| Pérouse (ital. Perugia) est une ville de l'Italie centrale, chef-lieu de la province de ce nom; 162.500 habitants. Elle est située à 520 m au-dessus du niveau de la mer, au sommet d'une hauteur qui domine elle-même de 400 m la rive droite du Tibre, sur une ligne de chemin de fer qui la relie, d'une part à Teroutola et à la Toscane, d'autre part à Foligno et à l'Adriatique. Elle doit sa célébrité à son caractère artistique; l'aspect antique qu'elle présente, les vieux monuments qu'elle renferme, les remarquables tableaux qu'elle possède, les magnifiques et vastes vues qu'on y a sur les environs, la placent parmi les cités les plus pittoresques de l'Italie centrale. Elle est enserrée par de vieux murs, percés de dix portes; l'intérieur de la ville est riche en vieux monuments. Les principales places sont : la piazza Grimana avec l'arc d'Auguste, porte antique avec l'inscription Colonia Vibia Augusta Perusia : les fondements sont étrusques, le reste date du milieu du IIIe siècle de notre ère; la piazza Danti, au Nord de la cathédrale, avec une statue de Jules III, par Danti (1556); la piazza del Municipio, au Sud de la cathédrale, ornée de la Grande Fontaine (Fontana Maggiore, 1277), une des plus belles qui furent élevées en Italie à cette époque (ses trois vasques sont ornées de bas-reliefs de Niccolo et Giovanni Pisano (1280); au centre de la piazza Vittorio Emanuele, d'où l'on découvre une vue splendide sur toute la vallée du Tibre, on a élevé une statue équestre de Victor-Emmanuel II, d'après Tadolini (1890); sur la piazza del Sopramuro s'élève également la statue de Garibaldi. Les seuls monuments civils intéressants sont le Collegio del Cambio (ancienne chambre de commerce), le Municipio ou hôtel de ville, et l'Université. Le Collegio del Cambio est orné de fresques célèbres du Pérugin (1500). Le Municipio est un grand édifice datant de 1281 et de 1333, récemment restauré, remarquable par ses belles fenêtres, sa porte gothique et la galerie des tableaux que contient le 3e étage. On y remarque les oeuvres les plus importantes du Pinturicchio. L'Université, fondée en 1320, occupe, depuis l'époque de Napoléon Ier, un ancien couvent d'olivétains; on y admire un remarquable musée d'antiquités, riche surtout en restes étrusques. Les églises sont nombreuses. La cathédrale San Lorenzo est un édifice du style gothique du XVe siècle, inachevé à l'extérieur; elle contient une belle chaire, les tombeaux des papes Innocent III, Urbain IV et Martin IV, et un superbe tableau d'autel de Luca Signorelli; San Severo est un ancien couvent de camaldules transformé en collège; dans la chapelle se trouve une fresque de Raphaël, la première qu'il ait peinte seul (probablement en 1505), maintenant un peu endommagée; San Domenico, édifice gothique, construit en 1304 par Giovanni Pisano, presque complètement rebâti en 1614 par C. Maderna, renferme un beau monument du pape Benoît XI, par Giovanni Pisano, et un magnifique vitrail de Fra Bartolomeo (1441); San Pietro de' Cassinensi, basilique à trois nefs et à transept, avec un plafond fortement doré, reposant sur dix-huit colonnes ioniques de granit et de marbre, a été construit vers l'an 1000 par saint Pierre Vincioli de Pérouse et contient beaucoup de peintures de l'école ombrienne; l'Oratorio di San Bernardino est une chapelle dont la façade est un chef-d'oeuvre de décoration polychrome, par le sculpteur florentin Agostino d'Antonio di Duccio (1459-1461). A l'extrémité de la ville, le jardin del Frontone offre un magnifique panorama sur la vallée de Foligno. Histoire. Pérouse s'appelait dans l'Antiquité 'Perusia; elle était une des douze villes de la confédération étrusque à la même époque que Cortone. Le consul' Q. Fabius s'en empara après un long siège (310 av. J.-C.), elle devint plus tard une municipalité. Dans la guerre dite « de Pérouse », entre Octave et Antoine, elle fut encore assiégée, résista pendant plusieurs mois, fut en proie aux horreurs de la famine, capitula en février 40 et fut réduite en cendres. Reconstruite par Octave, elle devint colonie romaine sous le nom d'Augusta Perusia. Totila, roi des Ostrogoths, la détruisit à son tour en 546, après un siège de sept ans. Conquise plus tard par Narsès, elle tomba, en 568, sous la domination des Lombards, fit partie de leur royaume et fut annexée en 774 au patrimoine de Saint-Pierre. Au Moyen âge, Pérouse soumet un vaste territoire et forme une commune, qui est reconnue, en 1378, par les papes. A la fin du XIVe siècle, la maison des Michelotti s'empare de la ville; de 1416 à,1424, Braccio Fortebraccio de Montone s'en saisit; en 1543, sous le pontificat de Paul III, elle est soumise définitivement à la papauté, qui, après avoir fait démolir la citadelle (1540), lui enlève son autonomie administrative (1553). En 1708, pendant la guerre de la succession d'Espagne, Pérouse est prise par le duc de Savoie. Sous la domination française (1808-1814), elle devient le chef-lieu du département du Trasimène. Le 31 mai 1849, elle est occupée par l'armée autrichienne, qui envahit les Etats romains; en juin 1859, an soulèvement en faveur du Piémont y est impitoyablement réprimé par les troupes suisses du colonel Schmidt; en1860, enfin, elle est annexée à l'Italie. Au XIVe et au XVe siècle, Pérouse a été le berceau et le siège de l'école ombrienne, qui se distingue de l'école florentine par le charme et la grâce un peu féminine des personnages; les deux représentants les plus célèbres en ont été Pietro Vannucci (1446-4524), dit le Pérugin, qui vécut à Pérouse, et Bernardino Betti, dit le Pinturicchio (1454-1513). | |