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La calligraphie

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

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La calligraphie (du grec kalos = beau, et graphô = j'écris) est l'art de bien écrire, de tracer avec correction et élégance les caractères d'une langue

Du jour où les humains ont connu l'écriture, s'est développée la calligraphie, c'est-à-dire l'art de donner à l'écriture les signes les plus beaux et les plus élégants. Chez les Orientaux, la calligraphie paraît avoir été en honneur dès la plus haute antiquité. Les historiens de la Chine citent le fameux Wan-Hi-Che, magistrat qui vécut vers le IIIe siècle de notre ère, dont les manuscrits, d'une beauté de forme incomparable, sont recherchés encore aujourd'hui. Les Iraniens ont connu l'apogée de la calligraphie au XVIIIe siècle, et les écrits de cette époque sont aujourd'hui achetés au prix de la lettre. Chez les peuples qui ont adopté l'Islam, religion qui interdit en principe la reproduction de la figure humaine, la calligraphie fut portée au plus haut point, tout l'effort de l'artiste s'y concentrant.
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Leçon de calligraphie au Japon.
Leçon de calligraphie au Japon. (ca. 1782).

Dans la civilisation occidentale, la calligraphie se développa avec les progrès des arts eux-mêmes. Les lettres majuscules et initiales prirent les plus fantastiques développements, s'agrémentant de figures d'animaux, de fleurs et d'arabesques. On peut s'en faire une idée par la luxueuse publication du comte de Bastard d'Estang : Peintures et ornements des manuscrits français, classés dans un ordre chronologique pour servir à l'histoire des airs de dessin, depuis le IVe siècle de l'ère chrétienne jusqu'à la fin du XVIe siècle (commencée en 1835). 

Parmi les calligraphes les plus réputés, il faut citer le notaire de Bruges, Karlin, qui vécut à la fin du XIIIe siècle. Au XIVe siècle, le fameux Raoulet d'Orléans, qui fonda à Orléans toute une école qui eut, dans la suite, une grande influence, non seulement sur l'écriture même, mais sur la forme des caractères au début de l'imprimerie. Au XVIIe siècle brilla Nicolas Jarry, né à Paris vers 1620. La beauté de son écriture ont une véritable célébrité. Louis XIV le nomma son écrivain et noteur de musique. On cite, parmi ses chefs-d'oeuvre, les Heures de Notre-Dame (1617); le Livre de prières de Louis XIV (1646), et surtout la Guirlande de Julie, que le duc de Montausier fit exécuter en 1641 pour Julie d'Angennes.
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En-tête d'un manuscrit lombard composé de capitales zoomorphes.
En-tête d'un manuscrit lombard composé de capitales zoomorphes (IN PAScha dom(i)ni).

Au XVe siècle, le goût de la lecture, se répandant de plus en plus, poussa les esprits ingénieux à faire concurrence aux calligraphes : ainsi naquit l'imprimerie. Les Gutenberg, les Coster, les Breton, ne furent, au départ, que des contrefacteurs de manuscrits, et vendaient les produits de leur industrie comme des manuscrits véritables. L'invention de l'imprimerie fut un premier coup porté à la calligraphie; la substitution de la plume de fer à la plume d'oie lui porta aussi une sensible atteinte. (NLI).


Calligraphie : extrait de l'Evangéliaire de Charlemagne.
"In illo tem [pore]...",
fragment de l'Evangile
de Matthieu,
dans l'Evangéliaire
de Charlemagne
La calligraphie des manuscrits en Occident.
La calligraphie peut être envisagée au point de vue des formes de l'écriture, de la matière de l'écriture, de la substance sur laquelle elle est appliquée, et enfin des ornements, miniatures et vignettes dont elle est accompagnée.

