 |
La
myosine
est une famille de protéines motrices essentielles
dans les organismes eucaryotes, qui utilise
l'énergie de l'ATP pour générer un mouvement. Son rôle le plus connu
est la contraction musculaire, mais elle est également importante pour
de nombreux autres processus cellulaires fondamentaux, tels que le
mouvement cellulaire (déplacement des cellules, migration cellulaire,
le transport intracellulaire (déplacement de vésicules et d'organites
à l'intérieur des cellules, la cytokinèse
(séparation des deux cellules filles après la division du noyau) ou le
maintien de la forme cellulaire. Elle se déplace le long de filaments
d'actine, un autre type de protéine cytosquelettique.
La myosine II, la
plus abondante dans les muscles et la forme la plus étudiée et la plus
importante pour la contraction musculaire, a une structure caractéristique
: une tête (ou domaine moteur) : C'est la partie globulaire de la myosine
qui se lie à l'actine, hydrolyse l'ATP (adénosine
triphosphate) pour obtenir de l'énergie, et génère la force motrice
qui fait glisser les filaments d'actine; le cou (ou région de liaison
des chaînes légères), entre la tête à la queue, qui contient des chaînes
légères de myosine qui régulent l'activité de la tête; la queue (ou
domaine en bâtonnet), longue et fibreuse, qui permet à plusieurs molécules
de myosine de s'assembler pour former des filaments épais dans les muscles.
Dans d'autres types de cellules, la queue peut interagir avec d'autres
structures cellulaires.
Le cycle de la
myosine.
Dans les cellules
musculaires, les filaments épais de myosine et les filaments fins d'actine
sont organisés en sarcomères. La répétition du cycle de la myosine
provoque le glissement des filaments d'actine le long des filaments de
myosine, ce qui raccourcit le sarcomère et donc la cellule musculaire,
entraînant la contraction musculaire.
Le cycle de la myosine
dépend de l'interaction cyclique entre la myosine, l'actine et l'ATP,
et est finement régulé par le calcium. Il se
répète continuellement tant qu'il y a de l'ATP disponible et que le signal
de contraction persiste. On identifie plusieurs étapes principales :
État
attaché (rigor state).
La tête de myosine
est fermement attachée au filament d'actine. Aucun ATP ni ADP n'est lié
à la tête de myosine. C'est l'état de rigidité (rigor). En l'absence
d'ATP (comme dans la rigor mortis après la mort), la myosine reste
bloquée dans cet état attaché à l'actine, causant la rigidité musculaire.
Dans un muscle vivant, cet état est très bref
car l'ATP est rapidement disponible.
Détachement.
Une molécule d'ATP
se lie à la tête de myosine. La liaison de l'ATP à la tête de myosine
diminue l'affinité de la myosine pour l'actine. Cela provoque le détachement
de la tête de myosine du filament d'actine. Cette étape permet à la
myosine de se déplacer et de se réattacher plus loin sur le filament
d'actine.
Hydrolyse
de l'ATP et "cocked state" (état armé).
La tête de myosine
hydrolyse l'ATP en ADP et phosphate inorganique (Pi).
L'hydrolyse de l'ATP fournit l'énergie nécessaire pour changer la conformation
de la tête de myosine. La tête de myosine se "redresse" ou se "arme"
(comme un ressort tendu). L'ADP et le Pi restent liés
à la tête de myosine. Dans cet état , la tête de myosine est maintenant
positionnée pour se lier à un nouveau site de liaison sur l'actine, plus
loin sur le filament.
Liaison
à l'actine (liaison faible).
La tête de myosine
"armée" se lie faiblement à un nouveau site de liaison sur le filament
d'actine.La liaison est initialement faible car le Pi
est toujours lié à la tête de myosine. Ce site de liaison est situé
un peu plus loin sur le filament d'actine que le site de liaison précédent.
Le calcium (Ca2+), en permettant cette
interaction, joue un rôle régulateur essentiel. L'augmentation
de la concentration de Ca2+ dans le cytosol
musculaire (suite à un signal nerveux) permet la liaison de la myosine
à l'actine en démasquant les sites de liaison sur l'actine. Lorsque la
concentration de Ca2+ diminue, les sites
de liaison sont à nouveau bloqués, et la contraction musculaire cesse.
Coup
de force (power stroke).
Le phosphate
inorganique (Pi) est libéré de la tête de myosine. La libération du
Pi
déclenche un changement conformationnel majeur
dans la tête de myosine. La tête de myosine pivote et tire le filament
d'actine vers le centre du sarcomère (la ligne M). C'est le "coup de force"
qui génère le mouvement. L'ADP reste encore lié à la tête de myosine.
Libération
de l'ADP et retour à l'état attaché.
