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Cimabue (Giovanni), peintre, né à Florence en 1240, mort un peu après 1302. Il appartenait à une famille noble, et de bonne heure il marqua un goût particulier pour les arts du dessin. Vasari, qui veut lui rapporter l'honneur d'avoir pleinement renouvelé la peinture italienne, raconte qu'il eut pour maîtres les mosaïstes grecs, appelés par la seigneurie de Florence à décorer Santa-Maria-Novella; en réalité, le récit de Vasari est sans valeur, et les oeuvres de Cimabue montrent le maître fort préoccupé encore des traditions qui inspiraient les ouvrages de ses contemporains. Pourtant il sentait vivement la nécessité d'une réforme, le besoin de substituer aux formules mécaniques, aux types traditionnels une inspiration plus originale, une étude plus sincère de la nature, et par là, comme le dit Vasari
« il donna les premières lumières à la peinture [...]. Cimabue enleva de ses ouvrages cet air de vieillesse en rendant les draperies, les vêtements et les autres détails plus vivants et naturels, plus gracieux et souples que dans la manière grecque, toute pleine de lignes droites et de profils aussi rigides que dans les mosaïques. » 
Pour la première fois, la peinture s'efforça de plaire et cessa d'avoir pour unique but l'édification des fidèles. Les contemporains furent émerveillés de ces nouveautés; quand Cimabue eut achevé pour Santa-Maria-Novella la colossale Madone des Ruccellai, Charles Ier d'Anjou alla avec sa cour visiter le tableau dans l'atelier du peintre, d'où l'oeuvre fut, dit-on, portée en procession, au son des trompettes, à Santa-Maria-Novella. On l'y voit encore; et, quoique la tête de la Vierge y soit trop grosse pour le corps, que l'enfant ait l'air vieillot et triste, que les extrémités, longues et sèches, soient déplaisantes à voir, quoique les figures ne soient pas reliées l'une à l'autre par cette unité d'action qui donne la vie à l'ensemble, il y a dans l'oeuvre une solennité de style, une puissance d'abstraction qui frappent, une recherche de l'expression et surtout une douceur harmonieuse de coloris qui annoncent ce que Giotto devra à son maître. 

Parmi les nombreuses oeuvres que Vasari attribue à Cimabue, dont plusieurs sont perdues, dont beaucoup ne sont pas de sa main, on citera, comme ouvrages authentiques du maître, la Madone de l'Académie des beaux-arts à Florence, supérieure à la Madone Ruccellai par la composition et surtout par l'expression énergique et le caractère individuel des figures de prophètes, et la Madone du Louvre, retouchée en plusieurs parties. Cimabue travailla aussi à la décoration de l'église d'Assise, et, quoique ici encore on ne puisse prendre à la lettre l'affirmation de Vasari, qui lui attribue la série entière des fresques de l'église haute, ou peut reconnaître sa main dans la madone placée au bras sud du transept de l'église inférieure, et peut-être dans quelques parties de l'église supérieure. En 1301-1302, les Pisans chargèrent un artiste nommé Cimabue, que l'on identifie a notre maître, de la décoration du dôme; en 1301 et 1302, il plaça dans l'abside de l'église une mosaïque représentant le Christ entre la Madone et saint Jean l'évangéliste, dans laquelle il commençait à renouveler le type du Christ comme il avait fait déjà celui de la Vierge. Ce fut sans doute son dernier ouvrage, et, quoique son élève Giotto ait obscurci son nom, quoiqu'il y ait dans son oeuvre bien des traces des traditions archaïques, il n'en eut pas moins la gloire d'avoir donné l'essor à l'école florentine. (Ch. Diehl).

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