1° Dans les plus anciens manuscrits, les grandes lettres ne paraissent guère qu'à la première ligne des pages. Les lettres initiales des chapitres, des alinéas, sont d'un goût fort simple, et dépassent rarement celles du texte. On rencontre un petit nombre de lettres historiées; et on peut poser en principe que leur rareté dans les livres que distingue d'ailleurs une certaine recherche de l'élégance est en proportion de leur antiquité : 

"Les lettres en broderie, suivant le Nouveau traité de Diplomatique des Bénédictins, commencent à relever les manuscrits du VIe siècle. Au VIIe, elles deviennent plus fréquentes, et remplissent quelquefois la première page d'un livre; elles y forment de temps en temps des lignes d'un pouce de haut. Depuis le milieu du VIIe siècle, ces lettres s'allongent et s'amaigrissent; souvent elles sont terminées par des filigranes en volute; souvent des poissons en font partie; quelquefois elles en sont entièrement composés. Aux lettres brodées succéda en France la mode des lettres en treillis ou à mailles; leur massif commença par recevoir  des chaînettes. Bientôt celles-ci se multiplièrent au point de produire des lettres tressées et entrelacées. Le règne de ce caractère désigne les VIIe et VIIIe siècles."
2° Parmi les anciens manuscrits, quelques-uns sont écrits en caractères d'argent. Tel est l'Evangéliaire d'Ulphilas, connu sous le nom de Manuscrit d'argent; l'or n'y paraît qu'aux titres et à certaines lettres initiales. D'autres sont écrits en lettres d'or. Les chrysographes formaient une classe d'écrivains tout à fait distincte non seulement des tachygraphes qui écrivaient avec rapidité, mais aussi des calligraphes, qui écrivaient à main posée. L'écrivain qui traçait les caractères d'argent ne traçait pas toujours les caractères d'or : on reconnaît aisément le travail de deux mains dans le Psautier de Saint Germain. L'écriture en caractères d'or devait être assez fréquemment employée du temps de Justinien, puisque, dans ses Institutes (liv. Il, tit. I, 33), cet empereur enseigne que les lettres d'or appartiennent au propriétaire des papiers et des parchemins, comme les édifices au propriétaire du sol sur lequel ils ont été construits. 

On conserve à l'évêché du Puy un manuscrit donné par Théodulphe, évêque d'Orléans, et contenant l'Ancien Testament, la Chronographie de Saint Isidore et autres morceaux : une partie est sur des feuilles de vélin ordinaire, avec lettres noires et rouges et quelques lettres d'or; l'autre partie est sur vélin teint en pourpre, en lettres d'or et d'argent, et sur lesquelles sont des ornements en style byzantin. Pour préserver les caractères d'or et d'argent, Théodulphe avait placé, entre les pages, des tissus d'origine indienne et qui ont peu d'analogues parmi les tissus modernes. Les lettres d'or furent en vogue jusqu'au Xe siècle. Cette magnificence fut surtout appliquée aux livres liturgiques, et plus spécialement à ceux qui étaient destinés aux souverains. Nous citerons, entre autres, les deux Bibles de Charles le Chauve, où les titres, les premières pages de chaque livre et les initiales des alinéas sont écrits en encre d'or, et les Heures de ce même prince, où toutes les lettres sont en or d'un bout à l'autre. 

Un des plus curieux exemples de l'emploi de l'or dans les manuscrits étrangers à la liturgie nous est fourni par le cartulaire de l'abbaye de Winchester, composé en 966, et conservé dans la bibliothèque Cottonienne. Aux XIe, XIIe et XIIIe siècles, les lettres d'or furent d'un usage plus rare, ce qu'il faut attribuer à la décadence du goût et à la rareté de la substance qu'il fallait employer. Au siècle suivant, elles revinrent à la mode, et décorèrent surtout les Heures des personnes de distinction. Le goût dans lequel elles sont exécutées ne permet pas de les confondre avec celles des époques antérieures. Pour servir à l'ornement des livres, l'or était réduit en encre ductile, et étendu au moyen de la plume; ou bien on l'appliquait par feuilles sur un apprêt qui le fixait sur vélin. II y eut une troisième méthode, suivie de préférence par les miniaturistes aux XIVe, XVe et XVIe siècles; elle consistait à réduire l'or en poudre, et à l'agglomérer au moyen de la gomme arabique. 

On ne connaît pas de manuscrits anciens qui soient entièrement écrits en rouge. Mais cette couleur fut assez généralement affectée aux titres des livres, aux premiers mots des livres de certains manuscrits, à la première lettre d'un alinéa. Dans les rescrits impériaux, la formule de la date est rouge. C'est en rouge que sont écrits aussi, dans les livres de lois, les noms des jurisconsultes. Les lettres vertes ont été plus rarement employées; dans les manuscrits pourpres où on les rencontre, elles paraissent n'être que le résultat de la décomposition de l'écriture en argent. L'encre bleue fut fréquemment employée, et alterna d'une façon régulière avec l'encre rouge; la jaune s'est presque toujours mal conservée.