L'ADP est libéré
de la tête de myosine. La libération de l'ADP ramène la tête de myosine
à sa conformation d'origine, fermement attachée à l'actine (état de
rigidité). Le cycle est prêt à recommencer si de l'ATP est disponible
et que le signal de contraction persiste.
Types de myosine.
Il existe de nombreux
types de myosine (myosine I, II, III, etc.), regroupées en superfamilles
ou classes en fonction de leur structure, de leur fonction et de leur localisation
cellulaire. La myosine II est la plus connue en raison de son rôle majeur
dans la contraction musculaire. Les autres types de myosine sont impliqués
dans des fonctions cellulaires diverses.
Myosine
II.
La myosine II (myosine
conventionnelle ou myosine musculaire) est composée de deux chaînes lourdes
identiques et de deux paires de chaînes légères. Les chaînes lourdes
s'enroulent pour former une queue en hélice torsadée et possèdent deux
têtes globulaires avec des sites de liaison à l'actine et à l'ATP. La
queue permet la polymérisation de plusieurs molécules de myosine II pour
former des filaments épais. La myosine II est principalement responsable
de la contraction musculaire (muscles squelettiques, lisses et cardiaques).
Elle est également impliquée dans la cytokinèse (division cellulaire)
et d'autres processus cellulaires nécessitant une force contractile. On
la trouve dans les muscles et les cellules non-musculaires (cytokinèse,
adhérence cellulaire). Il existe de nombreuses isoformes de myosine II,
spécifiques à différents types de muscles (rapides, lentes) et de cellules.
Myosine
I.
Beaucoup plus petites
que la myosine II, les molécules de myosine I possèdent une seule tête
motrice et une queue plus courte et variable, souvent riche en domaines
de liaison membranaire (comme les domaines PH ou FERM). La myosine I est
impliquée dans le transport de vésicules, l'endocytose,
la modification de la forme cellulaire, et l'adhérence cellulaire. Elle
peut aussi contribuer à la motilité cellulaire et à l'organisation du
cytosquelette d'actine. On la rencontre largement distribuée dans les
cellules eucaryotes, et est localisée sur les membranes
plasmiques, les vésicules et les microfilaments
d'actine. De nombreuses isoformes sont connues, classées en sous-familles
(Myo1a, Myo1b, Myo1c, etc.).
Myosine
V.
La myosine V ou
myosine marcheuse possède deux têtes motrices et une longue queue qui
interagit avec des cargaisons cellulaires (vésicules, organites) via des
protéines adaptatrices. Elle "marche" le long des filaments d'actine de
manière progressive. Elle est principalement impliquée dans le transport
de cargaisons à longue distance le long des filaments d'actine, notamment
les vésicules, les mélanosomes (pigment) et d'autres organites. Elle
joue un rôle important dans la distribution intracellulaire des composants
cellulaires. Elle se trouve dans le cytoplasme de nombreuses cellules eucaryotes,
associée aux cargaisons à transporter. Isoformes : Myo5a, Myo5b, Myo5c.
Myosine
VI.
La myosine VI ou
myosine rétrograde est spéciale car elle se déplace vers l'extrémité
moins (+) des filaments d'actine, contrairement à la plupart des autres
myosines qui se déplacent vers l'extrémité plus (+). Elle possède deux
têtes motrices et est impliquée dans l'endocytose, le transport de vésicules
vers le centre de la cellule, et l'ancrage des filaments d'actine à la
membrane plasmique (memrane cellulaire). Elle joue aussi un rôle dans
l'organisation du cytosquelette et la forme cellulaire. On la rencontre
dans diverses cellules eucaryotes, notamment dans l'appareil
de Golgi, les endosomes et les membranes cellulaires.
Myosine
VII.
La myosine VII possède
deux têtes motrices et une queue complexe. Elle est importante pour l'audition
(dans les cellules ciliées de l'oreille interne),
ainsi que pour la phagocytose et le transport
de mélanosomes. En dehors des cellules ciliées de l'oreille interne,
ont la rencontre aussi dans la rétine et mélanocytes.
Il existe plusieurs isoformes impliquées dans différentes fonctions et
localisations. Des mutations dans la myosine
VII sont associées à des surdités héréditaires.
Myosine
IX, X, XI, XII, XIII, XIV, XV, XVI, XVII, XVIII.
Les classes de myosine
IX à XVIII sont moins bien caractérisées que les précédentes. Elles
ont des structures et des fonctions variées, et sont impliquées dans
divers processus cellulaires. Ainsi, par exemple : la myosine IX inhibe
la polymérisation de l'actine et régule la forme cellulaire, la myosine
X est impliquée dans la formation des filopodes et l'adhérence cellulaire,
la myosine XI, une myosine végétale, est impliquée dans le transport
cytoplasmique rapide dans les cellules végétales. Les autres classes
sont encore en cours d'étude et leurs fonctions précises sont souvent
moins bien définies. |
|