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Turquie
Turkiye Cumhuriyeti
Histoire de la Turquie.

39 00 N, 35 00 E
La Turquie est un Etat situĂ© en partie au Sud-Est de l'Europe et en partie en Asie du Sud-Ouest (Anatolie). Sa superficie est de 780 580 km² , 97% en Asie. Sa population est de 86 millions d'habitants (2025). Capitale : Ankara; plus grande ville : Instanbul. Autres villes importantes : Izmir, Bursa, Eskisehir, Konya, Kayseri, Gazantiep, Adana, etc. 
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Carte de la Turquie.
Carte de la Turquie. Source : The World Factbook.
(Cliquer sur l'image pour afficher une carte plus détaillée).

Le pays est une république présidentielle; il se divise administrativement en 81 provinces (iller, au singulier ili) :

Les 81 provinces de la Turquie

Adana
Adiyaman
Afyonkarahisar
Agri
Aksaray
Amasya
Ankara
Antalya
Ardahan
Artvin
Aydin
Balikesir
Bartin
Batman
Bayburt
Bilecik
Bingol
Bitlis
Bolu
Burdur
Bursa
Canakkale
Cankiri
Corum
Denizli
Diyarbakir
Duzce
Edirne
Elazig
Erzincan
Erzurum
Eskisehir, Gaziantep
Giresun
Gumushane
Hakkari
Hatay
Icel (Mersin)
Igdir
Isparta
Istanbul
Izmir (Smyrne)
Kahramanmaras
Karabuk
Karaman
Kars
Kastamonu
Kayseri
Kilis
Kirikkale
Kirklareli
Kirsehir
Kocaeli
Konya
Kutahya
Malatya
Manisa
Mardin
Mugla
Mus
Nevsehir
Nigde
Ordu
Osmaniye
Rize
Sakarya
Samsun
Sanliurfa
Siirt
Sinop 
Sirnak
Sivas
Tekirdag
Tokat
Trabzon (Trébizonde)
Tunceli
Usak
Van
Yalova
Yozgat
Zonguldak

Géographie physique de la Turquie

La Turquie d'Europe.
La Turquie d'Europe correspond à la portion orientale de la plaine de Thrace qui forme le bassin d'Edirne et aux deux presqu'îles d'Istanbul et de Gelibolu

Le relief et les cĂ´tes.
Cette partie de la Turquie se prĂ©sente essentiellement comme une cuvette (bassin d'Edirne) entourĂ©e de hauteurs. Le bassin d'Edirne est en effet une large zone basse, qui rappelle tout Ă  fait la mer de Marmara par ses dimensions et sa situation, mais qui en diffère parce qu'elle n'est pas envahie par la mer (elle est en effet moins enfoncĂ©e que la Marmara); le fond du bassin d'Edirne n'est pas absolument plat, il y a des vallonnements, une alternance de petites collines et de plaines souvent marĂ©cageuses. Il est entourĂ© d'une ceinture de montagnes en gĂ©nĂ©ral peu Ă©levĂ©es; elles forment les dĂ©bris d'un mĂ´le de roches anciennes que recouvrent en partie des roches rĂ©centes. 

Les montagnes qui bordent les cĂ´tes sont plus Ă©levĂ©es, en particulier le Yildiz daghlari qui borde la cĂ´te de la Mer Noire et le Tekirdagh qui borde la mer de Marmara par ses gradins escarpĂ©s. Deux presqu'Ă®les flanquent ce bassin; celle de Gelibolu au sud, celle d'Istanbul Ă  l'Est. 

La presqu'île de Gelibolu, reliée au continent par l'étroit isthme de Bolayir, est une région montueuse, sans plaines étendues, ni sur les côtes, ni à l'intérieur; l'altitude s'élève progressivement du Sud-Ouest au Nord-Est. C'est en somme une région calcaire et sèche avec quelques petites vallées marécageuses.

La presqu'île d'Istanbul est un plateau peu élevé (250 m environ) qui s'incline doucement du Nord au Sud; il est coupé par une série de vallées encaissées parallèles et orientées Nord-Ouest-Sud-Est, dont l'embouchure a été envahie par la mer : c'est l'une d'elles qui forme la Corne d'Or. Le plateau est entouré par une série de failles qui ont constitué le Bosphore et à l'Ouest une ligne de fractures marquée sur les deux côtes respectivement par une baie et par un lac.

Hydrographie.
Le principal fleuve est le Meriç, qui marque la frontière avec la Grèce. Il est formé des eaux de la Maritsa et deTundzha, toute deux nées en Bulgarie, et a aussi pour affluent l'Ergene.

Le climat. 
Le climat de la Turquie d'Europe est assez varié suivant les points, mais il trouve tout de même une unité dans ce fait qu'il est un climat de transition : les pays turcs constituent une zone où se rencontrent les influences continentales et méditerranéennes. Le climat du bassin d'Edirne porte ainsi la trace d'influences continentales: sans doute il est assez doux parce que le pays est abrité des vents par les montagnes du Nord; mais il est très sec, c'est déjà un climat de steppes. Au bord de la mer Egée, ce sont les influences de la mer qui prédominent, mais atténuées; à mesure qu'on approche d'Istanbul, elles deviennent de plus en plus fortes. Ainsi à mesure qu'on va de l'intérieur vers la mer, d'Edirne à Istanbul, on assiste à une régression progressive des influences continentales devant les influences méditerranéennes.

