extraordinairement riche et, historiquement, source de tensions. Le pays reconnaît officiellement 135 groupes ethniques distincts (une classification largement critiquée par les spécialistes et par de nombreux groupes ethniques eux-mêmes), répartis en huit "groupes nationaux" (en fait des regroupement très hétérogènes) principaux : les Bamar, les Shan, les Karen, les Rakhine, les Mon, les Chin, les Kachin et les Kayah. Chacun de ces groupes comprend de nombreux sous-groupes avec leurs propres langues, dialectes, cultures et traditions. 

Cette mosaïque ethnique a façonné l'histoire du pays, marquée par une centralisation du pouvoir sous la domination historique Bamar et des décennies de conflits armés entre le gouvernement central (successivement sous contrôle militaire) et diverses organisations ethniques armées luttant pour l'autonomie ou l'indépendance. La question de l'identité nationale et de la coexistence interethnique reste un défi majeur, exacerbé par des politiques d'assimilation, des discriminations systémiques, et des violences, notamment à l'encontre de minorités comme les Rohingya musulmans, qui ne sont pas reconnus parmi les groupes nationaux officiels et dont la situation a conduit à une crise humanitaire majeure et à des déplacements massifs de population, tant internes qu'externes. 

La répartition géographique des groupes est largement liée à l'histoire. Les Bamar occupent les basses terres fertiles et les minorités concentrées dans les montagnes périphériques et les zones frontalières. Cette géographie a fortement influencé les dynamiques politiques, et contribué aux décennies de conflits entre le gouvernement central et diverses organisations armées ethniques  luttant pour l'autonomie, l'autodétermination et la reconnaissance des droits culturels. La promesse d'une union fédérale issue des négociations d'indépendance (comme l'Accord de Panglong) n'a jamais été pleinement réalisée, alimentant les tensions. La discrimination à l'égard des minorités ethniques, qu'il s'agisse de l'accès à l'éducation dans leur langue, de la représentation politique ou de la gestion des ressources, reste un défi majeur.

L'immense diversité linguistique reflètela mosaïque ethnique. Bien que le birman soit la langue officielle et administrative, les langues minoritaires sont vitales pour l'identité culturelle et sont largement utilisées dans les États et régions ethniques. Les langues parlées en Birmanie appartiennent à plusieurs familles linguistiques majeures : tibéto-birmane (qui comprend le birman, les langues chin, kachin, etc.), tai-kadai (Shan, Tai Lue, etc.), mon-khmer (Mon, Wa, Palaung), et hmong-mien.

Bamar.
Le groupe majoritaire, constituant environ les deux tiers de la population, est celui des Bamar, couramment appelés Birmans. Ils sont concentrés dans les plaines centrales et la vallée de l'Irrawaddy, et donnent leur nom au pays et leur langue, le birman, est la langue officielle et la lingua franca. L'histoire, la culture et le pouvoir politique ont longtemps été dominés par ce groupe.

Shan.
Les Shan sont  un grand groupe parlant une langue tai-kadai. Il sont principalement établi dans le vaste État Shan à l'est, et ont une longue histoire de royaumes indépendants. Leur État est marqué par une grande diversité interne.

Karen.
Les Karen, appelés Kayin par le gouvernement, vivent principalement dans le sud-est, dans l'État Karen (Kayin) et les régions adjacentes. Ils sont composés de divers sous-groupes comme les Sgaw et les Pwo, avec leurs propres dialectes et identités distinctes. Les Karen ont lutté pendant des décennies pour une plus grande autonomie.

Rakhine.
Sur la côte ouest, dans l'État d'Arakan (Rakhine), résident les Rakhine (ou Arakanese), qui parlent une langue proche du birman, parfois considérée comme un dialecte. Ils ont également une histoire de royaume indépendant. 

Rohingya.
L'État de Rakhine abrite aussi d'autres populations, notamment les Rohingya, un groupe majoritairement musulman parlant une langue apparentée au bengali, dont l'identité et le statut sont vivement contestés par le gouvernement birman, ce qui a conduit à des crises humanitaires majeures.

Mon.
Dans le sud, le long de la côte et dans l'État Mon, vivent les Mon, l'un des peuples les plus anciens de la région. Ils parlent une langue mon-khmer et ont fondé d'importants royaumes qui ont influencé la culture et l'écriture birmanes.

Kachin.
Au nord, dans l'État Kachin, se trouvent les Kachin, un terme générique couvrant plusieurs groupes apparentés, dont les Jingpo sont les plus nombreux; ils parlent des langues du groupe tibéto-birman. Habitants des régions montagneuses, les Kachin ont également une longue histoire de conflit avec le pouvoir central.

Chin.
À l'ouest, dans le rude État Chin, vivent les Chin. Ce groupe est extraordinairement diversifié. Il comprend de nombreuses tribus et clans avec une multitude de langues et de dialectes mutuellement inintelligibles, tous rattachés à la famille tibéto-birmane. Ils occupent des terres très accidentées.

