| Polychromie (du grec polus, multiple, et khroma, couleur), procédé consistant à enluminer de couleurs variées les ouvrages de sculpture et les monuments d'architecture. L'usage de colorier les statues est aussi ancien que la statuaire : les Éthiopiens peignaient leurs divinités avec du minium; les Assyriens les revêtaient d'un vernis coloré; les Phéniciens, les Babyloniens et les Perses les ornaient en outre d'or, d'argent, d'ivoire, de pierreries, de chaînes précieuses, etc. II en fut de même chez les Grecs, non que l'art fût dans l'enfance, mais pour donner satisfaction à un goût encore peu épuré. Les statues et les bas-reliefs en marbre blanc du célèbre tombeau de Mausole étaient peints : le fond des bas-reliefs en azur, et le reste, ainsi que la figure de Mausole, en rouge, ainsi qu'on peut le voir aux ruines qui en ont été apportées au British Museum de Londres. On voit au musée des études à Naples un Apollon en marbre dont les cheveux portent la trace d'une peinture blonde, et dont le bas de la draperie est orné de bandes rouges avec de petites fleurs blanches. Il existe à Munich une statue de Leucothée, où l'on remarque des traces de la dorure des cheveux, et de dessins rouges et verts qui ornaient les draperies. Un buste d'Antinoüs, au Louvre, était enduit d'une légère couche de peinture, et les yeux étaient figurés Dar des diamants crue l'artiste y avait enchâssés. Ce fut seulement depuis le siècle de Périclès que les artistes cessèrent d'employer la couleur pour rehausser la valeur de leurs oeuvres. Mais jamais les Grecs ne renoncèrent à peindre les édifices publics ou privés : ils appliquaient les couleurs aux frises et aux moulures en général. Dans l'ordre dorique, on faisait souvent usage des dorures : l'architrave du Parthénon était ornée de boucliers d'or. La polychromie passa des Grecs aux Romains : à Herculanum et à Pompéi, les colonnes et les murailles extérieures des édifices sont enduites d'une couche de peinture; la colonne Trajane à Rome était renommée pour les brillantes couleurs dont elle était revêtue. Sous les empereurs, ce fut une mode de peindre les façades des édifices de manière à imiter les ornements architectoniques. Les Byzantins et les Arabes ont aussi adopté la polychromie. On l'adopta pour les églises de l'Occident, surtout aux XIIe et XIIIe sicles, mais on y renonça complètement au XVIe. Elle est aujourd'hui fort à la mode pour la décoration des édifices religieux, noème de ceux qui ne la comportent guère. (A19).
| En bibliothèque - Hittorf, l'Architecture polychrome chez les Grecs, Paris, 1830, in-8°. | | |