La Turquie d'Asie.
La Turquie d'Asie est Ă  la mĂŞme latitude que l'Andalousie, l'Italie mĂ©ridionale et la Grèce. Pour l'essentiel, elle correspond Ă  l'Anatolie (l'ancienne Asie Mineure), qui est une presqu'Ă®le de l'Ouest de l'Asie et forme la rĂ©gion de cette partie du monde la plus avancĂ©e vers l'occident. A l'extrĂŞme Est de la Turquie se trouvent deux rĂ©gions montagneuses, qui correspondent aux prolongement en Turquie du Kurdistan et de l'ArmĂ©nie, au sens large. 

Les cĂ´tes.
Le littoral de l'Anatolie est bien articulé, les montagnes s'approchant partout jusqu'à la mer. La côte Nord est la moins favorisée : une seule saillie bien accentuée, l'Ince Burun (cap Indjé), sépare deux golfes très largement ouverts. La côte Sud a déjà des découpures plus profondes : les golfes d'Iskenderun (Alexandrette) et d'Antalya (Adalia), les caps Anamur et Gelidonya (Khelidonia). Mais la mieux découpée de toutes est la côte du Nord-Ouest et de l'Ouest, qui se rapproche de très près en deux points : le Bosphore, les Dardanelles. Elle forme, dans la mer de Marmara, les baies d'Izmit et de Gemlik, le promontoire de Cyzique; dans la Mer Egée, les golfes d'Edremit, d'Izmir (Smyrne), Kusadasi, de Mandalya, de Kerme, les caps Baba, Aspro, Alepo. A quelques exceptions près (Imbros et Ténédos, par exemple), les nombres îles littorales, à l'Ouest appartiennent à la Grèce : Stalimène (Lemnos), Ténédo, Mételin (Lesbos), Chio, Samos, les Sporades, Rhodes. Sur les autres côtes méridionales, on n'en remarque qu'une seule d'importance : Chypre.

Le relief du sol.
Un ensemble de hautes montagnes, plus ou moins distraites des rivages, isole en quelque sorte la masse du plateau de tout le littoral. Celui-ci forme autour de cette masse comme une ceinture qui est la partie vivante de la contrĂ©e. Ces montagnes sont, au Sud, la chaĂ®ne du Taurus, avec des sommets Ă  plus de 3000 m, qui se continue vers le Nord-Est et qui, sous le nom Ă©videmment impropre d'Anti-Taurus, et, Ă  l'Est, parle Taurus Oriental. Ces chaĂ®nes se rattachent aux monts d'ArmĂ©nie, oĂą se trouvent le mont Ararat, point culminant de la Turquie (5166 m) et le plus grand lac du pays, le lac de Van, et  forment l'isthme qui rattache l'Anatolie au reste de l'Asie

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Au Nord une chaîne multiple, la chaîne Pontique, de moindre hauteur, détachée du Caucase, court parallèlement à la mer Noire et vient se terminer à l'Oulou Dagh (l'ancien mont Olympe de Mysie), haut de 2493 m, au Sud de la mer de Marmara. A l'Ouest, la région du littoral est sensiblement plus large et elle est séparée du grand plateau par une ligne de montagnes bizarrement enchevêtrées, dont les deux chaînons les plus importants sont l'Alaçam Daghlari, le Temnos des Anciens, vers le Nord, le Boz Daghlari, autrefois Mont Tmolos, et le Güzelhisar, l'antique Messoghis, un peu plus au Sud. En outre, une ligne de collines peu élevées traverse la péninsule en diagonale du Sud-Est au Nord-Ouest et relie le Taurus à l'Oulou Dagh.

Au centre du plateau, calcaire en majeure partie, est une grande dépression, analogue aux steppes du Turkestan, parsemée de lacs, les uns simplement saumâtres, les autres tout à fait salés, Ces masses d'eau, comparables aux chotts de l'Algérie, prennent une grande étendue en hiver et se réduisent l'été, pour la plupart, à une simple couche de sel. Chacune constitue un petit bassin intérieur dans lequel se déversent les cours d'eau de cette haute région.

Nous avons déjà mentionné la nature calcaire du plateau central. Les montagnes qui l'enceignent sont de formation volcanique, particulièrement dans le Taurus et dans les montagnes de l'Ouest qui bordent la Mer Egée à distance. A l'intérieur même du plateau, au Sud de Kayseri, se dresse le cône puissant de l'Eciyas Daghi, le fameux Argée des Anciens, qui atteint 3916 mètres de hauteur et fut le volcan le plus considérable de la contrée. Du temps de Strabon il donnait encore des signes d'activité. Mais il paraît aujourd'hui en sommeil. Une telle constitution du pays indique qu'il y a eu de tout temps de fréquents et terribles tremblements de terre.

Les montagnes renferment de grandes richesses minérales. On trouve l'or, l'argent, du minerai de cuivre, de plomb et de fer sur les côtes de la mer Noire; du cristal de roche dans les montagnes du Pont; du cinabre en Paphlagonie, du plomb argentifère et de beau marbre blanc dans le Taurus, de l'alun, du sel, du borax; à la surface du plateau. Il existe aussi des mines de houille au pied du versant septentrional des montagnes.
 

Turquie : le mont Ararat.
Une vue du Mont Ararat en Turquie occidentale. Le plus haut de ses deux pics, 
le Grand Ararat, est la plus haute montagne en Turquie Ă  5166 m.

Le climat.
En gros, deux zones climatiques se partagent l'Anatolie; l'une de type continental occupe la surface du plateau intérieur, l'autre, méditerranéenne, entoure les côtes et couvre les îles. La disposition générale du relief est la cause de cette dualité de climat et c'est encore les détails du relief qui déterminent, par la variété des altitudes, de l'orientation des chaînes, des monts, des dépressions la diversité des climats locaux dans le cadre général des deux domaines climatiques.