Kayah.
Enfin, les Kayah, parfois appelés Karenni, vivent principalement dans l'État Kayah. Apparentés aux Karen, ils maintiennent cependant une identité distincte et parlent des langues appartenant à la branche karénique.

Autres groupes.
Au-delà de ces huit groupes "principaux", il existe une multitude d'autres populations importantes mais moins numériquement ou politiquement représentées dans la classification officielle. Parmi elles, les Wa et les Palaung (Ta'ang) dans l'État Shan, qui parlent des langues mon-khmer; divers groupes Naga dans le nord-ouest; des communautés chinoises importantes dans les villes et près de la frontière chinoise; et des communautés indiennes présentes depuis l'époque coloniale.

Culture.
Le bouddhisme theravada est la religion dominante, pratiquée par environ 90% de la population, principalement par les Bamar, les Shan, les Mon et les Rakhine. Le bouddhisme joue un rôle central dans la vie quotidienne, la culture, l'éducation et même la politique, le clergé bouddhiste (sangha) ayant historiquement exercé une influence morale et parfois politique considérable. Cette tradition valorise le mérite (kutho), la compassion (metta), la non-violence et la recherche du nirvana. Les monastères (kyaung) sont des centres communautaires essentiels, et le respect envers les moines et les nonnes est fondamental. Le don et la construction de pagodes ou de stupas sont des actes de mérite importants, visibles dans le paysage par l'abondance de ces édifices, dont le plus emblématique est la pagode Shwedagon à Yangon. Le bouddhisme influence l'art, l'architecture, la littérature et même le calendrier et les festivals.

Cependant, d'autres religions sont également présentes : le christianisme est pratiqué par de nombreux Chin, Kachin et Karen; l'islam par les Rohingya, une partie des Bamar (les Zerbadi), et d'autres minorités; l'hindouisme et l'animisme sont également présents, notamment dans certaines zones rurales ou parmi des groupes ethniques isolés. Les relations entre les différentes communautés religieuses sont parfois tendues, les discriminations religieuses, notamment à l'encontre des minorités musulmanes et chrétiennes, s'ajoutant aux clivages ethniques.

Dans les interactions sociales, le respect est une valeur cardinale, en particulier envers les aînés, les moines et les personnes de statut supérieur. La hiérarchie est importante, et les codes de politesse impliquent souvent une communication indirecte pour préserver l'harmonie et éviter de causer un embarras. La tête est considérée comme la partie la plus sacrée du corps, tandis que les pieds sont considérés comme les plus impurs; il est donc impoli de toucher la tête de quelqu'un ou de pointer ses pieds vers une personne ou une image sacrée. Le concept d'anade  joue un rôle subtil mais important; il s'agit d'une sorte de déférence ou d'hésitation à faire quelque chose qui pourrait causer de l'inconfort ou gêner autrui. Cela influence les décisions et les interactions. La famille est une unité centrale et le soutien mutuel est attendu.

Le longyi, un vêtement tubulaire porté par les hommes et les femmes, reste l'habit traditionnel le plus courant et confortable dans le climat tropical. Le thanaka, une pâte cosmétique jaune-blanche obtenue en frottant l'écorce d'un arbre, est largement utilisée, notamment par les femmes et les enfants, pour se protéger du soleil, rafraîchir la peau et comme ornement esthétique. La mastication du kun (noix de bétel) est une habitude répandue, bien que déclinante dans les zones urbaines, laissant des traces rouges sur les trottoirs.

La littérature, avec une longue histoire, est généralement imprégnée de thèmes bouddhistes et historiques, bien qu'une scène littéraire contemporaine émerge malgré les défis politiques. La musique traditionnelle utilise une large gamme d'instruments, dont le saung gauk, une harpe arquée élégante considérée comme l'instrument national, et le pat waing, un ensemble de tambours circulaires. La danse est gracieuse et narrative, souvent exécutée lors de festivals ou de pièces de théâtre appelées zat pwe, qui combinent chant, danse, musique et comédie, racontant souvent des histoires des jataka (récits des vies antérieures du Bouddha) ou des contes populaires. Les arts visuels comprennent la peinture (traditionnellement religieuse ou historique, plus contemporaine aujourd'hui), la sculpture (notamment de bouddhas), l'artisanat  comme la laque souvent décorée de scènes mythologiques ou quotidiennes, la sculpture sur bois (trouvée dans les monastères et les temples), et l'art distinctif de la marionnette birmane (yein pwe), autrefois un divertissement majeur.

