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 L'histoire de l'Asie
Histoire du Laos

Préhistoire et premiers États

Les premières traces humaines au Laos remontent à environ 46 000 ans. Les découvertes archéologiques montrent des outils en pierre et des poteries datant de la période néolithique. Les premiers habitants vivaient de la chasse, de la cueillette, et plus tard de l'agriculture.

Civilisation de la Plaine des Jarres.
Entre le Ier millénaire avant notre ère et le Ier millénaire de notre ère, la région de la Plaine des Jarres fut habitée par une civilisation encore mal connue, comme en témoignent les grandes jarres en pierre disséminées sur le plateau de Xiangkhoang.

Royaume de Funan.
Bien que centré dans l'actuel Cambodge, le royaume de Funan (Ier - VIe siècles), très mal connu lui aussi, a étendu son influence jusqu'au Laos. Ce royaume avait un commerce maritime prospère et ses contacts avec l'Inde.

Le Chenla.
Succédant au Funan, un certain nombre de petits Etats ont constitué dans la Péninsule l'Indochinoise (dont le sud du Laos) ce qu'on a appelé le Chenla (VIe - IXe siècles). Ils ont été les précuseurs de l'Empire khmer  par lequel seront introduits dan la région  l'hindouisme et plus tard le bouddhisme.

L'émergence des royaumes lao

Royaume de Nanzhao.
Le royaume de Nanzhao (VIIIe-XIIIe siècles), situé dans l'actuel Yunnan en Chine, a dominé une partie du nord du Laos. Les Tai (ou Lao) ont commencé à migrer vers le sud sous la pression de ce royaume.

Royaume de Lan Xang.
Le royaume de Lan Xang  (1354-1707), ou Royaume du million d'éléphants, a été fondé en 1354 par Fa Ngum. Lan Xang a prospéré grâce à l'agriculture, le commerce et une administration centralisée.

L'âge d'or de Lan Xang.
Fa Ngum, avec l'aide de l'Empire khmer, unifia plusieurs principautés locales et établit le Lan Xang avec Luang Prabang comme capitale. Pendant 300 ans, le Lan Xang allait exercer une influence sur le Cambodge et la Thaïlande actuels, ainsi que sur tout ce qui est aujourd'hui le Laos. 

Après la mort de Fa Ngum, son fils, Samsenthai, lui succéda. Le royaume de Lan Xang s'étendit et devint un centre culturel et commercial majeur en Asie du Sud-Est. Les relations avec les royaumes voisins étaient souvent marquées par des alliances et des conflits.

Culture et religion.
Introduit par Fa Ngum, le bouddhisme theravāda devint la religion dominante et influença profondément la culture lao, l'art et l'architecture. Les stupas et les temples, comme le That Luang à Vientiane, témoignent de cette influence.

Lan Xang était un centre culturel où la littérature, la musique et la danse prospéraient. Les épopées, les légendes et les contes oraux étaient populaires, enrichissant le patrimoine culturel lao.

Déclin de Lan Xang.
À la fin du XVIIe siècle, Lan Xang commença à décliner en raison de querelles de succession et de conflits internes. Les guerres avec les royaumes voisins, comme le Siam (actuelle Thaïlande) et le Đại Việt (actuel Vietnam), affaiblirent le royaume.

Le royaume subit des pressions de la part des puissances voisines. Le roi Souligna Vongsa, qui régna de 1638 à 1690, fut le dernier grand roi de Lan Xang. Après sa mort, le royaume fut divisé en trois principautés : Luang Prabang au nord, Vientiane au centre, et Champassak au sud, chacune ayant ses propres dynasties. Ces divisions affaiblirent le pouvoir des Lao et les rendirent vulnérables aux influences étrangères.

Colonisation et domination européenne

Influence siamoise.
Après des siècles de lent déclin, le Laos et ses divers royaumes est passé progressivement, à partir du  XVIIIe siècle, sous la domination du Siam (Thaïlande). Vientiane fut capturée par les Siamois en 1778 et devint un vassal de Siam. Luang Prabang et Champassak suivirent peu après, acceptant la suzeraineté siamoise pour éviter des conflits. 

Colonisation française.
La France, cherchant à étendre son influence en Indochine, signa un traité avec Siam en 1893, établissant le protectorat français sur le Laos. La frontière entre le Siam et le Laos fut fixée le long du Mékong.

Les Français réorganisèrent le Laos en intégrant les royaumes de Luang Prabang, Vientiane et Champassak dans l'Union indochinoise. Ils développèrent les infrastructures, telles que les routes et les écoles, mais exploitèrent également  à leur profit les ressources naturelles du pays.

Indépendance et guerre civile

L'indépendance du Laos.
Malgré la domination coloniale, des mouvements de résistance émergèrent dès les années 1920. Après une brève occupation japonaise du Laos en 1945, pendant la Seconde Guerre mondiale, les revendications indépendantistes reprirent. Le mouvement Lao Issara ( = Laos Libre) fut formé dès 1945 par des nationalistes lao cherchant l'indépendance. Bien que ce mouvement ait initialement échoué, il marqua le début d'une conscience nationale croissante.