C'est un climat rude, malgré la latitude, que celui des plateaux d'Anatolie. Le thermomètre y descend en hiver jusqu'à -18°C, tandis qu'en été il monte à 29°C. Ce sont là des températures qu'on peut comparer à celles de la dépression du Turkestan, et l'analogie climatique s'accuse entre ces deux régions du fait que les pluies sont très rares. Il tombe moins de 250 millimètres d'eau annuellement à l'intérieur de l'Anatolie et c'est pendant de longs mois que le ciel demeure absolument pur de tout nuage. Grâce à ce régime météorologique l'Anatolie de l'intérieur est presque un désert rappelant par sa végétation les steppes de l'Asie centrale; les bassins intérieurs, souvent vestiges d'anciens lacs reçoivent des cours d'eau intermittents, véritables oueds, qui les transforment en marécages temporaires. D'autres dépressions sont occupées par des lacs saumâtres ou salés comme le Grand Lac Salé de Lycaonie ou Tuz Gölu (le lac Tatta des Anciens), long de 100 kilomètres; immense nappe de saumure qui fournissait, dit-on, le sel de toute l'Anatolie au XVII siècle; ses eaux ont une teneur saline considérable de 32,2% et l'épaisseur très variable de sel dont il est recouvert en juillet peut aller jusqu'à 2 mètres.

La cĂ´te de la Cilicie est beaucoup plus chaude, protĂ©gĂ©e qu'elle est des influences continentales par le Taurus; elle est tout entière sous l'influence de la MĂ©diterranĂ©e orientale. Les Ă©tĂ©s y sont très chauds (290 de moyenne); novembre et dĂ©cembre sont les meilleurs mois (140), les seuls oĂą les plaines soient vraiment agrĂ©ables Ă  habiter après  une courte pĂ©riode de grĂŞle, d'orages, d'averses.

L'hydrographie.
On conçoit qu'avec un tel relief et sous un tel climat l'Anatolie n'ait pas de fleuve très important. Les plus longs se jettent naturellement dans la mer Noire, puisque l'ensemble du sol s'incline vers le Nnord-Ouest; ce sont le YĂ©chil-Irmak, le Kizil Irmak et le Sakaria. Le YĂ©chilirmak, l'ancien Iris, le fleuve Vert, prend sa source dans les monts d'ArmĂ©nie et coule vers l'ouest; puis il dĂ©crit une courbe et remontant au nord se jette Ă  la mer après 400 kilomètres de cours; voisine de sa source est celle du Kizil Irmak, le plus long des fleuves de l'Anatolie; il descend d'abord vers le sud-ouest en longeant l'Anti-Taurus, puis se cintre en une vaste courbure après avoir passĂ© près du mont ArgĂ©e pour aller construire entre Sinop (Sinope) et Samsun un delta. Le Kizil-Irmak, le Fleuve Rouge, a 850 kilomètres de long; il est presque Ă  sec en Ă©tĂ© dans sa partie supĂ©rieure, son cours moyen et parfois jusque dans son delta; les Grecs l'avaient nommĂ© Halys parce que ses eaux traversent des salines et que l'Ă©vaporation continuelle  rend saumâtres. Le Sakaria dĂ©crit dans un lit profond d'innombrables sinuositĂ©s pour finir après 600 kilomètres Ă  travers les plateaux et les monts dans un delta tout boisĂ©.

Les cours d'eau qui se jettent dans la mer Egée sont plus courts mais aussi travailleurs. Ils comblent peu à peu les indentations de la côte, transformant le fond des golfes en marécages ou en lacs saumâtres, et modifiant leur lit sur la plaine alluviale. Ainsi fait le Gediz, dont les alluvions fermaient peu à peu le golfe d'Izmir et qu'on dut, en 1886, détourner vers le Nord pour sauver le plus grand port de l'Anatolie et lui éviter le sort des ports d'Ephèse et de Milet, comblés par les apports du Petit et du Grand Méandre.

Seuls le Seïhoun, né dans l'Anti-Taurus, et le Ceyhan (Djihoun) sinueux qui franchissent les Portes de Cilicie sont à citer sur le versant méridional du Taurus. Le premier se jette dans le golfe de Tarse non loin de l'embouchure du Tarsous, l'ancien Cydnus dont les eaux froides furent fatales à Frédéric Barberousse; le second arrive dans la Méditerranée à l'entrée du golfe d'Alexandrette.

Biogéographie de la Turquie

La Turquie  constitue l'un des 35 points chauds mondiaux de biodiversitĂ© identifiĂ©s par Conservation International.

Le nord du pays est bordé par la mer Noire et dominé par la chaîne pontique (Pontides). Cette région bénéficie d'un climat tempéré humide, avec des précipitations abondantes favorisant le développement de forêts denses composées de hêtres, de chênes, de sapins et de pins. Elle constitue une zone de transition entre les forêts tempérées européennes et les écosystèmes caucasiens. Ces forêts abritent de nombreuses espèces endémiques et des populations animales telles que l'ours brun, le lynx, le cerf, ainsi qu'une avifaune riche, notamment le pic noir et le grand tétras.

À l'ouest, la région égéenne est influencée par un climat méditerranéen, avec des étés chauds et secs et des hivers doux et humides. On y trouve un paysage typiquement méditerranéen constitué de maquis, d'oliviers, de cyprès, de pins maritimes et de garrigue. Cette région est propice à l'agriculture, mais elle conserve aussi des écosystèmes semi-naturels riches en biodiversité, notamment des zones humides côtières et des collines calcaires où se développent des espèces végétales endémiques, notamment dans le sud-ouest anatolien.