La cuisine birmane est diverse, bien que moins connue internationalement que ses voisines. Le riz est l'aliment de base. Il est ordinairement accompagné de currys riches en huile. Le ngapi, une pâte de poisson ou de crevette fermentée à l'odeur forte, est un ingrédient clé utilisé dans de nombreux plats pour relever le goût. Les plats de nouilles, comme le mohinga (soupe de poisson aux nouilles de riz), sont populaires, en particulier au petit-déjeuner et comme plat national non officiel. Les salades de feuilles de thé fermentées (lahpet thoke) sont particulièrement appréciées. La cuisine varie selon les régions et est influencée par les traditions indiennes, chinoises et thaïlandaises, mais possède ses propres saveurs distinctes.

Le calendrier birman est ponctué de festivals colorés, la plupart liés au bouddhisme ou aux cycles agricoles. Le plus célèbre est Thingyan, le Festival de l'Eau, célébré au milieu du mois d'avril pour marquer le Nouvel An birman. Les gens s'aspergent mutuellement d'eau pour purifier et laver les péchés de l'année passée, dans une ambiance joyeuse et rafraîchissante. Thadingyut, le Festival des Lumières (octobre), célèbre la fin du carême bouddhique et les lumières sont allumées partout pour marquer le retour du Bouddha des cieux, créant une atmosphère féerique. Parmi les autres festivals majeurs, on note le Festival de la Pagode Shwedagon et diverses célébrations régionales et ethniques.
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Le lac Inle, dans l'Etat Chan (Est de la Birmanie). Ce lac est surtout connu pour les pêcheurs
locaux qui pratiquent un style d'aviron particulier, maniant une rame avec la jambe. Lac Inle est 
également doté d'une forte industrie de tissage et de jardins flottants. Images : The World Factbook.

Economie.
Historiquement l'un des pays les plus pauvres d'Asie du Sud-Est, la Birmanie est riche en ressources naturelles et possède un potentiel économique considérable, entravé cependant par des défis structurels profonds et l'instabilité politique actuelle.

La période entre 2011 et 2020 a été caractérisée par des réformes économiques visant à passer d'une économie planifiée et isolée à une économité de marché plus ouverte. Ces réformes comprenaient la libéralisation du commerce, l'ouverture aux investissements étrangers directs (IDE), la réforme du système bancaire, l'amélioration de l'environnement des affaires et l'intégration dans l'économie mondiale. Ces efforts ont conduit à des taux de croissance économique élevés, à une réduction significative de la pauvreté (bien que les inégalités persistent, notamment entre zones urbaines et rurales et entre groupes ethniques), et à une augmentation des IDE. Des investissements majeurs ont été réalisés dans les infrastructures, en particulier l'électricité et les télécommunications.

Cependant, l'économie birmane est confrontée à des défis structurels persistants. L'infrastructure, bien qu'en amélioration, reste largement insuffisante, notamment les réseaux de transport et d'énergie, ce qui entrave la connectivité interne et la compétitivité. La corruption et le manque de transparence sont des problèmes endémiques qui découragent les investissements et faussent les marchés. Les conflits ethniques et les déplacements de population ont un impact dévastateur sur les économies locales et régionales, et sapent les efforts de développement. Le système éducatif et la formation professionnelle nécessitent également des améliorations pour doter la main-d'oeuvre des compétences nécessaires à une économie moderne.

Le coup d'État militaire de février 2021 a plongé l'économie dans une crise profonde et multidimensionnelle. L'instabilité politique et la violence généralisée ont provoqué une contraction économique sévère, une forte dépréciation de la monnaie locale (le kyat), une perturbation généralisée des chaînes d'approvisionnement, une crise de liquidité dans le système bancaire, et un effondrement de la confiance des consommateurs et des investisseurs. Les sanctions internationales imposées en réponse au coup d'État ont également eu un impact. De nombreuses entreprises ont cessé leurs activités ou réduit leur production, entraînant des pertes d'emplois massives. Le secteur informel, déjà important, a pris encore plus de place par nécessité. L'accès aux services essentiels et les moyens de subsistance de millions de personnes sont gravement compromis, ce qui a annulé une grande partie des progrès réalisés au cours de la décennie précédente et replongé une part croissante de la population dans la pauvreté et l'insécurité alimentaire. 

