| Libertins spirituels. - Secte panthéiste du milieu du XVIe siècle. Le foyer de ce mouvement religieux paraît avoir été la Flandre. Un nommé Coppin est le premier libertin que l'on connaisse de nom ; il propageait ses idées à Lille en 1529. Plus tard, un certain Quintin, Picard d'origine, puis un prêtre français, Antoine Pocques, furent les apôtres de cette secte. Marguerite de Valois se laissa circonvenir par eux et leur accorda un asile à Nérac. Vers 1547, un Cordelier de Rouen fut mis en prison parce qu'il répandait ces mêmes doctrines, dont voici le résumé: II n'y a qu'un seul esprit, il fait tout ; suivant les paroles même de Quintin : « Che que ty ou my foisons, chet Dieu qui le foit »; le diable, le monde et le mal ne sont que de vaines imaginations, ou suivant leur locution « un cuider qui s'esvanouit... quand on n'en fait plus de cas ». Les conséquences pratiques sont les suivantes : chacun n'a qu'à suivre son inclination et à prendre son appétit pour règle de vie. Naturellement les doctrines étaient d'abord cachées sous un langage chrétien; peu à peu seulement on initiait les fidèles à la prétendue liberté spirituelle. On ne peut plus que faire des hypothèses sur les origines de cette secte, assez répandue en France vers 1540. Il est possible qu'un ferment des frères du Libre-Esprit soit resté comme endormi dans la vallée inférieure du Rhin depuis le Moyen âge et ait repris vie au souffle de la Réforme religieuse du XVIe siècle. Ou doit à Calvin tout ce que l'on sait des Libertins spirituels. (F.-H. K.).
| En bibliothèque - J. Calvin, Contre la secte phantastique et furieuse des Libertins qui se nomment spirituelz; Genève, 1545, in-8. - Du même, Epistre contre un certain cordelier suppost de la secte des Libertins, lequel est prisonnier à Roan; Genève, 1547. Ces deux documents sont réimprimés dans l'édition critique des Opera Calvini; Brunswick,1868, in-4, t. VII.. | | |