La côte méditerranéenne, au sud, partage les mêmes caractéristiques climatiques, mais avec des reliefs plus abrupts, notamment ceux des monts Taurus. Ces montagnes jouent un rôle déterminant dans la différenciation écologique entre le littoral et l'intérieur. Elles abritent une végétation subméditerranéenne avec des forêts de cèdres, de sapins et de pins noirs d'Anatolie. De nombreuses espèces animales y sont présentes, dont le bouquetin d'Anatolie, le chacal doré et l'aigle royal. La variété d'altitudes permet également l'apparition de zones alpines au-dessus de 2500 mètres, avec une flore adaptée au froid et à la sécheresse.

Le centre du pays est dominé par le plateau anatolien, une vaste zone semi-aride à climat continental. Les précipitations y sont faibles, et les températures présentent de fortes amplitudes saisonnières. La végétation est typique des steppes continentales, avec des espèces herbacées comme les armoises, les euphorbes, l'alfa, ainsi que des buissons xérophiles. Cette région connaît une forte pression agricole et pastorale, ce qui a modifié l'équilibre écologique traditionnel. Toutefois, des zones protégées comme le lac Tuz et ses environs conservent une biodiversité notable, notamment des colonies de flamants roses et d'oiseaux limicoles.

L'est de la Turquie est la région la plus montagneuse du pays, avec des sommets dépassant les 4000 mètres, comme le mont Ararat. Elle présente une diversité écologique exceptionnelle avec des conditions climatiques rigoureuses. On y trouve des forêts mixtes de conifères et de feuillus, des prairies alpines, ainsi que des zones steppiques à basse altitude. La région est l'un des derniers refuges pour des espèces emblématiques comme le léopard d'Anatolie, le loup gris, l'aigle impérial oriental et le vautour percnoptère. Elle joue aussi un rôle crucial dans les routes de migration des oiseaux entre l'Afrique et l'Eurasie.

Le sud-est anatolien se distingue par un climat plus chaud et sec, de type steppique à influences subtropicales. La végétation y est clairsemée, dominée par des steppes arbustives, mais elle présente aussi une biodiversité endémique importante, notamment dans les zones karstiques et les vallées profondes. Le développement de l'agriculture intensive, notamment par le biais du projet GAP (Projet d'Anatolie du Sud-Est), a profondément modifié le paysage écologique de cette région.

Les zones humides turques, bien que limitées, jouent un rôle critique dans la conservation de la biodiversité. Le delta du Gediz, le lac Manyas, le lac Van et le lac Burdur sont des habitats essentiels pour les oiseaux migrateurs et les amphibiens. Ces écosystèmes sont menacés par la pollution, la surexploitation des eaux et l'urbanisation croissante.

La Turquie compte plus de 9000 espèces de plantes vasculaires, dont près d'un tiers sont endémiques. Sa faune est tout aussi riche avec environ 150 espèces de mammifères, plus de 450 espèces d'oiseaux, et une grande diversité de reptiles, amphibiens et invertébrés. L'endémisme est particulièrement fort dans les zones montagneuses et dans les régions steppiques mal accessibles. Le pays a mis en place plusieurs parcs nationaux et réserves naturelles, tels que le parc national de Kaçkar, le parc de Munzur ou encore celui de Soğuksu, pour protéger cette diversité unique.


Kusadasi, sur la mer Egée. .Photos : The World Factbook.

Géographie humaine de la Turquie

Population.
La Turquie possède une population d'environ 86 millions d'habitants, ce qui fait d'elle l'un des États les plus peuplés de la région méditerranéenne. Sa démographie est caractérisée par une dynamique de croissance relativement soutenue, bien que le taux de fécondité ait baissé ces dernières décennies. Le pays présente un profil démographique jeune, avec une médiane d'âge d'environ 32 ans, bien que cette valeur tende progressivement à augmenter avec l'urbanisation, l'élévation du niveau d'éducation et l'évolution des modes de vie.

L'urbanisation de la Turquie est très avancée, avec environ 77 % de la population qui vit en milieu urbain. Cette urbanisation rapide s'est accompagnée d'une croissance informelle de certains quartiers périphériques, en particulier dans les années 1980 et 1990, avant des campagnes de rénovation urbaine. Ces espaces sont souvent caractérisés par des inégalités d'accès aux services, à l'éducation et à l'emploi, et ont parfois servi de terreau à des mouvements sociaux ou religieux.

Les grandes métropoles, notamment Istanbul, Ankara et Izmir, concentrent à elles seules une proportion significative de la population totale. Istanbul, ville la plus peuplée, est un centre économique, culturel et démographique de premier plan, avec plus de 15 millions d'habitants. À l'inverse, les régions rurales d'Anatolie orientale ou du Sud-Est sont beaucoup moins peuplées et ont connu des mouvements migratoires internes constants vers les zones urbaines depuis les années 1950.

La Turquie est traversée par de fortes lignes de fracture entre modernité et tradition, entre villes et campagnes, et entre les régions occidentales plus développées et les zones orientales plus conservatrices. Les grandes villes ont connu une transformation rapide vers des modes de vie urbains, caractérisés par la consommation, la scolarisation accrue, la diversification des formes familiales et la montée de la classe moyenne. Les jeunes générations sont davantage connectées aux réseaux numériques, et sont influencées par les cultures globales, mais aussi confrontées à un marché de l'emploi instable et à des tensions économiques croissantes.