Le secteur agricole constitue traditionnellement le pilier de l'économie birmane, employant une part significative de la population active, notamment dans les zones rurales, et contribuant de manière substantielle au PIB, bien que sa part relative ait diminué avec le développement des autres secteurs. La culture du riz est prédominante. Le pays est d'ailleurs historiquement un exportateur majeur. On cultive aussi le maïs et le millet, mais en petite quantité. La canne à sucre pousse facilement dans la vallée de l'Iraouaddy, mais elle est peu cultivée et les paysans ne consomment guère qu'un sucre de qualité très inférieure qu'ils retirent du jus de certains palmiers. Le cocotier y est rare, mais les autres arbres à fruit de l'Inde, le manguier notamment, y abondent. Enfin les populations des montagnes du Nord cultivent une variété locale de thé, inférieur d'ailleurs à celui de la Chine. Quant aux plantes qui servent à l'industrie, il n'y a guère à citer que le coton, qu'on rencontre partout, mais surtout dans les cantons du haut Iraouaddy, et l'indigo. Dans les forêts on trouve quelques essences recherchées, le bois de teck notamment. Malgré son importance, le secteur agricole souffre de faible productivité due à des techniques agricoles dépassées, un accès limité au financement et à l'irrigation, des questions de droits fonciers complexes et une vulnérabilité accrue aux impacts du changement climatique

Les services représentent une part croissante de l'économie. Le commerce, les transports et la logistique sont essentiels pour les échanges intérieurs et extérieurs. Le tourisme, qui avait connu une croissance rapide après l'ouverture du pays, est devenu une source importante de devises étrangères et un moteur de développement pour l'hôtellerie, la restauration et les activités connexes, avant de s'effondrer presque entièrement suite à la répression post-coup d'État et à la pandémie de covid-19. Les services financiers, bien qu'en développement, restent limités en termes d'accès pour une grande partie de la population et souffrent d'un système bancaire fragilisé depuis 2021. 

Le secteur industriel, bien que moins développé que dans les pays voisins, a pris de l'importance, en particulier avant le coup d'État de 2021. Le secteur manufacturier comprend principalement l'agroalimentaire, le textile et l'habillement. Le secteur de la construction a également connu un essor notable lors de la période d'ouverture, stimulé par l'investissement intérieur et étranger. La composante la plus importante du secteurr industriel reste, et de loin, l'extraction minière. On trouve l'or en petite quantité dans le pays Chan et dans les sables de presque toutes les rivières, et quelques gisements argentifères vers la frontière chinoise. Il y a aussi des mines d'étain, de cuivre et de fer. Le principal gisement de fer se trouve dans la montagne de Pouk-pa, à l'Est de Pagan (Bagan). La Birmanie possède aussi des gisements de pierres précieuses, rubis, saphirs, améthystes et béryls, qui sont situés à 70 kilomètres environ de Mandalay vers le Nord-Est. Les carrières de jade sont surtout importantes. C'est à Mogoung, au Nord de Bhamo, que se trouve la principale exploitation. Le jade est exporté en Chine où il est très recherché. La Birmanie, enfin, possède aussi du pétrole, qui, avec le gaz, est aujourd'hui sa grande richesse, et explique beaucoup de l'intérêt que les Occidentaux portent aux remous que le pays connaît.

Malgré ses richesses potentielles, la Birmanie pâtit d'une politique économique inefficace. L'échec de « la voie birmane vers le socialisme, » a conduit la junte au pouvoir à prendre des mesures  au début des années 1990 pour libéraliser l'économie. Le peu de résultats obtenus, a cependant fait annuler certaines mesures de libéralisation. Manquant de stabilité monétaire et fiscale, l'économie souffre de grave déséquilibres macro-économiques, parmi lesquels une inflation en hausse, une surévaluation du kyat (la monnaie birmane), et une absence de statistiques fiables qui pourraient donner une vision réaliste de l'état de l'économie, et indiquer éventuellement les voies à suivre pour en rectifier les carences.

La plupart  l'aide internationale au développement a cessé après que la junte ait réprimé le mouvement démocratique qui s'est exprimé en 1988, et qu'elle ait refusé de prendre en compte  les résultats des élections législatives de 1990. Les États-Unis ont ensuite imposé de nouvelles sanctions, après l'attaque en mai 2003 contre un convoi où se trouvait la principale opposante au régime, Aung San Suu Kyi. Des mesures qui surtout pénaliseront la population, et n'auront aucun effet sur la pérennité de la dictature. 

La plupart les secteurs productifs continuent d'être les industries extractives, particulièrement pétrole et gaz, extraction, mais aussi bois de construction, avec des effets environnementaux destructeurs. Les autres secteurs, tels que la fabrication et les services, sont entravés par des infrastructure insatisfaisantes, par des politiques de commerce extérieur imprévisibles, par la détérioration des système d'éducation et de santé, ainsi que par une corruption endémique. Une grave crise bancaire  en 2003 a encore dégradé la situation de l'économie. 

Ajoutons que les statistiques publiées sur le commerce extérieur sont considérablement minimisées en raison de l'importance du marché noir et due la contrebande dans les régions frontalières - on estime souvent  que le poids de l'économie souterraine pourrait être équivalent à celui de l'économie officielle. La Birmanie est ainsi le second producteur mondial d'opium illicite, avec une production (en grande partie entre les mains de groupes séparatistes) en 2005 de 380 tonnes (13% de plus qu'en 2004), et on estimait à 40 000 hectares la superficie des terres consacrées à cette culture.

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