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Phagocytose
(biologie, physiologie).
- Nom créé par Metchnikov
pour expliquer la propriété que possèdent certaines cellules d'absorber
et de détruire les microbes par une sorte de digestion. On sait que des
milliers de microbes sont nos hôtes habituels, l'air que nous respirons,
l'eau que nous buvons, les aliments que nous absorbons, tout contient des
germes plus ou moins virulents : les fosses
nasales, la bouche, ont pour commensal le
pneumocoque; l'intestin, le bacterium coli,
etc. Certains sont inoffensifs et même utiles, d'autres peuvent
être dangereux. Heureusement que l'organisme dispose de moyens divers
qui luttent incessamment et sans que nous en ayons conscience contre tous
ces envahisseurs : ces moyens de lutter victorieusement contre le microbisme
latent, c'est le phagocytisme. Le phagocytisme, c'est un procédé de défense
universel, général; c'est une fonction constante de l'état de santé;
c'est le plus puissant des moyens de défense que nous possédions contre
la maladie.
Dans toute le règne
animal la phagocytose existe. Les cellules chargées de cette lutte
contre l'envahissement microbien sont les phagocytes : ces éléments ont
la singulière propriété de détruire les microbes par un processus de
digestion, elles sécrètent des substances qui détruisent les microbes,
ou bien elles les englobent. Bien des cellules possèdent l'action phagocytaire;
mais ce rôle est surtout dévolu aux cellules mono- ou polynucléaires.
On donne le nom de macrophages aux cellules qui consomment sur place les
bactéries : telles sont les cellules de la rate,
les cellules épithéliales des alvéoles
pulmonaires, les cellules fixes du tissu conjonctif; les microphages comprennent
les leucocytes.
Les exemples de phagocytose abondent dans
la nature; les infusoires englobent les microbes pour s'en nourrir, de
même les spongiaires. Les Daphnies (petits crustacés d'eaux douces) sont
souvent envahis par un parasite que ses leucocytes phagocytaires englobent,
sinon la Daphnie succombe. Chez l'humain, lorsque l'infection survient,
la lutte commence immédiatement entre les microbes et les phagocytes.
Dans l'érysipèle, la phagocytose est des plus nettes : dès que le streptocoque
a envahi la peau et le tissu sous-cutané, il apparaît
une réaction inflammatoire qui gonfle la peau atteinte (bourrelet érysipélateux).
C'est dû à l'arrivée sur le champ de bataille de quantité de microphages
qui englobent les streptocoques. Dans le paludisme, c'est dans la rate
que se passe surtout la lutte; elle englobe par ses cellules macrophages
des quantités prodigieuses de parasites, de même dans la fièvre typhoïde,
etc.; on pourrait multiplier les exemples. On sait la fréquence des déterminations
angineuses dans les diverses infections, cela tient à ce qu'à l'entrée
des voies digestives et aériennes les organes phagocytaires (tissu lymphoïde,
amygdales) abondent et sont là en avant-garde
les premiers à la lutte, pour essayer d'arrêter l'infection. Si la guérison
survient, c'est que les phagocytes ont triomphé; parfois ils succombent,
les microbes étant trop virulents, et la sécrétion de leurs toxines
arrête l'arrivée et la multiplication des cellules phagocytes. La phagocytose
est un agent de l'immunité. (Dr L. Pinel Maisonneuve). |
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