La structure familiale reste encore influencée par des valeurs patriarcales dans de nombreuses régions. Le mariage, bien que plus tardif qu'auparavant, reste une institution centrale. Le taux de fécondité est aujourd'hui d'environ 1,7 enfant par femme, en dessous du seuil de renouvellement. La scolarisation est généralisée jusqu'au secondaire, et l'enseignement supérieur s'est fortement développé, mais les disparités d'accès entre sexes et régions demeurent, notamment dans les zones rurales de l'Est.

Les femmes occupent une place ambivalente dans la société turque. Elles ont légalement accès à tous les secteurs de l'éducation et du marché du travail, mais sont confrontées à des obstacles structurels et culturels. Le taux d'activité féminine reste relativement faible (autour de 30 à 35 %), en raison de normes sociales conservatrices, du poids des responsabilités familiales et du manque de politiques de conciliation travail-famille. Les violences faites aux femmes sont un problème structurel reconnu, malgré la ratification de conventions internationales.

Depuis les années 1960, des millions de citoyens ont émigré, principalement vers l'Europe occidentale (notamment l'Allemagne), créant une diaspora active. Cette migration a influencé les mentalités, les flux économiques via les envois de fonds, et les perceptions de la Turquie à l'étranger. Elle a aussi contribué à l'émergence de débats sur l'identité, l'intégration, la double nationalité et les droits politiques à distance.

La jeunesse turque représente un enjeu démographique et politique majeur. Elle est de plus en plus diplômée, exposée à des influences culturelles globalisées, mais également sujette à une précarisation croissante sur le marché de l'emploi. Des tensions existent entre aspirations libérales, revendications identitaires, et restrictions politiques croissantes, alimentant des formes de désillusion ou de polarisation sociale.

Quelques-unes des grandes villes de la Turquie

• Istanbul. - Environ 15 millions d'habitants. Plus grande ville de Turquie et son centre économique et culturel principal. Elle est située à cheval sur deux continents, l'Europe et l'Asie, séparés par le Bosphore. Ancienne capitale des empires Byzantin et Ottoman, elle abrite de nombreux monuments historiques tels que Sainte-Sophie, la Mosquée bleue et le palais de Topkapı.

• Ankara. - Environ 5,5 millions d'habitants. Capitale politique et administrative de la Turquie depuis 1923, Ankara est aussi un centre important pour les affaires et l'éducation. Elle abrite le mausolée d'Atatürk (Anıtkabir), le fondateur de la République de Turquie.

• Izmir. - Environ 4,5 millions d'habitants. Située sur la côte égéenne, Izmir est un important port commercial et une ville cosmopolite avec une histoire qui remonte à l'Antiquité. Elle se recommande pour son climat méditerranéen, ses plages et sa proximité avec les sites historiques comme Éphèse.

• Bursa. - Environ 3 millions d'habitants. Ancienne capitale de l'Empire ottoman, Bursa est aujourd'hui un centre industriel important, notamment dans l'automobile. La ville est également célèbre pour ses bains thermaux et sa montagne d'Uludağ, une destination de sports d'hiver.

• Antalya. - Environ 2,5 millions d'habitants. SituĂ©e sur la cĂ´te mĂ©diterranĂ©enne, Antalya est une destination touristique majeure, 

connue pour ses plages, ses hôtels, et son port pittoresque. La vieille ville (Kaleiçi) et les sites archéologiques à proximité, comme Aspendos et Termessos, attirent également de nombreux visiteurs.

• Adana. - Environ 2,3 millions d'habitants. Située dans le sud de la Turquie, Adana est une grande ville industrielle et agricole. Elle est connue pour sa production de coton et ses plats locaux, notamment le kebab d'Adana.

• Gaziantep. - Environ 2 millions d'habitants. Célèbre pour son patrimoine gastronomique, notamment le baklava, Gaziantep est une ville prospère située près de la frontière syrienne. Elle est aussi connue pour son industrie textile et ses sites archéologiques.

• Konya. - Environ 2,2 millions d'habitants.  Ville historique et centre spirituel important pour les soufis, Konya est cĂ©lèbre pour ĂŞtre le lieu de repos de Mevlana Rumi, le fondateur de l'ordre des derviches tourneurs. C'est aussi un centre agricole majeur.

• Kayseri. -  Environ 1,5 million d'habitants. SituĂ©e au centre de l'Anatolie, Kayseri est une ville industrielle avec une histoire qui remonte Ă  l'Empire hittite. Elle est proche de la cĂ©lèbre rĂ©gion de la Cappadoce, connue pour ses formations rocheuses uniques et ses habitations troglodytiques.

• Mersin. - Environ 1,8 million d'habitants. Ville portuaire importante sur la côte méditerranéenne, Mersin est un centre de commerce et de transport maritime. Elle est également proche de sites historiques comme Tarse.

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Groupes ethnolinguistiques.
La Turquie est caractérisée par une mosaïque ethnolinguistique riche et complexe, reflet de son histoire impériale et de sa position géographique à la croisée des mondes européen, asiatique et moyen-oriental. La langue officielle est le turc, utilisée dans l'administration, l'éducation et les médias. Les langues minoritaires telles que le kurde, le zazaki ou l'arabe sont parlées dans les sphères privées ou dans des contextes régionaux.