3° Parfois dans les anciens manuscrits, le vélin  est teint en pourpre. Cet usage remonte pour le moins au IIIe siècle, puisque Jules Capitolin rapporte que Calpurnie, mère de Maximin le Jeune, fit présent à ce prince des poèmes d'Homère écrits sur pourpre en lettres d'or. Nous voyons vers le commencement du IVe siècle l'évêque Théonas recommander au grand chambellan de l'empereur de ne pas faire écrire sur pourpre et en lettres d'or des manuscrits entiers pour la bibliothèque impériale, à moins d'un ordre exprès de l'empereur. Le vélin pourpre était d'un emploi assez commun du temps de Saint Jérôme. Cette mode persista jusqu'au VIIIe siècle. La décadence commença au IXe alors le pourpre devient obscur et tire sur le brun. Il y a peu de manuscrits entièrement teints en pourpre. Le plus souvent cette teinture n'occupe que certaines portions du livre, comme le frontispice, les titres, les endroits les plus remarquables, notamment le canon de la messe dans les missels.

4° Nous avons un exemple encore vivant de l'antique usage d'historier les livres de luxe, dans le fameux Virgile de la bibliothèque Vaticane. L'Orient conserva longtemps, sinon dans son intégrité, au moins en partie, le goût et le secret des oeuvres artistiques, et notamment de la peinture appliquée à la décoration des manuscrits. Il n'en fut pas de même en Occident. L'invasion des Germains porta aux arts un coup mortel. Pendant de longs siècles, les ornements des mss. ne consistèrent qu'en entrelacs, dessinés à la plume, à l'encre noire, avec quelques filets de couleurs diverses. Au VIIIe siècle, dans le Sacramentaire de Gellone, on voit reparaître les miniatures à personnages. Une Bible latine du IXe siècle, dite de Saint Paul, à la bibliothèque Saint-Calixte de Rome, peut encore être citée comme offrant un grand intérêt par la multitude des ornements qui décorent les initiales et encadrent les figures. Citons enfin l'Évangéliaire de Saint-Riquier, à Abbeville, et celui de Saint Sernin, connu sous le nom d'Heures de Charlemagne, offert à Napoléon Ier par la ville de Toulouse, et conservé au Louvre. Les désastres du Xe siècle vinrent effacer les dernières traditions du goût. Le sentiment du grotesque, qui n'est autre chose que le dépit de ne pouvoir atteindre aux formes parfaites, fut le seul qui inspira les miniaturistes. 
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Initiales du psautier de Ricemarch.
Initiales celtiques extraites du psautier de Ricemarch 
(Pays de Galles, ca. 1080).

On peut citer, il est vrai, quelques lettres ornées avec une certaine perfection; mais il ne faut rien chercher de plus. Au XIIIe siècle, la miniature était encore dans l'enfance. Vainement on a cité, comme preuve du contraire, deux vers que Dante adresse à l'ombre d'Oderic de Gubbio : il reste assez de miniatures du XIIIe siècle pour qu'on puisse affirmer avec certitude que, du temps de Dante, la peinture des manuscrits était, en France, empreinte d'un profond cachet de barbarie. Mais, dès cette époque, la renaissance de cette branche des arts avait commencé en Italie sous l'influence d'éminents artistes, parmi lesquels il suffira de citer Cimabué et Giotto. Au XIVe siècle, les manuscrits s'enrichissent de dessins qui pèchent encore par la raideur, mais qui laissent apercevoir pourtant dans l'expression. Ces figures les premières étincelles du goût. Au XVe, les progrès sont encore plus sensibles.

"Les dernières années de ce siècle et la première moitié du XVIe, dit H. Langlois, virent enfin éclore sous le pinceau des miniaturistes ces exquises productions, aujourd'hui si recherchées, et, comme si l'on eût voulu faire regretter la calligraphe qu'allaient achever de proscrire la typographie et la gravure, on produisit à l'envi, dans nos derniers mss., des chefs-d'oeuvre d'un si haut prix, que des princes seuls purent s'en procurer la jouissance." 
Parmi les plus habiles enlumineurs, on distingue Flamel, Jean Fouquet, Louis Duguernier, Frédéric Brentel; et, parmi les oeuvres remarquables, le Livre des tournois, peint par René d'Anjou, et le Recueil des rois de France de Dutillet. Beaucoup d'oeuvres calligraphiques du Moyen âge se caractérisent par une extrême recherche de la bouffonnerie, par l'amour de la monstruosité, par un oubli complet de la vérité historique, et souvent aussi, aux pages où l'on s'y attendrait le moins, par des licences audacieuses.