Le Laos ne tarda d'ailleurs pas à bénéficier du mouvement de décolonisation de l'époque. Le pays devint nomminalement indépendant le 19 juillet 1949, et obtint finalement une indépendance complète de la France le 22 octobre 1953, et devint le Royaume du Laos sous le roi Sisavang Vong. Il demeura cependant instable en raison des tensions politiques internes et des influences extérieures.

La guerre civile laotienne.
Le Laos fut plongé à partir de 1959 dans une guerre civile entre le gouvernement royaliste, soutenu par les États-Unis, et le Pathet Lao, un mouvement communiste, dirigé par Kaysone Phomvihane, et soutenu par le Vietnam du Nord et l'Union soviétique. Cette guerre civile était une composante périphérique du conflit plus large de la guerre du Vietnam.

Les accords de Genève de 1962 tentèrent de stabiliser la situation en établissant une coalition gouvernementale incluant des représentants royalistes, neutralistes et du Pathet Lao. Cependant, ce gouvernement fut incapable de maintenir la paix.

A partir de 1964, la guerre civile s'intensifia avec une intervention militaire accrue des États-Unis, qui bombardèrent lourdement le Laos pour interrompre les lignes de ravitaillement du Viet Cong (piste Hô Chi Minh). Le Laos devint l'un des pays les plus bombardés de l'histoire.

Finalement, les accords de paix de Paris, en 1973, mirent fin à l'implication américaine directe dans la guerre du Vietnam. Un cessez-le-feu fut déclaré au Laos, mais les tensions demeurèrent élevées. En 1975, après la chute de Saigon et la victoire communiste au Vietnam, le Pathet Lao prend le contrôle total du Laos et proclame la République démocratique populaire lao (RDPL),  le 2 décembre 1975, mettant ainsi fin à la monarchie et instaurant un régime communiste. Le roi Savang Vatthana Savang Vatthana abdique et est placé en résidence surveillée.

Période contemporaine

Depuis 1975, l'histoire du Laos a été marquée par la consolidation du pouvoir communiste, des réformes économiques, et une ouverture progressive vers le monde extérieur. 

Le régime répressif de 1975 à la fin des années 1980.
Le nouveau régime instaure un État à parti unique sous le contrôle du Parti révolutionnaire populaire lao (PRPL). La répression des opposants politiques et les purges internes marquent la période. Les camps de rééducation sont utilisés pour contrôler et transformer les anciens fonctionnaires du régime royaliste et les dissidents.

 Inspiré par le modèle soviétique, le gouvernement lance des réformes économiques centralisées, collectivisant l'agriculture et nationalisant les entreprises. Ces politiques entraînent une baisse de la production agricole et des pénuries alimentaires.

Réformes et ouverture économique des années 1990.
En 1986, sous la direction de Kaysone Phomvihane, le gouvernement introduit la Nouvelle politique économique (NPE), similaire à la Perestroïka en Union soviétique et au Doi Moi au Vietnam. La NPE vise à libéraliser l'économie, attirer les investissements étrangers et encourager l'initiative privée.

En 1997, le Laos rejoint l'Association des nations de l'Asie du Sud-Est (ASEAN), ce qui marque une étape importante dans son intégration régionale. Cette adhésion facilite les échanges commerciaux et les investissements étrangers.

Le début du XXIe siècle.
Le Laos connaît une croissance économique significative, grâce à des investissements dans les secteurs de l'hydroélectricité, des mines et du tourisme. La construction de barrages sur le Mékong et ses affluents devient une priorité pour le gouvernement.

Bien que des réformes économiques soient en cours, le régime politique reste autoritaire avec peu de tolérance pour la dissidence. Les libertés politiques et les droits humains sont restreints, et les médias sont contrôlés par l'État.

Dans les années 2010, le Laos poursuit son développement infrastructurel avec l'aide de partenaires étrangers, notamment la Chine. Il adhère à et de l'Organisation mondiale du commerce (OMC) en 2013. 

La construction de la ligne ferroviaire reliant Vientiane à Kunming, en Chine, fait partie des projets phares visant à améliorer la connectivité régionale. La Chine a fourni 70 % du financement d'une ligne ferroviaire (mise en service en décembre 2021) de 5,9 milliards de dollars et de 400 km entre la frontière chinoise et la capitale Vientiane. Le Laos a financé les 30 % restants avec des prêts de la Chine. Des projets de barrages suscitent cependant des préoccupations environnementales et des critiques de la part des pays voisins et des organisations internationales. Les impacts sur l'écosystème du Mékong et les moyens de subsistance des populations locales sont au centre des débats.

Dans le même temps, le Laos a accru sa dépendance économique vis-à-vis de l'Occident et d'autres pays asiatiques, tels que le Japon, la Thaïlande, la Malaisie, Taïwan et Singapour. Le régime politique reste stable sous la direction du PRPL, bien que des appels à une plus grande ouverture politique et à des réformes démocratiques se fassent entendre tant au niveau national qu'international. Le Laos du XXIe siècle maintient une politique étrangère équilibrée, développant des relations avec la Chine, le Vietnam, et les pays occidentaux. L'aide au développement et les investissements étrangers jouent un rôle crucial dans l'économie du pays.

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