Malgré cette richesse ethnolinguistique, la politique officielle de l'État turc a longtemps reposé sur un modèle assimilationniste, valorisant l'identité turque unifiée au détriment des identités minoritaires. Des réformes ont été introduites au cours des années 2000 pour élargir certains droits culturels, en particulier dans le cadre du processus d'adhésion à l'Union européenne. Des émissions de télévision, des programmes éducatifs et des publications dans ces langues sont autorisés. La reconnaissance juridique des langues minoritaires reste limitée, et les tensions autour des questions identitaires demeurent sensibles dans le débat politique contemporain.

Turcs.
Les Turcs représentent environ 70 à 75 % de la population. Leur langue, le turc, est la langue officielle du pays, enseignée dans toutes les écoles et utilisée dans l'administration, les médias et la vie publique. Le turc moderne a été normalisé au XXe siècle après la réforme linguistique d'Atatürk, remplaçant l'alphabet arabe par l'alphabet latin et éliminant de nombreux emprunts persans et arabes. Il appartient à la famille des langues altaïques, bien que cette classification fasse l'objet de débats. Les Turcs sont présents sur l'ensemble du territoire national, avec une prédominance dans les zones urbaines et les régions de l'ouest et du centre.

Kurdes.
Les Kurdes représentent le principal groupe ethnique non turc, estimé entre 15 et 20 % de la population. Ils vivent majoritairement dans le sud-est et l'est du pays, dans ce que les Kurdes appellent le Kurdistan turc, mais aussi dans de grandes villes comme Istanbul, Adana et Izmir. Leur langue, le kurde, comprend plusieurs dialectes, principalement le kurmanji. Bien que leur usage ait été réprimé durant plusieurs décennies, des évolutions récentes ont permis une certaine reconnaissance culturelle, avec l'émergence de médias et d'écoles privées en kurde, bien que leur statut reste limité juridiquement. Les revendications linguistiques et identitaires kurdes ont longtemps été au coeur de tensions politiques et de conflits armés avec l'État.

Arabes de Turquie.
Les Arabes de Turquie, principalement sunnites mais aussi chiites (alaouites), constituent un autre groupe ethnolinguistique significatif. Ils vivent principalement dans les provinces frontalières de la Syrie comme Hatay, Mardin et Şanlıurfa. Leur langue est l'arabe levantin, et ils maintiennent des pratiques culturelles spécifiques, tout en étant largement intégrés à la vie sociale turque. Leurs droits linguistiques sont restreints, bien que la proximité avec le monde arabe et l'histoire ottomane aient favorisé des échanges linguistiques et culturels.

Zazas.
Les Zazas, parfois considérés à tort comme des Kurdes en raison de leur proximité géographique, parlent le zazaki, une langue indo-européenne apparentée au kurde mais distincte. Ils vivent principalement dans les provinces de Tunceli, Bingöl et Elazığ. Leur identité est souvent floue, oscillant entre revendications zazas spécifiques et intégration dans l'ensemble kurde.

Lazes.
Les Lazes, un groupe autochtone de la région de la mer Noire, parlent le laze, une langue caucasienne du sous-groupe zane de la famille kartvélienne (comme le géorgien). Bien que beaucoup aient été assimilés linguistiquement, une minorité maintient encore leur langue et traditions, notamment dans les provinces de Rize et Artvin. La langue laze n'est pas reconnue officiellement, mais bénéficie d'un renouveau culturel à travers la musique et les publications régionales.

Tcherkesses.
Les Tcherkesses (ou Circassiens), originaires du Caucase, ont été installés en Anatolie après leur exil du nord du Caucase au XIXe siècle. Ils parlent différentes langues du groupe adyguéen, comme l'adigué ou le kabarde, mais l'usage de ces langues a fortement diminué au fil des générations. Ils conservent néanmoins une conscience ethnique marquée, notamment à travers les associations culturelles et les danses traditionnelles.

Arméniens de Turquie.
Les Arméniens de Turquie, majoritairement concentrés à Istanbul, constituent une minorité chrétienne historique. Ils parlent l'arménien occidental, bien qu'une large partie soit aujourd'hui turcophone. Leur nombre a fortement diminué à la suite du génocide de 1915, mais ils continuent de maintenir des institutions éducatives, religieuses et culturelles actives, souvent sous étroite surveillance.

Grecs de Turquie.
Les Grecs de Turquie, autrefois nombreux dans les régions d'Istanbul, de la mer Égée et de la mer Noire, sont aujourd'hui très minoritaires, en raison des expulsions, des pogroms et des tensions gréco-turques au XXe siècle. Leur langue, le grec pontique ou démotique, est peu parlée aujourd'hui. Ils sont majoritairement concentrés dans quelques quartiers d'Istanbul et gèrent encore des églises et écoles orthodoxes.

Juifs turcs.
Les Juifs turcs, principalement sépharades installés après leur expulsion d'Espagne en 1492, vivent aujourd'hui en grande majorité à Istanbul et à Izmir. Leur langue traditionnelle, le ladino (judéo-espagnol), est en déclin, et est remplacée par le turc. Ils disposent d'institutions religieuses et éducatives, mais leur poids démographique a considérablement diminué au XXe siècle.

Autres groupes.
D'autres groupes plus petits, comme les Géorgiens, les Bosniaques, les Albanais, les Tatars de Crimée ou les Roms, témoignent de l'héritage multiculturel de l'Empire ottoman. Bien que leur langue maternelle ait souvent été abandonnée, nombre de ces groupes conservent une mémoire communautaire et des traditions propres.

Culture.
La culture de la Turquie rĂ©sulte d'un syncrĂ©tisme entre hĂ©ritages anatolien, byzantin, ottoman, islamique, et influences occidentales modernes. 