Nous devons aux peintures des manuscrits la conservation d'un grand nombre de figures historiques, qui sont loin sans doute de retracer avec fidélité les traits des personnages qu'ils représentent, mais qui nous donnent au moins une idée exacte des costumes de l'époque.
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Initiales.
Initiales tirées d'un manuscrit français du XVe siècle.

En général, les manuscrits liturgiques se distinguent entre tous par leur beauté. C'est grâce à eux que, malgré les progrès de la typographie, la calligraphie a continué de créer des oeuvres admirables et charmantes. Nous n'en citerons que quelques-unes: les Heures de la reine Anne de Bretagne, à la Bibliothèque nationale, les Sentences tirées de l'Écriture sainte, enluminées par Petruccio Ubaldini pour lady Lumley, par ordre du chancelier Bacon; le superbe Evangéliaire qui servait à la messe du couronnement des rois à Reims, exécuté su XVIe siècle, et conservé à la bibliothèque de cette ville; l'Officium B. Mariae Virginis, exécuté par le célèbre calligraphe Nicolas Jarry, l'auteur de la Guirlande de Julie (1641), à la bibliothèque de Besançon; le Graduel de dom Daniel d'Eaubonne (1682), à la bibliothèque de Rouen; les livres liturgiques écrits du temps de Louis XVI pour l'usage de la chapelle de Versailles. La calligraphie a perdu de nos jours son importance : d'art elle est devenue métier. Les calligraphes ne s'occupent plus que de pratiquer toutes les sortes d'écritures en usage en France l'anglaise, la ronde, la bâtarde, la gothique, etc. (C. de B.).



C. Mediavilla, Histoire de la calligraphie française, Albin Michel, 2006.
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Résultat d'une recherche passionnée, cet ouvrage constitue la première synthèse sur l'histoire de la calligraphie française. De la capitale romaine à l'anglaise en passant par l'onciale, la caroline ou la gothique, on y découvre les métamorphoses de la graphie latine tout au long de l'histoire de France. Pour chaque écriture, l'auteur pose le contexte de son apparition et décrit sa genèse, établit ses caractéristiques morphologiques et propose des planches d'étude réalisées spécifiquement pour ce livre. On trouvera également, en clôture de certains chapitres, les biographies d'une soixantaine de grands maîtres, récits vivants qui mettent en lumière non seulement leur apport à l'art calligraphique, mais également des pans entiers de l'histoire d'une culture. L'ensemble est illustré par plus de trois cents documents exceptionnels, souvent inédits, qui proviennent des plus grandes bibliothèques du monde. À la fois érudit et pratique, riche d'indications précises sur l'art et la pratique de la calligraphie, recélant un prodigieux trésor paléographique, cette somme unique allie la somptuosité du livre d'art à la technicité de l'ouvrage de référence.  (couv.).

Atlas de la calligraphie, Atlas, 2003.

L'art de bien former les caractères d'écriture vous intéresse? Cet Atlas de la calligraphie va répondre à toutes vos interrogations sur le sujet, et vous permettre, non seulement d'acquérir les techniques indispensables, mais aussi d'approfondir vos connaissances sur les calligraphies du monde entier. Pour découvrir la calligraphie de manière optimale, les alphabets et les chiffres s'imposent, tout comme les lettrines et les enluminures, et deviendront rapidement familiers. Mémoire de notre histoire, ils constituent un univers d'une richesse inouïe. Richesse que l'on retrouve ensuite avec les calligraphies d'ici et d'ailleurs : grâce, souplesse et envolées de la calligraphie orientale, sobriété et esthétique de la calligraphie asiatique (couv.).

Anne Legay, Calligraphies médiévales, cahier d'exercices, Dessain et Tolra, 2004.

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Dictionnaire Architecture, arts plastiques et arts divers
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