La religion majoritaire est l'islam sunnite, pratiquĂ© par environ 80 Ă  85 % de la population. Une minoritĂ© significative d'alĂ©vis, reprĂ©sentant entre 10 et 15 %, suit une forme d'islam chiite hĂ©tĂ©rodoxe centrĂ©e sur des rites spirituels, communautaires et humanistes. Il existe aussi des minoritĂ©s chrĂ©tiennes (armĂ©nienne, syriaque, grecque orthodoxe) et juives, particulièrement prĂ©sentes dans les grandes villes. La RĂ©publique turque Ă©tant officiellement laĂŻque, l'État ne reconnaĂ®t pas de religion d'État, bien que la Direction des Affaires religieuses (Diyanet) joue un rĂ´le centralisĂ© dans l'encadrement de l'islam sunnite. Depuis les annĂ©es 2000, le rĂ´le de la religion dans la sphère publique a gagnĂ© en visibilitĂ©, en parallèle avec les politiques conservatrices du gouvernement. La tension entre religiositĂ© et sĂ©cularisme traverse aujourd'hui toute la vie culturelle turque. 

On y trouve des pratiques religieuses ancrĂ©es dans le quotidien (prières, ramadan, fĂŞtes religieuses) mais aussi un espace public dominĂ© par la neutralitĂ© religieuse, surtout dans les grandes villes. Les confrĂ©ries soufies, bien qu'interdites officiellement, conservent une influence culturelle notable, notamment Ă  travers les rituels des derviches tourneurs. 
Les fêtes et rituels populaires rythment la vie culturelle. Outre les grandes fêtes religieuses musulmanes comme l'Aïd el-Fitr (Ramazan Bayramı) ou l'Aïd el-Kebir (Kurban Bayramı), des célébrations préislamiques subsistent, comme le Nevruz, le nouvel an du printemps, fêté notamment par les Kurdes et les peuples d'Asie centrale. Les mariages, circoncisions, naissances et décès sont accompagnés de rites riches en symboles et en musique.

La gastronomie turque est héritière des traditions culinaires de l'Empire ottoman, elle mêle influences moyen-orientales, méditerranéennes, balkaniques et caucasiennes. Les plats emblématiques incluent le kebab, les meze (petits plats partagés), le börek, les dolma, les soupes comme le mercimek çorbası et les desserts sucrés à base de pâte filo comme le baklava. Le thé noir et le café turc, préparé dans des cezves en cuivre, sont des piliers de l'hospitalité turque.

La musique classique ottomane, avec ses instruments comme le oud, le ney ou le kanun, coexiste avec la musique folklorique régionale, notamment anatolienne ou kurde, et des genres contemporains tels que la pop turque, le rock anatolien, ou encore la musique arabesque. Les danses traditionnelles comme le halay, le zeybek ou le horon sont encore pratiquées lors de mariages et fêtes locales. Le théâtre d'ombres de Karagöz et Hacivat, datant de l'époque ottomane, est un exemple de l'humour et de la satire populaire.

L'architecture turque est le témoin visible de cette culture plurielle. Elle va des temples hittites aux églises byzantines, des mosquées ottomanes aux immeubles modernes d'Istanbul. Les oeuvres de Mimar Sinan, architecte du XVIe siècle, comme la mosquée de Süleymaniye à Istanbul ou celle de Selimiye à Edirne, sont des chefs-d'oeuvre de l'architecture musulmane. Aujourd'hui, les centres urbains mêlent gratte-ciel, immeubles résidentiels modernes et bâtiments traditionnels, formant un paysage contrasté.

Les arts visuels turcs connaissent un renouveau depuis le XXe siècle. La peinture moderne turque a émergé avec des artistes influencés par les courants européens, tandis que l'art contemporain turc s'illustre dans les galeries d'Istanbul et à la Biennale. Le cinéma turc, lui aussi en plein essor, a produit des réalisateurs mondialement reconnus comme Nuri Bilge Ceylan, dont les films allient esthétisme contemplatif et profondeur psychologique.

La vie familiale en Turquie est souvent structurée autour de valeurs de solidarité intergénérationnelle, de respect des anciens et de forte cohésion sociale. Toutefois, l'évolution sociale, l'urbanisation et l'accès des femmes à l'éducation et au travail modifient peu à peu les modèles traditionnels. Le rôle des femmes dans la société reste un sujet de débat culturel et politique, oscillant entre conservatisme religieux et revendications féministes croissantes.

Enfin, le sport et les loisirs sont également révélateurs de la culture turque contemporaine. Le football y est extrêmement populaire, avec des clubs comme Galatasaray, Fenerbahçe ou Beşiktaş qui attirent une ferveur quasi religieuse. Des sports traditionnels comme la lutte à l'huile (yağlı güreş) sont encore pratiqués dans des festivals régionaux. La télévision, les séries turques (diziler), et les réseaux sociaux jouent un rôle central dans la culture populaire actuelle, et influencent les modes, les valeurs et les imaginaires collectifs.

Economie.
L'économie de la Turquie est l'une des plus importantes et dynamiques parmi les pays émergents, avec une structure diversifiée combinant industrie, agriculture, services et commerce extérieur. Située à la croisée de l'Europe, de l'Asie et du Moyen-Orient, la Turquie bénéficie d'une position géostratégique qui favorise les échanges commerciaux et les investissements directs étrangers. Toutefois, cette économie connaît aussi de fortes vulnérabilités dues à l'instabilité monétaire, à une inflation élevée et à des déséquilibres extérieurs persistants.

Le secteur industriel représente un pilier majeur de l'économie turque, notamment dans les domaines de l'automobile, du textile, de l'agroalimentaire, de la chimie, de l'électroménager, de la sidérurgie et de l'armement. Les zones industrielles organisées et les exportations vers l'Union européenne, principal partenaire commercial, ont soutenu la croissance industrielle. La Turquie est un acteur clé dans la production de véhicules (en particulier pour Renault, Ford, Toyota) et de pièces détachées. Le secteur de la construction et des travaux publics est également très développé, avec des entreprises turques présentes dans de nombreux projets d'infrastructures internationaux.

L'agriculture, bien que déclinante en part du PIB, demeure un secteur important pour l'emploi, notamment dans les zones rurales. Le pays est un producteur majeur de blé, d'orge, de fruits secs (comme les noisettes et les abricots), d'olives, de coton et de tabac. Grâce à la diversité climatique et à la fertilité de certaines régions, la Turquie est autosuffisante dans de nombreuses productions agricoles. Cependant, le secteur souffre de problèmes de productivité, d'accès à l'eau, de fragmentation foncière et de dépendance croissante aux importations de produits agrochimiques.

Les services constituent la principale composante du PIB turc. Le commerce, les transports, l'éducation, la santé, la finance et le tourisme y jouent un rôle central. Le secteur bancaire, bien que soumis à des pressions macroéconomiques, est bien capitalisé et modernisé. Le tourisme, quant à lui, est une source importante de devises et d'emplois. La Turquie est l'une des destinations les plus prisées au monde grâce à ses sites historiques, culturels et balnéaires. Toutefois, ce secteur est sensible aux fluctuations politiques, aux risques géopolitiques et aux pandémies mondiales.

Le commerce extérieur turc repose sur une large gamme de produits manufacturés. Les principales exportations comprennent les véhicules, les machines, les textiles, les appareils électroménagers, les produits agroalimentaires et les équipements électroniques. Les principaux marchés d'exportation sont l'Union européenne, les États-Unis, le Royaume-Uni, l'Irak et la Russie. En revanche, les importations sont dominées par les produits énergétiques (gaz, pétrole), les matières premières, les composants industriels et les biens de consommation. Le déficit commercial chronique est une faiblesse structurelle, aggravée par la forte dépendance énergétique du pays.

La politique économique de la Turquie a longtemps misé sur la croissance rapide tirée par la consommation intérieure, les investissements publics et le crédit bon marché. Cela a permis une expansion impressionnante du PIB au cours des années 2000 et 2010. Cependant, cette stratégie a accru la vulnérabilité extérieure, entraîné une dette privée importante (notamment en devises) et affaibli la stabilité monétaire. L'interventionnisme de l'exécutif sur la politique de la banque centrale a également miné la confiance des investisseurs, provoquant une série de dévaluations de la livre turque depuis 2018.

L'inflation est devenue l'un des problèmes économiques majeurs de la Turquie. Depuis 2021, elle dépasse régulièrement les 40 %, affectant le pouvoir d'achat, l'épargne et les coûts de production. Les politiques monétaires non conventionnelles adoptées durant cette période, comme la baisse des taux malgré une inflation galopante, ont été fortement critiquées. Des hausses récentes des taux d'intérêt ont été opérées en 2023–2024 dans le but de stabiliser les marchés et d'attirer les capitaux, mais les effets à long terme restent incertains.

Le chômage, en particulier chez les jeunes, reste élevé, malgré une économie dynamique. L'économie informelle, estimée à environ 30 % du PIB, absorbe une part importante de l'emploi mais limite les recettes fiscales. La croissance démographique, la forte urbanisation et l'accueil de millions de réfugiés syriens exercent également une pression sur le marché du travail et les services publics.

L'économie numérique et l'innovation progressent rapidement. La Turquie développe un écosystème de startups dans les domaines de la fintech, de l'e-commerce, des jeux vidéo et des technologies de l'information. Istanbul est devenue un plaque tournante régionale pour les technologies numériques. De grandes entreprises comme Trendyol ou Getir symbolisent cette nouvelle dynamique entrepreneuriale, bien qu'elle soit confrontée à des contraintes financières et à l'instabilité macroéconomique.

Enfin, les grands projets d'infrastructures, tels que le nouvel aéroport d'Istanbul, les centrales hydroélectriques, le développement du métro ou le canal d'Istanbul, témoignent d'une volonté affirmée de modernisation, mais aussi d'un recours important à l'endettement. La politique économique turque reste caractérisée par une ambition de souveraineté énergétique, de développement industriel national et de projection géopolitique, mais elle doit faire face à des défis économiques majeurs pour assurer une croissance durable, inclusive et équilibrée.



Marc Semo, Turquie, la révolution du Bosphore, Du Cygne, 2009. - C'est une révolution silencieuse mais bien réelle que connaît la Turquie dans sa longue marche vers l'Union Européenne. La République laïque créée par Mustapha Kemal sur les décombres de l'empire ottoman est gouvernée depuis novembre 2002 par un parti mutant présenté comme "post-islamiste" ou "islamiste-modéré" et qui se définit lui même "conservateur libéral". Cette démocratisation se traduit aussi par un poids croissant de la réligion comme des valeurs islamiques sous la pression conjuguée de la société et des nouvelles élites dirigeantes. Aux tensions entre laïcs et islamistes s'ajoutent celles entre turcs et kurdes dans un pays qui reste une mosaïque de minorités malgré plus de huit décennies d'État-nationinspiré du modèle jacobin. Ces enquêtes et récits illustrent cette mutation d'un pays charnière qui se revèle encore une fois un extraordinaire laboratoire politique. (couv.).
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